N°11 | Parfums, Poésie & Genre | Dossier mineur | Articles & témoignages | Revue poépolitique
Des poèmes du poète
cubain exilé Ernesto Díaz Rodríguez
Crédit photo : British School, "A Young Woman in a Blue Dress", domaine public, Wikimedia.
En las alas del vientos, Ernesto Díaz Rodríguez Editor Angel De Fana, Miami 2022.
Ernesto Díaz Rodríguez est né le 11 novembre 1939 à Cojímar, un village de pêcheurs situé à 4 Km à l'est de la baie de La Havane. Militant anti-castriste, il a passé 22 ans et 3 mois d'emprisonnement politique sévère dans des prisons et des cellules d'isolement à Cuba avant d’obtenir l’asile politique à Miami. Les poèmes qui vont suivre sont extraits de son recueil « En las alas del vientos » écrit pendant sa captivité et publié aux Éditions Angel De Fana, Miami été 2022. Torturé physiquement mais son âme de poète est restée intacte.
Selon son préfacier J. A Albertini :
« Ce qui surprendra le plus n'importe quel lecteur, c'est qu'Ernesto Díaz puisse transmuter la douleur d'un long emprisonnement si rude, si cruelle, en cette tendresse diaphane […]qui coule dans sa poésie pour enfants ; cette tendresse diaphane […] remplit l'intégralité de l'œuvre poétique d'Ernesto.»
MI DESVELO
No es el estar
perennemente anclado
en este puerto de oxidados espinos,
ni el fuerte olor a moho
que rezuma la piedra
lo que más me golpea a cada instante.
No son las noches
gastadas ya de insomnio repetido,
idénticas a tantos pensamientos
encallados
sino las íes
- todas -
que andan de un lado para otro
buscando quien les ponga los puntos.
Pero
verán que un día,
cuando me canse de esperar,
izo las velas y...
¡voy a ponerle punto hasta las zetas!
Ernesto Díaz Rodríguez
(En las alas del viento)
Prisión La Cabaña,
30 de octubre, 1976
MON DÉVOILEMENT
Ce n'est ni le fait d’être
ancré à jamais
dans ce port de barbelés rouillés,
ni la forte odeur de moisissure
que suinte la pierre
qui me frappe le plus à chaque instant.
Ce ne sont pas les nuits
d’insomnies répétées,
identiques à tant de pensées
embourbées
mais les i
- tous -
ceux qui vont de part et d’autre
chercher quelqu'un pour leur mettre les points.
Mais
ils verront qu'un jour
quand je serai las d'attendre
je hisserai les voiles et...
Je ferai le point jusqu’à z !
Ernesto Díaz Rodríguez
( Sur les ailes du vent)
Prison de La Cabaña,
30 de octobre, 1976
(Traduit de l’espagnol par Maggy De Coster)
**
ERROR DE CÁLCULO
Me acaban de decir,
de oído a oído,
que en los nuevos cimientos
florecerán
otras 99 celdas de castigo
(las anteriores ya no estaban
a la altura correcta).
Quizás los matemáticos soviéticos
no calcularon bien
el temple del acero antillano
y ahora están sumamente preocupados
pensando que por las cuatro pulgadas
de aspillera
se les escapa
toda la fuerza de sus vísceras
(Ya sólo nos queda por saber
en que rincón
van a plantar el cementerio).
Ernesto Díaz Rodríguez
(En las alas del viento)
Prisión Combinado del Este
16 de marzo, 1977
ERREUR DE CALCUL
On vient de me dire,
d'une oreille à l'autre,
que dans les nouvelles fondations
fleuriront
99 autres cellules de punition
(les précédentes n'étaient plus
à la bonne hauteur).
Peut-être que les mathématiciens soviétiques
N’ont pas su bien calculer
La trempe de l'acier antillais
et maintenant ils sont extrêmement inquiets
à l’idée qu’à travers les quatre pouces
de meurtrière
s’échappe toute la force de leurs viscères
(Il ne nous reste plus qu’à savoir
dans quel coin
ils vont implanter le cimetière).
Ernesto Díaz Rodríguez
(Sur les ailes du vent)
Prison Combinado del Este
16 mars 1977
(Traduit de l’espagnol par Maggy De Coster)
**
AUSENCIA
Así, de pronto,
me confundo ante el péndulo
indetenible
del tiempo;
todo se ha transformado lentamente.
Acaso ya nada quede
de los lejanos pasos,
pero yo sigo recordando
las afelpadas frentes
de mis hijos,
tan diminutas y tenues
como ayer.
(Quizás no alcance a comprender
por qué los árboles
han renovado tantas veces
su follaje).
Ernesto Díaz Rodríguez
(En las alas del viento)
Prisión Combinado del Este
23 de marzo, 1977
ABSENCE
Alors brusquement,
Je me perds devant le pendule
Implacable marqueur
du temps;
Tout s’est lentement transformé.
Peut-être qu’il ne reste plus rien
des passages lointains,
mais je me souviens encore
des visages
de mes enfants,
si délicats et doux
comme hier.
(Je ne comprends peut-être pas
pourquoi les arbres
ont tant de fois renouvelé
leur feuillage).
Ernesto Díaz Rodríguez
(Sur les ailes du vent)
Prison Combinado del Este
23 mars 1977
(Traduit de l’espagnol par Maggy De Coster)
**
CUBA
Tierra que llevas
mi sangre en tus arterias,
cómo me dueles.
¡Ay de los hijos
que te muerden la mano,
y violan tus espaldas,
insensibles,
y cubren con harapos
tu cintura de perla!
Cuba,
tierra de amor que llevo dentro,
¡cuántas noches de insomnio arrancas
a mi lecho!
¡Qué nuevas tempestades
anudan tu garganta,
tierra mía!
Ernesto Díaz Rodríguez
(En las alas del viento)
Prisión Combinado del Este
13 de febrero, 1977
CUBA
Toi, terre qui portes
mon sang dans tes artères,
comme tu m'as blessé !
Malheur aux enfants
qui te mordent la main,
et violent ton dos,
et, insensibles,
couvrent de haillons
ta taille perlée !
Cuba,
terre d'amour que je porte en moi,
combien de nuits d’insomnies arraches-tu
à mon lit !
Quelles nouvelles tempêtes
te nouent la gorge,
ma terre!
Ernest Díaz Rodríguez
(Sur les ailes du vent)
Prison combinado del Este
13 février 1977
(Traduit de l’espagnol par Maggy De Coster)
© Extraits inédits traduits et publiés avec l'amiable autorisation de l'auteur et de sa traductrice.
***
Pour citer ces extraits poétiques présentés & inédits
Maggy De Coster, « Des poèmes du poète cubain exilé Ernesto Díaz Rodríguez », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N°11 | ÉTÉ 2022 « Parfums, Poésie & Genre », mis en ligne le 16 août 2022. Url :
http://www.pandesmuses.fr/no11/mdc-ernestodiazrodriguez
Mise en page par David
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