Événements poétiques | Megalesia 2021 | Critique & réception
Dentelles des reflets de Venise
de Chantal Robillard
© Crédit photo : Premère de couverture illustrée du recueil, image fournie par la critique F. Urban-Menninger.
Anciennement conseillère pour le livre et la lecture en Alsace, Chantal Robillard est aussi arrière-petite-fille de dentellière ! Voilà très certainement pourquoi le souvenir des dentelles de Burano vient tisser la trame de son nouveau recueil paru aux éditions Astérion à Strasbourg.
Dans ses poèmes, et les photographies qui les accompagnent, Chantal Robillard nous offre la vision d'une Venise chatoyante où les images et les mots s'irisent et miroitent à l'instar des peintures de Turner : « Avec ce temps-ci / Où tout se confond / dans même brume / Rognant les contours / Mieux compris Turner ! » Car l'eau rend flous les contours de ce que l'on perçoit mais aussi ce que l'on ressent !
On connaissait l'attachement de Jean-Paul Sartre à Venise qui affirmait dans son livre La Reine Albermarle : « Venise est une des seules villes qui me donne l'impression d'y avoir vécu » et l'écrivain d'y retourner inlassablement jusqu'à la fin de sa vie où il notera encore « La vraie Venise, où que vous soyez, vous la trouverez toujours ailleurs ».
Dans son recueil, Dentelles des reflets de Venise, Chantal Robillard n'échappe pas au charme envoûtant de Venise qui agit sur elle tel un philtre et se prolonge par l'écriture dans laquelle elle s'immerge. On songe au beau livre du philosophe Gaston Bachelard qui dans L'eau et les rêves évoquait cette mer intérieure que nous portons en nous et que nous abordons de manière fantasmatique. Dans l'écriture de Chantal Robillard, les vers ourlés d'écume ont gardé le mouvement que l'on ressent à Venise « C'est que le rythme en / Venise,
ville des pas, change à chaque coin»... La lagune imprègne le corps du texte où les images ont partie liée avec l'eau et des jeux de lumière qui éclairent notre pensée et notre imaginaire.
Nul doute qu'avec ce recueil, Chantal Robillard nous offre l'opportunité d'un voyage immobile dans la Sérénissime qui fait danser la musique des mots sur les flots : « Tantôt on valse, / Un, deux trois ; un, deux trois, un... » ou encore « Venise, ville / des percussions, tous ces sons / qui se font écho / écho / écho / écho »….
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Pour citer ce texte
Françoise Urban-Menninger, « Dentelles des reflets de Venise de Chantal Robillard », texte inédit, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Événement poétique|Megalesia 2021, mis en ligne le 26 mars 2021. Url :
http://www.pandesmuses.fr/megalesia21/fum-venisedechantalrobillard
Mise en page par David Simon
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