Certaines séquences oniriques sont le plus souvent à des années-lumière de notre vie quotidienne. Cependant d’autres ont un air du déjà-vu dans la vie réelle.
La vie serait plus que parfaite si le corps et l’esprit étaient synchrones.
Les rêves de l’avant-jour sont ceux qu’on retient le plus et qu’on aimerait prendre le temps de reconstituer pour les partager avec les siens mais le tic-tac du réveil et son alarme qui rythment nos matins sont là pour nous rappeler à l’ordre du jour donc pas question de lambiner : il faut se résoudre à sauter à bas de son lit pour se mettre en condition physique. Après une bonne demi-heure de gym matinale on se dirige dare-dare vers la salle de bains pour une douche écossaise vivifiante, car malgré l’hiver, le corps ne doit pas se mettre en hivernage.
Maggy De Coster,« Les dix mots de la semaine de la langue française : 2023 », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N°13 | PRINTEMPS 2023, mis en ligne le 24 février 2023. URL :
Marielle ANSELMO est enseignante, critique et poète. Elle vit à Paris.
Elle a grandi en Tunisie, dans une famille d'ascendances italiennes, avant de poursuivre des études de lettres en France, à Aix-en-Provence puis à l'Université de Paris 8. Professeure agrégée de lettres modernes, elle enseigne actuellement le français à l’INALCO (Institut National des Langues Orientales) à Paris. Par ses activités critiques, elle a contribué à plusieurs ouvrages collectifs. Ses articles portent sur Marcel Proust, Hélène Cixous, Dominique Fourcade, Etel Adnan, Kenzaburô Ôé, Édouard Glissant, etc.
En poésie, elle est l'auteur du livre-poème Une nuit (éditions Les Arêtes, 2007), de plusieurs livres d’artistes avec Colette Deblé et Pierre Zanzucchi, ainsi que de deux recueils : Jardins (Éditions Tarabuste, 2009) et Vers la mer (Editions Unicité, 2022). Ses poèmes ont été traduits en anglais, grec, arabe, vietnamien et japonais. Elle en a donné une cinquantaine de lectures publiques en France, en Tunisie, en Suisse, au Japon, seule ou accompagnée d'autres artistes.
– Le samedi 11 février à 19h30, à l’Officine, Paris Ménilmontant,
– Le mardi 21 février à 19h00 à Ivy Writers (Lectures bilingues), Delaville Café, Paris 10ème,
– Le mardi 14 mars à 19h00 à la Librairie des Femmes, 35 rue Jacob, avec la comédienne Dominique Reymond,
– Le samedi 18 mars à 16h00 à Matreselva, Paris 15ème,
– Le samedi 21 avril au Kibele, Paris 10ème, avec le Parlement des écrivaines francophones.
Entrevue
H.M – Comment êtes-vous venue à l’écriture, Marielle Anselmo ?
M.A – Je crois que je suis venue à l’écriture dès lors que j’ai appris à écrire, que s’est ouvert l’univers magique des lettres.
Je me souviens d’un premier poème écrit, enfant, dans un dialogue (très silencieux) avec ma mère. Il s’intitulaitainsi Le silence de la mer - titre empruntant tant au récit de Vercors qu’à l’univers de Cousteau. Deux formes de résistance, deux manières de désobéissance à un certain ordre terrestre.
Je réalise, en notant ceci, que je n’ai jamais quitté cette scène : j’écris toujours depuis le même lieu, depuis le bord de mer.
H.M – D’où vient ce décalage entre vos deux recueils ?
