Événements poétiques | Megalesia 2021 | Leçons, méthodes & méthodologies en poésie
La strophe d'après
poèmes de Denise Le Dantec
Recueil paru aux éditions Sans Escale
© Crédit photo : Premère de couverture illustrée du recueil, image fournie par les éditions Sans Escale
Denise Le Dantec a consacré plusieurs ouvrages à l'histoire des jardins et nul doute qu'elle porte en elle un jardin de lumière où les fleurs sont des mots qui nous donnent à entendre une musique céleste « les anges / jouent-ils de la flûte / avec une bouche taillée / dans trois fleurs de lys ? »
L'autrice ne cesse de chercher ce qu'elle nomme « le lieu du poème » et c'est ainsi que le poème s'écrit dans le poème. Le paysage intérieur et le paysage extérieur se rencontrent, pour Novalis, c'est à cet endroit précis que se tient « le siège de l'âme » !
Quand l'auteure* écrit « J'ai pris le chemin du même chemin », nous l'accompagnons dans les allées du poème où l'on découvre avec ravissement « La musique d'un orchestre d'amour flottant », « une soupe de rosée » ou une phrase happée à la volée « Votre robe, Madame, est un jardin » qui sont autant d'éclats lumineux qui ensoleillent cette écriture qui tel « un sentier au bord du monde » nous offre « des espaces rayonnants » qui renvoient à ce que le poète Yves Bonnefoy appelait « l'indéfait, le transversal qui ont valeur pour l'existence ».
Denise Le Dantec prolonge dans ses fragments de lumière et ses brèches sur l'indicible une intuition poétique empreinte d'une grâce à la fois infinie et indéfinie. Le poétique déborde la pensée et le langage, cependant le poétique est aussi débordé par une réalité insoutenable et l'auteure d'évoquer à travers une litanie de sigles, le destin sans destinée des migrants qui traversent son poème pour conclure sur cette injonction « Désastre / parlez-moi de désastre / parlez-m'en ».
Mais Denise Le Dantec de revenir toujours dans ce jardin d'écriture où dit-elle « je chante le temps des fleurs » car ajoute-t-elle « J'écris quand le poème réclame d'être écrit » !
Voilà très certainement, le secret du poème ! L'auteure nous le répète « Le mot est là où il s'arrête et/ là où il continue ». L'on comprend dès lors que le titre même du recueil « La strophe d'après » nous invite à entrer dans son jardin d'écriture pour appréhender derrière « le brouhaha du monde », « des musiques de roses... » …
Mais même si Denise Le Dantec écrit « Mon jardin est plus grand que le monde », on sait avec elle que l'écriture en quête du « lieu du poème » mène au-delà des mots, à la source même de l'être où l'origine et la finitude confinent et l'auteure d'avouer « ...une immense douleur à chaque page » ou encore de déposer tel un pétale de rose ce vers éclairant « ailé d'étamines, la mort ».
En dépassant le conceptuel, Denise Le Dantec atteint une réalité plus intense qui met en jeu sa présence au monde dans ce jardin de l'âme qui n'est autre que la parure de la mort annoncée.
* Ou autrice.
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Pour citer ce texte
Françoise Urban-Menninger, « La strophe d'après, poèmes de Denise Le Dantec. Recueil paru aux éditions Sans Escale », texte inédit, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Événement poétique|Megalesia 2021, mis en ligne le 30 mars 2021. Url :
http://www.pandesmuses.fr/megalesia21/fum-recueildedeniseledantec
Mise en page par David Simon
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