Notes de lecture sur l'essai
Lire les femmes de lettres dans la littérature française
L'essai Lire les femmes de lettres dans la littérature française porte sur la réception problématique de celles qui font de l'écriture leur métier, en France. L'essayiste interroge l'incapacité de la critique littéraire et féministe à modifier l’approche lacunaire des écrits de femmes. Peut-on les critiquer et les classer sans les assigner, ni stigmatiser ? Par le biais d'une réécriture historique, Camille Aubaude met en évidence la présence constante des femmes de lettres dans l'histoire et leur absence lorsqu'il s'agit d’avoir une œuvre littéraire reconnue.
Le constat est alarmant. Des contemporaines, telle Béatrice Didier, pensent qu'il existe une impossibilité méthodologique qui empêche d'étudier les œuvres de femmes (voir Ibid., "Avant-propos"). Ce que Camille Aubaude réussit à contredire, en nous offrant la possibilité de se détacher des doxas académiques, féministes, et folklorique-ment* universitaires dans la réception des femmes de lettres pour songer plutôt à une lecture thématique, historique et philologique de leurs œuvres. Elle a également réussi à saper les catégories classiques de classification. Elle a répondu à la question cruciale : « Qu'est-ce que créer une œuvre littéraire ? » Elle montre comment une femme peut construire une œuvre littéraire et qu'on peut comprendre ces écrits-là comme une œuvre nécessitant des études, des rééditions critiques et une réception posthume.
Cet essai assez formel dans sa manière de traiter les femmes de lettres n'est pas à prendre à la légère. S'inscrivant dans une vision historiographique, il reste toujours d'actualité. On sait l'absence patente d'une analyse approfondie de la réception des femmes citées dans la presse et dans les études universitaires. Lire les femmes de lettres dans la littérature française est donc utile à toute personne qui souhaite frayer de nouvelles voies pour réhabiliter, à travers une critique objective, pertinente et pragmatique, l'héritage des aïeules en France, et, par extension, partout ailleurs, là où le patriarcat et ses doxas fabriquent des leurres, des prismes historiques et méthodologiques pour dénaturer les œuvres des femmes de lettres.
* Folklorique-ment* : revoie aux folklores attachés au formatage des écrits, au savoir-faire, aux rites universitaires et aux manières fixes de faire de la recherche au sein des universités qui caractérisent chaque époque.
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