N°11 | Parfums, Poésie & Genre | Dossier mineur | Florilège & REVUE ORIENTALES (O) | N° 2-1 | Créations poétiques
Extraits poétiques de mes trois recueils
Site : nourcadour.com
© Crédit photo : La poétesse Nour Cadour et son recueil de poèmes "Larmes de lune".
Poèmes de « Larmes de lune » :
Rêve brisé.
Tu dis que le vent
n’a pas d’ailes
Tu dis que la nuit
n’a pas de lumière
Tu dis que les songes
ne sont pas bleus
Tu dis que l’horizon
n’a pas de racines
Tu dis que la pluie
n’a pas de mots
Mais moi
que me reste-t-il alors
lorsque l’électricité m’abandonne
lorsque la faim gronde dans mes boyaux
lorsque la fumée envahit mes yeux
que me reste-t-il à espérer
quand les bombes jaillissent dans mes tympans
quand le tonnerre gronde dans mon âme
quand la violence écorche mes prières
Tu dis que la guerre n’a pas de solution
Mais moi je te dis
qu’il est beau de rêver.
Ma belle Damas endormie.
Ô Damas ma belle endormie
Rues humides aux rimes polychromes,
Pistaches émiettées sur tes lèvres
Jasmin ruisselant sur ton cou matinal
Cardamone poudrée sur tes joues corolle,
Ô Damas ma belle endormie
Aux mille délices noyés de brume
Aux mille supplices perdus en lune,
Quand il m’arrive de me perdre dans tes artères fleuries
Avec comme unique boussole la saveur du pain chaud
Et mes semelles de poussière en guise d’ailes,
La trace de mes doigts cherche dans tes quartiers lumineux
Tes courbes sensuelles d’humanité
Doublées par le soleil,
Les murmures de ta langue
Au goût de miel d’aube.
Et, ébahie, ma belle Damas endormie,
J’ai vu tes fleurs causer au vent
J’ai vu tes murs questionner le ciel
Parfois sombre, parfois clair,
Mais, de toi, ma belle Damas endormie
Ne restera à jamais sur mes lèvres
L’unique goût voluptueux de tes rêves.
Poème de « Le silence pour son » :
Femme d’Osaka, Japon
Le bruit de la pluie
Glisse sur les pavés
Et mon cœur est lourd
comme ce ciel
né en vain
Sur la tombe
les bourgeons des cerisiers
la joie troquée par le vide
une saison sans fleurs
les effluves sombres de leurs lèvres
Les océans flous de leurs yeux
Une gerçure du vent dans le creux de leur cou
Et la vie frissonne
Tiède
Wagon de lumière
Sous le reflet de ce brasier de printemps
Il pleut sur moi
sur la tombe des bourgeons
Sans fleurs
Des cerisiers.
Poème de « Corps-mémoire » :
Estomac. – Me voilà ainsi
Femme-gare sans destination
graine jetée sans billet
cœur pressé dans la vacuité-vie
où fourmille dans mon silence
la rage de vivre
l’estomac peuplé de craquements-vides
tremblants sous ma mémoire
de Femme-poussière.
* © Extraits poétiques choisis par Nour Cadour et publiés avec son aimable autorisation et celle de ses maisons d'édition.
À lire aussi l'entrevue réalisée avec Nour Cadour :
Hanen Marouani, « Entretien avec la jeune poétesse, romancière et peintre franco-syrienne Nour Cadour », avec des œuvres de l'artiste et deux photos de Natalie Rezelmann & Ulysse Agassin
http://www.pandesmuses.fr/periodiques/orientales/no2/no11/hm-entrevue-nourcadour
_______
Pour citer ces extraits inédits
Nour Cadour, « Extraits poétiques de mes trois recueils », Revue Orientales, « Les voyageuses & leurs voyages réels & fictifs », n°2, volume 1 & Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N°11 | ÉTÉ 2022 « Parfums, Poésie & Genre », mis en ligne le 24 août 2022. URL :
http://www.pandesmuses.fr/periodiques/orientales/no2/no11/cadour-extraits
Mise en page par Aude
© Tous droits réservés
Retour au sommaire du N°2▼
Retour au sommaire du N°11▼