© Crédit photo : Vitrail 1, dessin de Sylvie Lander, photographie réalisée par Claude Menninger, 2015.
On se souvient de l’incendie en novembre 2011 qui ravagea l’église catholique de Gerstheim. Aujourd’hui grâce à différents artistes alsaciens dont Sylvie Lander « le lieu sacré peut à nouveau flamboyer », selon l’expression du poète Jean-Pierre Faye. L’église de style néogothique a été reconstruite à l’identique sous la houlette de l'architecte Alain Steinmetz et les 29 vitraux créés par l’artiste témoignent d’une aventure à la fois humaine et spirituelle qui célèbre cette quête de lumière chère à Goethe et qu'il aurait revendiqué jusque dans son dernier souffle en prononçant le fameux « Mehr Licht ».
Pour Sylvie Lander, le Retable d'Issenheim est sans nul doute cette source vive d'inspiration qui l'a accompagnée dans cette mise en lumière du bâtiment à renaître. On retrouve ainsi dans les premiers vitraux dédiés à l'Annonciation avec la visite de l'Ange Gabriel des éléments graphiques propres à Matthias Grünewald. L'émotion de Marie est traduite par le rose et le bleu, transcendant ainsi la nature humaine en une action de grâce.
Dans les hauteurs des vitraux, on ne perçoit plus rien de figuratif, seule la lumière nous nimbe et nous éclaire.
Les anges, thème récurrent chez Sylvie Lander, accompagnent cette montée vers la lumière dans une envolée musicale, ce premier cycle s'achevant avec la Nativité.
Les vitraux qui font face à ceux précédemment décrits, illustrent la dramaturgie de la Passion et la douleur incommensurable de Marie qui se traduit par des impacts de couleur.
Dans le dernier vitrail en face de l'Annonciation, les fonds baptismaux évoquent la naissance, le livre est resté volontairement blanc afin que « chaque baptisé puisse en disposer », explique Sylvie Lander.
Quant au corps du ressuscité, il flamboie, dégagé de toute matérialité, il semble absorbé par sa propre lumière où l'origine et la fin confinent. Les vitraux du chœur forment une sphère qui capte la lumière solaire et derrière lesquels, on peut percevoir le déroulement des saisons, le vol d'un oiseau ou le passage d'un nuage.
La rosace égrène telles des larmes rouges son collier de pétales, peints chacun séparément, découpés et fixés par cuisson au four. On songe à la Vierge au Buisson de Roses de Martin Schongauer et à cette grâce qui magnifie l'art pour le transcender et nous permettre d'appréhender le divin.
Sur les vitraux de la sacristie deux cœurs ardents renvoient aux armoiries des deux cœurs rouge sang entrelacés de Gerstheim et dont la couleur fait écho à celle des pétales...
D'autres artistes alsaciens comme le mosaïste Gérard Brandt ont contribué à la résurrection de cette église en donnant une nouvelle vie aux objets récupérés dans l'incendie et en les élevant au rang de reliques. Quant à l'orgue d'Alfred Kern, il fait vibrer le lieu qui rayonne et irradie dans son chœur de lumière.