Entretien poétique
Publication partielle
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Conversation avec une artiste
voyageuse, nomade et orientaliste
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Nicole Coppey & Dina Sahyouni
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Avant-Première de la version imprimée de Megalesia
En 2012, j'ai fait la connaissance de la merveilleuse artiste Nicole Coppey par l'intermédiaire du périodique féministe Le Pan poétique des muses lors de l'appel à contribution pour la thématique « Poésie, danse et genre ».
Nicole Coppey est une artiste accomplie, elle compose de la musique, de la poésie calligraphiée et des chorégraphies. Voyageuse, aventurière, danseuse, elle dessine un monde altruiste, humain, volontairement vivifiant et mystifié au gré de ses aventures et de ses découvertes culturelles. Son art et sa poésie appartiennent par leur fond au « Cosmos » (tel qu'il est narré par Michel Onfray dans sa trilogie Brève encyclopédie du monde), par leur forme à l'hyper contemporain et à l'avant-garde. Elle aussi musicienne, interprète et poétesse.
Voir aussi : "Portrait de Nicole Coppey" et "Portrait photographique de Nicole Coppey".
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DS — Qu'est-ce que c'est être voyageuse, nomade et orientaliste pour Nicole Coppey ?
NC — Être voyageuse, c'est être dans l'action, le mouvement, c’est circuler, découvrir et s’inspirer des énergies, de l’environnement et des vibrations émises, apprivoiser d’autres espaces et être sensibilisée aux différentes notions de temps rencontrées; lire dans les sourires un brin d’espoir et écouter le silence intérieur dans le bruit du temps. C'est aller à la rencontre des autres pour apprendre et comprendre les différentes cultures, leurs raisonnements, logiques, attitudes, réactions, pour percevoir leurs sensibilités, leurs émotions, pour tendre vers la notion de tolérance, de respect et de paix. Être voyageuse c’est aussi se ressourcer, mûrir, fructifier. C'est savoir partir et revenir, tout en sachant partir et rester...
Je partirai…
loin, je partirai mais…
je resterai…
Tu le sauras...
Extrait de mon poème "Je partirai"
http://www.nicolecoppey.com/poeme/je-partirai
Être nomade, c’est se déplacer là où le cœur et l'Âme nous guident, se poser, se nourrir, réfléchir, ressentir et repartir, revenir aussi, poser ses traces, les graver sur la pierre de l’invisible visible et écouter le souffle, suivre l’instinct, une écoute intérieure; c’est un état d’être.
Je suis une nomade planant au gré du vent
volant au chant des branches
tourbillonnant dans l’air du temps
Je suis une nomade colorant l’imaginaire du chemin au levain
priant le souffle de l’esprit
amoureuse de l’invisible visible
Je suis une nomade nomade errante
Je suis une nomade sensible à la présence des archanges
soufflant l’essoufflement du rien
de la poussière et du néant
Je suis une nomade frondant les caresses du ciel
aux sons des voiles
Je suis suis je ne suis ... je suis ... le chemin divin ...
Extrait de mon poème « Je suis une nomade »
http://www.nicolecoppey.com/poeme/je-suis-une-nomade
Être orientaliste, c’est être sensible et demandeuse du raffinement, rechercher les nuances colorées, les goûts exquis, les sons intra-tonaux, palper l’oralité, privilégier les émotions naturelles, simples, sensibles et authentiques; c’est être habitée par des perceptions subtiles, riches, vibratoires; c’est ressentir le fond du fond...c’est l’œil qui entend et l’oreille qui voit, comme le chott el Jerid (lac salé du nord de l’Afrique) est à la fois mer et désert; c’est être heureuse en suivant le soleil et l’étoile...dans le désert... aux sons du sable...
