15 août 2024 4 15 /08 /août /2024 18:16

N° III | ÉTÉ 2024 | Florapoétique / 1er Volet | Dossier mineur | Florilège | S'indigner, soutenir, Lettres ouvertes & hommages

 

 

 

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Annie Le Brun :

 

 

un bref hommage

 

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Texte & images

Camille Aubaude

https://everybodywiki.com/Camille_Aubaude

Blogue officiel :https://camilleaubaude.wordpress.com/ 

 

 

© Crédit photo : Camille Aubaude, Première de couverture de l'œuvre intitulée « Appel d'air. [Pour en finir avec la haine de la poésie] » par Annie Le Brun, image no 1 prise de l'émission audiovisuelle « Apostrophe » diffusée sur YouTube par l'INA.

 

Annie Le Brun nous a quittés. Elle nous manque ! 

 

© Crédit photo : Camille Aubaude, Annie Le Brun, image no 2 prise de l'émission audiovisuelle « Apostrophe » diffusée sur YouTube par l'INA.

 

 

Je vénère Annie Le Brun, une des rares vraies personnes et une écrivaine de qualité du féminisme des années 1970. C’est curieux que l’on n’ait pas employé pour elle le terme d’« amazone », sans doute à cause de son rapatriement aux thèses surréalistes. Cette femme si extraordinaire est inclassable et elle le restera, car elle est toujours juste, instructive, amusante, jusque sur les plateaux télé les plus douteux.

 

© Crédit photo : Camille Aubaude, Annie Le Brun, image no 3 prise de l'émission audiovisuelle « Apostrophe » diffusée sur YouTube par l'INA.

© Crédit photo : Camille Aubaude, Annie Le Brun, image no 4 prise de l'émission audiovisuelle « Apostrophe » diffusée sur YouTube par l'INA.

 

 

Je ne suis pas toujours d’accord avec ses phrases définitives sur son divin Marquis, vu que les  phrases définitives peuvent s’appliquer à tout : ainsi, « on n’en a jamais fini avec » Gérard de  Nerval, Christine de Pizan ou Catherine d’Amboise. 

Ou Annie Le Brun…

La révolte lyrique de cette exaltée de l’ombre est unique et il faut souhaiter que d’autres femmes la continuent. 

 

© Crédit photo : Camille Aubaude, Annie Le Brun, image no 5 prise de l'émission audiovisuelle « Apostrophe » diffusée sur YouTube par l'INA.

 

Sa personnalité à la fois « de toujours » et résolument contemporaine fait qu’il n’est plus question de courage, mais d’éclat. 

Annie Le Brun laisse une œuvre sans souci de l’art, et encore moins de l’ordre. Elle a suivi la trajectoire d’un astre qui file dans la nuit. Son lointain intérieur est supérieur à tout ce que fabrique le monde intellectuel français d’aujourd’hui, car s’y laisse entrevoir la science d’un trou noir, ce « principe d’excès » d’énergie.

Comme elle nous manque !

 

© Crédit photo : Camille Aubaude, Annie Le Brun, image no 6 prise de l'émission audiovisuelle « Apostrophe » diffusée sur YouTube par l'INA.

 

 

Tombeau d’Annie Le Brun



Son regard et sa voix se déploient entre VOIR et DIRE  

dans le paysage agité de vents contraires de la Terre en effroi 

qui ne sera jamais plus comme avant.


Son œil est ciselé : il n’attaque par les moulins, 

ni ne transgresse les chaumières, il s’étire.

Sa bouche décousue est humaine passion

défiant les nuées des langages.



Ses dents mystérieuses quêtent l’Espoir 

de l’Amour qui va reparaître quand

son souffle aux couleurs du temps

anime la dissolution du monde.



Tandis que rien ne s’établit
son esprit sectionne les oripeaux des modes
pour revêtir le rythme pur de la mer
qui fluctue sur le rocher des naufragés

 

 

© Camille Aubaude. Mardi, 13 Août 2024, La Maison des Pages.

