Poèmes |
Face à la vague/hanami for a tsunam, L'âme lyre (lyrics)
&
Silent tears |
Marie Gossart
|
Préambule
Le thème du Printemps des poètes s'articule cette année autour de la VOIX. C'est pour moi le sens même du poème. Porter la voix. Mettre des mots sur ce qui reste sourd. Les faire chanter hors de nous pour qu'ils nous rejoignent, très profondément, à l’intérieur. Voici quelques mots que je voudrais dire. Ils sont de Marguerite Duras, dans ÉCRIRE (Éditions Gallimard).
« C'est curieux un écrivain. C'est une contradiction et aussi un non-sens. Écrire c'est aussi ne pas parler. C'est se taire. C'est hurler sans bruit. »
Écrire, porter la voix. De ceux qui n'en n'ont plus. De ceux qui ne peuvent pas ou plus parler. Murés dans la douleur, le trauma.
Il y a deux ans, le 11 mars 2011, avait lieu un tsunami qui a provoqué la plus grande catastrophe nucléaire au Japon après Hiroshima. Cet événement m'a affectée. J'ai vécu tout près, à Tokyo, il y a quelques années. Je connais la difficulté des Japonais à dire ce qui les touche, les émotions qui les traversent. Je n'ai pas pu, pas su voir une image de la catastrophe pendant les 3 jours qui ont suivi. Quand je l'ai fait, le 14 mars, j'ai comme hurlé les mots du texte « face à la vague-hanami for a tsunami ». Ces mots je les écrivais pour eux. Pour porter leur peine. Être leur voix. La date d'aujourd'hui, le 13 mars, me pousse à lire ce texte à nouveau.
Ma voix pour leur voix.
Tous mes remerciements à la revue Le Pan poétique des muses qui permet à de nombreux auteurs, femmes, d'avoir un porte-voix justement.
Face à la vague/hanami for a tsunami
(tribute to The dead and alive in Japan)
À l'horizon
Je la vois venir vers moi
Cette vague
La terre tremble
Jusque dans mon corps
Mais mes pieds sont enracinés
Rivés,
Incapables de bouger
La vague vient
Avec le bruit qui grandit
Mon coeur se serre
Tandis que mes lèvres se plissent, sourient
Autour de moi
Les meubles tombent
Les enfants crient
Le soleil même
Se noircit
Et le vent monte
Comme poussant la vague
Qui je le sais
Va m'arracher
Au sol, cet endroit de ma vie
Impossible de monter sur le toit
Les murs s'effondrent
Il ne reste plus
Que moi
De la plante de mes pieds
Remontent les secousses
Mes yeux se retournent
Ma bouche désespère
S'ouvre, cherche l'air
De gauche à droite
De bas en haut
L'espace tangue
Avale ce que le petit temps
Avait pu créer, misérablement
Mon coeur
Mon coeur enfin se décroche
Je le vois qui tombe
Au devant de moi
Eclabousse d'écarlate
Ma chair, mes pieds...mon sang
Mon coeur tombe
Détaché
Je peux enfin le voir battre
Vivre
Comme glorieux, libéré
Secoué, mon corps continue
De trembler de se lézarder
Bientôt
Je verrai ma peau fondre
Bientôt
Je pourrai enfin caresser
Mes os, blancs de sommeil
Resplendissants, immaculés
Bientôt
Je pourrai les toucher
Les masser, les laver
Les caresser, les bichonner
Mes os,
Comme un arbre dressé
Entre la terre et le ciel
Arbre vivant
Squelette de la beauté
Le vent souffle
Arrache mes cheveux
Mes pensées déjà
Sont inscrites au dedans
Sous la croûte de la Terre qui
Tremble et vole l'azur du repos à la mer
Face à la vague
La poussière tombe
La pluie est grise
Mon coeur qui bat
Sur l'asphalte
Catapulté hors de moi
Mon coeur qui bat
Est cette lumière
Ce rouge vermillon
Qui crie au scandale
Qui violemment s'étale
Vermillon rouge roule
se répand, implose étal
Face à la vague
Voici mon coeur
Qui se propose
Recouvre tous nos corps
De sa force
--------------------
Et de mille pétales.
Poème écrit le 14 mars 2011
L'âme lyre (lyrics)
J'ai l'âme lyre
Laisse moi te le dire
Dans un sourire
Une caresse
Un silence
Ou un soupir
J'ai l'âme lyre
Il suffit que je me penche
Et je respire
Tes baisers
Tes larmes
Tes désirs
Un coup de patte
Et je pisse
Comme un chien
Laisse mon empreinte
Invisible
Charmante
Sur tes fesses
Tes seins
Je voudrais prendre mon, ton temps
Accorder nos rythmes
Nos vies
Notre musique
J'ai l'âme lyre
Laisse moi te le dire
Te l'écrire
Où est l'amour?
Là, sous tes ongles
Tes doigts faits de velours
Dans cette couverture
Cette grotte chaude
Pleine de nos rires
Folle étendue
Terre de désirs
Sans cesse
A conquérir
J'ai l'âme lyre
Laisse moi te le dire
Dans un sourire
Une caresse
Un silence
Ou un soupir.
Poème écrit en 2011
Silent tears
How many nights
Did I cry
In silence
...................
Silently crying
Oblivious in the morning
How many times
Did I cry in silence
Burying my tears
Closing my eyes
As sun rises
..........
Silently crying
Oblivious in the morning
How many days
Did I walk or run on my side
As if drunk, crying inside
.............
silently crying
Oblivious in the morning
How how how
Is this the sound of pain
The sound of love
Escaping my veins
Is this the sound
How how how
Of silent tears
Heading back to my ears
How many nights
Have I been crying
Crying silently
Surrounded but so lonely
As love or is it hope
as it escapes me
As it escapes me
Listen to the sound
The sound of my silent tears
............................my silent tears.
Poème écrit le 23 novembre 2010
Pour citer ces poèmes |
Marie Gossart, « Face à la vague/hanami for a tsunam (tribute to The dead and alive in Japan) », « L'âme lyre (lyrics) » & « Silent tears » (poèmes précédés par un préambule), in Le Pan poétique des muses|Revue internationale de poésie entre théories & pratiques : « Le printemps féminin de la poésie », Hors-Série n°1 [En ligne], sous la direction de C. Aubaude, L. Delaunay, M. Gossart, D. Sahyouni & F. Urban-Menninger, mis en ligne le 10 mai 2013. Url.http://www.pandesmuses.fr/article-face-a-la-vague-hanami-for-a-tsunam-l-ame-lyre-lyrics-silent-tears-116293700.html/Url.http://0z.fr/eWC9u
|
Auteur/Autrice |
Marie Gossart, née en France en Avril 1969. Elle tombe en poésie quand elle a 5 ans, moment où elle découvre aussi la musique, les arts plastiques et la danse. Plus tard, elle étudie à Sciences-Po Paris et devient publicitaire, chargée des stratégies de communication pour de grands annonceurs. Après un long moment, et la naissance de deux enfants, Marie Gossart part vivre deux ans à Tokyo, y retombe en écriture. Elle écrit en français, et en anglais, son “autre” langue. De retour à Paris en 2008, elle s'intéresse particulièrement à l'écriture plastique et sonore de la poésie, y compose depuis des poèmes et des paroles de chansons. Depuis 2012, elle travaille l’écriture de fictions pour le cinéma et la télévision (court et long métrage). Premières publications au printemps et à l'automne 2012 dans la revue Le Pan poétique des muses |