Lettre n°14 | Être féministe | Critique & réception
Maïde Maurice
Nina, une enfance en Haïti
roman autobiographique, éd. Raisins verts, 2018, 242 p., format A5, 18€
© Crédit photo : Première de couverture du livre, image fournie par Maggy de Coster.
Ce roman autobiographique est une forme de catharsis qui permet à l’auteure de se réconcilier avec elle-même en reconstituant le puzzle de sa vie à travers une plongée dans le quotidien de son pays d’origine, Haïti, qu’elle avait laissé à l’adolescence pour aller en France d’Outre-mer (La Guyane) rejoindre sa mère biologique encore inconnue d’elle-même.
Un véritable Mémento de la vie haïtienne où à l’haïtienne. Un livre truffé d’anecdotes qui s’inscriraient bien dans la petite histoire.
Style limpide, épuré, langue savoureuse, fleurie comme les jardins des tropiques. La richesse sémantique est notable. La narratrice a le souci de la justesse des mots, sa narration est tellement bien menée qu’on éprouve un vif plaisir de lire ce roman dont on a envie d’aller jusqu’au bout. Le lecteur est comme enchaîné par le fil narratif de l’histoire. On y remarque une luxe de détails qui dénotent chez l’auteure une certaine nostalgie du pays ou une quête identitaire qui la pousse à citer longuement des passages d’Histoire de son pays qu’elle avait apprise à l’école. Une simple évocation suffirait sans doute.
On est tellement en immersion dans le roman qu’on se représente mentalement chaque tableau décrit, chaque fait narré. Parfois on a l’impression d’être sur place ou face à un écran où l’on voit défiler l’histoire.
Elle nous entraîne dans le burlesque, le pathétique, le vaudeville, le comique, le dramatique, l’invraisemblable, le réalisme. On rit de bon coeur, on s’étonne, on a l’effet de surprise, bref, on passe par tous les sentiments.
Cela dit, on a du mal à discerner le fictionnel du réel, tant la frontière entre le romanesque et la réalité nous paraît ténue. Cf le rituel du carnaval ou le marchandage au marché, tant de faits insolites ou inhérents à la culture haïtienne.
À décrypter ce roman on se rend compte qu’il renferme l’Histoire, la Psychologie, la Sociologie du peuple haïtien dans sa grandeur et sa décadence. Disons que c’est une histoire personnelle qui reflète les caractéristiques culturelles d’un pays avec ce qu’il y d’archaïsme et de paradoxe.
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Pour citer ce texte
Maggy de Coster, « Maïde Maurice, Nina, une enfance en Haïti, roman autobiographique, éd. Raisins verts, 2018, 242 p., format A5, 18€ », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°14|Être féministe, mis en ligne le 7 mars 2020. Url : http://www.pandesmuses.fr/lettreno14/nina
Page publiée par le rédacteur David Simon
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