Voir aussi : https://www.facebook.com/watch/?v=316500249799556 et https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/cpb88012391/annie-le-brun

 

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Pour citer cet hommage, illustré & inédit

 

Camille Aubaude (hommage & photographies), « Annie Le Brun : un bref hommage », Le Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : ÉTÉ 2024 | NO III « Florapoétique », 1er Volet, mis en ligne le 15 août 2024. URL :

http://www.pandesmuses.fr/noiii/ca-annielebrunhommage

 

 

 

Mise en page par Aude

Dernière mise à jour le 20 août 2024 (Ajout d'une citation poétique et des références de ce billet)

 

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12 août 2024 1 12 /08 /août /2024 15:39

N° III | ÉTÉ 2024 | Florapoétique / 1er Volet | Dossier mineur | Articles & témoignages / Agenda poétique Événements poétiques avec des membres de notre rédaction | Revue culturelle des continents 

 

 

 

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"Les Olympiades Poétiques" : étonnant

 

festival de poésie dans le XVe

 

Arrondissement  de Paris

 

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Texte & affiches fournies par

Maggy de Coster

 

Site personnel

Le Manoir Des Poètes

 

 

 

 

© Crédit photo : Le visuel officiel llustré de la 3e édition du festival de poésie dans le XVArrondissement de Paris « Les Olympiades Poétiques » organisé par l’Association Apulivre en juin 2024.

 

 

 

Les Olympiades Poétiques, c’est la dénomination du 3ème festival « La Tour Poétique », organisé par l’Association Apulivre* qui s’est déroulé du 13 au 15 juin 2024 à la Maison de la Vie Associative et Citoyenne du 15e arrondissement de Paris.

 

Ce festival est le fruit du travail de Hacen Lekfi et Amar Benamouche, Président et Secrétaire général de l’Association Apulivre.

 

Tourné vers les cinq continents, ce festival a rendu hommage à cinq figures emblématiques en matière de défense des droits humains. À ce compte citons le poète français Victor HUGO pour l’Europe, le poète et chanteur algérien Lounès MATOUB, (ndlr, assassiné le 28 janvier 1998) pour l’Afrique, la poète et essayiste féministe japonaise Akiko YOSANA pour l’Asie, la poète et militante australienne Oodgeroo NOONUCCAL pour l’Océanie et la poète et écrivaine militante américaine Phillis WHEATLEY pour l’Amérique. 

 

Le clou du festival c’est un ouvrage collectif réunissant des essais, des conférences et des poèmes  sous la plume de treize poètes et écrivains, intitulé : Poésie, Luttes et Combats, dirigé par Amar Benamouch, préfacé par Rachida BELKACEM et publié aux Éditions Milot.

Clin d’œil au JO de Paris 2024 : les peintures des jumeaux Vladimir et Slobodan PESKIREVIC non loin celles de Sarah MOSTREL et d’autres.

 

 

© Crédit photo : Le visuel officiel llustré par les 4 portraits photographiques des lauréates & lauréats de la 3e édition du festival de poésie dans le XVArrondissement de Paris « Les Olympiades Poétiques » organisé par l’Association Apulivre en juin 2024.

 

 

La présence des Éditions du Cygne en tant que partenaire de ce festival est à signaler également. Une exposition photographique de sa jeune et talentueuse auteure Manon Godet sur le thème du «  Désir » a fait sensation.

Performances poétiques et musicales, lectures, conférences, chansons avec Sarah MOSTREL étaient au programme. Le Secrétaire général Amar Benamouche a honoré quatre poètes en remettant à chacun d’eux un Tableau d’Honneur. Il s’agit de : Ghanima AMMOUR, Ben MOHAMED, Pedro VIANNA et votre servante.

 

© Maggy DE COSTER

 

*ndlr : Apulivre : contraction de Apulée (poète, écrivain, orateur de l’Empire romain) et de livre.

 

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Pour citer ce texte inédit & illustré 

 

Maggy De Coster, « "Les Olympiades Poétiques" : Étonnant festival de poésie dans le XVe Arrondissement  de Paris », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : ÉTÉ 2024 | NO III « Florapoétique », 1er Voletmis en ligne le 12 août 2024. URL :

http://www.pandesmuses.fr/noiii/mdc-festivalolympiadespoetiques

 

 

 

 

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10 juillet 2024 3 10 /07 /juillet /2024 17:07

N° III | ÉTÉ 2024 | Florapoétique / 1er Volet | Revue Matrimoine 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Des extraits de l'ouvrage primé

 

 

Femmes inspirantes

 

 

 

 

 

Sarah Mostrel

 

Site personnel

Page officielle Facebook

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© Crédit photo : Première & quatrième de couverture de l'ouvrage de Sarah Mostrel intitulé « Femmes inspirantes » paru aux éditions Non Nobis.