M.A – Après la parution de mon premier recueil, Jardins (Tarabuste, 2009), il m’a fallu en effet beaucoup de temps pour écrire le deuxième, Vers la mer. Il était pourtant déjà en germe au moment de la publication du premier. Cela tient à plusieurs choses : au contenu du livre (parfois douloureux, brûlant), à la manière même de mon écriture (un fort travail de condensation s'inscrivant dans la durée) et à des événements extérieurs qui en ont influencé l’écriture. En effet ce recueil, tout en reprenant des éléments de mon rapport au paysage méditerranéen (à la Grèce en particulier, qui est comme un déplacement de mon rapport à la Tunisie, pays d’enfance), se fait essentiellement l’écho d’un séjour de deux ans au Japon. Or, en 2011, alors que le recueil était en cours d’écriture, se produisent en même temps plusieurs cataclysmes, géopolitiques ou naturels, qui viennent toucher les pays que j’aime, auxquels je me sens liée : la révolution tunisienne (suivie des Printemps arabes), la crise économique européenne qui affecte lourdement (sinon tragiquement) la Grèce et enfin le désastre (naturel et nucléaire) de Fukushima. Il m’était impossible de continuer à écrire sur le Japon alors que les paysages qui m’habitaient, que je tentais de décrire, de saisir en quelques mots, de rendre vivants, étaient dévastés, menacés de destruction, et que ceux que j’aimais là-bas étaient eux-mêmes menacés. Cela a littéralement arrêté l’écriture du recueil, m’a rendue mutique.
H.M – Est-ce que « Vers la mer », le recueil que vous venez de publier aux Éditions Unicité, qui vous a donné envie d’un retour aux sources et aux origines ?
M.A – Non, au contraire, Vers la mer est le récit d’un éloignement, d’un départ, ou mieux de sa tentative. Mais, comme je l’indiquais au début, il garde aussi la trace du paysage premier, méditerranéen.
H.M – L’impression qu’il y a comme un cheminement intérieur d’un recueil à l’autre vous semble-t-elle juste ?
M.A – Oui, il y a un cheminement : un cheminement le long de la mer - de la Mer Méditerranée à la Mer du Japon. Il y a aussi un fil intérieur, qui se poursuit d’un recueil à l’autre, moins perceptible peut-être, qui est celui du deuil.
H.M – Pourquoi tant de tristesse dans votre poésie ?
M.A – Dans la tradition occidentale, (c’est-à-dire grecque), la figure première du poète est celle d’Orphée, et elle est profondément liée au deuil : Orphée, celui qui chante et charme jusqu’aux arbres et aux animaux, a perdu deux fois celle qui l’aime, Eurydice. Il a été autorisé par les dieux à aller la chercher aux Enfers, à traverser vivant le royaume des morts - et à en revenir (mais il en revient seul). C’est depuis cette traversée que s’écrit le poème.
Il y a dans cette tradition une deuxième figure fondatrice, moins mythologique : celle de Sappho, celle que Platon surnomma « la Dixième Muse ». Le premier poète lyrique est une femme, une poétesse. Elle est celle qui chante le désir. Disons que dans ce recueil j’essaie de tisser ensemble ces deux fils : deuil et désir.
Il n’y a donc pas seulement de la tristesse dans ce livre. Il y a aussi beaucoup de joie : la joie de passer les frontières, d’aller « dans l’inconnu », à la rencontre d’une altérité radicale, la joie de « l’aventure », au sens médiéval, des rencontres faites en chemin… Quelle plus grande joie ?
H.M – Comment va la poésie d’aujourd’hui ?
M.A – Elle va très bien. Elle est la part la plus infime, la plus invisible du marché éditorial, mais sans doute aussi la plus vivante. Soutenue par des éditrices et éditeurs courageux, elle est le lieu d’une production incessante, s’exprimant à travers toutes ses formes (orales ou écrites) et courants. Et les poétesses sont plus nombreuses et vivantes que jamais. Elles investissent la scène, la voix, renouvellent la performance poétique en lui donnant une tonalité, une inflexion propre. Je pense (pour n’en citer que quelques-unes) à Edith Azam, Hélène Sanguinetti, Jennifer K. Dick, Constance Chlore, Laure Gauthier, Anna Serra… Chacune invente une scansion particulière.
H. M – La mer demeure-t-elle un espace d’accueil ou d’exil privilégié ?
M.A – Elle est les deux : accueil et exil, tombe et berceau.
Lieu de culture, d’échanges, elle défend et permet la traversée, et en cela reste un trait-d’union.
