Invitée de la revue
Marie-Alice Théard
Partant à la recherche du gardien des promesses intenues et des indiscrétions mal venues
Entre l'aube et l'aurore la mélancolie diffuse des pistes nouvelles dans les allées du ciel
Serpentant les montagnes cherchant un point d'ancrage
Le jour s'effiloche comme un souffle d'ailleurs dans la tiédeur du matin naissant
Somnolant dans un relent d'oubli
Les angoisses des âmes chimériques errent dans l'imaginaire le plus profond
Ou l'abstrait et la fiction racontent les carambolages du hasard
Des accords symbiotiques suscitant le rêve ou les utopies inaccessibles deviennent réalités
Le nomade jouit de la complaisance des harmoniques de la pensée
La fulguration du jour s'accouplant aux minuscules parcelles de rosée des paysages habités
Et le conteur visionnaire mire à travers la persienne aux paupières mi-closes l'ombre fluide de son double mouvant
Son œil s'évade évasant les vains espaces où les pas de son frère
inconnu flottent le long du flanc des vérités éternelles
Ludique il se réjouit des improvisations ciselant la vastitude du rivage de la mémoire révélée
Voyageur effréné la silhouette de l'homme sillonne les variantes légendaires des secrets oubliés et des dires interrompus
II plonge impoliment dans la cadence de l'ambiance d'une vie parallèle
Et prend son envol impétueusement la où la lumière accentue le raffinement du rideau de dentelle
Ses flancs frémissants devancent l'exquise connivence parsemant l'exubérance de son intrépide randonnée
Sur l'île il rencontre l'âme sœur ou son autre moitie
Depuis les mythes l'histoire raconte que dans le rituel du lieu
Clef précieuse du mariage de l'imaginaire et du symbole
Chacun retrouve son double
Pareillement curieux de voir s'animer le sien dans le rationnel ou dans l'absurde
Et le dormeur se perd dans la fine mousseline des nuages s'étirant jusqu'en fin d'horizon
Son rire moutonnant par endroit l'azur de pyramides de lumière
Dans la douleur d'un jour d'été
Silhouettant la berge tel épi de rosée
La marée turbulente marque les allées et venues des rencontres
fugitives
Seule sur les quais de la ville abandonnée
Veille la femme aux yeux avides
Elle écoute les lamentations du vent du nord
Questionnant le chant de l'urne gardienne de la parole captive
Elle sait que dans l’œil du vagabond
Somnolent les rêves des marins de passages
(Ils ne font que côtoyer le port)
(Leur espoir est ailleurs)
Et la femme aux yeux avides
Plonge dans le ravissement des poissons bleus
Sur les rives elle s'anime
Ciselant l'océan d'argent
Sa folie s'évade vers des lieux de clémence
Inlassablement elle attend
Elle attend l'heure sienne
Celle qui ramène les amis partis pour des ports imprécis
Au rythme du banda1 e1le danse virevolte tourbillonne
L'invraisemblable retour des jeux de l'enfance
Elle entrelace sa réalité aux contorsions de sa démence
Et tout redevient comme avant sur la plage
(Avant)
(Avant... Avant quoi)
Avant que le malheur ne vienne avec son équipage
Dans l’œil du vagabond la berge
Le rêve la danse la mer
L'attente et les poissons bleus
S'éparpillent en giboulées de cauchemars permanents
Et le long du rivage délaissé
S'allonge la douleur d'un jour d'été
Sur les quais de la ville abandonnée
La femme s'est écroulée
Épuisée
Dans son regard flétri
S'émaillent les reliefs des illusions d'antan
[1] Banda: danse de l’île d'Haïti pour démystifier la mort
L'œuvre du poète porte la marque de l'atmosphère des harmonies perdues
Modulant l'éclairage de la rue sans réverbère
Une silhouette s'infléchit à la rencontre d'épais contours noirs Augmentant la sensation d'angoisse des émotions précipitées