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Avant-propos

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   Il a été difficile de choisir les personnalités listées dans ce livre. Nombre de femmes au cours du temps ne sont jamais parvenues à quelque notoriété, étouffées par un système qui ne leur laissait pas de place. J’ai donc opté pour passer en revue le profil d’individues plus ou moins connues, militantes, pionnières, modèles de courage et de talent, femmes inspirantes et ô combien louables, méritant d’être réhabilitées et remises sur le devant de la scène. Outre les artistes et scientifiques qui me tiennent à cœur, j’ai tenu à étudier le parcours de ces êtres qui ont changé le monde et osé, dans un cadre qui ne leur était pas réservé, aller au bout de leurs passions et convictions, à l’instar des exploratrices, des journalistes et des politiciennes, certaines l’étant devenues par nécessité. Humanistes, ces femmes se sont engagées dans l’espoir de faire évoluer le monde dans lequel nous vivons. Ce livre se veut un aperçu de celles qui ont participé à changer la société. Il y en a évidemment beaucoup d’autres. 

 

© Sarah Mostrel, journaliste

 

 

Épilogue 

 

 

Cet ouvrage dresse différents portraits de femmes à travers le temps. Il donne voix à des personnalités empêchées d’exister en tant que telles parce que nées dans une époque discriminatoire. Parler de leur existence, de leurs expériences, de leurs combats est un acte de reconnaissance. Longtemps oubliées, ces femmes exceptionnelles et talentueuses, militantes des droits élémentaires, pionni.res, aventurières, scientifiques, artistes, ont bravé les interdits pour nous donner plus de liberté. Combattant pour les droits fondamentaux de toutes et tous, elles ont ouvert la voie vers un monde meilleur, plus égalitaire et plus heureux.

 

Le droit des hommes et des femmes à disposer d’eux-mêmes ne saurait, quand il touche les femmes, être appelé « féminisme ». Il s’agirait plutôt d’égalité de droits, pour un meilleur vivre-ensemble. Malgré plusieurs siècles de lutte, 2,4 milliards de femmes en âge de travailler ne bénéficient toujours pas de l’égalité des chances économiques (rapport de la Banque Mondiale, en date de mars 2022). L’émancipation féminine est donc toujours un sujet brûlant. Des progrès ont été faits. Il reste encore beaucoup de choses à accomplir. Rien n’est acquis.

Puissent les hommes et les femmes œuvrer à une vie plus sereine pour tous, et se souvenir de ceux et celles qui ont tout risqué pour une société plus juste et une plus belle humanité.

 

Table des matières

 

9 — Avant-propos

 

13 — I Les icônes de la lutte pour les droits des femmes

Olympe de Gouges (1748-1793),

15 — la révolutionnaire humaniste

Louise Michel (1830-1905),

23 — la Vierge rouge  de la Commune de Paris

Clara Zetkin (1857-1933),

33 — la femme qui inventa le 8 mars

Cécile Brunschvicg (1887-1946),

47 — la pragmatique

Simone de Beauvoir (1908-1986),

55 — l’aventure d’être soi

Simone Veil (1927-2017),

63 — une héroïne du xxe siècle

 

71 — II Des militantes américaines

Rosa Parks (1913-2005),

73 — un symbole de la lutte contre la ségrégation

Tarana Burke (1973- ),

89 — l’origine de #MeToo

 

95 — III Les aventurières

Alexandra David-Néel (1868-1969),

97 — l’exploratrice éprise de libert

109 — L’esprit d’aventure

 

117 — IV Les scientifiques

Marie Curie (1867-1934),

119 — la physicienne aux deux prix Nobel

Rosalind Elsie Franklin (1920-1958),

133 — un génie que les récipiendaires du prix Nobel ne citèrent m.me pas

Autres femmes scientifiques

137 — qui ont marqué l’histoire

 

141 — V Une artiste et résistante : Joséphine Baker

Joséphine Baker (1906-1975),

143 — l’éternelle

 

