Critique & réception |
Pierre Le Pillouër ou l’infatigable acteur
du renouveau de la poésie française
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Pensée n° 806 : « Il ne faut pas mettre du vinaigre dans ses écrits; il faut y mettre du sel. »
Pensée n°858 : « Quel siècle que le nôtre, où il y a tant de juges (critiques), et si peu de lecteurs ! »
Cf. Montesquieu, Pensées, dans Œuvres complètes, t. I, éd. Gallimard, collection La Pléiade, 1949
Pierre Le Pillouër est poète, auteur, journaliste de poésie et éditeur de poésie. Né en 1950, à Louhans, il a collaboré à la revue TXT puis a fondé en 2001 le périodique numérique Sitaudis. Auteur de plusieurs recueils et ouvrages divers, il est aussi d'après certains spécialistes en poésie française, une des figures marquantes de la poésie française du XXe siècle. Mais il est surtout un des principaux acteurs du mouvement que l'on peut qualifier du « renouveau de la poésie française grâce à Internet » et à l'impression à la demande après sa crise, son agonie, voire sa mort médiatique et éditoriale dès les années 80. Il figure parmi les pionniers de ce renouveau avec François Bon, Jean-Michel Maulpoix, Angèle Paoli, Florance Trocmé, etc.
L’infatigable acteur du renouveau de la poésie française
Depuis longtemps, je suis son travail sur le web, ce travail inlassable, inclassable par le biais de Sitaudis, autres réseaux et publications diverses pour frayer à la poésie francophone une voie durable, nette, nouvelle afin de l'installer au cœur de l'actualité littéraire.
C'est un vent nouveau pour un renouveau de la poésie, voire « un trouble dans le genre », si j'ose emprunter le fameux titre du livre de la philosophe Judith Butler, pour l'adapter à la situation de Sitaudis puisque ce journaliste et éditeur de poésie, Pierre Le Pillouër, est à la tête d'une entreprise journalistique qui sème le trouble dans le monde littéraire et fait de temps en temps trembler quelques éditeurs/éditrices avec leurs auteur-e-s.
Voilà pourquoi, depuis longtemps, je tente d'écrire un article ou quelques pages sur lui, mais cela est un projet bien ardu car son œuvre est multiple et en mutation. À l'instar de Sitaudis, difficilement classable et envisageable comme un objet d'étude classique.
En poésie, tout le monde sait que la critique échoue à définir, à critiquer, à interpréter et à mettre au clair une œuvre poétique mais en prenant du recul, comme avec les œuvres des femmes poètes tant décriées « poétesses », tant adulées, tant délaissées par méconnaissance, voire par un refus obstiné d'inventer de nouvelles manières et approches méthodologiques pour analyser les textes.
En somme, j'ai compris que nous avons besoin d'inventer de nouveaux modèles pour interpréter ce genre d'objets d'étude qui cause la désolation des spécialistes et les mettent dans l'embarras.
Comme Gilles Deleuze a défini « la littérature mineure », j'ai tenté de définir « la poésie mineure » en détaillant ses caractéristiques dans le numéro spécial zéro de la revue Le Pan poétique des muses (paru aux éditions Pan des muses, 2015) : la poésie mineure est celle de l'écart, de la différence. Elle est compatible avec la poésie dominante (majeure) (par exemple : Rimbaud est un poète majeur dans l'histoire de la poésie française mais sa poésie diffère de la poésie dominante de son siècle et de celles des XXe et XXIe siècles.). Autrement dit, la poésie mineure ne concerne pas seulement les femmes et le genre mais aussi tout poète inclassable.
Par ailleurs, je pense que les spécialistes ont réellement besoin d'un modèle empirique issu de l'expérience esthétique subjective et subjectivante pour aborder la poésie mineure. J'appelle ce modèle la « Madeleine de Proust » qui permet de saisir, par le biais d'une réelle expérience esthétique, le propre d'une œuvre sinon l'écart qu'elle produit par l'intermédiaire des impressions et son travail de producteur de subjectivités ainsi que son rôle dans le processus de la production des sujets individualisés par leur singularité esthétique. Par ailleurs, le travail de l'universitaire Elaine Showalter américaine (malheureusement, elle n'est pas assez traduite en français) sur les femmes et le féminisme consolide mon propos.
Je reviens donc au poète Pierre Le Pillouër qui représente sûrement l'infatigable acteur du renouveau éditorial de la poésie française au XXIe siècle surtout par son implication dans la renaissance éditoriale et esthétique sur Internet de la poésie française et francophone avec Sitaudis et à travers ses écrits, mais ce poète me paraît également être classable sous la bannière de la poésie mineure puisque l'on ne accède à son œuvre qu'à travers une vraie expérience esthétique subjectivante telle celle du modèle de la « Madeleine de Proust » que la « pensée n° 862 » de Montesquieu résume fort bien :
Souvent un goût particulier est une preuve d'un goût général : les Muses sont sœurs, se touchent l'une et l'autre, et vivent en compagnie.* (cf. Ibid., « Pensée n° 862 ». )
* Le terme « goût » au XVIIIe siècle renvoie à l’« esthétique » qui apparaît dans la deuxième moitié du siècle des Lumières)
Voir aussi : Sitaudis (http://www.sitaudis.fr/)
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Pierre Le Pillouër ou l’infatigable acteur du renouveau de la poésie françaisehttp://www.pandesmuses.fr/2016/04/pierre-le-pillouer.html |