N°12 | Poémusique des femmes & genre | Critique & réception | Revue culturelle des Amériques
Nathalie Maranelli
L’enfant de Rio
Roman, Éditions Lazare et Capucine, 2021, 21€
© Crédit photo : Première de couverture illustrée de L’enfant de Rio, roman de Nathalie Maranelli, Éditions Lazare et Capucine.
Malandro (malandrin en français), l’enfant de Rio est ce garçon des rues qui survit en fouillant dans les poubelles et qui est prêt à tout pour sortir de l’ornière. D’ailleurs il a eu la vie sauve par la grâce de Luis qui l’a recueilli dans une poubelle à la naissance. Malheureusement ce dernier sera tué à cause de son homosexualité. Il va manquer à jamais à son protégé mais son ombre planera toujours sur lui. Il est à l’image des 3, 2 millions d’enfants brésiliens livrés à eux-mêmes, s’adonnant au vol à l’arraché, sniffant de la colle, leur drogue de survie.
Vif et débrouillard, Malandro est tantôt cireur de chaussures, tantôt vendeur de journaux à la criée. Ayant la rue pour résidence permanente et un carton sur le bitume pour matelas, il n’est guère à l’abri des agressions perpétrées par des bandes rivales. Et pour se défendre, il a un couteau bien effilé, baptisé Eustache qui l’accompagne partout comme un cicérone. Il sait aussi que sa vie ne vaut rien : même les policiers tirent sans sommation sur les déshérités du sort, quelquefois abandonnés sur un banc public par un parent sans perspective sociale et économique.
Ces enfants des rues sont socialement stigmatisés jusqu’à se faire appeler communément « malandrins » et leurs futurs rejetons connaîtront le même sort qu’eux comme si c’était inscrit dans leur ADN.
© Crédit photo : La romancière brésilienne Nathalie Maranelli.
Partout où il va, il ressent la présence de Luis. Aussi convient-il que tous les petits bonheurs qu’il a connus est le fait de ce guide spirituel qui veille sur lui de là-haut, se représentant sous la forme d’une mouette. Citons par exemple : le chanteur Gilberto Gil qui l’a reçu chez lui avec humanité, chose impensable pour un Malandro, va-nu-pieds en manque d’affection ; Gustave le vendeur de glace qui lui donne de temps en temps une glace même périmée ; Maria la cuisinière qui lui donne de quoi se sustenter.
Les jeunes filles mineures sont à leur tour la proie des proxénètes qui les enlèvent pour les livrer à la prostitution. Il a un but c’est d’aller sauver Flor sa compagne d’infortune, disparue du radar, supposée victime d’enlèvement car ce phénomène est légion au Brésil.
Grâce aux personnes généreuses que le destin a mises sur son chemin il a pu croire en son potentiel. Il veut reprendre le chemin de l’école et plus tard construire sa vie avec Flor quoi qu’il advienne.
Dans ce roman Nathalie Maranelli fait également état de l’incompétence des services sociaux, de la gabegie administrative et de la corruption institutionnalisée au Brésil.
© Maggy DE COSTER
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Pour citer ce texte inédit
Maggy De Coster, « Nathalie Maranelli, L’enfant de Rio, Roman, Éditions Lazare et Capucine, 2021, 21€ », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N°12 | AUTOMNE 2022 « Poémusique des Femmes & Genre », mis en ligne le 25 octobre 2022. Url :
http://www.pandesmuses.fr/no12/mdc-maranelli-lenfantderio
Mise en page par David
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