Lettre n°16 | À nos ivresses & aux Bacchantes | Poétextes thématiques | Cuisiner en poétisant
Comment sécher des herbes
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Crédit photo : "Thym", Wikimédia.
Le thym aura besoin d'une inclinaison dans la lumière du soir,
un crochet dans les rayons de soleil ambrés -
l'absence de clair de lune
y ajoute un côté amer
dans l'humidité creuse de l'été.
L'origan est mieux laissé seul au seuil de l'aube,
la tumescence argentée et irisée de ses feuilles.
La neige s'accorde avec sa verdure
en fusion avec le silence.
Pour le basilic,
méfiez-vous des libellules cachées au milieu de son parfum.
Placez un bouquet de basilic sous votre oreiller,
pour rêver d'amours perdus depuis longtemps.
Des bénédictions se prolongent toujours dans son feuillage,
peu importe la saison ou
la pénombre que vous affrontez.
Les brins de romarin sont à envelopper dans du papier ciré,
soigneusement disposé sur un coin de la table du dîner
jusqu'à ce qu'ils deviennent cassants
et ressemblent à des cosses de cônes de pin.
Il y a un point de bascule dans chaque saveur,
dans la bacchanale de notre mémoire,
une densité de vies vécues
si seulement nous pouvions l'invoquer
à la fin de chaque recette oubliée.
***
Pour citer ce poème inédit
Irina Moga, « Comment sécher des herbes », poème inédit, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°16, mis en ligne le 7 juillet 2021. Url :
http://www.pandesmuses.fr/lettreno16/im-desherbes
Mise en page par David Simon
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