12 avril 2025 6 12 /04 /avril /2025 16:17

N° I | HIVER-PRINTEMPS 2025 | INSPIRATRICES RÉELLES & FICTIVES | 1er Volet | Critique & réception / Chroniques de Camillæ | Dossier mineur | Articles & témoignages

 

 

 

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Qui est Max Ernst ?

 

 

 

 

 

Article & images par

 

Camillæ/Camille Aubaude

 

https://everybodywiki.com/Camille_Aubaude

 

Blogue officiel :

https://camilleaubaude.wordpress.com/ 

 

 

© Crédit photo : Plaque devant La Fontaine au Génie de Max Ernst à Amboise.

 

 

© Crédit photo : Camille Aubaude, La Fontaine au Génie.

 


 

Chronique du livre en anglais de Pamela Shields, Max Ernst and The Génie of Amboise. Amazon éditions, 2024 (voir aussi URL. www.pamela-shields.com).


 

«  Il n’est probablement pas et ne sera jamais aussi célèbre que ses contemporains, Picasso ou Dali. Ceux-ci étaient bien décidés à ne jamais être oubliés. Ernst l’espérait. Dali et Picasso devinrent des parodies d’eux-mêmes. Ernst jamais. » (203)

 

Le ton est donné, puissant et juste. Cet artiste allemand amoureux de Paris, marié en troisièmes noces à Peggy Guggenheim, parti vivre avec une autre épouse américaine en ermite dans le désert de l’Arizona, est un homme universel. 

Marié en quatrièmes noces à Dorothea Tanning, il a choisi la Touraine, à l’âge de 64 ans, et érigé son chef-d’œuvre La Fontaine au Génie dans la ville d’Amboise. Après avoir été considéré comme ennemi de la France en tant qu’Allemand, c’est en citoyen français décoré de la Légion d’honneur qu’il meurt en 1975. Il a déshérité son fils Jimmy Ernst au profit de son épouse Dorothea Tanning, une peintre d’exception. Il a toujours aimé des femmes d’exception. Pendant sa passion avec Leonora Carrington, alors qu’ils avaient loué une maison à Saint-Martin d’Ardèche, il fut déporté dans un camp en 1939. Sans nouvelles de lui, Leonora passa en Espagne, fut internée à Madrid et réussit à s’enfuir au Mexique. La première épouse de l’inventeur de La Fontaine au Génie, Lou (Dr Louise Straus) a été assassinée à Auschwitz. Très cultivée, Lou a traduit en allemand le poème de W. B. Yeats, The Choice, qu’elle lisait à leur fils Jimmy : 

 

L’intelligence humaine est obligée de choisir

Entre la perfection de la vie ou celle du travail.


 

Qui était Max Ernst ?
 

La poétesse surréaliste Valentine Penrose le « méprise ». En 1928, lors de vacances avec son mari Roland Penrose, Max et sa seconde épouse Marie-Berthe Aurenche, Valentine a déclaré que Max avait « un caractère cruel et sadique, qu’il aimait blesser la douce, naïve et gentille Marie-Berthe » qu’il traitait « honteusement ».  Valentine Penrose l’a jugé comme « un opportuniste qui cultivait des amitié avec des gens aisés et les exploitait dans son seul intérêt » (p. 152-53). Comment pouvait-elle juger ? Les Penrose étaient des amis de Gala et Paul Éluard. Valentine, extrêmement belle, dont les poèmes étaient admirés par Éluard, est une des rares femmes qui n’ait pas succombé au charme de Max, précise Pamela Shields. L’art expose à la jalousie forcément méchante, et il y a le revers de la médaille (voir photomatons avec Marie). 

 

       

© Crédit photo : Camille Aubaude, capture d’écran no 1.

 

© Crédit photo : Camille Aubaude, capture d’écran no 2.

 

 

La façon exceptionnelle dont Pamela Shields présente la démarche spirituelle de cet Allemand transfuge et apatride expose en toute intelligence la multiplicité du personnage. D’origine modeste, il a connu à travers les femmes quelques-unes des plus fascinantes cultures de son temps (juive, française, anglaise, américaine), que son talent a unifiées par une ineffable quête intérieure. Voir cet artiste allemand tel un papillon qui se métamorphose jusqu’à l’imago (la mort) est hâtif, comme un amphibien est contestable et comme un ermite-sirène au pelage d’ours est le portrait de Leonora Carrington (voir photo). 