Pour citer cet entretien poétique inédit
Hanen Marouani,« Entretien avec la poétesse Marielle Anselmo », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N°13 | PRINTEMPS 2023 « (Auto)Portraits poétiques & artistiques des créatrices », mis en ligne le 22 février 2023. URL :
« C’est quand on a plus d’espoir qu’il ne faut désespérer de rien. » Sénèque
L’espoir fait vivre, donc quand ça va mal autour de soi, il faut trouver coûte que coûte une raison de vivre en se persuadant que « Tout ira bien » :c’est ce que Hanen Marouani nous enseigne dans son recueil de poèmes ainsi intitulé. Quelle belle note d’espoir d’optimisme ! Comme dit Georges Bernanos : «La plus haute forme de l'espérance, c'est le désespoir surmonté. »
Selon Hanen Marouani :
« Les espoirs des enfants qui s’éveillent sans bruit
Et tout nous en transforme en gouttelettes de rosée
En une mélodie perdue quand ses notes font battre toute peur »
Ne pas prêter le flanc au désespoir, avoir le flair, car prévenir vaut mieux que guérir.
Il faut savoir anticiper :
« Sentir l’arrivée de la pluie à l’avance
Ne pas se contenter d’être mouillé sous ses intensités »
On s’accroche à la vie en ce recentrant sur l’essentiel, en tâchant de renouer avec son intériorité. Cela dit, il faut composer chaque jour avec le temps long dans « un monde enrepli ».
Peindre en rêvant et rêver en peignant : la simultanéité des actions s’avère une échappatoire, on se laisse aller ; à chacun sa technique de survie :
« Sur un navire sans voile ignorant la destination vers son demain
Je rêve et je rêve… et je peins »
Mais « Un rêve égaré dans les vagues et les marées » c’est un rêve évanescent qui n’est que chimère car « Tout est éphémère, tout est chimère », nous révèle la poète.
Alors il faut trouver une solution de rechange : il faut lâcher prise :
« Sur une bicyclette, je suis le sens
Je ne pense à rien mais je danse »
*
« Le silence est d’or tout le reste n’est que faiblesse », nous apprend Pascal.
Et pour cause :
« Les silences remplacent les mots, là où il faut faire face au vrai » renchérit Hanen Maouani.
Il est des circonstances qui n’existent que pour nous amener à une prise de conscience, alors il n’est que de puiser dans ses ressources intrinsèques pour y faire face.
Il faut dire la vie dans ses travers, évoquer les femmes oubliées, emmurées dans le silence :
« Derrière les portraits, il y a des vies endormies
Derrière chacun, il y a des portraits bien soumis,
Derrière chaque portrait, il y a une femme qui sourit »
*
« L’homme est un apprenti, la douleur est son maître,
Et nul ne se connaît tant qu’il n’a pas souffert. » Musset
Il ne faut pas rester passif mais se coltiner aux difficultés de la vie.
À un moment où l’incertitude et le vide gagnent du terrain, où les rues se vident, la poète rêve sa vie, verse dans la régression :
« courir … c’est mon rêve d’enfant qui me vient souvent et
qui m’accompagne
au fond (…) »
« Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point. » Pascal
En fin de compte, Hanen Maouani a fini par trouver « les secret des cœurs » auxquels elle a eu recours pour des moments de plaisir partagé en duo.
Maggy De Coster,« Hanen Marouani, « Tout ira bien », Le Lys bleu, 2021, 116 pages, 12€ », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N°13 | PRINTEMPS 2023 « (Auto)Portraits poétiques & artistiques des créatrices », Revue Orientales, « Les voyageuses & leurs voyages réels ou fictifs », n°2, volume 1, mis en ligne le 15 février 2023. URL :
L'Histoire témoigne de ce que derrière chaque homme célèbre se cache l'intelligence méconnue d'une femme, épouse, fille, collaboratrice... Jules Renard n'affirmait pas autre chose quand il écrivait « Dans l'ombre d'un homme glorieux, il y a toujours une femme qui souffre ».
L'anthropologue Wiktor Stoczkowski, chercheur au Collège de France, révèle que l'historien Léopold Delisle, administrateur de la Bibliothèque nationale de 1874 à 1905, doit en grande partie sa réussite à son épouse Laure Delisle qui fut son assistante et sa collaboratrice. Il cite de nombreux couples qui ont « fonctionné » selon ce schéma comme les Lavoisier ou encore les Durkheim.
