N°8 | Critique & réception
Franck Delbarre
Je t’emmène voir les coquelicots
poèmes entremêlés d’histoires,
Éditions Sajat, 2020, 12€
© Crédit photo : "Première de couverture illustrée du recueil aux Éditions Sajat".
Un texte liminaire du recueil questionne sur le sens des mots, un vrai badinage, comme le poète sait bien le faire, avec les mots et expressions, ce qui prouve bien qu’il n’est jamais à court de mots. Il écrit par à-coups au gré de son inspiration, aussi compile-t-il poèmes néo-classiques, poèmes en prose et histoires.
Un texte poétique fait rappel au titre du recueil « Je t’emmène voir les coquelicots » où il fait l’éloge de la beauté naturelle de la femme :
« Que fais-tu ? Ne te maquille pas !
Car j’aurai l’impression que tu pourrais être une autre »
Pour lui le bonheur ne se trouve que dans les choses simples :
« Il fait beau dehors. L’air a le parfum des jours heureux »
Son amour des mots est manifeste dans tout le recueil :
« Sur la ville endormie une lune perplexe
Cherche des mots d’amour qu’un vent a dispersés »
Plus loin il s’accorde une licence grammaticale, un vrai défi pour les puristes :
« La femme que j’aimera
Elle sera un peu folle
Très loin du protocole !
La femme que j’aimera »
Il joue sur les sonorités et également avec la polysémie des mots comme par exemple dans un texte en prose intitulé « Le monde est petit », on peut lire : « mon petit doigt me dit que vous voulez un petit café » ou encore : « ma femme m’a mijoté un petit plat... ».
Dans un autre texte en prose intitulé « La théorie de l’escalier » on relate des pléonasmes bien calculés par le poète, un brin dérangeant et provocateur :
« […] il montait en haut alors que je descendais en bas
Il faut que je vous dise que j’ai même vu des gens monter en bas
Et d’autres, descendre en haut, en réalité tous préoccupés par la chute en escalade !
Car qu’il s’agisse de monter ou de descendre nous sommes tous motivés par une seule chose : C’est l’envie d’avancer ! »
C’est à raison qu’il nous fait remarquer l’absurdité ou l’incomplétude de certaines expressions de la langue française :
« Il y a des expressions peu expressives
Des expressions sans début ni fin
Qui nous laissent sur la faim
Sans queue ni tête, à mi-chemin »
La dérision, l’humour décalé, des sous-entendus, des double sens, un cocktail détonnant servi dans la bonne humeur, tels sont les marqueurs de ce recueil de poèmes.
***
Pour citer ce texte
Maggy de Coster, « Franck Delbarre, Je t’emmène voir les coquelicots, poèmes entremêlés d’histoires, Éditions Sajat, 2020, 12€ », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N°8 | « Penser la maladie & la vieillesse en poésie » sous la direction de Françoise Urban-Menninger, mis en ligne le 11 octobre 2020. Url : http://www.pandesmuses.fr/no8/franckdelbarre-voirlescoquelicots
Mise en page par David Simon
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