Ses mœurs auraient pu l’égarer. En fait, elles sont foncièrement liées à l’œuvre (cf. sur la Toile Europe après la pluie, Aquis Submersus, en particulier). L’ensemble est un mystère que Pamela Shields intériorise avec humour pour la seule quête qui vaille, la quête de la liberté dans l’art. La célèbre « affaire » du ménage à trois de Gala, Paul Éluard et Max Ernst, en 1919, montre que cela « défie toute classification » (p. 208), même celle de « surréaliste » qu’il utilisait.

Les formules de l’essayiste anglaise reflètent la pensée de Max Ernst. Elles sont convaincantes sans être conventionnelles. Pamela Shields démontre comment Max Ernst applique à sa peinture qualifiée « onirique » voire « métaphysique », les théories freudiennes du rêve. L’amour intense que Paul Éluard voua à Max servit beaucoup à cet Allemand raffiné, révolté, qui venait d’abandonner sa femme et son fils parce qu’il n’était pas fait pour une vie routinière. L’amour inconditionnel que lui porta son fils suffit à remplir un livre. Jimmy Ernst a sauvé la vie de son père, exilé de sa patrie au titre d’« artiste dégénéré ». 

 

 

© Crédit photo : Camille Aubaude, capture d’écran no 3.

© Crédit photo : Camille Aubaude, capture d’écran no 4.

 

Pamela Shields considère que Dorothea était plus talentueuse que Max Ernst. Que dire de Leonora Carrington, dite « surréalisante »,  « female iconoclaste » ? Son portait de Max avec une chimère de Licorne couronne cette passion amoureuse et dit la Solitude. Pamela Shields devrait lui consacrer une biographie, ainsi qu’aux autres « affins » amoureux du génial Max Ernst... La passion charnelle de l’autrice de La Maison de la Peur (préface et illustrations de Max Ernst, 1938) et Le Cornet acoustique (1974) a fini avec un mariage arrangé pour quitter l’Europe en guerre. Leonora a connu Frida Kahlo à Mexico. Ses sculptures nourrissent une « sorcellerie ironique » (Carlos Fuentes). Elle fut une mère exemplaire. 

Louise, dite Lou, mérite une biographie. La première ! Elle a aimé Max Ernst à l’époque dadaïste. Pourquoi a-t-elle a refusé de rejoindre leur fils Jimmy en Amérique ? Elle a fait partie du dernier convoi pour Auschwitz. 

Max, qui n’est pas un opportuniste, a eu une profonde relation avec Michel Debré, quand il a été maire d’Amboise. C’est grâce à Amboise et à Dorothea que Max a pu se consacrer à La Fontaine au Génie d’Amboise. Le lieu n’est pas neutre… les grenouilles et les tortues encore moins. Et ces langues d’étrangers, tous ces « drôles », fous sans l’être. Cette sculpture monumentale porte au sommet un Grand Génie, une figure d’oiseau penaud, ou un crapaud, que l’on retrouve en totem (voir photos), rappelant les petites figures en plomb exhumées du lit de la Seine et copiées par Alberto Giacometti1. Le contraste entre ces figures tordues et la barque de la Déesse Séquana (la Seine) fait écho à la dualité de l’homme blessé et de la Beauté. La connaissance « invisible à première vue » : « augenblick » (all.) contient « l’œil » — et la pierre —, l’Inconnu est actualisé, c’est l’instant du jaillissement, la genèse (sur la Toile, « im ersten Augenblick » est traduit par « tout d’abord »)…

J’ai assisté à l’inauguration de ce monument avec mon grand-père. Ce Grand Génie entourée de tortues et de grenouilles a été incompris. L’œuvre a provoqué un véritable tollé dans Amboise. Ainsi que la Légion d’honneur décernée à un artiste2.

 

 

© Crédit photo : Camille Aubaude, statues.


 

© Crédit photo : Camille Aubaude, statues Catalogue Max Ernst, Invisible a primera vista (Invisible à première vue).


