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Rêverie
Poème choisi, transcrit & remanié pour cette revue par Dina Sahyouni
Crédit photo : Grandville (de), "La reine des fleurs, fleurs animées", domaine public, image Commons.
J'aime ouïr les roseaux
Lorsque leur chevelure,
Plaintive, sur les eaux,
Aux vents du soir murmure !
J'aime ouïr les clameurs
De l'onde, que soulève
L'orage, et sur la grève
Roule, croulante en pleurs !
J'aime quand le jour sombre,
Voir les ailes de l'ombre
Abattre leur essor
Sur le val qui s'efface !
J'aime voir, dans l'espace,
Naître les astres d'or,
Dardant leurs étincelles,
Ainsi que des prunelles,
Où s'allume l'amour !
J'aime l'Alpe de neige,
Que l'avalanche assiège,
Où naît et meurt le jour !
J'aime le pleur de l'onde
Dont le tonnerre gronde,
Et, dans le gouffre obscur,
Croule, éternel orage,
Dont parfois le nuage
Brille en prismes d'azur !
J'aime la fleur que dore,
Radieuse, l'aurore,
Et les regards de feu
Que le matin allume,
Du val perçant la brume,
Dans l'herbe et le flot bleu !
Mais j'aime avec délire
Des vierges le sourire,
Et les rayons d'amour
Que leur paupière ombrage !
Astres dont un nuage
Laisse briller le jour !
Devant leur chaste face,
L'aube, confuse, efface
Sa grâce et sa rougeur,
Quand, sur leur front timide,
Glisse l'iris rapide
De la sainte pudeur !
Des roses virginales
Leurs splendeurs idéales
Éclipsent la clarté !
Pâle s'enfuit l'étoile
Et son rayon se voile
Devant leur vénusté !
Tel, d'un lys diaphane,
S'élève, ondule et plane
L'orgueil à nul égal,
Leur port s'élance et ploie !
Et, tel le cygne ondoie,
En des flots de cristal
Reflétant son albâtre,
Qu'une ride bleuâtre
D'un doux murmure suit !
Des femmes le génie
N'éveille notre vie, et fuit
Imprimant le mirage
De leur brillant sillage
Dans nos cœurs éblouis !
Éphémères aurores,
Rapides météores
Soudains évanouis !
Octobre 1864*
* L'extrait présent ci-dessus provient de CALLIGÉ, Alphonse (avocat), Pensers et rêveries, Annecy, Typographie Dépollier et Cie, 1868, pp. 47-50. Ce recueil est tombé dans le domaine public.
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Pour citer ce poème
Alphonse Calligé, « Rêverie », poème extrait de CALLIGÉ, Alphonse, Pensers et rêveries, (1868), choisi, transcrit et remanié par Dina Sahyouni, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Événement poétique| Reconfinement « Rêveries fleuries », mis en ligne le 3 novembre 2020. Url :
http://www.pandesmuses.fr/reveriesfleuries/ca-reverie
Mise en page par David Simon
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