Il est en effet établi de nos jours que Louise, l'épouse du sociologue Emile Durkheim, relisait et corrigeait ses manuscrits.
Il en fut de même avec Emma, l'épouse de Charles Darwin qui a corrigé « L'origine des espèces ». Quant à leur fille Henrietta, elle a également contribué à faire connaître les travaux de son père. N'oublions pas Jenny vonWestphalen, aristocrate, sociologue qui fut l'épouse de Karl Marx et qui, pour le suivre, a accepté le déclassement, la misère, les expulsions successives et même les humiliations ! Pourtant Victor Fay dans un numéro spécial de « L'Homme et la société » dédié au 150 e anniversaire de la mort de Marx, expliquait que Jenny Marx fut la secrétaire, la copiste le bras droit de son époux ! Il rapporte une phrase prononcée par Engels : « Sans Jenny, le travail deMarx n'aurait jamais pu être ce qu'il était ». On ne peut être plus clair !
Et bien évidemment, si certains hommes ont officiellement témoigné leur reconnaissance à une figure féminine, d'autres les ont laissées à dessein dans l'ombre tandis qu'ils brillaient sous les feux de la rampe.
Janet Browne dit de ces femmes oubliées qu'elles sont « des fantômes patients derrière la quête infinie de la perfection ».
Mais aujourd'hui bon nombre de femmes voient leurs talents enfin mis en lumière !
On songe d'emblée à Alma Mahler née Schindler qui fut tour à tour l'épouse de Gustave Mahler, de Walter Gropius puis de Franz Werfel après avoir été la compagne d'Oskar Kokoschta. Appelée « la Veuve des quatre arts » car elle avait connu l'amour avec un musicien (Mahler), un architecte (Gropius), un peintre (Kokoschta) qui avait réalisé plus de 400 portraits de celle qui fut sa muse, un écrivain (Werfel), cette femme magnifique cumulait tous les talents.
En épousant Gustav Mahler qui avait 19 ans de plus qu'elle, Alma avait renoncé à la musique alors qu'elle avait commencé très jeune à composer des Lieder. À ce jour, on en connaît 14 ou 16, or une centaine sont encore inédits !
D'autres femmes ont pu accéder à la littérature en s'affranchissant de la tutelle masculine. Ce fut le cas de Colette qui servit de « porte-plume », selon l'expression de d'Eliane Viennot, jusqu'en 1923 à son mari surnommé « Willy ». Et que penser de Catherine Pozzi trahie par son amant Paul Valéry qui puisa une part de son inspiration dans un écrit de sa maîtresse qui porte le titre éminemment poétique de « Peau d'âme » ?
Aujourd'hui les femmes tentent de mettre ou de remettre en lumière, celles qui sont restées trop longtemps dans l'ombre et, qui pourtant, ont contribué à la mise en avant d'un homme entré dans l'Histoire.
Suzanne Césaire en est un exemple, l'épouse et muse du grand poète Aimé Césaire, fut une autrice à part entière que l'on fête aujourd'hui dans les Antilles où elle est devenue l'initiatrice d'une importante lignée d'autrices féminines.
Belle de corps et d'esprit, Suzanne Césaire a animé avec son époux la fameuse revue « Tropiques » de 1941 à 1945. Dans « Le grand camouflage », édité par Daniel Maximin et qui donna lieu au spectacle « Fontaine solaire », on redécouvre la pensée de Suzanne Césaire en lien avec les théories du philosophe Leo Froebius qui affirmait que « l'homme est l'instrument de la civilisation », elle y renoue avec le beau mythe de « L'Homme-plante » et nous donne à lire des textes d'une étonnante modernité témoignant d'un esprit libre et d'avant-garde.
Que penser également du destin de Louise Colet dont on redécouvre les poèmes exceptionnels jugés naïfs par Flaubert et les flaubertistes ?
L'on comprend dès lors qu'il n'était pas aisé pour une femme de signer ses écrits en tant que telle. L'on songe à Amantine, Aurore, lucile Dupin qui rédigea son premier livre avec Jules Sandeau intitulé « Rose et Blanche » qu'ils signèrent du nom de Jules Sand. Le succès étant au rendez-vous, Aurore Dupin choisit un nom de plume masculin à l'instar de la tenue vestimentaire qu'elle avait adoptée pour être plus à l'aise lorsqu'elle allait à la chasse. George Sand était née !
