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Como decíamos /
Comme nous disions hier.
Poèmes de Celia Vázquez
Poèmes de
Poèmes choisis & Œuvre traduits en français par
© Crédit photo : Couverture illustrée du recueil de poèmes de Celia Vázquez traduits en français par Maggy De Coster.
« Comme nous disions hier », Celia Vázquez, collección AMPALIT, Poesía, 2020, 131 p., traduit de l’espagnol par Maggy De Coster
El paciente olvido
¿Qué es el amor sino un horizonte sin línea
que diluye al ser que ama?
¿Qué es el amor sino una dolencia constante
que vuelve anémica la sangre?
¿Qué es el amor sino un canto de sirenas
para un Odiseo sin mares?
Es salva de incoherencias que disuelve la libertad,
un presagio de vidente
que nos ancla el alma a un dueño:
el paciente olvido espeso.
Le patient oublié
Qu'est-ce que l'amour sinon un horizon sans ligne
qui dilue l'être qui aime?
Qu'est-ce que l'amour sinon une souffrance constante
qui anémie le sang?
Qu'est-ce que l'amour sinon une chanson de sirène
pour une odyssée sans mers?
Il est sauvé des incohérences que dissout la liberté,
un présage de voyant
qui ancre notre âme à un propriétaire:
Le patient a oublié l’aspérité.
Distancia
Ahora estoy, amor, lejos de ti,
tan lejos que me cuesta extasiarme,
conseguir evocarte, traerte hasta mi misma.
Se me quiebra en las manos tu recuerdo más puro :
tu ser indefinible.
Lo accesorio lo tengo. El paisaje,
lo que te rodea y que de ti es parte:
la larga, desesperante, inmensa llanura.
El horizonte remoto, pura línea,
la pincelada azul del vibrante aire,
el sol, fulgente, duro e implacable ;
el anchuroso espacio
que marca la distancia,
el quiebro áspero de la sombra cortada,
la inclemente cuchillada del sol.
Todo me acerca tu recuerdo en un instante:
los veranos calientes, las hirientes cales;
las casas chicas, humildes o nobles.
Llevo mi mente a todo lo que me inspira
y me permite evocarte :
A la plaza, al escudo y a la iglesia ;
al tapial, a la grieta y al molino ;
al árbol solitario, altivo y seco
que como tú me mira de soslayo;
al castillo en lo alto del otero,
sin sueños, sin gigantes,
sin vientos, sin anhelos.
A ti, sí, te tengo, aquí, clavado ;
tu rostro, erial de suaves surcos,
marca el tiempo que nos amamos ;
el horizonte remoto de tu cuerpo,
la pincelada azul de mis ojos,
el delineado de tus labios,
el sol fulgente de mi cabello
el anchuroso espacio de tu espalda…
la inclemente cuchillada de tu ausencia.
Distance
Maintenant je suis, mon amour, loin de toi,
si loin qu'il m'est difficile d'être extatique,
de t'évoquer, te ramener vers moi.
Ton souvenir le plus pur se brise entre mes mains:
ton être indéfinissable.
J'ai l'accessoire. Le paysage,
ce qui t'entoure et ce qui fait partie de toi :
La longue plaine immense et désespérante.
L'horizon lointain, la ligne pure,
le coup de pinceau bleu de l'air vibrant,
le soleil, brillant, dur et implacable ;
le vaste espace
qui marque la distance,
la rupture brutale du tranchant de l'ombre,
la lame incisive du soleil.
Tout en un instant me rappelle à ton bon souvenir:
étés chauds, chagrins blessants;
les petites maisons, humbles ou nobles.
tout ce qui m'inspire me revient à l'esprit
et me permet de t'évoquer :
la place, le blason et l'église,
le pisé, la fissure et le moulin
l'arbre solitaire, hautain et sec
qui comme toi me regarde de travers;
le château perché sur la colline,
sans rêves, sans géants,
Toi, oui, je t'ai, ici, cloué ;
ton visage, hérissé de sillons doux,
marque le temps de nos amours;
l'horizon lointain de ton corps,
la peinture bleue de mes yeux,
le tracé de tes lèvres,
le soleil éclatant de mes cheveux
la largeur de ton dos...
la lame tranchante de ton absence.
Su encanto
Su voz de tono grave e impostada
que jamás vacilaba ante la mentira,
se derritió con la rutina un día.
La costumbre habitó su alma;
la fragancia de su viril encanto
se colgó de su camisa de once varas
rasgada con la inercia de la vida.
Son charme
Sa voix profonde et imposante
qui n'avait jamais hésité face aux mensonges,
un jour, s'est fondue dans la routine.
L'habitude habitait son âme ;
le parfum de son charme viril
s'est pendu à sa chemise à onze points
déchirée par l'inertie de la vie.
Oubli
Olvidarte me arroja a la más burda indolencia,
a un cielo rojo y añil, a la intolerancia absurda,
a la nada macilenta, a la máscara sin perfil,
a la disolución sin huella.
Por eso me niego a olvidarte.
