Megalesia 2020 | Critique & réception
Hiyam Bseiso
Mon poème
L’Harmattan, 2020, coll. Poètes des
cinq continents, Espace expérimental,
119 p., 13€
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© Crédits photos : "Première et quatrième de couverture illustrées du recueil aux Éditions L'harmattan".
« Mon Poème », édité en bilingue français/arabe, est un miroir dans lequel réfléchissent les souffrances que partage Hiyam Bseiso avec le peuple palestinien. Ce qui frappe de prime à bord c’est que « Mon poème » en tant que titre du recueil est personnifié par l’auteure au point de lui dédier le recueil- même. Aussi peut-on lire comme unique dédicace : « À mon poème ».
L’emploi de l’adjectif possessif « Mon » est loin d’être une tendance narcissique ou une indication de possession mais un chant entonné, la gorge nouée, par une âme percluse de douleur :
« La douleur a cherché mon poème
Pour raconter ses blessures »
La poète-anthropologue est habitée par ce « Mon poème » qui, en s’humanisant, recueille les plaintes de son peuple pour lequel elle rêve d’un nouveau jour. « Mon poème » c’est un Ulysse revenu d’un voyage mouvementé. Aussi lui rapporte-t- il les nouvelles du pays :
« Mon poème est rentré
Avec ses senteurs
Parfumé à la fleur de henné
Portant les histoires
De toutes les maisons
Palestiniennes »
C’est aussi un « Mon poème » qui fait de la résistance dans l’espérance de la « vérité » éclatée et de la « justice » révélée.
« Mon poème » est comme un ami fidèle qui suit partout la poète en l’épargnant du pire :
« Mon poème est venu me porter sur son dos »
« Mon poème » est un totem doté d’une puissance exorcisant les maux en canalisant la colère qui bouillonne dans les poètes de la poète :
« Mon poème aime la couleur des statices
Il s’en drape pour rafraîchir
Ma colère »
Il n’en demeure pas moins que la poète dans son exil est nostalgique de « Gaza, […] la ville de toutes les villes » où (Mon poème) :
« Il respire les odeurs
Et les souvenirs de toi ma sœur »
C’est un « Mon poème » qui semble doué de vertus curatives :
« Mon poème trempe les jambes dans le lac de Tibériade
Il respire l’air
Il guérit »
À bout de souffle, elle délègue. Aussi se dédouble-t-elle en laissant la « part-poème », en l’occurrence « Mon poème » cet élément agissant aller par monts et vaux, « Souriant, traversant les montagnes ».
***
Pour citer ce texte
Maggy de Coster, « Hiyam Bseiso, Mon Poème, L’Harmattan, 2020, coll. Poètes des cinq continents, Espace expérimental, 119 p., 13€ », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Megalesia 2020, mis en ligne le 7 octobre 2020. Url : http://www.pandesmuses.fr/megalesia20/decoster-hiyambseiso-monpoeme
Mise en page par David Simon
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