Newsletter | Lettre n°13 | Éditorial
La belle consolatrice
Chères lectrices, amies, collègues et autres,
Chers lecteurs, amis, collègues et autres,
En cette année qui démarre, au moment où nous nous échangeons chaleureusement nos vœux et bonnes résolutions, je vous prie de recevoir également mes meilleurs vœux pour 2018 : que cette année vous soit une source de joies.
Je voudrais cependant partager avec vous mes inquiétudes quant à l’irrationalité patente de la plupart des actes des humains envers eux-mêmes et les autres vivants, animés et inanimés. Certes, la poésie ne peut rendre nos actes et jugements vraiment réfléchis mais elle peut nous aider à nous familiariser avec nos sensations, sentiments, ressentiments, émotions, passions, etc. Elle peut nous aider à nous en décharger voire d'en maîtriser certains. La poésie a en effet le pouvoir de nous guérir de l'indifférence dont souffre notre monde en nous éveillant à ses beautés et travers, en nous réveillant aux affects sains et modérés à l'égard d'autrui par l’intermédiaire de la catharsis (poétique et politique dont parle Aristote).
Ne craignez plus d'être vous-mêmes, de lire de la poésie, d'en acheter, d'en faire, d'en éditer et de côtoyer des poètes. La poésie a parfaitement sa place dans nos villes, campagnes, déserts et univers. Elle est même nécessaire pour expérimenter, surmonter et appréhender les souffrances, colères, joies, amours, peurs et angoisses. Elle sait nous consoler de presque tout. Elle est la belle Muse consolatrice : la mer bleue, colorée, originelle et lyrique ; elle est aussi consolation et victoire dans les œuvres de Jean-Michel Maulpoix (voir entre autres Une histoire de bleu), Marceline Desbordes-Valmore, Françoise Urban-Menninger, Aurélie-Ondine Menninger (voir surtout Lettres à Bleue, Era la noche/C'était la nuit et le n°5 du Pan Poétique des Muses), Baudelaire, Camille Aubaude et chez bien d'autres poètes :
La Poésie est une mer
Aux récits de corail : elle bruit
[...]
Le rire d'Orphée ne peut mourir
Il glisse dans l'abîme : l'éclat
De sa gorge aux branches de corail
Est pur éclat d'amour. Et je vogue
Divague en ses ondes d'épaisse
Encre d'enfer et jouis dans l'éther.
Dans les ressacs du Chœur, l'arc-en-ciel
Renaît, gonfle l'air où il se déploie,
Feu follet, rivière d'or et de nuit.
[...]
Un grand corps noyé dans les coraux
Jamais ne guérira : mais il change
D'astre, de scintillement, de tête,
D’œil, hors de l'abysse du temps.
(Camille Aubaude, La Sphynge,
L'Ours Blanc, 2009, « Orphée », pp. 15-16).
Elle a ainsi de nouveaux rôles à jouer dans nos sociétés où les affects, la solidarité et l'autre constituent encore un problème et non pas une ouverture vers une éthique d'altérité et de responsabilité.
Cette année est donc placée sous le signe de la poésie comme une consolation des blessures de l'humanité et du monde animé et inanimé. Elle est vouée à ce que j'appelle « Rendre égard » et à la solidarité avec les créatives-créatrices, animaux, personnes handicapées, personnes exclues, malades ou en fin de vie, etc. Puis-je oser me réclamer de « Ce n'est jamais assez d'aimer » (ibid., p. 27).
Vive la différence !
En poésie avec vous ! Belle année 2018 !
***
Pour citer ce texte
Dina Sahyouni, « La belle consolatrice », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Newsletter & Lettre n°13, mis en ligne le 3 janvier 2018. Url : http://www.pandesmuses.fr/1/2018/consolatrice
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