Préambule & poèmes |
Une mystique irrésolue... |
Marie-Josée Desvignes |
Crédit photo : L'âme de la rose par John William Waterhouse (1849-1917)
Préambule
Habiter en poète c'est vivre ce monde sans l'habiter complètement, c'est appeler d'un autre monde, la joie cachée au plus profond de soi, et que chacun de nous, s'il le veut, s'il l'accepte, peut un jour rejoindre.
Cette joie enfouie est comme une fleur délicate que l'on tiendrait dans le creux de ses mains et que l'on chérirait sans jamais douter d'elle. C'est une descente et une remontée céleste, c'est une mystique irrésolue. Heureux celui qui sait que tant qu'elle demeurera il ne mourra pas. Mon prochain recueil d'où sont extraits ces textes témoignent de ces relevailles.
Poèmes
Avant-Première
Autre monde (extraits)*
Écoute les voix du vent
ces flûtes enchanteresses
caresses pour l'âme
vivants appels d'amour
ondes traversées de lumière
sagesses portées aux lointains partagés
douceurs étranglées de ceux
qui honorent la nature sacrée
arbres ruisseaux plumes d'oiseaux
huttes ouvertes
Toi, ô femme sylphide
au visage d'eau pâle
écoute les voix du vent
aspire au silence des étoiles
suis la trace du vivant d'ambre et de lumière
là bas sur cette terre étrangère qui t'attend
*****
Elle dit :
regarde tomber la pluie
habite chaque goutte
deviens
le cristal de cette eau que le ciel déverse sur toi
elle dit :
absorbe leur densité
coule toi dans leur bulle, love-toi et dors longtemps
tu deviendras ainsi
le clapotis sur les toits, le charrie dans le ruisseau
et portée par le vent tu goûteras aux arbres
tu seras plume d'oiseau grain de poussière feuille et fruit
tu fertiliseras l'air
et te disperseras en milliers d'étoiles chantantes
*Recueil en cours d'écriture...
Haut cœur de pierre (extraits)**
Silence azuré puissant - hauts ciels d’automne au ras des plaines – charitables pierres précieuses (une herbe douce comme une courbe) - lesquelles, champs d’étoiles s’inclinent où l’on s’attarde – dans la solitude des petites choses
Égrenant en chemin – l’air avide des collines, son chant puissant - elle livre son combat au parfum des jacinthes – un jardin bordé d’épines – Ce pays vague où rien – sauf les nuages – plats et, à perte de vues, aux champs sillonnés d’éoliennes – aux ciels de silence – est un temps qui balance sa paume généreuse –
jamais la peur n'y affleure, calme, souffle pur - rien de plus - tout un règne – vraie nuit – celle de la colombe
Loin du souvenir des heures et de l'attente – ici et maintenant
Dans la violence des sentiments
J’expérimente une phase sauvage
voix unique – contradiction suffocante
entre désir et liberté –
Seule dans la clarté de l’azur – sous le parfum des aubépines soudain
un oiseau s’élance
je souffle à ta bouche
ce poème
Je prends tes belles mains en silence
Loin du grand tout – de ce monde auquel j'appartiens
*****
Filles enlevées aux fleuves fougueux, laissez Hypérion bâtir son empire dans vos cœurs – aucun risque d'éteindre vos rires – front à front luttez – à l’assaut de vos sens – haletantes malicieuses – en étreintes vibrantes
Outre le ciel – la mer– tout est amour autour – folle échappée dans la sphère des jours – ni confins ni lieux — tout est là posé — comme un silence – tendres espaces – à l'entour du chaud - du sec - pour toutes celles qui n’ont pas eu soif
Boire aux sources de l’ineffable – attendre dans le jour la marée montante - ouvrir nos yeux espiègles – colorer nos joues opalines – réclamer de la soie de l'amour et des ailes
-
et sous les cerisiers en fleurs entendre les murmures des fées
*****
Cuisses blondes de chair – pétales de colombe divisés en abîme – au centre, le mirage - explore le très haut amour – vivante unité des filles aux lèvres de fièvre – au regard de cendre – nouent leurs mains de hasard et fidèles - sur les pierres l’encens – seront toutes ensemble
Plus grande la source au jardin des supplices – nulle voix dans l’or du soir – d’où vient ce cri ? du vent sans doute, un grand vent de mystère – main éprise au fourreau de la peur – ténébreuses larmes au carnage des âmes - le lit de Procuste
Cellule ô douleur – temps maudit au calme jardin de vos soifs – désapprenez le mensonge de pierre – celui de vos semblables – avouez en quantité la vertu, le courage qu’il vous a fallus brandir – grandir sans détour
Au détour justement, des silences – la mer se soulève – une onde portée aux fraîches matinées d’octobre – chant des terres immobiles - feu des jours en ciel d’airain – vouées au seuil à la douceur des pentes – à la croisée des voûtes – affairement d’étoiles poussière d’éternité
***D'autres poèmes de ce recueil ont été publiés dans des revues : Arpa, Décharge... ces textes sont des inédits
Pour citer ces poèmes |
Marie-Josée Desvignes , « Une mystique irrésolue... » (extraits inédits des recueils Autre monde & Haut cœur de pierre), Le Pan poétique des muses|Revue internationale de poésie entre théories & pratiques : Dossiers « Jardins d'écritures au féminin », « Muses & Poètes. Poésie, Femmes et Genre », n°3|Été 2013 [En ligne], (dir.) Françoise Urban-Menninger, mis en ligne le 1er juin 2013. |
Url.http://www.pandesmuses.fr/article-n-3-une-mystique-irresolue--117884593.html/Url. |
Auteur(e) |
Marie-Josée Desvignes , formatrice en ateliers d'écriture et professeur de lettres modernes, je voue une passion pour l'écriture et surtout la poésie depuis toujours. Mes premiers textes ont été publiés dans de nombreuses revues entre 2000 et 2003 (bourse d'encouragement du CNL en 2002). À la même époque j'ai publié un premier essai « La littérature à la portée des enfants » (L'Harmattan, 2001) dont le but de transmettre ma passion de la poésie au plus grand nombre. Depuis 2008, un essai « Un si beau métier... » (quelques pages in Actes de recherches en sciences sociales, un roman Jeu de dupes (EdKiro 2011), un roman jeunesse Chroniques du pays sans retour (à paraître Éd. Les Lucioles, 2013) et un recueil poétique Requiem (à paraître chez Cardère Éditeur) m'ont permis de reprendre les chemins de l'édition. |