N° 10 | Célébrations | Dossier mineur | Florilège
Trois poèmes de Leo Zelada
Poète espagnol
Extraits traduits avec l'aimable
autorisation de l'auteur & de sa maison d'édition
Poèmes traduits de l’espagnol
& précédés d'une biographie du poète par
Site personnel
© Crédit photo : Leo Zelada , image fournie par la traductrice.
Biographie de Leo ZELADA
Leo Zelada, pseudonyme littéraire de Braulio Ruben Tupaj Amaru Grajeda Fuentes, est né à Lima, Pérou, en 1970. Poète et écrivain, il a étudié la philosophie à l’Université Nationale Mayor de San Marcos à Lima. Il a publié les recueils de poésies suivants : Delirium Tremens (1991), Journal d’un cyberpunk (2001), Opúsculo de Nosferatu a punto de amanecer (2005), La senda del dragón (2008), Minimal poética (Vaso Roto Ediciones, 2010) ; le roman American Death of Life (2005) et traduit avec son père Brailio Grajeda Challco l’anthologie poétique de l’empire Inca (2007). En 2016, la maison d’édition espagnole Vaso Roto publie Transpoética, son dernier ouvrage de poésies. Après avoir voyagé à travers les États-Unis, l’Amérique du sud et l’Europe, il vit depuis dix ans en Espagne.
En mai 2013, un court-métrage documentaire intitulé « Leo Zelada, Poète underground » est réalisé par la production audiovisuelle espagnole Amagifilms.
Son œuvre a été traduite en anglais, en français et en portugais. Il collabore régulièrement à la rubrique culturelle du journal Madridpress. Son blog Diario de dragón a reçu plus de 260.000 visites. En 2015, le Fonds Poétique International lui a décerné à Madrid le Prix Poetas de Otros Mundos. En 2019 il publie à Madrid son roman El Último Nómada aux Editions Harpo Libros. Il le présente à Paris à la Librairie Cien Fuegos et il a également été poète invité spécial au Club Des Poètes et à Paris Lit Up.
En janvier 2021, le documentaire « Leo Zelada : Transpoética », réalisé par le réalisateur Mario Leclerc, est sorti à Madrid. Ce documentaire est sous-titré en français et en anglais. Voir le lien suivant :
© Crédits photos : Couverture illustrée du recueil de poèmes de Leo Zelada accompagnée par sa photographie, images fournies par la traductrice.
Travesía hacía Andrómeda
...me he despertado en un sueño convertido
en el escarabajo de Kafka
leyendo en una cafetería de Ginebra
Las Ruinas Circulares de Borges...
detrás del ocre un árbol rojo se levanta,
abro los ojos y es otra persona la que habita ahora mi cuerpo...
**
Traversée vers Andromède
...je me suis réveillé dans un rêve
transformé en scarabée de Kafka
lisant dans un café genevois
Les Ruines Circulaires de Borges...
derrière l'ocre s'élève un arbre rouge,
j’ouvre les yeux et c'est une autre personne qui habite désormais mon corps...
Búho Blanco
El aliento del ciprés
me da en este instante
refrescante sosiego.
Hace tiempo que no me siento sólo
en la banca de un parque.
Hace demasiado tiempo
que no salgo por la tarde
a impregnarme del destello
de la tarde
en mi cuerpo.
Sí,
me he ido
acostumbrado poco a poco
a ser un animal melancólico
de la noche.
He quedado cubierto del resplandor
materno de la luna.
Has atravesado la noche
quedando puro como un
témpano de hielo.
Ahora posees
la serenidad del blanco búho.
**
La chouette blanche
Le souffle du cyprès
me procure en cet instant
un calme rafraîchissant.
Il y a longtemps que je ne me suis pas retiré
sur le banc d’un parc.
Il y a trop longtemps
que je ne suis pas sorti à la tombée du jour
pour m’imprégner de la clarté
du soir.
Oui,
je suis sorti
et me suis accoutumé peu à peu
à être cet oiseau nocturne mélancolique.
J'ai été protégée par la splendeur maternelle
de la lune.
Tu as traversé la nuit
en étant pur comme un iceberg
de la banquise.
Maintenant tu as
la sérénité de la chouette blanche.
Wiracocha pasea por la tierra de los dioses blancos
Cada noche un dragón rojo vigila mi sueño y Wiracocha camina por las calles de Madrid. Es verano de julio y el cielo está nublado.
A miles de kilómetros, cruzando el mar Atlántico, la voz de mis ancestros me llama ¿Qué hizo el inka Garcilaso para curar la agonía de su exilio?
Mi estirpe está casi extinta. Soy uno de los últimos vestigios de un gran esplendor. Lo he dado todo por la literatura y en mis palabras he tratado de que hablara el lenguaje de mi sangre. Escribo en la lengua de mis colonizadores, pero mi espíritu va más allá de sus palabras. Soy un virus en la gramática de España. ¿Cómo expresar lo que siento en un idioma que no es mío?
No siento nostalgia. Pero soy extranjero en estas tierras de Castilla. A veces tengo ganas de gritar en su plaza mayor mi rabia contenida. Pero me callo. He escondido mi dolor debajo de mis lentes redondos. Pero a veces no puedo evitar esconder mi mirada desolada en el crepúsculo.
Tengo la fe de que mis palabras sirvan para algo.
¡Oh Wiracocha, la misión es dura, ten misericordia de este hijo tuyo!
**
Wiracocha se promène au pays des dieux blancs
Chaque nuit, un dragon rouge veille sur mon rêve et Wiracocha se promène dans les rues de Madrid. C'est l'été en juillet et le ciel est nuageux.
À des milliers de kilomètres de l'autre côté de l'Atlantique, la voix de mes ancêtres m'interpelle : qu'a fait l'Inca Garcilaso pour guérir de l'agonie de son exil ?
Ma lignée est presque éteinte. Je suis l'un des derniers vestiges d'une grande splendeur. J'ai tout donné pour la littérature et dans mes mots j'ai essayé de lui enseigner la langue de mon sang. J'écris dans la langue de mes colonisateurs, mais mon esprit va au-delà de leurs mots. Je suis un virus dans la grammaire espagnole. Comment exprimer ce que je ressens dans une langue qui n'est pas mienne ?
Je n'ai pas le mal du pays. Mais je suis un étranger sur les terres de Castille. Parfois, j'ai envie de crier ma rage contenue sur sa grand’place. Mais je me tais. J'ai caché ma douleur sous mes lunettes rondes. Mais parfois, je ne peux m'empêcher de cacher mon regard désolé dans le crépuscule.
J'ai la foi que mes paroles servent à quelque chose.
Oh Wiracocha, la mission est difficile, aie pitié de ton fils !
***
Pour citer ces poèmes bilingues
Maggy de Coster (extraits traduits de l'espagnol & précédés de la biographie du poète par), « Trois poèmes de Leo Zelada », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N° 10| Automne 2021 « Célébrations », mis en ligne le 12 juillet 2021. Url :
http://www.pandesmuses.fr/no10/mdc-poemesdeleozelada
Mise en page par Aude Simon
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