I
Homme, dit la femme, je te sale la queue et le cul, je les attife de mes hardes. Ton démon je l’excrète par mes larmes. Homme - continue la femme - je te donne à voir l’obscénité de ton âme, je la greffe à ton abdomen couvert de poils afin que bouc tu reviennes à toi. Jadis déjà je caressais tes cornes dont je suçais le bout. À force elles ressemblaient au sexe statufié de Victor Noir au cimetière du Père Lachaise. La terre entre tes cuisses tu l’as cru miraculeuse. Tu montrais sans ambages ton membre vibratile pour le faire hameçon. Tu m’as incitée à le renifler et à y tordre ma laine. Ton suint dans mon pressoir a servi à ta fabrication.
II
J’ai dû coucher huit jours avec toi pour fabriquer des hommes qui sortaient tout formés de mon ventre. J’ai copulé dents à dents, yeux dans les yeux. Tout ciel me fut étranger. Pour moitié je fus ta croupe osseuse et frugale, pour l'autre ton support de râle. Mais à ma décharge – et pourvu que tu sois bien axé - on pouvait apercevoir mon joli boudoir, mon lys et ma vallée. Tu y trempais l’index puis le sexe. Mais j’y ai précipité des cristaux de sel pour le brûler. C’est ainsi que les fillettes ne craignirent plus pour leur virginité.
III
Je me suis arrachée à tes baisers qui avaient emporté ma bouche. Désormais je n’existe plus seulement sur la terre étoilée, les pattes repliées sous moi à la façon des bêtes au flanc qui allaitent. Je n’écoute plus les grâces de tes sornettes. Mon ventre est redevenu l’endroit le plus sûr de la terre et n’est plus chargé de tous tes péchés d’Israël. Tu ne me prendras plus. Par devant ou par derrière. Mes lamentos de tourterelle je les garde pour un brin de branlette.
IV
Ondine dès onze heures : elle assure le beefsteak pros-sexe, pro-désir. Elle ajuste des gestes techniques extraordinaires et intersectionnels. A la bête à deux dos elle devient ce qu'est au football Ronaldo et n'a rien d'une ado. Il faut tenter d'être à son niveau question tire aux buttes et au mont de Vénus. Il faut que ça luve et diluve en son Rio Bravo, sa rivière en cent et un détours.
V
Viande d’amour, source des paniques dans le lit à creuser. Arc-bouté et tête renversée : faire la queue en taciturnes burnes, mie des mots avalée, rivant l’outre. Espoir de petite mort. Angoisse du jouir. Crissement doux de la carotte quand sous la main le gouffre s’ouvre d'huile bouillante. Le fricandeau s'anime dans la machinerie. "Voilà l’apprentissage" dit-elle au mâle faisant qui prend sa vie ("et ses larmes" ajoute-t-elle). Elle lui a permis d'enlever ses parures et son corset pour que son corps sage exulte. "Soulages moi" dit-elle. Alors il la déguise en négresse comme on disait jadis et brasse la soupe du plaisir.
VI
Ce n’était qu’une mare grande comme une paume de main de nain. Dire que nous y trempions le cul comme dans une mer morte. Mais soyons fiers de nos bottes. Crampons nous sommes, continuons à nous sonner les cloches.Ce n’est qu'en notre fange que nous nous envasons jusqu'au râble. Cela sent le bouillon d’algues et de poissons. Voilà pour le maelstrom d'émotion. Sirotons, sirotons comme sur vieux zinc de bar celle qui est venue pour ça en éructant : "Embouche et bave vieux zigomard".
VII
Je suis charpie plus que bloc. Visage pâle, yeux cernés de cerneaux. Me voici saisi de crampes qui descendent jusqu’aux génitales parties à l’appétit Capri-cieux. Mes angoisses sont notables et ma faiblesse générale. Que faire de mon mou de ventre ? Comme dirait l'autre, "C’est pas la mère à boire". Flexion, fiction, piston. Sexion hâte, un, deux, Typhon, cyclone, trombe. Danser encore danser du museau dans la chapelle cystite jusqu’à y mettre le feu avant la raie qu’on panse. L’épi s’y mouille. La langue jette les gloria, les ave d'un cancre las. Il y a là de la crème en glaise, de la sauce blanche et du jus de pater. Croix de bois, croix de faire, l'enfant dit de l’homme n’est que de la mer noire dont il boit le lait preux.
© JP. Gavard-Perret
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Pour citer ces poèmes inédits en prose
Jean-Paul Gavard-Perret, « Hautes combes », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N°8 | Été 2021 « Penser la maladie & la vieillesse en poésie » sous la direction de Françoise Urban-Menninger, mis en ligne le 27 août 2021. Url :
http://www.pandesmuses.fr/no8/jpgp-hautescombes
Mise en page par David Simon
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