REVUE MDV | N°1 | Célébration | AS | Anthologie
Deux illustrations
pour le poème
"La Mort du Papillon"
d’Ondine Valmore
(vv. 21-24 et 27-32)
© Crédit photo : Cristina Rap, "La Mort du Papillon (vv. 21-24)", Encre sur papier avec des interventions numériques, 2020
On n'emprisonne pas tes ailes sous la pierre.
Un calice entr'ouvert sous un jeune rameau
Nous cachera ta mort, et, comme une prière,
La brise passera sur ton mouvant tombeau.
© Crédit photo : Cristina Rap, "La Mort du Papillon (vv. 27-32)", encre sur papier, 2020
Le soir voile les fleurs, les cieux, le soleil même :
Tu n'attends pas le soir. Oh ! va ! tu meurs à temps.
Mais si tu n'eus qu'un jour, ton bonheur éphémère
N'a pas du moins coûté la vie au moindre oiseau.
Tu naquis et tu meurs innocent à la terre,
Ignorant que ses fleurs te cachaient le tombeau.
Le poème tout entier récupéré et transcrit par DS pour La REVUE MARCELINE DESBORDES-VALMORE :
Les cahiers de Ondine Valmore avec une Introduction et des Notes de Albert CAPLAIN,... et la reproduction de 3 dessins d'Ondine Valmore. 1932, Paris, Ch. BOSSE, Libraire 16-18, Rue de l'Ancienne Comédie, 1932.
Albert CAPLAIN (Conservateur de la Bibliothèque de Compiègne), domaine public, livre disponible sur GALLICA, voir la Bibliothèque nationale de France.
La mort du Papillon (Mai 1837)
[P. 4 Les Cahiers/p. 14 en version PDF]
Papillon ! fleur du ciel où ton aile rapide
T'élevait ce matin comme un songe flottant,
La vie ouvrait son livre à ton désir timide,
Et l'orage1 a tourné le feuillet palpitant.
Pourquoi mourir déjà ? Tu n'avais fait que naître ;
Ton vol ne connaissait qu'un univers – ce champ.
Fallait-il donc briser ton nid pour ne paraître
Qu'un matin, puis t'éteindre et finir comme un chant ?
Pourquoi mourir déjà ? Tu n'avais fait que naître ;
Ton vol ne connaissait qu'un univers – ce champ.
Fallait-il donc briser ton nid pour ne paraître
Qu'un matin, puis t'éteindre et finir comme un chant ?
Pourquoi mourir déjà ? La fête n'est close ;
Le soleil brille encor sur les fruits veloutés ;
Chaque arbre a ses2 oiseaux, chaque tige a sa rose :
Rien ne parle de mort, et tu nous as quittés.
Pourquoi ? C'est que tout meurt, tout tombe3 sur la terre :
La fleur aux champs, l'oiseau qui jette au ciel sa voix,
Jusqu'à l'homme qui cherche4 à sonder le mystère,
Jusqu'à son Dieu Sauveur5 élevé sur la croix.
Ah ! du moins, rien d'amer n'a corrompu ta vie ;
Ton départ d'aucun deuil n'attristera le jour.
La route que ton aile en jouant a suivie
Brilla sous le soleil, l'innocence et l'amour.
[P. 5 Les Cahiers/p. 15 en version PDF]
On n'emprisonne pas tes ailes sous la pierre.
Un calice entr'ouvert sous un jeune rameau
Nous cachera ta mort, et, comme une prière,
La brise passera sur ton mouvant tombeau.
Oui ! ta vie et ta mort sont belles et Dieu t'aime,
En les faisant durer moins qu'un jour de printemps.
Le soir voile les fleurs, les cieux, le soleil même :
Tu n'attends pas le soir. Oh ! va ! tu meurs à temps.
Mais si tu n'eus qu'un jour, ton bonheur éphémère
N'a pas du moins coûté la vie au moindre oiseau.
Tu naquis et tu meurs innocent à la terre,
Ignorant que ses fleurs te cachaient le tombeau.
Notes
1. Var. le vent, Cah. X
2. Var. son, Cah. I.
3. Var. finit, Cah. I.
4. Var. cherchant, Cah. X.
5. Var. Jusqu'au Seigneur lui-même, Cah. I.
Pour citer ce poème illustré
Cristina Rap, « Deux illustrations pour le poème "La Mort du Papillon" d’Ondine Valmore (vv. 21-24 et 27-32) », Marceline Desbordes-Valmore|Revue annuelle, internationale, multilingue & poéféministe (poefeminist), « Célébration », n°1, mis en ligne le 4 août 2020. Url : http://www.pandesmuses.fr/periodiques/mdv/no1/1illustrations-cristinarap
Mise en page par Aude Simon
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