Reine de Saba...
guidée par l'étoile Sirius...
dans le souffle pur de l'Esprit
inspirée par le message intérieur
trace la trace sur un sable d'or
les épices suivent l’œil de la perle…
dans le doux souffle spirituel
à l'écoute profonde du parfum céleste
Poème « Sagesse et intelligence - Reine de Saba »
http://www.nicolecoppey.com/poeme/sagesse-et-intelligence
DS — L'Orient ne se réduit pas à l'amour de l'exotisme dans ta poésie, il est l'exploration même des contrées lointaines du nord au sud et de l'est à l'ouest. Cet Orient ne ressemble point à l'orientalisme des poètes orientalistes, il s'en éloigne pour esquisser une autre voie : celle des amoureuses de la vie, de ses formes et de ses richesses partout dans l'univers. Comment reçois-tu les guerres et les bizarreries de l'actualité de ces dernières années.
NC — Ce sont des souffrances intenses et c’est la raison pour laquelle le besoin d’être missionnaire à ma manière est présent en moi depuis ma plus tendre enfance. L’homme, quel que soit l'endroit où il se trouve dans le monde, dans l’univers, a besoin de spiritualité, de silence, de référence. La poésie dans sa dimension suprême, sublime et prodigieuse a pour cela une fonction nourricière et profonde. Elle (com)(trans)porte dans son essence, les fruits pour élever l’homme dans ses dimensions, son cœur, son corps, son Âme...
Poème « Unité vibration Vibration unité »
http://www.nicolecoppey.com/poeme/unite-vibration
Poème « Dis-moi...m'aimes-tu ? »
http://www.nicolecoppey.com/poeme/dis-moi-m-aimes-tu
DS — Toi qui sais mêler plusieurs arts pour en faire un art multiple au service d'une poésie mystique et vivifiante, que représentent les Muses dans ta poésie multilingue et multi-arts (voire ce que je nomme « poesisars ») ?
NC — La poésie devrait être destinée à tous et à chacun ; pour cela, il est important de la communiquer, de la transmettre sous plusieurs angles (auditifs, visuels, en mouvement, etc..), avec également les aspects de réflexions et de sens multidimensionnels. La puissance suprême de la poésie demande plusieurs degrés pour y parvenir. Je vois dans l’art de la poésie la dimension d’élévation la plus élevée et de profondeur la plus profonde. Le poète doit écouter l’inspiration divine, c'est-à-dire l'Inspiration suprême, celle qui regroupe toutes les inspirations... elle va plus loin qu’une simple inspiration... le poète n’est que l’intermédiaire de cette voix-voie. Pour pouvoir écouter le chant intérieur, il doit être dans un silence profond et vibrant, une forme de prière... élégance et noblesse intérieures... puis le poète doit retransmettre, transcrire la couleur et le mouvement du chant du cœur et de l’esprit; la poésie est un mouvement d'Âme..Pour cela, elle doit être adressée et lue aux enfants car les enfants ont le potentiel spirituel et artistique; il faut alimenter cette pureté intérieure avec une poésie de beauté et de suprématie. Cela peut leur apporter force et discernement dans notre société superficielle. Il faut également développer la poésie sous tous les angles de transmission (plusieurs arts) pour qu'elle parle à chacun.
DS — Et tes projets de l'année 2016-2017 ?
NC — ... Je suis
le chemin du vent de la lune et du soleil
du souffle de l’esprit et des nuages
des étoiles de l’univers et de l’infini
du rien du tout et du pourquoi
de l’affection de la tendresse et de l’amour
de l’Amour…
de l'Amour...
et de l’Amour...
Suis-je une berbère prière ...
Extrait de mon poème « Une berbère »
http://www.nicolecoppey.com/poeme/une-berbere
C’est ce que j’ai toujours fait et je vais donc poursuivre cette voie..
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Pour citer ce texte
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Nicole Coppey & Dina Sahyouni, « Conversation avec une artiste voyageuse, nomade et orientaliste », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°8 [En ligne], mis en ligne le 7 octobre 2016. Url : http://www.pandesmuses.fr/2016/10/conversation-nc.html
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