 

« Génie » signifie la connaissance heureuse. C’est un des mots qui exprime l’indissoluble dualité d’Éros et de Thanatos. La synthèse des deux sens du mot « génie » est donnée dans cette pensée du grand poète Gérard de Nerval sur le philosophe italien Giambattista Vico, 

 

« Vico, qui prétend que les divinités s’incarnent sous la forme des grands génies, des bons rois, des bienfaiteurs du monde ; de là la nécessité d’honorer les morts illustres, et sans doute un peu les vivants. »

 

Je reprends mon Mythe d’Isis (2024, p. 82), car dans les Illuminés, Gérard de Nerval a pré-intitulé « La Doctrine des Génies » le chapitre « Du mysticisme révolutionnaire ». Quiconque s’intéresse à la Révolution française fait face à cette notion de « génie », et à celle de « fontaine de régénération ».

 

« Par génie nous entendrons tout à la fois mouvement, origine et terme, couronnement et vérité [...] » écrit Jean-Pierre Richard dans Études sur le Romantisme (p. 17 à 18). 

 

Un artiste aussi cultivé que Max Ernst, entouré de « génies féminins », n’a pu ignorer « la Doctrine des Génies ». Encore moins la « fontaine de régénération » érigée sur les ruines de la prison de la Bastille en 1789, qui avait des attributs de la Déesse Isis.

Quelle est « la Doctrine des Génies » ? Plutarque, dans Isis et Osiris, rappelle que des principes cosmogoniques incarnés par les divinités égyptiennes ont été considérés comme des « génies », c’est-à-dire des intermédiaires à caractère humain ou non entre les dieux et les humains. 

Plutarque reprend la définition du principe divin attribuée à Pythagore : 

 

« Dieu est une âme répandue dans tous les êtres de la Nature et dont les âmes humaines sont tirées. (note p. 87) ».

 

Cette grande âme est la base d’une gradation entre les règnes divins et humains. Elle est hiérarchisée en trois hypostases, ouvertes sur le cosmos : les dieux, les êtres humains et les « Génies », « ceux qui ressemblaient à Pythagore »…

 

Nous retrouvons chez Apulée une tripartition entre « Les dieux visibles » (I-II,116-121, p. 19-22), à savoir les planètes, « Les dieux invisibles » (II-III, 121-124, p. 22-23), les douze dieux romains, et le « Rôle des démons » (VI,132-134, p. 26-27), ces derniers, comme les Génies, étant des « puissances divines intermédiaires ». (« Du dieu de Socrate » — « De Deo Socratis » — dans Opuscules Philosophiques et Fragments, Les Belles Lettres, 1973). 

 

Les livres d’Hermès Trismégiste, Poimandrès. Traités II-XVII du Corpus Hermeticum. Asclepius. Fragments extraits de Stobée (Les Belles Lettres, 1954-1960) reprennent cette doctrine des Génies pour les divinités égyptiennes, et à la fin du XIXe siècle, Le Rameau d’Or de Sir James Frazer (Laffont, 1983), livre à la portée de tout artiste préoccupé par les symboles.

 

Les Génies sont les plus proches possible de l’être humain, mais appartiennent à l’essence divine. Ils unissent deux catégories opposées par convention. Humains et dieux se fondent non pour abolir leur nature unique, mais pour former une identité tierce, habitée par la loi de la fécondité universelle. Cette pensée animiste irrigue la création artistique de Max Ernst, qui fut en symbiose avec ses « génies féminins ».

 

Si la notion d’échange prend une telle importance, c’est parce que cette pensée néo-pythagoricienne est fondée sur l’évhémérisme et la doctrine de réincarnation.

 

Les âmes pures de certains humains animaient les Génies, qui sont : 

 

« un de ces êtres exceptionnels qui vivaient en contact direct avec la divinité. Quant aux âmes complètement purifiées, elles étaient affranchies du cercle des naissances » (Plutarque, p. 88) 

 

La fontaine d’Amboise renvoie à la métempsychose, la doctrine de migration des âmes, et à la Fontaine de Régénération (cf. le chapitre éponyme du Mythe d’Isis).

