Événements poétiques | Festival International Megalesia 2022 | II. Le merveilleux féerique féministe | Articles & témoignages / Poésie & musique / Revue matrimoine
AnnKrist
Goater éditions, 244 p., Rennes, 2021
https://camilleaubaude.wordpress.com/
© Crédit photo : AnnKrist, Goater éditions, 244 p., Rennes, 2021, image fournie par l'autrice C. Aubaude.
Sainte Anne (sans le /e/)
Le Christ
La Déesse-Mère et Osiris
La gracieuse plénitude d’être là
dans la présence du Jour
pour que les rêves de la Nuit
s’interpénètrent en une allègre mélodie.
Au milieu des années 1970, un album copié sur de multiples cassettes a assuré à cette grande poétesse bretonne une audience à Paris, dans les milieux d’intellectuels révoltés.
Cet unique album s’est vendu à mille exemplaires mais il a circulé tel un samizdat d’une poésie véritable, qui se lit et se chante en mouvement n'ayant rien à voir avec la marchandisation du monde.
J’ai copié plusieurs fois cette cassette, j’ai rencontré AnnKrist quand elle a chanté dans la salle de la rue Dunois à Paris, et connu, peu avant, à Athènes, un harpiste de ses amis. Son âme pure, sa voix rauque disant l’extrême désespoir de son expérience m’ont appris à ne plus redouter l’agression policière. En exprimant la barbarie, elle interrompt l’écoulement douloureux des crimes à jamais impunis. Elle entretient les feux d’une demeure mystique où s’anéantit l’agressivité.
Hélène Cixous dirait : « elle crisse, elle cristallise… » Ce qui est juste.
Gravité d’une sibylle, présages des émotions… nous devons comprendre cette beauté intrépide, indomptable comme nous comprenons les chansons de Marlène Dietrich, les immortelles Falling in Love Again, Wo die Blumen sind ?, adaptées aux langues de l'univers.
Je n’ai pas fait qu’écouter AnnKrist, j’ai bu ses paroles, j’ai reçu la force de son rythme, la tendre suavité de ses mélodies et la passion de ses visions d’une impressionnante acuité. Par une inflexible volonté (bretonne), elle a effacé les institutions et fait scintiller les pierres funéraires. Elle m’a tenue vivante alors que l’harmonie de ma vie était rompue.
Le temps est venu de rendre hommage à cette femme qui n'a pas sombré Prison 101 (le titre de la première chanson de l’album de 1975).
***
Pour citer ce témoignage féministe inédit
Camille Aubaude, « AnnKrist, Goater éditions, 244 p., Rennes, 2021 », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Événements poétiques | Festival International Megalesia 2022 « Les merveilleux féeriques féministe & au féminin », mis en ligne le 25 mars 2022. Url :
http://www.pandesmuses.fr/megalesia22/ca-annkrist
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