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Rencontre avec
Leonardo Vargas, peintre colombien
Peintures de l'artiste
© Crédit photo : Leonardo Vargas, figure no 1.
Bertrand Gillig, galeriste strasbourgeois qui vient d'exposer une série d'œuvres de Leonardo Vargas*, m'a invitée à rencontrer cet artiste atypique dans son atelier à Strasbourg**.
© Crédit photo : Leonardo Vargas, figure no 2.
Né en 1982 en Colombie à Barrancabermeja, Leonardo Vargas est diplômé de la Hogeschool voor de Kunsten d'Utrecht aux Pays-Bas. Depuis 2016, il poursuit sa quête artistique à Strasbourg où il explore sa relation aux images en les revisitant à travers l'histoire de l'art jusqu'à l'ère du numérique.
Ses premiers travaux l'ont amené à décliner des variations autour d'une scène d'intérieur peinte par Pieter Janssens à l'époque de l'âge d'or de la peinture flamande. On y découvre un peintre, une femme qui lit, une autre qui balaie... Leonardo Vargas reprend les codes sociaux de cette scène pour les interroger et réinterpréter l'espace pictural.
© Crédit photo : Leonardo Vargas, figure no 3.
Il poursuit sa recherche avec des œuvres de Watteau ou de Vélasquez et réactive ainsi notre regard sur le passé en conférant une âme aux images qui hantent notre imaginaire, voire notre inconscient collectif.
© Crédit photo : Leonardo Vargas, figure no 4.
L'image irréelle de l'infante Marie-Marguerite de Vélasquez nous revient, familière, elle traverse le continuum de l'espace-temps, nous interpelle au-delà de la toile par un regard qui transcende les limites les plus extrêmes de l'existence.
Heidegger nous le disait : « L'art révèle et fait éclore l'être de l'étant », autrement dit, l'art participe d'une présence qui s'ouvre et se referme dans le même temps.
© Crédit photo : Leonardo Vargas, figure no 5.
Indéniablement, Leonardo Vargas possède l'art de « réanimer » la peinture de Vélasquez, au sens propre du terme, en lui octroyant une âme nouvelle.
Par-delà l'espace-temps, l'artiste renoue le dialogue avec Vélasquez et nous offre ainsi une relecture de l'histoire de l'art..
Le peintre colombien fasciné par les images ne cesse de se les réapproprier et de les décliner sous toutes les formes. C'est ainsi qu'il s'est tourné vers la photographie et les daguerréotypes dont l'alchimie et la fragilité nous renvoient des images éphémères et qui, pourtant, ont partie liée avec l'illusion de l'éternité. N'oublions pas que le mot magie est l'anagramme de celui de l'image !
Crédit photo : Leonardo Vargas, figure no 6.
Le portrait qu'il tire du daguerréotype d'Emily Dickinson la « réimmortalise » sur la toile, inoubliable à jamais telle une apparition familière et cependant fantomatique…
© Crédit photo : Leonardo Vargas, figure no 7.
Pourquoi Leonardo Vargas privilégie-t-il les portraits de femmes jusque dans les images publicitaires de nos magazines qu'il reprend et élève au rang de toiles peintes ?
Peut-être, explique-t-il, parce que ce sont les femmes aujourd'hui qui posent longuement pour des images sur papier glacé à l'instar des personnes représentées sur les premières photographies d'antan.
Depuis 2019, les visuels tels ceux empruntés à Gucci inspirent l'artiste, il sublime les visages et les corps des femmes dans une flamboyance qui les magnifie et les transfigure.
C'est ainsi que l'on peut retrouver côte à côte l'image d'Emily Dickinson dialoguant avec celle d'un mannequin d'un magazine de mode.
Leonardo Vargas a trouvé la clé qui lui permet d'abolir le temps et de s'affranchir des codes de l'histoire de l'art dont il brouille les frontières et les repères.
© Crédit photo : Leonardo Vargas, figure no 8.
Ces femmes parfois surgies d'outre-tombe qui se mirent dans nos yeux nous renvoient clairement à notre échéance inéluctable, elles sont nous, nous sommes elles.
Les dernières toiles de Leonardo Vargas qui ne sont autres que des bouquets de lumière où les fleurs fanées nous parlent de vanités à l'instar de crânes humains, de sabliers ou de montres, nous laissent pressentir notre indicible finitude.
Crédit photo : Leonardo Vargas, figure no 9.
Les fleurs fanées symbolisent sans détour notre mort, à nous d'en interpréter les signes inscrits dans notre chair. Les œuvres de Leonardo Vargas ne nous apprennent pas autre chose que ce nous expliquait Montaigne, à savoir l'art d' appréhender notre mort pour mieux l'apprivoiser.
© Crédit photo : Leonardo Vargas, figure no 10.
Leonardo Vargas le fait avec la grâce de son talent empreint de poésie, chacune de ses œuvres distillant cette beauté mourante qui rend visible l'invisible tout en n' ayant de cesse de nous mettre au monde.
© F. Urban-Menninger
© Illustrations, L. Vargas.
* Voir URL.
https://www.bertrandgillig.fr/fr/Artistes/Leonardo-Vargas-130.html
** Voir aussi le site de l'artiste peintre, URL.
http://leonardovargast.com/
visitez notre site web de vente en ligne pour voir les oeuvres de Leonardo Leonardo Vargas, né en 1982 (38 ans) en Colombie à Barrancabermeja est diplômé d'un master en Arts de la Hogeschool vo...
https://www.bertrandgillig.fr/fr/Artistes/Leonardo-Vargas-130.html
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Pour citer cet texte inédit
Françoise Urban-Menninger, « Rencontre avec Leonardo Vargas, peintre colombien » entretien illustré par des peintures de l'artiste, Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Numéro Spécial | Printemps 2022 « L'humour au féminin » sous la direction de Françoise Urban-Menninger, mis en ligne le 13 février 2022. Url :
http://www.pandesmuses.fr/ns2022/fum-leonardovargas
Mise en page par David Simon
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