Une Lyre du temps
Je n’écris plus comme avant,
Je murmure des mots émouvants
Au je féminin de mon être.
Je n’écris plus comme avant,
J’emprunte le ciel touffu
Et en fabrique des tas de plis,
Je me replie sur moi-même.
J’embellis l’espace des tracas poétiques tressés au creux du langage,
Là où les sens se propagent, puis s’engagent dans le tourbillon des rêves…
Une diaule apparaît et façonne la glaise…
Quand la diaule s’empare de mon corps,
Le cor des supports qui blesse,
Je me nomme en Esse
Et je m’oublie en Isme.
Quand la diaule s’envole,
Les larmes exultent et triomphent de moi.
Toi, tu es…
La diaule des jours, l’enfant qui ne viendra plus,
L’instant qui enlace les larmes
Puis les macère dans l’air…
La mort est là…
Palpitante, agaçante, repoussante, aimante…
La mort est là…
Un trop-plein déguisé en trompe-l’œil,
Un essor du support qui suit mon être là où il ne peut plus être.
Un presque rien formé de presque tout.
Si les mots s’attirent comme des aimants, l’effort poétique reste la chaîne qui les enchaîne dans le langage.
Les mots dégoulinent du moi, ressassent l’histoire du vivant, défait ses cultures puis happe son essence quand la balance ne génère que des chiffres…
Une larme en mot fragile frappe à ma porte, entre puis se loge au fond…
La diaule enchanteresse fait des prouesses et déclanche des torrents d’émoi.
La mort est là…
Belle, charnelle, palpitante, parlante, fatale,
Secrète, muette, en quête du sens de la vie.
Je vis en cor mais elle aussi,
Vit en moi.
Sans les mots, j’erre sur Terre
Je pèse les sens sur la balance éphémère du temps,
Puis je m’émeus du vent…
[Poème inédit]
L’Après
En papyrus le je sort de mes moi
J'erre sur Terre
Malade d’être moi-même
D’être des sources de souvenirs ruisselants
En larmes de crocodiles
N’être qu’un être
Qui naît pour mourir
Et entre temps, souffrir…
Lasse de temps des regrets,
Qui se propulse en reflets
Saillants sur le visage
Il m’engage dans les rouages
Des lassitudes…
N’être qu’un être
Qui naît pour mourir
N’être que ses soupirs
Traduits en sourires
Pourquoi naître si ce n’est
Pour mourir de l’auparavant
Du temps…
L’Après m’appelle de son au-delà :
Viens, viens, enfin,
Viens.
Ô Petite fille de mon lendemain
Si futile, viens enfin…
[Poème inédit]
Méduse
Disons adieu
Pars et laisse mon corps
Sur son nouveau support
Un morceau musical rendu fatal
Pour lui-même.
Disons adieu
Le temps s’écroule
Noue la gorge nue,
D’une femme éphémère
Sévit au sein de l’enfer
Et qui, derrière le voile sommaire
De l’omnipotent Chronos,
Décompte en silence ses maux.
Disons adieu
Veux-tu
On dit d’elle qu’elle
Selon le mystère divin,
De je ne sais quel dieu,
Rend maudit celui
Qui la voit sourire
Et jeter un regard avare
De ses deux yeux barbares
Sur tout ce qui l’entoure.
Pour citer ce(s) poème(s)
Dina Sahyouni, Une lyre du temps, L'Après, Méduse , in Le Pan poétique des muses|Revue de poésie entre théories & pratiques : « Poésie & Crise » [En ligne], n°0|Automne 2011, mis en ligne en octobre 2011. URL. http://0z.fr/Fsy-y ou URL.
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