Prefiero ser un perfume sin aroma
una hoguera sin fuego, la pleamar sin olas,
un verano sin calor, un pájaro sin vuelo,
un poema sin rima, una fuente sin agua,
una canción sin letra, paradoja sin sentido,
para no perder la ilusión de esa amistad eterna
que parpadea en la noche convertida en una estrella,
que cuelga del firmamento, que sueña con el mañana,
en un tiempo de futuro y en el sonoro plural,
en el tatuaje del alma de un amor atemporal.
Oubli
L’oubli me jette dans la plus grande indolence,
à un ciel rouge et indigo, à une intolérance absurde,
au néant blafard, au masque sans profil,
à la dissolution sans trace.
Pour cela je me refuse de t'oublier.
Je préfère être un parfum sans odeur
un foyer sans feu, la pleine mer sans vagues,
un été sans chaleur, un oiseau sans vol,
un poème sans rime, une fontaine sans eau,
une chanson sans paroles, paradoxe insignifiant,
pour ne pas perdre l'illusion de cette amitié éternelle
qui clignote la nuit transformée en étoile,
suspendue au firmament, qui rêve au matin,
dans un futur pluriel et sonore,
d'un amour intemporel au tatouage de l’âme.
Vestigios de amor
El poeta del amor,
a quien las adolescentes
admirábamos,
no parecía tener claro
a qué mujer amaba
y a algunas de nosotras,
sus poéticos retratos
más de un disgusto han dado
y nos dejan ahora intuir
que el poeta y su querer
no nos ha quedado claro.
Empeño inútil me parece,
en nuestro tiempo, averiguar
quiénes fueron las mujeres
de las que Bécquer
anduvo enamoriscado :
la que hablaba como Julieta,
en el balcón donde anidaban
las golondrinas
y donde se enredaban
las madreselvas ;
la que le hizo exclamar :
“¡Hoy creo en Dios!” ;
la que con su mano
arrancaba melodiosos sones
del arpa olvidada ;
la que prueba,
con una sola afirmación,
que ella es la poesía ;
la que evoca por su solo recuerdo
al amor que pasa, entre olas de armonía ;
la que acorta el vivir del poeta, cuyo espíritu,
se propone esperarla
a las puertas de la muerte
para poder decirle
todo lo que ha callado.
Nuestro admirado Bécquer
vivía de ensueños
y al final de su vida no sabía
qué había sido sueño
y qué realidad en su vida amorosa:
solamente soñándose dormido,
así tan solo, vivía en plenitud
la vida que había soñado.
Nombres y fechas
se confundían en su mente.
Para él todo había sido
amor verdadero, sentido,
amor real. Un gran sueño.
Vestiges de l'amour
Le poète de l'amour,
que les adolescentes admiraient,
ne semblait pas savoir
clairement quelle femme il aimait
et à certaines d'entre nous,
ses portraits poétiques
révèlent plus ses déconvenues
et nous laissent deviner
que le poète n’était pas clair
sur son sentiment amoureux.
Il me semble inutile,
à notre époque, de chercher à comprendre
que des individus comme Becquer
soient tombés amoureux:
celle qui parlait comme Juliette,
sur le balcon où se nichaient
les hirondelles
et où les chèvrefeuilles s’emmêlaient;
celle qui le fit s'exclamait:
« Aujourd'hui, je crois en Dieu! »
celle qui de sa main
arracha des sons mélodieux
de la harpe oubliée;
celui qui prouve,
en affirmant fermement,
qu’elle est la poésie ;
celle qui évoque par son seul souvenir
l'amour qui passe,
entre les vagues d'harmonie ;
ce qui raccourcit la vie du poète,
dont l'âme,
se propose de l'attendre
aux portes de la mort
pour pouvoir lui dire
tout ce qu’il a tu.
Notre Bécquer admiré
vivait de rêveries
et à la fin de sa vie, il ne savait pas
qu’il avait rêvé
en réalité dans sa vie amoureuse:
qu’il rêvait sa vie dans son sommeil,
ainsi tout en étant si seul, il vivait dans la plénitude
de la vie rêvée.
Noms et dates
se confondaient dans son esprit.
Pour lui, tout avait été
de l’amour vrai, ressenti,
le véritable amour. Un grand rêve.
NDLR : Celia Vázquez est docteur en philologie anglaise à l’Université Complutense de Madrid, chercheur, conteuse, poète et essayiste ; elle a été professeur titulaire de l’Université Polytechnique de Madrid et de l’Université de Vigo et aussi Directrice du Département de Philologie anglaise pendant quelques années.
***
Pour citer ces poèmes d'amour traduits
Maggy De Coster, « Como decíamos / Comme nous disions hier. Poèmes de Celia Vázquez », poèmes d'amour bilingues inédits choisis & traduits en français par Maggy DE COSTER, textes reproduits avec l'aimable autorisation des auteures et leur maison d'édition, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Événement poétique|Megalesia 2021/I « Poésies printanières & colorées » & N°8 « Penser la maladie & la vieillesse en Poésie » volet 2, sous la direction de Françoise Urban-Menninger, mis en ligne le 6 avril 2021. Url :
http://www.pandesmuses.fr/megalesia21/no8/cv-nousdisions
Mise en page par David Simon
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