 

Profitons de la perche tendue par Pamela Shields pour citer la dispute sur les génies reproduite dans de célèbres récits mystiques. Le premier est Le Comte de Gabalis ou Entretiens sur les sciences secrètes (1670). La « scission » entre l’auteur, l’abbé de Villars et le père Bougeant est ainsi décrite : 

 

« Le dernier niait vivement la transformation des dieux antiques en génies élémentaires, et prétendait que n’ayant pu être détruits, en qualité de purs esprits, ils avaient été destinés à fournir des âmes aux animaux, lesquelles se renouvelaient, en passant d’un corps à l’autre selon les affinités ». (II,1120)  

 

« La Doctrine des Génies » pose un strict continuum avec la personne humaine ou divine initiale.

 

Laquelle à Amboise ? Louise de Savoie ? Et tant d’autres, que l’essai Out of the Shadows. The Ladies of Royal Château Amboise (Les femmes du château d’Amboise sortent de l’ombre), de Pamela Shields (2022) présente de façon « géniale », et pour la première fois…

La doctrine de la métempsycose est aussi troublante que La Fontaine au Génie, tortues, grenouille et Assistants. Alors revient l’accusation d’hérésie, qui a tourmenté la passion idéale cultivée pour la « Nature naturante » des Alchimistes. Il y a juste un siècle, l’hérésie a mué en art « dégénéré ».

 

 

Max et Dorothea ont travaillé avec le seul sculpteur et peintre d’Amboise, Al Sarcy, un nom d’artiste choisi pour faire oriental (l’Orient symbolique et non réel). Ce sculpteur a laissé une œuvre sculpturale monumentale à la Maison des Pages alors propriété du poète Tristan Lamoureux (nom de plume de Jacques Mareuse). Le sens ésotérique, et les vastes proportions de ce chef d’œuvre sculptural dépassent les compétences d’Al Sarcy. L’influence de ce couple d’artistes allemand et américaine est incontestable. Elle mériterait une étude, si tout n’était pas piétiné par des rivalités. Pamela Shields déplore que les librairies amboisiennes n’aient pas un seul livre présentant Max Ernst et Dorothea Tanning. Un galeriste d’Amboise qui possède une œuvre de Max Ernst ne connaissait pas la fontaine, aussi invisible que scandaleuse. Heureusement, de nombreux musées protègent leurs œuvres (voir la maison Max Ernst & Dorothea Tanning, 37420 Huismes, tél : 06 89 93 52 23). Pamela Shields rappelle le soutien que ces deux personnalités reçurent du maire de Huismes, très honoré qu’elles aient choisi ce village pour créer et se reposer. Dorothea ne s’est jamais remariée, disant : Max était « la seule personne dont j’avais besoin. » (p. 227).

 

Pamela Shields projette en pleine lumière le rôle transformatif de cet artiste apatride. Comme Pamela Shields et Mark Playle, Max Ernst et Dorothea Tanning ont pensé trouver dans le « jardin de la France » un paradis pour leur retraite. Et la renaissance, un plaisir toujours renouvelé comme l’eau d’une fontaine. Max Ernst fut amoureux d’étrangères aussi talentueuses que lui. Il a encouragé leur création, réussissant autant une œuvre artistique « palingénésique » que sa vie sentimentale où Éros et Thanatos sont éternels. « Le diable porte pierre ».

Pamela Shields estime que le Surréalisme est aussi important que l’art de la Renaissance. Elle fait preuve d’un jugement sérieux, fondé sur de réelles connaissances : Max Ernst a été surréaliste avant la parution du Manifeste du Surréalisme d’André Breton, en 1924 !

« André Breton a lancé le Surréalisme.

Max Ernst l’a défini » (p. 194).

 

© Camillæ

 

 

Notes

 

1. Voir article Euronews.com du 14 mars 2024. Ces figurines sont conservées au Musée Carnavalet et dans la crypte de Notre-Dame. Certaines pièces furent dans les collections privées d’André Breton et Giacometti.

2. Marcel Aubaud a présidé l’Amicale des Anciens Combattants de la Grande Guerre de 1914-18. Chevalier de la Légion d’honneur, après Max Ernst, il a reçu la Médaille de la Ville d’Amboise. Comme André Breton, mais pas pour les mêmes motifs, il refusait que la Légion d’honneur soit attribuée à un artiste. Voir ses mémoires, Un imprimeur dans la tourmente, La Maison des Pages éditions, 2025.

