Cuisse froide
une exposition de Laure André
à la Galerie Bertrand Gillig
de Strasbourg |
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© Crédit photo :
http://www.bertrandgillig.fr/IMG/arton256.jpg?1457432311
Diplômée de l’École Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg, Laure André poursuit un travail singulier dans lequel le corps est appréhendé à l’aune du quotidien, du médical et du religieux sur le mode d'un ésotérisme très personnel.
Autant dire que dans les œuvres de l’artiste, le profane et le sacré ont partie liée ! La série « couvre-feu » plus particulièrement dédiée au corps féminin, en est l’un des meilleurs exemples. Dessinées au bic bleu, des nonnes vouées à l’abstinence, crient leur désir sous leur robe qui s’ouvre sur une fente béante. Leur sexe qui bée n’est autre qu’une deuxième bouche, protubérante, dentée, affamée…
Sous le signe récurrent de la blessure et de la disparition, Laure André poursuit un inlassable questionnement sur l’empreinte, les souvenirs des défunts, leurs prolongements à travers les actes de dévotion.
Sur les médias les plus improbables tel l’organdi de soie, elle pique et brode à petits points serrés les liens ténus qui font tenir ensemble dans un même espace, à la fois tangible et conceptuel, les vivants et les morts.
Une broderie fine sur une hostie ou sur des pétales de monnaies du pape nous renvoient à cette aiguille du temps qui faufile ou surfile notre vie, l’entrelace à notre mort.
Laure André n’hésite pas à prendre pour support des garnitures hygiéniques, suprême tabou qu’elle fait voler avec grâce et éclat, par le biais de minutieuses et subtiles broderies. On songe inéluctablement aux images pieuses brodées ou aux canivets, voire aux ex-voto... Et voilà rapprochés dans notre imaginaire, le sang du Christ et de tous les saints avec celui des menstrues nous renvoyant inéluctablement à cette blessure originelle qui creuse en nous le sillon du deuil, de l’absence et de la perte.
L'infinie précision que Laure André apporte à chacune des ses œuvres génère un sentiment d’aboutissement dans lequel on appréhende dans le même temps, le merveilleux, l'indicible et cette angoisse inextinguible d'être au monde qui n'a de cesse de ronger notre âme et notre esprit.
Voir également :
Exposition jusqu'au 9 avril
url : http://www.bertrandgillig.fr/spip.php?article256
Galerie Bertrand Gillig
11, rue Oberlin à Strasbourg
« Le travail de Laure André est très riche de significations. Elle se définit elle-même comme plasticienne, exerçant son art sur tous types de médias, dont les plus incongrus, comme des pétales de monnaies du pape, des hosties, des boites d’entomologie, des napperons, des robes, etc … elle a même crée des œuvres en chocolat moulé. Son travail se construit autour de la mémoire et de l’empreinte : souvenirs des défunts, des objets qui leur ont appartenu, de la trace de leur présence sur Terre… et sa perpétuation à travers les actes de dévotion. De ceci découle un exercice plastique sur la mort et sur la peur de la blessure et de l’accident où la notion d’apparition/disparition est omniprésente. Laure André s’ingénie à trouver la technique adéquate à chaque idée artistique pour servir cette direction : carton piqueté à l’aiguille pour figurer la mémoire de gueules cassées, organdi de soie pour suggérer la fragilité de l’enfance et pour créer des effets de dédoublement, broderies sur des hosties pour exprimer la préciosité, gravure sur lentille de verre pour engendrer des ombres… L’univers de Laure André n’est pas purement conceptuel, car elle s’attache à créer des œuvres "finies", à la conception technique réfléchie, empreinte d’une minutie du geste et d’un esthétisme très recherché. Voir l’installation à la galerie lors de l’exposition personnelle de Laure André en mars-avril 2014 » (cf. Galerie Bertrand Gillig de Strasbourg, url : http://www.bertrandgillig.fr/spip.php?article217
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Cuisse froide, une exposition de Laure André à la Galerie Bertrand Gillig de Strasbourg http://www.pandesmuses.fr/2016/03/laure-andre-galerie-bertrand-gillig-strasbourg.html |