Des lignes sinueuses longues et noueuses vont et viennent
Tourmenter le promeneur dans les raccourcis de la ville vide et rétive
Pour atténuer le silence aux échos macabres insolemment traces
Des chants croisent les rimes d'un quatrain
Ils décrivent l'exotisme de la misère et de ses plaies
Parlent de la peur sans salvation
De cette île de lamentation
De notre acceptation de malheurs qui se rident et se flétrissent
Se tassant pour faire une place à d'autres frôlant les limites de la folie
Ils s'égrennent au courant de l'air qui boucle sans fin
En plein carrefour de la mort
Sans Filiation ni Chronologie |
Marie Alice Théard
L'amour affirme et interroge les aspirations d'un nouvel hyménée
Le secret cisaille les chuchotements qui chavirent dans l'escarcelle des couvaisons de l'instinctif
Les destins étrangers vont-ils donc s'incurver dans le parcours des cohérences démonstratives
Transcendant la subtilité des ombres de la nuit exhaustive Ils trouvent l'exutoire pathétique des aubes indécises
Ils trouvent l'exutoire pathétique des aubes indécises
Ah ! Jouir du fragile équilibre des variantes de nos passions abusives
Assumer le relief des délires sur des pistes éphémères
Fragmenter la douleur dans l'harmonie contraire
Du désespoir de ceux qui dansent avec l'absurde
Ils trouvent l'exutoire pathétique des aubes indécise
Renoncer à l'essentiel pour courtiser la féerie des légendes insulaires où la licorne et le lion modulent l'émoi
L'incomparable pouvoir de l'amour campe des harmoniques pour les carambolages du vent
Posé comme une promesse d'absolu
Le baiser de l'aimé trousse les abysses des dieux
Pour citer ces poèmes |
Marie-Alice Théard, « Au pays des doubles » , « La ville abandonnée » , « La permanente douleur » & « Sans Filiation ni Chronologie », in Le Pan poétique des muses|Revue internationale de poésie entre théories & pratiques : Dossiers « Poésie des femmes romandes », « Muses & Poètes. Poésie, Femmes et Genre », n°2|Automne 2012 [En ligne], (dir.) Michel R. Doret, réalisé par Dina Sahyouni, mis en ligne le 30 octobre 2012. Url. http://www.pandesmuses.fr/article-n-2-au-pays-des-doubles-la-ville-abandonnee-la-permanente-douleur-111039262.html/Url. |
Pour visiter les pages/sites de l'auteur(e) ou qui en parlent www.festivalartshaiti.com http://www.wix.com/cwebbn/litteratures#!marie-alice-théard http://www.wix.com/cwebbn/litteratures#! http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb16267122v/PUBLIC http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb423241405/PUBLIC |
Auteur(e) |
Marie Alice Théard Doctor honoris causa in humanities, Marie Alice Théard poétesse et écrivaine est née à Port au Prince (Haïti). Fille du vent, de l'espace et de la vague, vivant sous le réverbère de Dieu, elle dirige la galerie Festival Arts depuis 1982. Ses textes critiques sur l'art sont publiés dans les journaux à l'étranger et en Haïti. Elle dirige également les Éditions Théard dont le travail lui a valu le prix de l'éditeur de l'année l999. Élue femme de l'année 200l, Députe Directeur Général pour les Amériques de la Biographical International Centre de Cambridge, (BIC), Angleterre. Elle se plaît à dire que ses œuvres d'art abouties sont ses trois enfants et ses sept petits enfants. Publications : Cir du cœur (poèmes), Au pays du soleil bleu (poèmes), Au pays des doubles (poèmes et réflexions), Petites histoires insolites, 5 tomes de récits véridiques, Le temps, Paroles à dire (poèmes), réflexions et textes poétiques, Haïti la Voie de nos Silence (recherches et compilations biographiques en 4 tomes), Zéro Tolérance (récit véridique), Yam, l'amour réincarne (récit véridique). |