163 — VI Les artistes peintres

167 — Quelques femmes artistes à travers le temps

Marie-Guillemine Benoist (1768-1826),

169 — une femme à l’esprit libre

Rosa Bonheur (1822-1899),

175 — au service de l’art

Berthe Morisot (1841-1895),

187 — l’indépendante

Mary Cassatt (1844-1926),

191 — la femme qui peignait les femmes

Suzanne Valadon (1865-1938),

197 — muse et amante de Montmartre

Tamara de Lempicka (1898-1980),

209 — pionnière du star system

 

217 — VII Les compositrices

Louise Farrenc (1804-1875),

221 — une compositrice française de premier rang

Fanny Mendelssohn (1805-1847),

227 — un génie contrarié

Clara Schumann (1819-1896),

231 — passion, devoir et amour

Cécile Chaminade (1857-1944),

239 — la star oubliée

Lili Boulanger (1893-1918),

245 — la prodige

249 — Épilogue

251 — Index de quelques femmes citÉes

257 — Table des matiÈres

 

 

© Sarah Mostrel.

Extraits reproduits avec l'aimable autorisation de la journaliste Sarah Mostrel et de sa maison d'édition Non Nobis.

 

© Crédit photo : Le visuel officiel de la conférence autour de l'ouvrage de Sarah Mostrel intitulé « Femmes inspirantes ».

 

D'autres éléments seront bientôt disponibles pour compléter cette page.

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Pour citer ces images & textes du matrimoine inédits 

 

Sarah Mostrel (textes & photographies), « Des extraits de l'ouvrage primé Femmes inspirantes », Le Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques :  ÉTÉ 2024 | NO III « Florapoétique », 1er Volet, mis en ligne le 10 juillet 2024. URL :

http://www.pandesmuses.fr/noiii/mostrel-extraitsdefemmesinspirantes

 

 

 

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LE PAN POÉTIQUE DES MUSES - dans ÉTÉ 2024 NO III Féminismes Muses symboliques Gazette
5 juillet 2024 5 05 /07 /juillet /2024 18:09

N° III | ÉTÉ 2024 | Florapoétique / 1er Volet | Entretiens poétiques, artistiques & féministes & REVUE ORIENTALES (O) | N° 4-1 | Entretiens

 

 

 

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Interview avec Emna LOUZYR

 

 

 

 

 

 

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Propos recueillis en juillet 2024 par

 

 

Hanen Marouani

 

 

 

Entrevue & photographies de

 

 

Emna LOUZYR

 

 

 

© Crédit photo : Portrait de l'autrice Emna Louzyr.

 

 

EMNA LOUZYR : « En ce qui concerne la poésie, celle-ci a le pouvoir de consolider une identité collective plus ou moins large selon les cas. »

 

 

BIOGRAPHIE

 

Emna LOUZYR est poète, communicatrice et productrice culturelle à RTCI. Elle a collaboré avec plusieurs organismes de presse, et fut pendant plus de cinq ans Ambassadrice ONU Femmes, défendant à travers sa présence en tant que femme de média et écrivain, l’égalité des genres, la parité et le droit à la liberté.

 

 

© Crédit photo : Emna Louzyr dans les bras de sa mère à Toulouse.

 

 

Elle a publié cinq ouvrages, dont quatre recueils de poésie en arabe littéraire : Ranin (2003), Samt El Barakin (2008), Sabra (2009), Khabarratni errih (2017), puis Tout un poème (2022) avec Moëz Majed, un ouvrage inspiré d’une production radiophonique portant le même titre.

Ses poèmes ont été traduits en italien, en anglais et en espagnol. Certains ont été publiés dans des Anthologies (anthologie de l’Université Victoria, Canada : Borders in Globalisation, World Poetry Tree, UAE, etc) d’autres ont figuré dans le programme d’enseignement de Brighton University au Royaume- Uni.

Emna Louzyr a reçu le prix Zoubeida Bchir pour la poésie en 2009.

Elle vient d’être récompensée en tant que communicatrice par la Radio tunisienne.

 

 

INTERVIEW

 

 

Hanen MAROUANI — Pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel, en particulier de votre transition de la télévision et de la radio à votre rôle actuel en tant qu'organisatrice d'événements culturels, notamment du Festival International de la Poésie à Sidi Bou Saïd ?