Sa démarche novatrice fut suivie par d'autres femmes qui se l'approprièrent comme Marie d'Agoult qui prit le pseudonyme de Daniel Stern ou encore Delphine de Girardin qui écrivit sous le nom de Charles Launay.
Mais le domaine des arts et de la littérature n'a pas le monopole des figures féminines enfouies dans les oubliettes de l'Histoire.
Une importante exposition itinérante initiée par le Mémorial de la Ville de Nantes, dédié aux traites négrière, à l'esclavage et à son abolition, a remis dernièrement à l'honneur des femmes oubliées, méconnues, voire inconnues qui ont contribué à faire abolir l'esclavage.
On y redécouvre la figure de Sanité Belair d'origine haïtienne qui combattit avec courage sous l'uniforme aux côtés de l'officier Toussaint Louverture lors de la Révolution haïtienne, elle fut arrêtée avec ce dernier mais ne pouvait être passée par les armes en tant que femme...
Cependant, le bourreau ne réussissant pas à la décapiter, elle fut fusillée tout comme Toussaint Louverture et accéda ainsi, bien malgré elle, à ce que l'on appelle la parité !
Une autre icône de la cause noire, Héva, une esclave maronne a inspiré par son courage de nombreuses oeuvres littéraires. Claire en Guyane française, suppliciée puis pendue devant ses enfants, Dandara au Brésil qui se jeta dans le vide pour échapper à sa condition, la mulâtresse Solitude, torturée et mise à mort le lendemain de son accouchement, sont autant de femmes exceptionnelles.
Cudjoe Queen Nanny est vénérée en Jamaïque pour avoir aidé les esclaves à se libérer avec la technique des guérilleros. La dévotion est telle à son égard que son portrait figure sur un billet de banque !
L'abolitionniste américaine Sojourner Truth gagna le premier procès intenté par une femme noire pour récupérer son fils ! Elle montait dans les tramways interdits aux noirs bien avant Rosa Parks et prononça un discours emblématique en 1851 intitulé « Ne suis-je pas une femme ? » à la National Women's Right's Convention.
Anne Zinga, la superbe reine au caractère bien trempé du Ndogo et du Matamba de 1582 à 1664, l'actuel Angola, disposait d'un pouvoir absolu. Elle tint tête aux Portugais et agit en fine stratège, elle refusa de leur livrer les 13000 esclaves qu'ils réclamaient et évita ainsi la colonisation de son pays.
On connaît également le rôle d'avant-gardiste d'Olympe de Gouges, membre de la société des Amis des Noirs, dans son combat pour l'abolition de l'esclavage. Auteure de la Déclaration des Droits des Femmes, elle dénonça l'esclavage dans une pièce intitulée « Zamore et Mirza » qui lui valut l'opprobre de certains politiques, voire des menaces de mort…
N'oublions pas le destin exceptionnel d'Harriet Tubman que le président Barack Obama souhaitait honorer en créant un billet de banque à son effigie. Mais arrivé au pouvoir, Donald Trump en décida autrement, considérant cette proposition « politiquement non correcte » ! Or, celle que l'on appelle encore aujourd'hui « La Moïse Noire », aida plus de 70 esclaves à s'évader. Elle-même avait réussi à s'échapper lors de la guerre de Sécession pour se retrouver en Pennsylvanie où elle fut soutenue en 1840 dans son action par un réseau de sympathisants de la cause Noire « L'Underground Railroad ».
Cette exposition itinérante en France a apporté sans nul doute un éclairage essentiel sur l'esclavage et mis en avant des femmes discriminées parce qu'elles étaient femmes, esclaves et noires et qui ont payé un lourd tribut pour défendre leur liberté et leurs idées.
L'une des figures britanniques emblématiques fut sans conteste Emeline Pankhurst qui fut indéniablement la pionnière pour la lutte des droits des femmes en créant le Woman's Social Political Union (WSPU). Son combat acharné avec les suffragettes permit aux femmes d'acquérir le droit de vote en 1948.
