Sélection du web
La danseuse étoile, La muse,
À ma mère & Marine
Bruno Krol
La danseuse étoile
Sa main peint le désir où se cambre le cil
Offrant au firmament son long geste gracile.
Dans l'élan du délice elle charme l'andante
Dessinant dans la nuit sa poitrine insolente.
Assoifée d'inconnu, elle enflamme la chair
De ses pas cadencés, elle maitrise la terre.
Son geste sensuel sème une pluie d'argent
Où s'arrache le ciel imbibé de printemps.
Ses cheveux élancés s'affolent dans la danse
Bercés par le soupir des amants du silence.
La pointe de ses pieds appelle l'abandon
Son corps s'offre à l'étoile où fuit le papillon.
Le souffle se sépare aux rêves échancrés
Où son bras nu retient les frissons enfiévrés.
Sous les feux de la rampe à l'ombre perfectible
Son parfum de jasmin embrase l'invisible.
La musique envoûtante implore le vertige
Que le violon caresse où le tulle voltige !
La ballerine exhibe au sourire charmeur
Le rouge affriolant que ses lèvres effleurent.
Et le plaisir frétille à son déhanchement
Tel un beau cèdre bleu harcelé par le vent.
La muse
J'ai bu le soleil sur la toile
Halo d'orange au goût d'étoile
Le gris cendré coule au chassis
L'eden s'ouvre aux vagues de pluie.
Les cieux s'accouplent de sanglots
Les couleurs s'animent au pinceau.
L'ombre s'éveille à la lumière
Le rêve avale la poussière.
Mes doigts glacés givrent le temps
Sur le regard de tes vingt ans
J'ouvre les yeux de l'horizon
Le bleu s'enflamme au céladon.
L'indigo perle et se faufile
Où la grâce accroche tes cils
Le carmin désarme tes lèvres
Au bain mélé d'encre et de fièvre.
L'aube peint le feu des amants
Délivre la bouche du vent
Son vert émeraude s'étire
S'enroule à l'ourlet du soupir.
Le silence assoupi s'enrhume
Taché de nuage et de brume
Son chant s'offre aux plaintes muettes
Ensevelies sous la palette.
J'étends le frisson de ta peau
Sur un bouquet de pianos
Ta larme esquive le clavier
Glisse le long du chevalet.
Le pourpre fait battre mon coeur
Où la féminité s'effleure
Ton souffle chaud lève le voile
J'ai bu le soleil sur la toile.
À ma mère
Au jardin bleu de la pudeur
Le brin d'herbe étend sa douceur
Ma sombre larme s'évapore
Sur l'écorchure de la mort.
La fièvre trace mes adieux
Couvre de velours tes grands yeux
Ton souffle léger se déchire
Au ruisseau du dernier soupir.
La nuit dépose son secret
Sur ta fine lèvre asséchée
La prière adoucit l'aveu
Se mêle au silence de Dieu.
Ton doux regard s'est endormi
Sous les caresses assouvies
Le clocher apaise le glas
Qui brûle le bout de mes doigts.
Tous les rideaux se sont fermés
La douleur oublie nos étés
L'amour insuffle, si fragile
L'aurore au rêve versatile.
Ton geste tendre m'envahit
M'invite à vivre l'aujourd'hui
Je n'entends plus tous ses "sans toi"
Ma plume vibre et t'aperçoit.
Marine
Mouette au temple du soupir
Déploie ton chant, vieux souvenir !
Mon enfance a laissé ses mots
Dans la féminité des flots.
L'albatros a quitté le ciel
Emporte le feu du soleil
Ses ailes balaient l'innocence
Sur le grand pont de l'existence.
Le crépuscule se dessine
Au chevet des sombres marines
La vague engloutit mon chagrin
Vêtu de sanglots de satin.
Du bleu turquoise au noir ourlé
Le cormoran s'en est allé
Il jette aux cieux son agonie
Souffle l'étoile de ma nuit.
Mes doigts vieillis peignent l'amour
Le rocher gris se fait velours
La toile blanche s'assoupit
Auprés de ces photos jaunies.
Pour citer ces poèmes
Bruno Krol, « La danseuse étoile », « La muse », « À ma mère » & « Marine » (poèmes reproduits avec l'aimable autorisation de l'auteur), in Le Pan poétique des muses|Revue internationale de poésie entre théories & pratiques : « Poésie, Danse & Genre » [En ligne], n°1|Printemps 2012, mis en ligne en Mai 2012.
URL. http://www.pandesmuses.fr/article-danseuse-etoile-102884287.html ou URL. http://0z.fr/O54_w
Pour visiter les pages/sites de l'auteur(e) ou qui en parlent,
pour commander ses livres
www.atramenta.net/books/ecrire/36
.......
Auteur(e)