 

Emna LOUZYR — J’ai rêvé de faire ce métier très tôt. Il faut dire que je fréquentais les locaux de la Radio et de la Télé tunisienne dès mon jeune âge, puisque mon père est du domaine.  À six ans, les speakerines télé prenaient soin de moi, elles me maquillaient et je me souviens qu’à la fin de leurs vacations je récupérais leurs fiches pour faire mon show le lendemain à la maison devant ma première spectatrice : Ma mère. Dieu qu’elle était patiente. L’histoire a commencé tôt. Je n’ai jamais hésité, j’étais déterminée. Je pense que c’est une chance de savoir ce qu’on veut très tôt, cela déjoue les hésitations et les files d’attente existentielles, certaines du moins ! 

J’ai campé mon premier rôle à la radio à cinq ans. On m’a fait monter sur une chaise pour atteindre le niveau du micro. C’était magique. Puis, j’ai animé mes premières émissions télé à 13 ans. C’était le dimanche, en prime, en direct.

Je suis arrivée à la radio, RTCI (Radio Tunis Chaine Internationale) en tant que productrice à 19 ans.  Je me suis présentée à la direction, la première fois, à 17 ans, on m’a dit gentiment d’attendre la majorité, ils ne pensaient pas que j’allais revenir ! 

Pour pouvoir parler de transition, il faudrait trouver un point de rupture entre un monde et un autre. Il n’y en a pas à mes yeux. J’ai quitté la télé en 2006 car l’ambiance et l’ingérence de forces extérieures à l’institution ont commencé à prendre le pouvoir. Je ne me retrouvais plus. Je suis partie avec un pincement au cœur. 

J’ai commencé très jeune à participer à l’organisation d’événements culturels, comme Découvertes Tunisie 21 à El Jem. J’étais encore étudiante en Lettres à la fac. C’est un métier très prenant mais passionnant, fait de rencontres, d’échanges et qui permet de nourrir ma carrière de journaliste et d’écrivain.

J’ai fait quatre ans de théâtre avec mon père, qui est un metteur en scène très exigeant. J’ai suivi des formations au TNT (Théâtre National Tunisien), j’ai joué dans des pièces qui m’ont permis de faire le tour de la Tunisie, de découvrir des régions éloignées, oubliées. C’était une leçon d’humilité qui est arrivée alors que je n’avais que seize ans. Un vrai courant d’air. J’ai tellement appris durant ces années. Le théâtre est une école de vie.

 

© Crédit photo : Portrait de l'autrice Le visuel officiel du Festival Mondial de Poésie en Tunisie.

 

H.M — Quels ont été les défis et les moments les plus gratifiants de votre transition vers le monde de la culture et de la poésie ?

 

E.L Comme je l’ai déjà mentionné, il n’y a pas de transition, ces univers se frôlent du moins à mes yeux. Puis je suis née dedans.

La poésie me ramène à moi-même, à mon être essentiel. Elle crée une rupture avec l’extérieur, qui devient intériorisé, rêvé. La poésie réinvente le monde, le journalisme le prend en photos. Ce sont deux approches différentes, deux regards portés sur le monde.

Les défis majeurs viennent de la société elle-même, du milieu littéraire. J’ai écrit jusqu’à récemment en arabe ce qui m’a été reproché, puisque le français est ma langue maternelle (ma mère est française). On m’a mis les bâtons dans les roues. C’était difficile. Je me suis accrochée. J’ai publié quatre recueils de poésie.  J’ai reçu le prix Zoubeida B’chir, du CREDIF, (Centre de recherche et de documentation et d’information sur la femme), c’était gratifiant. Puis, mes textes ont volé de leurs propres ailes, loin de la maison de la poésie tunisienne dont je garde un mauvais souvenir, estompé, relativisé, avec le temps.

J’ai participé à certains festivals à l’étranger : Lodève, Bari, Skopje, Montréal. À ce jour, les invitations de lectures viennent de l’étranger ou des ambassades. C’est triste mais la vie continue, la poésie surtout.

 

H.M — En tant que communicatrice culturelle, quelle est votre vision pour le rôle de la poésie dans la société tunisienne contemporaine, et comment votre travail contribue-t-il à la promotion de cet art ?

 

E.L Mon rôle est de faire connaître les artistes, les écrivains et leur travail et ce, en tant que journaliste culturelle.

En ce qui concerne la poésie, celle-ci a le pouvoir de consolider une identité collective plus ou moins large selon les cas.

Dans une société dévorée par la consommation, à tous les points de vue y compris culturel, la poésie est capable sur une formule ou un vers par rassembler des profils pluriels. 

