Critique & réception |
Véronique Vassiliou
Échantillons
Catalogue
aux Éditions Le Bleu du Ciel, 2013
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© Crédit photo : Couverture illustrée de l'éditeur
Le vêtement est sans nul doute notre seconde peau, il nous protège, nous cache, nous pare et nous accompagne de notre naissance jusqu’à notre mort. Véronique Vassiliou par le jeu d’une écriture éminemment "subtile" renoue les fils de cette mémoire à la fois individuelle et collective qui se tisse et se trame entre chair et peau pour nous piquer au plus vif de l’âme.
Dans le résumé en fin d’ouvrage de son "autofringographie", Véronique Vassiliou nous confie sur le ton de l’aparté quelques uns de ses souvenirs d’enfance et d’adolescence qui ont tous partie liée avec des vêtements qu’elle a portés ou qui l’ont peut-être portée...
C’est ainsi qu’entre 6 et 8 ans, on retient que la couleur préférée de l’aïeule n’est autre que le rouge. Ce rouge qui palpite comme un coeur, elle en reparlera au fil des pages de son livre inclassable qui renvoie à son « histoire de fil en aiguille » où surgissent entre les mailles de l’écriture les figures tutélaires des femmes de sa mémoire. Sa mère, sa grand-mère font corps avec l’auteure dans ce long poème où nous déroulons le fil rouge de leur histoire qui est également un peu la nôtre.
Le « je » a disparu pour laisser place à une petite figurine qu’il nous appartient d’investir pour le meilleur, jamais pour le pire ! Et il nous plaît au gré de cette « histoire de corps » de fouiner dans la boîte à couture de l’auteure pour y dénicher le coupon rare « d’un très bel imprimé » ou y trouver de quoi « habiller nos idées »...
Les termes choisis, voire épinglés par l’auteure sont empruntés au champ sémantique de la couture : retouche, éfaufiler, cache-misère, tricot de peau... Les expressions imagées ou familières sont du même acabit « tout me va », « on aurait dit une peau », elles donnent la parole à toutes les femmes connues ou inconnues qui traversent la voix de Véronique Vassiliou. Car l’auteure nous le dit : « Les vêtements sont un langage » et de préciser « la langue maternelle, la langue des vêtements, silencieuse et visible. Une langue concrète » et qui possède le don de « ramener un peu à la vie » une mère agonisante dont « les yeux s’illuminent » lorsque sa fille lui présente un ultime accessoire de mode à l’hôpital.
Et Véronique Vassiliou de ne cesser d’interroger cette langue-couture pour nous en révéler toute la saveur et le charme mâtinés d’une pointe d’humour : « Savoir se tenir-soigner sa tenue/.../sauf dans le négligé », écrit-elle. Et à l’instar d’un catalogue d’antan, elle nous invite au coeur de son ouvrage à découvrir quelques publicités ou réclames surannées qui sont autant de petites madeleines de Proust à déguster.
Avec Échantillons, Véronique Vassiliou signe un ouvrage de haute couture stylistique où « la lumière y est travaillée » dans les ajours d’un étonnant poème qui se porte pour le plus beau de l’être à même la peau de l’âme car « La couture, c’est réparateur : littéralement » !
Texte publié également sur le site ©e-litterature.net
Voir aussi : Nouveautés des éditions Le Bleu du ciel
Pour citer ce texte |
Françoise Urban-Menninger, « Véronique Vassiliou, Échantillons. Catalogue aux Éditions Le Bleu du Ciel, 2013 », Le Pan poétique des muses|Revue internationale de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°4 [En ligne], mis en ligne le 23 octobre 2013. Url.http://www.pandesmuses.fr/article-veronique-vassiliou-echantillons-120637046.html/Url.http://0z.fr/HYZyx |