La petite fille aux allumettes
Parfois, dans la splendeur d'un soir
En fumant votre cigarette
Peut-être pourrez-vous la voir
Faire craquer une allumette
Égarée dans le turbulent
Appuyée sur ses rêves bleus
Recroquevillée sur un banc
Cherchant à réchauffer ses yeux
Et, sa brindille au bout des doigts
Elle laissera parler la flamme
Qui viendra attiser l'émoi
Qu'elle transporte au fond de l'âme
Moi, je l'ai aperçue, un soir
C'était Avril, il faisait froid
Ses yeux n'étaient plus que miroirs :
Il avait gelé ce jour là
A l'ombre de l'arbre incliné
Trois petits feux étincelaient
L'originel et les reflets
Au creux des yeux se confondaient
Mais soudain un vent maladroit
Rendit plus éphémère encor
La vie du petit bout de bois
Qui se noircissait dans la mort
Alors ses yeux de terre sienne
Se laissèrent envahir de nuit
Comme un volet dont les persiennes
Savent dissimuler la vie
Elle leva les yeux doucement
Pour leur éviter de pleurer :
A l'embrasement du couchant
Elle faisait face, abandonnée...
Des flammes tant qu'elle en voulait
Se débattaient sur le coteau
Un volcan céleste brûlait
Les meurtrières du château
Et du cratère rougeoyant
S'échappaient de grands oiseaux noirs
Ses yeux, tout en se rassasiant,
Brûlaient d'un invincible espoir...
A la mort de l'astre de vie
Elle venait chercher la lumière
Son cœur luisait dans l'incendie
Et elle baissa les paupières...
Jodelle
Une année sabbatique
Seule une année de peine a mon destin transi :
Douze mois conjugués en aride saison…
Un corps parcheminé luttant pour sa raison,
Tant d’obscurs traitements talonnent l’amnésie.
Douze mois conjugués en aride saison,
Des foulards chamarrés pour seule fantaisie ;
Tant d’obscurs traitements talonnent l’amnésie
Dans les couloirs blanchis de blouses en foison.
Des foulards chamarrés pour seule fantaisie,
Je caresse des mains ce rêve de toison ;
Dans les couloirs blanchis de blouses en foison,
De moins vivants encor j’ai frôlé le déni.
Je caresse des mains ce rêve de toison,
Au front des compassions, j’inspire et je souris ;
De moins vivants encor j’ai frôlé le déni :
Les mains entrelacées en votive oraison.
Au front des compassions, j’inspire et je souris,
Je badine à l’affront des viles perfusions !
Les mains entrelacées en votive oraison,
Je déverse mon fiel et maudit l’agueusie !
Je badine à l’affront des viles perfusions,
De l’astre Lucifer je combats l’étisie.
Je déverse mon fiel et maudit l’agueusie !
Je resterai d'aplomb face à cette invasion.
De l’astre Lucifer je combats l’étisie,
Dans l’estival hiver niche la guérison ;
Je resterai d'aplomb face à cette invasion,
Tant de miroirs confus me renvoient un sosie.
Dans l’estival hiver niche la guérison :
Je m’éveille à demi, surprise du sursis,
Tant de miroirs confus me renvoient un sosie
Mais voici les beaux jours, temps de la frondaison.
Je m’éveille à demi, surprise du sursis,
L’aube est au pied du lit, frêle comme un oison
Mais voici les beaux jours, temps de la frondaison :
Je relève les yeux sous des cheveux blanchis.
L’aube est au pied du lit, frêle comme un oison ;
Revenant de galère en esclave affranchi,
Je relève les yeux sous des cheveux blanchis :
Enfin, je vois le bout d’une morte-saison…
Revenant de galère en esclave affranchi,
Ma tête, sous la pluie, offre un discret frison ;
Enfin, je vois le bout d’une morte-saison :
Seule une année de peine a mon destin transi…
Jodelle
Pour citer ce(s) poème(s)
Jodelle, La petite fille aux allumettes, Une année sabbatique, (poème(s) reproduit(s) avec l’aimable autorisation de l’auteure), in Le Pan poétique des muses|Revue de poésie entre théories & pratiques : « Poésie & Crise » [En ligne], n°0|Automne 2011, mis en ligne en octobre 2011. URL. http://0z.fr/25avO ou URL. http://www.pandesmuses.fr/article-n-0-poemes-de-jodelle-85225157.html
Pour visiter le site de l'auteur(e)
http://www.jodelle.pleindepages.fr/
Auteur(e)