Amsterdam, Abertawe & Vienne
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Sílvia Aymerich
Amsterdam
Le prestige de la vieille Europe
S’est écroulé devant tes propres eaux,
Amsterdam,
Sur la verdeur de tes parcs,
Sur des milliers de fleurs.
Je t’ai suivie en silence,
J’ai écouté le battement arythmique
De tes ponts…
(L’Europe se meurt)
Et malgré tout,
Paradis de réfugiés,
De sans-logis, d’apatrides,
Je te préfère
Sans maquillage,
Si honnête,
Si sincère.
Abertawe
Tu portes des desseins de mer : le mal astre,
Des tempêtes qui irritent les ondes
Pour décharner ta côte escarpée
Si tes rochers hardis, tes marées subtiles
laissent au découvert
un coeur de coquille brisée.
On t’appelle Swansea,
mais je sais que les montagnes
n’oublient pas que tu es esclave
et gardent, obstinément,
la langue ancestrale.
Elles sont peuplées par des hommes de mer
et de tendresse,
qui ont autant de sel que toi dans les veines,
et ne savent chanter qu’avec le cœur plein de vin,
dans les tavernes. Un vent glacé leur gèle les tempes
s’ils osent, à marée basse,
traverser la mémoire.
Mais tu as choisi l’oubli,
la sentence des siècles.
Toi, fils cadet de Cymru,
pays de la gentillesse.
Vienne
Un immense gâteau de noces
Pour la Kaiserin la plus belle d’Europe !
Une grande guerre,
Un empire qui meurt,
Fléchit son corps et libère,
Des palais sucrés, sans héritière,
Des parterres à la menthe et à la fraise…
–Shönnbrunn, ta belle fontaine,
Belvédère, ton histoire d’amour
N’étouffent plus les cris de la Mitteleuropa.
Une petite paix,
Un Danube qu’il faut sauver,
Des gens venus de très loin
Fuyant le génocide,
Quelqu’un qui chante Dylan
Sur une place
Où un peuple a grandit
À force de respect.
Hors Strauss,
Strauss, dans les nuées,
L’éclair sur ses doigts dorés,
Un immense gâteau de poupée,
Une valse pour sa bien-aimée :
Vienne, Vienne,
Vienne !
Pour citer ces poèmes
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Sílvia Aymerich, « Amsterdam », « Abertawe » & « Vienne » , in Le Pan poétique des muses|Revue internationale de poésie entre théories & pratiques : Dossiers « Poésie des femmes romandes », « Muses & Poètes. Poésie, Femmes et Genre », n°2|Automne 2012 [En ligne], (dir.) Michel R. Doret, réalisé par Dina Sahyouni, mis en ligne le 31 octobre 2012. Url. http://www.pandesmuses.fr/article-n-2amsterdam-abertawe-vienne-111550386.html/Url. http://0z.fr/dfBxy |
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Auteur(e)
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Sílvia Aymerich fait ses études au Lycée Français de Barcelone, « son berceau littéraire », puis obtient une première licence en Biologie et une deuxième en Philologie, avant de décrocher son diplôme de traductrice à l'Université de Perpignan. Parallèlement, elle commence sa carrière d’écrivaine. En 1985, elle reçoit le Prix Amadeu Oller décerné à de jeunes poètes et, par la suite, divers prix pour ses romans de voyages. Invitée par les écrivains suisses en 1994, elle traduit ses poèmes pour leur annuaire. À son retour, paraissent ses romans pour adolescents, plusieurs fois réédités dès lors. En 2009, elle présente le Projet Solaris à l’Université de Londres, puis fait un séjour en résidence à Hugoenea. En 2012, elle participer au Writers’ Camp organisé par le P.E.N Club Hongrois. Sans quitter la poésie, elle travaille à diffuser la science au moyen de la littérature. |