Concrètement, on a vu surtout durant les grandes épreuves qu’a vécues la Tunisie, bien souvent, des citoyens lambda citer des vers de poésie d’Ouled Hmed, Ben Jeddou, Mnawer Smedah, pour exprimer leurs émotions dans des formules poétiques emblématiques de l’identité tunisienne.

Il serait injuste de cantonner la poésie à ce seul rôle de consolidation collective, elle en a bien d’autres …Comme le fait de nous faire rêver dans un monde qui ne rêve plus.

 

H.M — Pouvez-vous nous parler du Festival International de Poésie de Sidi Bou Saïd, qui vient d’avoir lieu et de votre rôle en tant que cofondatrice et responsable de l'événement ?

 

E.L — Tout d’abord, je ne suis pas cofondatrice du festival. Il a été créé en 2013 par Moez Majed, qui en est le directeur. J’ai intégré l’équipe du festival en 2019 en tant que responsable de la communication. 

Le Festival de poésie de Sidi Bou Saïd se veut un point d’ancrage et de rencontre autour de la poésie internationale sur le sol tunisien. Il a fini par s’imposer comme un rendez-vous important de la géographie de la poésie.

 

H.M — Vous avez écrit de la poésie en arabe, mais vous avez également contribué à des événements et des présentations en français et même en italien ou autres en Tunisie et à l'étranger. Comment ces langues influencent-elles votre relation avec la poésie et votre expression artistique ?

 

E.L — La question de la langue est complexe. On ne sait jamais pourquoi on écrit dans telle langue, pourquoi on s’éloigne parfois de sa langue maternelle, pourquoi on revient vers elle (c’est mon cas) parfois tardivement. La langue d’écriture est un soldat à la fois discipliné et fougueux. Elle est entourée de mystère, changeante.

J’ai écrit mes premiers poèmes en arabe littéraire, cela me semblait naturel. 

Puis une rencontre amoureuse m’a fait revenir vers ma langue maternelle. Tous ces mouvements demeurent ponctués d’interrogations, de questions sans réponses. C’est l’histoire d’une perpétuelle métamorphose qui nous échappe.

Certains de mes textes ont été traduit en italien, en anglais, en espagnol, cela permet à tout poète d’exister en dehors des frontières de ses langues d’écriture. Cela permet à la poésie, aux textes d’avoir une vie plurielle.

 

© Crédit photo : Emna Louzyr lors d'une lecture poétique, image no 1.

 

H.M — En Tunisie, comment percevez-vous la place de la poésie d'expression française dans le paysage culturel, en particulier dans le contexte de l'édition et de la diffusion ?

 

E.L —- Je pense que la poésie, tout comme le roman d’expression française ont leur place en Tunisie et leur public.

Le secteur de l’édition est quant à lui souffrant. L’écosystème depuis la publication jusqu’à la distribution et la promotion, est défaillant. 

Les maisons d’éditions, en dehors de rares exceptions, ont des problèmes structurels et méthodologiques, ce qui oblige les auteurs et en particulier les poètes à assurer la promotion de leurs ouvrages.  Ces mêmes auteurs n’ont quasiment pas de visibilité à l’échelle internationale puisque la diffusion ne suit pas.

Le secteur est à restructurer, son modèle économique à repenser…Quelques jeunes éditeurs audacieux sont en train de faire avancer les choses.

 

H.M — Votre expérience en tant que poétesse tunisienne ayant contribué à l'international offre une perspective unique. Comment voyez-vous le rôle de la diversité linguistique dans la poésie contemporaine en Tunisie et quel impact voyez-vous dans le partage de cette poésie avec un public mondial ? 

 

E.L — J’ai eu la chance de lire mes textes dans le cadre de festivals en France, Montréal, Bari mais aussi dans des espaces culturels ou publics en Albanie, à Skopie, à Québéc.  Ces participations permettent à toute poésie de voyager. Elles ouvrent des portes, permettent des rencontres, les liens se tissent, des amitiés naissent…Le fait de découvrir un univers, une culture différente de la notre permet d’enrichir son imaginaire, de faire évoluer sa démarche d’écriture.

