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© Crédit vidéo : "Rose des sables", vidéo-poème de Nicole Coppey, 2013, url : https://youtu.be/RtMNlMpmhqQ
Présentation du court-métrage (film réalisé) par l'artiste Nicole Coppey
Poème accompagnant « Le chameau-dromadaire de Tozeur »
Œuvre poétique plastique et auditive réalisée par Nicole Coppey et les jeunes de Tozeur avec le sel du Chott El Jerid pour le 1er festival du Land art de Tozeur mars 2013.
Lors de mes premiers passages en Tunisie, il y a de cela plusieurs années, j'avais déjà ressenti quelque chose de très fort en mon cœur. Les Tunisiens m'ont tout de suite interpellée par leur intelligence, leur sensibilité, leur sens du respect... Indiscutablement, j'ai perçu en cela que j'allais y vivre des moments intenses.
L'idée de l’œuvre présentée au 1er Festival du Land Art en Tunisie en 2013 a été de faire une passerelle avec le festival de poésie dans lequel j'avais été conviée en 2012.
Aussi, je suis repartie d'un poème qui m'est cher « Je partirai ». Dans ce poème, dessiné en forme de chameau (à deux bosses) mais avec l'élégance d'un dromadaire, la pensée se fonde sur la dualité du « Je partirai mais...je resterai... ». Aussi, en souvenir d'un tournage poétique fait sur le Chott en 2012 dans lequel je m'étais "enfoncée", j'ai pensé mettre en forme cette réflexion de façon à avoir l'aspect horizontal (comme le dessin de ma poésie sur une feuille) complété par l'aspect vertical d'une œuvre dans un espace grandiose. Le chameau « s'enfonce » dans sa marche, laissant ainsi supposer le mystère de la vie et/ou de la mort. Dans la "confection" du chameau, nous avons désiré tous ensemble, doubler le volume des bosses et garder la grandeur du cou et de la tête à l'état initial. Cela développe ainsi la pensée sous plusieurs formes : en visionnant un dromadaire ou alors un chameau dromadaire. Le cou a également pris un autre mouvement de façon à développer la pensée dans d'autres sens.
Dans cette création, faite totalement avec le sel du Chott El Jerid, les jeunes sont allés chercher bloc après bloc, avec un esprit généreux, heureux et engagés, afin d'y apporter, à tour, une pierre à l'édifice. J'ai été très interpellée par l'esprit d'initiative et les gentillesses mutuelles. Notre œuvre collective est donc devenue, avec les énergies des uns et des autres, « Je partirai mais.… je resterai… Chameau dromadaire de Tozeur », ancrée dans le sel du Chott, dans l'eau, enfoncé, de façon à démontrer « Je partirai mais...je resterai... ». Le fait de partir mais de rester développe aussi une autre présence. L'idée a été de penser plutôt à une autre présence plutôt qu'à une séparation... de développer ainsi une présence spirituelle.
Le chameau dromadaire est accompagné d'un personnage dont l'aspect nous laisse supposer qu'il représente l'Orient alors que le chameau dromadaire a un œil occidental (bleu). Le « Chameau dromadaire de Tozeur » est en relation directe avec les éléments naturels (terre, sel, eau, ciel) dans un espace grandiose nous situant à l'infini (chacun de nous peut aussi percevoir l'espace différemment là où il se situe dans son chemin de vie). Il se déplace de l'est vers l'ouest, mais surtout la poésie écrite en français et en arabe (traduite par Zouzi) sur des chèches formant phylactères, génère simultanément les mouvements gauche-droite, et droite-gauche, renvoyant l'ouest vers l'est et inversement. Le poème, enfoui dans le sel ou jaillissant de la terre du lieu, n'est exprimé que partiellement, laissant entre les fragments de texte une zone libre à travers laquelle on peut lire et qui favorise une écoute du silence, l'audition intérieure, fondamentale pour le développement intérieur... si capital pour la compréhension des Autres, le recueillement, la méditation.
Cette œuvre participative, s'inscrit également dans son environnement naturel, avec force, énergie et valorisation. Grâce à l'énergie solaire il a été possible de diffuser l'enregistrement du poème « Je partirai » auquel j'ai ajouté un deuxième poème « Rose des sables », diffusé en effets stéréo dans des espaces encadrant l'œuvre collective. Il est aussi important pour moi de partager avec vous le fait que « Je partirai » et « Rose des sables » sont liés par un grand coup de gong ageng, ce que je souhaitais depuis longtemps réaliser sur le Chott, car ce gong indonésien est le plus grand, celui qui est utilisé dans le gamelan javanais par les sages (les personnes plus âgées, nous rappelant ainsi le respect des générations). Les Javanais disent que le gong ageng comprend tous les sons du monde. C'est un symbole de vibration mondiale qui me parle fortement. Et je termine en vous disant que le gong est suivi par un violon absolument génial, d'une dimension spirituelle très profonde et élévatoire. Grâce à tous les participants, nous avons donc pu créer sur le Chott le « Chameau dromadaire de Tozeur », œuvre au service de tout et tous, et d'autant plus si on y met une pensée philosophique et anthropologique...
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