Événements poétiques | Un pan de poèmes pour Toutes à l'école 2020.
À une jeune fille
Poème choisi & transcrit pour cette revue par Dina Sahyouni
© Crédit photo : Il s'agit probablement d'un portrait de l'auteure/autrice "Désirée Pacault", image trouvée et capturée par LE PAN POÉTIQUE DES MUSES dans PACAULT, Désirée, Inspirations. Poésies, Paris, Auguste Desrez imprimeur-éditeur, 1840.
Comme l'oiseau des bois, légère, insouciante,
À travers cette foule insensée et bruyante
Tu passes, jeune fille ! Oh ! pas un souvenir
Ne vient troubler ton cœur ! Étourdie et joyeuse,
Pour toi qu'un souffle, un rien ici-bas rend heureuse,
Le passé c'est hier, et demain l'avenir !
Ou plutôt ignorant les phases de la vie,
Sans penser que d'une heure une autre heure est suivie,
Tu parcours en riant mille sentiers de fleurs
Dont tu ne connais pas les épines cruelles ;
Car l'innocence encor te voile de ses ailes,
Éloignant de ton œil la tristesse et les pleurs.
Telle serpente une eau limpide et sans murmure,
Telle sur ton front d'ange erre ta chevelure !
Tes mouvements sont doux comme ceux du roseau
Lorsqu'il est agité par la brise légère ;
Et tes pieds sont pareils, en effleurant la terre,
Aux jeunes ailes d'un oiseau !
De ta bouche naïve on aime le sourire ;
On aime tes grands yeux où la candeur respire,
Et ton col caressant, flexible, gracieux !
Rien ne rendrait l'accent de ton jeune langage ;
Oh ! les traits délicats de ton charmant visage
Ont été rêvés dans les cieux !
Ton âme ne sent pas toute son existence ;
Comme l'enfant tu vis de jeux et d'ignorance ;
Tu jouis du soleil, des fleurs, d'un ciel d'azur ;
Et le soir, à côté de ta pieuse mère,
Quand la cloche voisine a sonné la prière,
Au Dieu qui te bénit tu donnes un cœur pur !
Et quand je dis : « Je souffre ! » – ignorant ma pensée
Et le trait plein de fiel dont mon âme est blessée,
Tu détournes la tête et passes devant moi !..
Tu ne vois pas les pleurs qui mouillent ma paupière,
Tu n'entends pas le cri de ma douleur amère
S'élever jusqu'à toi !
Oh! oui, tes jours sont beaux, riants comme l'aurore
De ces illusions qu'un songe fait éclore
Et qu'on voit disparaître à l'instant du réveil !
Ton destin, jeune fille, est celui de la rose :
Un souffle la flétrit d'abord qu'elle est éclose...
– Dors encore, – je ne veux pas troubler ton sommeil !... –
* Ce texte est un extrait de PACAULT, Désirée, Inspirations. Poésies, Paris, Auguste Desrez imprimeur-éditeur, 50, rue neuve-des-petits-champs, 1840, pp. 229-232. Ce recueil appartient au domaine public, voir le site Gallica de la Bibliothèque nationale de France.
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Pour citer ce poème
Désirée Pacault, « À une jeune fille », poème extrait de PACAULT, Désirée, Inspirations. Poésies (1840), choisi et transcrit par Dina Sahyouni, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Évènement poétique|« Un pan de poèmes pour Toutes à l'école 2020 », mis en ligne le 14 octobre 2020. Url : http://www.pandesmuses.fr/11octobre20/dp-jeunefille
Mise en page par David Simon
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