3. Voir Julia Kristeva, Prélude à une éthique du féminin, livre et entretien à la librairie Mollat sur youtube (déc. 2024).

 

 

© Crédit photo : Max Ernst, portrait, par Leonora Carrington (vers 1939).

 

© Crédit photo : Cheval de l’auberge du matin, autoportrait de Leonora Carrington.


 

© Crédit photo : Catalogue espagnol avec une sphynge-chimère, communiqué par Christian Ficat. Collections du Kunstmuseum de Bonn, édité par la fondation de la Caixa, 2006.

 

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Pour citer cet article illustré & inédit

 

Camillæ ou Camille Aubaude (texte & images), « Qui est Max Ernst ? », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : HIVER-PRINTEMPS 2025 | NO I « Inspiratrices réelles & fictives », 1er Volet, mis en ligne le 12 avril 2025. URL :

https://www.pandesmuses.fr/noi2025/ca-questmaxernst

 

 

 

 

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16 août 2024 5 16 /08 /août /2024 17:27

N° III | ÉTÉ 2024 | Florapoétique / 1er Volet | Dossier majeur | Florilège | Nature en poésie / Astres & animaux  | Catastrophes & faits divers

 

 

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le mot soleil

 

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Poème surréaliste de

 

Françoise Urban-Menninger

 

Blog officiel : L'heure du poème

 

Peintures par

 

André Evard

 

Artiste peintre Suisse (1876-1972)

 

Photographies par

 

Claude Menninger

 

 

 

© Crédit photo : Claude Menninger, Photographie de la peinture de nature morte, paysage naturel, no 1, par l'artiste André Evard prise au Musée Messmer à Riegel en Allemagne.

 

 

Ce poème surréaliste s'inspire de la canicule. Il est illustré par des peintures de l'artiste suisse André Evard photographiées par Claude Menninger au Musée Messmer à Riegel en Allemagne.

 

le mot soleil

 

 

 

le mot soleil

brûle ma page blanche

et la transperce

de son œil irradiant


 

le mot soleil

me nargue au bout de ma plume

car j’ai perdu mes ailes

pour voler jusqu’à lui

 

© Crédit photo : Claude Menninger, Photographie de la peinture de nature morte, paysage naturel, no 2, par l'artiste André Evard prise au Musée Messmer à Riegel en Allemagne.

 

 

le mot soleil

roule sa tête entre mes vers

car je l’ai vidé de sa lumière

pour éclairer mon ombre


 

le mot soleil

a mis un point final

au rêve d’Icare

en faisant fondre le nôtre

 

 

© Crédit photo : Claude Menninger, Photographie de la peinture d'une femme, no 3, par l'artiste André Evard prise au Musée Messmer à Riegel en Allemagne.

 

 

le mot soleil

si je l’attrape aujourd’hui

je le trempe dans l’eau froide

pour rafraîchir ma page blanche


 

mais le mot soleil

m’a clouée dans ce poème

où dans chacun de ses rayons

mon âme se consume


 

© Françoise Urban-Menninger

 

 

***

 

Pour citer cet écopoème (surréaliste, climatopoétique, inédit) & ces photographies inédites

 

Françoise Urban-Menninger, « le mot soleil », poème illustré par trois peintures de l'artiste André Evard photographiées par Claude Menninger, Le Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : ÉTÉ 2024 | NO III « Florapoétique », 1er Volet, mis en ligne le 16 août 2024. URL :

http://www.pandesmuses.fr/noiii/fum-lemotsoleil

 

 

 

 

Mise en page par David

 

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15 août 2024 4 15 /08 /août /2024 18:16

N° III | ÉTÉ 2024 | Florapoétique / 1er Volet | Dossier mineur | Florilège | S'indigner, soutenir, Lettres ouvertes & hommages

 

 

 

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Annie Le Brun :

 

 

un bref hommage

 

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Texte & images

Camille Aubaude

https://everybodywiki.com/Camille_Aubaude

Blogue officiel :https://camilleaubaude.wordpress.com/ 

 

 

© Crédit photo : Camille Aubaude, Première de couverture de l'œuvre intitulée « Appel d'air. [Pour en finir avec la haine de la poésie] » par Annie Le Brun, image no 1 prise de l'émission audiovisuelle « Apostrophe » diffusée sur YouTube par l'INA.