Exister pour les poètes tunisiens en dehors de nos frontières n’est pas uniforme. Il y a toute une panoplie de poètes tunisiens connus à l’échelle panarabe, confirmés, traduits, sollicités et primés comme Mohamed El Ghozi, Moncef Louahaibi, Adam Fathi, Amel Moussa. Cette existence reste tout de même cantonnée à l’intérieur de la langue arabe, ce qui signifie que les œuvres restent peu connues ailleurs dans le monde.

D’autres aussi ont une visibilité à l’échelle internationale, comme Moez Majed, ils ne sont pas nombreux certes, mais ils existent. Cette existence, ce passage de l’œuvre poétique à l’échelle universelle s’articule essentiellement sur le fait de la traduction. La diversité linguistique en elle-même de la poésie tunisienne n’est pas une garantie pour accéder à un public mondial. Il faudrait que cette poésie puisse être publiée dans des maisons d’éditions reconnues dans le monde et que les poètes tunisiens soient régulièrement invités dans des festivals internationaux.

 

H.M — Vous avez été honorée par le Prix Zoubida B’chir Poésie. Quel est le symbolisme de ce prix pour vous et quel impact a-t-il eu sur votre carrière et votre engagement envers la poésie ?

 

E.L —-  Zoubeida B’chir est la première femme à avoir publié un recueil de poésie en Tunisie (1967). C’était une femme de radio avec une voix en or. Le président Bourguiba l’appréciait, il a demandé à ce qu’elle intègre la radio tunisienne.

Elle était autodidacte, elle s’est formée seule, en lisant, en écrivant. Elle a reçu de nombreux prix à l’échelle internationale. Elle a écrit ses textes en arabe classique et en vers libre.

Ce prix qui porte son nom est une belle reconnaissance. J’y vois une forme de continuité entre deux destins de femmes de radio et poètes. Sa vie ne fut pas facile, elle a dû faire face à une société patriarcale et conservatrice. On dit qu’elle était à la fois vulnérable et forte.

Quand j’ai reçu ce prix, je me suis dit la bataille continue pour moi et pour celles qui vont prendre la relève. J’ai eu la chance de la rencontrer lors de la remise de ce prix. Cela reste un moment fort de ma carrière.

 

H.M — D’après vous, quel est le rôle des prix littéraires dans la promotion de la poésie et dans la reconnaissance des artistes en Tunisie ou ailleurs ?

 

E.L — L’écriture se fait dans la solitude et le doute, ces prix permettent de faire connaitre les auteurs ou de confirmer leurs parcours. Après un prix, la vente du livre de l’auteur primé est dopée, cela fait du bien à l’éditeur et à l’écrivain.

 

© Crédit photo : Emna Louzyr lors d'une lecture poétique, image no 2.

 

H.M — Et pour conclure, quel message ou quelle émotion espérez-vous transmettre à travers votre poésie, et quelle est votre vision pour le futur de la poésie tunisienne féminine ?

 

E.L — Personnellement, la notion de message me dérange. Je n’écris pas avec des objectifs précis. « Écrire est un acte d’amour ; s’il ne l’est pas, il n’est qu’écriture », disait Jean Cocteau.

Puis, un texte porte plusieurs vies, à partir du moment où il sort du tiroir, il vit au gré de ses lecteurs. Chacun y trouvera l’émotion, le reflet qui lui correspond.  

Il y a en Tunisie, de nombreuses poètes femmes, je souhaite de beaux jours à ce secteur et à ces écrivaines. Même si je ne pense pas que l’écriture porte forcément ou systématiquement une identité sexuelle. Les femmes écrivent-elles différemment des hommes ? Leurs textes sont-ils sexués ?

Que dire dans ce cas de l’identité de genre ? Ce sentiment que nous pouvons avoir d’être un homme, une femme, un peu les deux, selon les circonstances ou ni l’un ni l’autre.

La question du genre binaire, XX ou XY est devenue désuète et limitative. L’expression humaine et artistique est plus que jamais plurielle, complexe et décomplexée.

 

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Pour citer ces images & entretien inédit​​​​​​s

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​Hanen Marouani, « Interview avec Emna LOUZYR », photographies fournies par l'autrice, Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : ÉTÉ 2024 | NO III « Florapoétique », 1er Volet & Revue Orientales, « Déesses de l'Orient », n°4, volume 1, mis en ligne le 5 juillet 2024. URL : 

http://www.pandesmuses.fr/periodiques/orientalesno4/2024/noiii/hm-elouyzyr


 

 

 

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