Mais si de nombreuses femmes manquent encore d'éclairage et restent dans l'ombre d'un homme célèbre, il en existe quelques unes qui ont vécu ou souffert dans l'ombre d'une autre femme !
S'il faut en fournir un exemple, l'on peut citer derechef la compagne de Marguerite Yourcenar,Grâce Frick qui fut à la fois chercheuse, traductrice et compagne de la première femme à entrer à l'Académie française.
Dans le livre de Bruno Blancheman « Grâce une seconde » on découvre la traductrice des « Mémoires d'Hadrien » avec laquelle Marguerite Yourcenar partit vivre aux Etats-Unis en 1934. Cette relation fusionnelle est explorée aussi bien sur le plan littéraire que relationnel et permet de comprendre le rôle essentiel de Grâce Frick dans l'oeuvre de Marguerite Yourcenar.
Bien d'autres femmes ont pris toute la lumière aux dépens d'une compagne, d'une sœur...Il en est peut-être ainsi de Simone de Beauvoir dont il est inutile de répéter ici, en quoi elle a changé le destin des femmes de par le monde.
Son injonction, « On ne naît pas femme, on le devient », résonne dans tous les esprits, revient dans tous les combats.
Mais qui s'intéresse à l'oeuvre d'Hélène de Beauvoir, sa soeur peintre, qui lorsque je l'ai rencontrée à la fin des années 90 à Goxwiller en Alsace, se disait oubliée des siens, de Paris, de l'art officiel ?
Hélène de Beauvoir souffrait visiblement du manque de reconnaissance de sa propre sœur qui jugeait « mauvaise sa peinture » et ne supportait plus d'être la sœur de...Fort heureusement, ses œuvres ont été présentées dans une grande exposition rétrospective au musée Würth situé à Erstein en Alsace.
Hélène de Beauvoir a enfin retrouvé sa place de combattante et de militante pour les droits des femmes car c'est elle, m'a-t-elle confié, qui a influencé Simone de Beauvoir en ce qui concerne les problématiques de la condition féminine.
Malheureusement lors de son vivant, Hélène est restée l'éternelle « Poupette » croisée dans les « Mémoires d'une jeune fille rangée » rédigées par sa soeur et n'a pas acquis la notoriété de cette dernière… Mais l'Histoire change parfois de cours et apporte au fil du temps un nouvel éclairage et une autre lecture !
Autant dire que les femmes de l'ombre ont un bel avenir devant elles car un grand mouvement pour leur reconnaissance est actuellement en marche. Des publications, des expositions, des revues, des colloques ou des sites comme celui du Pan Poétique des Muses, ont pour vocation de leur redonner la parole et de leur offrir cette lumière qui relève de notre devoir de mémoire.
Françoise Urban-Menninger, « Les femmes de l'ombre à la lumière » avec une photographie du tableau de l'artiste Hélène de Beauvoir prise par Claude Menninger, Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N°13 | PRINTEMPS 2023 « (Auto)Portraits poétiques & artistiques des créatrices », mis en ligne le 19 février 2023. URL :
RÉCEMMENT, LE SITE « PANDESMUSES.FR » A BASCULÉ EN HTTPS ET LA DEUXIÈME PHASE DE SA MAINTENANCE PRENDRA DES MOIS VOIRE UN AN. NOTRE SITE A GARDÉ SON ANCIEN THÈME GRAPHIQUE MAIS BEAUCOUP DE PAGES DOIVENT RETROUVER LEUR PRÉSENTATION INITIALE. EN OUTRE, UN CLASSEMENT GÉNÉRAL PAR PÉRIODE SE MET PETIT À PETIT EN PLACE AVEC QUELQUES NOUVEAUTÉS POUR FACILITER VOS RECHERCHES SUR NOTRE SITE. TOUT CELA PERTURBE ET RALENTIT LA MISE EN LIGNE DE NOUVEAUX DOCUMENTS, MERCI BIEN DE VOTRE COMPRÉHENSION !
Cette section n'a pas été mise à jour depuis longtemps, elle est en travaux. Veuillez patienter et merci de consulter la page Accueil de ce périodique.
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