 

Annie Le Brun nous a quittés. Elle nous manque ! 

 

© Crédit photo : Camille Aubaude, Annie Le Brun, image no 2 prise de l'émission audiovisuelle « Apostrophe » diffusée sur YouTube par l'INA.

 

 

Je vénère Annie Le Brun, une des rares vraies personnes et une écrivaine de qualité du féminisme des années 1970. C’est curieux que l’on n’ait pas employé pour elle le terme d’« amazone », sans doute à cause de son rapatriement aux thèses surréalistes. Cette femme si extraordinaire est inclassable et elle le restera, car elle est toujours juste, instructive, amusante, jusque sur les plateaux télé les plus douteux.

 

© Crédit photo : Camille Aubaude, Annie Le Brun, image no 3 prise de l'émission audiovisuelle « Apostrophe » diffusée sur YouTube par l'INA.

© Crédit photo : Camille Aubaude, Annie Le Brun, image no 4 prise de l'émission audiovisuelle « Apostrophe » diffusée sur YouTube par l'INA.

 

 

Je ne suis pas toujours d’accord avec ses phrases définitives sur son divin Marquis, vu que les  phrases définitives peuvent s’appliquer à tout : ainsi, « on n’en a jamais fini avec » Gérard de  Nerval, Christine de Pizan ou Catherine d’Amboise. 

Ou Annie Le Brun…

La révolte lyrique de cette exaltée de l’ombre est unique et il faut souhaiter que d’autres femmes la continuent. 

 

© Crédit photo : Camille Aubaude, Annie Le Brun, image no 5 prise de l'émission audiovisuelle « Apostrophe » diffusée sur YouTube par l'INA.

 

Sa personnalité à la fois « de toujours » et résolument contemporaine fait qu’il n’est plus question de courage, mais d’éclat. 

Annie Le Brun laisse une œuvre sans souci de l’art, et encore moins de l’ordre. Elle a suivi la trajectoire d’un astre qui file dans la nuit. Son lointain intérieur est supérieur à tout ce que fabrique le monde intellectuel français d’aujourd’hui, car s’y laisse entrevoir la science d’un trou noir, ce « principe d’excès » d’énergie.

Comme elle nous manque !

 

© Crédit photo : Camille Aubaude, Annie Le Brun, image no 6 prise de l'émission audiovisuelle « Apostrophe » diffusée sur YouTube par l'INA.

 

 

Tombeau d’Annie Le Brun



Son regard et sa voix se déploient entre VOIR et DIRE  

dans le paysage agité de vents contraires de la Terre en effroi 

qui ne sera jamais plus comme avant.


Son œil est ciselé : il n’attaque par les moulins, 

ni ne transgresse les chaumières, il s’étire.

Sa bouche décousue est humaine passion

défiant les nuées des langages.



Ses dents mystérieuses quêtent l’Espoir 

de l’Amour qui va reparaître quand

son souffle aux couleurs du temps

anime la dissolution du monde.



Tandis que rien ne s’établit
son esprit sectionne les oripeaux des modes
pour revêtir le rythme pur de la mer
qui fluctue sur le rocher des naufragés

 

 

© Camille Aubaude. Mardi, 13 Août 2024, La Maison des Pages.

Voir aussi : https://www.facebook.com/watch/?v=316500249799556 et https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/cpb88012391/annie-le-brun

 

***

 

Pour citer cet hommage, illustré & inédit

 

Camille Aubaude (hommage & photographies), « Annie Le Brun : un bref hommage », Le Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : ÉTÉ 2024 | NO III « Florapoétique », 1er Volet, mis en ligne le 15 août 2024. URL :

http://www.pandesmuses.fr/noiii/ca-annielebrunhommage

 

 

 

Mise en page par Aude

Dernière mise à jour le 20 août 2024 (Ajout d'une citation poétique et des références de ce billet)

 

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