31 octobre 2012 3 31 /10 /octobre /2012 07:02

 

  Couverture n°2 - Copie

  Crédit photo : The Dance of Apollo with the Muses, Baldassarre Peruzzi 


ISSN = 2116-1046

Revue féministe de poésie

électronique et apériodique 

 

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 Vos actualités poétiques

 

Annonce de parution du n°2

Le Pan poétique des muses - dans n°2|Automne 2012
31 octobre 2012 3 31 /10 /octobre /2012 07:01

 

 

 

 

 

SommaireCouverture n°2 - Copie

 

 

 

Avant-propos

 

Nelly Taza & Dina Sahyouni 

 

 Éditorial

  

Michel R. Doret

  La poésie est éternelle

 

Hors-zone ou Bémol

 

Bémol artistique avec l'invité

Michel R. Doret   

 

Michel R. Doret (invité) 

 

Exposition virtuelle : Hommage à toi 

 

Zone des articles

Dossier  

Poésie des femmes romandes

 

Catherine Dubuis  

Pierrette Micheloud : la femme est l'avenir de l'humanité

 

 

Dossier

 

Muses & Poètes

 

Poésie, Femmes & Genre

 

♦ Textes des invité.e.s

Michel Briand 

Pour un parallèle intempestif. Poètes norvégiennes contemporaines/grecques anciennes|Pour un parallèle intempestif... Suite  

 

Florence Trocmé 

Geneviève Pastre [texte reproduit]

 

Textes des contemporain.e.s

María Castrejón   
   Yo, yo misma y mi musa

 

Aurélie Chevant

 « Nous n’allons plus nous quitter » : l’influence fascinante et mystique de la muse Gala dans la vie du poète Éluard et du peintre Dalí

 

Ouattara Gouhe

Poésie féminine et modernité : la crise du vers chez Louise Labé

 

Evgenia Grammatikopoulou

De l’originalité de l’(auto)création à la banalité de la réception : l’Amazone Natalie Clifford Barney dans son Temple

 

Ingrid Junillon

  Dagny Juel|Dagny Juel : textes choisis

 

Claire Laguian

Introduction à l’œuvre de maría castrejón : du con au féminisme genderqueer |

[textes reproduits et inédits]

 maría castrejón, « Moi, moi-même et ma muse »|Sélection de poèmes de je rentrerai beaucoup plus tard que minuit de maría castrejón|Selección de poemas de volveré mucho más tarde de las doce de maría castrejón  

 

Lucie Lavergne

Mises en scène et suggestions érotiques dans les recueils Los devaneos de Erato et Devocionario d’Ana Rossetti
 

Zone d'excellence poétique

 

De la poésie dans tous ses états

Territoire dédié aux œuvres de Jean-Michel Maulpoix

invité d'honneur de la revue

 

 

Jean-Michel Maulpoix (invité d'honneur)

Les femmes aux yeux noirs ont le regard bleu|Quand elle défait sa robe, l'homme se tait [poèmes reproduits]

Zone de l'entretien littéraire

Nelly Taza  

Dialogue avec l'auteur et le poète Nabil Helmi Chaker (invité) [page restreinte]

 

 نيللي تازا (Nelly Taza) 

 حوار مع الكاتب والشاعر نبيل حلمي شاكر

 

Zone des poèmes & nouvelles

 

♦ Poèmes & nouvelles des invité.e.s

 

Nabil Helmi Chaker

 

       فتاة شرقية| المطلقة

 

Nelly Taza (trad.)

Nabil Helmi Chaker, « La divorcée » & « Jeune fille orientale »

 

Nicole Coppey

Danse l'Amour, Perle fine|Ô mon cœur

 

Jacques Ravix

Mots d'amour...

 

Marie-Alice Théard

Au pays des doubles|La permanente douleur |La ville abandonnée|Sans Filiation ni Chronologie
 

♦ Poèmes & nouvelles des contemporain.e.s

Sílvia Aymerich
Abertawe|Amsterdam|Vienne

 

Christophe Carrère

Dans tes yeux|Le mur|Elle comme la feuille au limbe d'or

 

Amandine Colson

Primerose  
Laure Delaunay
    Six poèmes extraits de Fiançailles

 

Marie Gossart

   Beyond death d’après une œuvre d'Anna Halprin |La voix 

 

Jo. Hanna

Encre|Survole

 

Styliani Kokkali

Eurydice ou le devenir|Je comme une Autre|Morte|Poésie|Rosa : s'approprier ou instituer l'action

 

LASA

    À deux|A G. A|Âge mûr|Dormir|Je Vous|Quand le temps viendra

 

Yannick Merchant

  Hors-champs|Le plus mystérieux mirage|L'oiseau qui fait signe 

 

Vojka Milovanovic

Ma forêt

 

Aurélie-Ondine Menninger 

Dialogue improbable...|Le secret de l'ange|  Lettre « Cher inconnu »

 

Françoise Urban-Menninger

La Porte du Miroir|Une voix de velours   

 

Souad Yacoub Khlif

Ma muse|  Que serais-je sans toi  
 

♦ Poèmes d'un poète jeune

Mario Portillo Pérez

Cinco poemas para Émeline

 

Claire Laguian

Mario Portillo, "Cinq poèmes pour Émeline" [poèmes traduits]

Poèmes des aïeules & aïeux 

Jean de La Fontaine
Une muse parle

 

Madeleine de Scudéry

Air
Suzanne Verdier-Allut
Vers à Églé
Voltaire
Épître XLIX. À mademoiselle de Lubert
Zone de la poésie érotique des (et/ou sur les) femmes & de genre
 
Sílvia Aymerich
Automne manqué|Bongos|Poèmes d'amour

 

Marie Gossart

Here she comes.1.11.11 (Lulu, in memory of Alban Berg)|(Tu) Ma bite

 

Lotus

Abysses du plaisir

 

Damy Tangage

Abysses du plaisir|Un rêve doux

 

Zone pour les parutions, critiques & réceptions

(poésie, littérature, femmes, genre en sciences humaines et sociales)

♦ Annonces de parution

 

 

 Balbuciendo| Je veux juste être tranquille|L'essence du corps|Ra(ts) [page restreinte]|Recours au poème|Revisiter la « querelle des femmes »

 

 

 

♦ Critiques & réceptions

 

Khalifa Baba Houari
L’amour servi avec des œufs : une approche multiple du texte « Les poules aux œufs d’or » de Françoise Urban–Menninger

 

Françoise Urban-Menninger

[texte reproduit]

Michèle Finck, Balbuciendo, ouvrage poétique paru aux Éditions Arfuyen 

 

Dina Sahyouni

La fable « Circuits » de Sitaudis À propos du recueil Je veux juste être tranquille d’Anne-Marie Reine Le Pape À propos  du recueil  Ra(ts) [page restreinte]

 

On en parle dans les revues [page restreinte]

 

Zone pour s'indigner, soutenir et les lettres ouvertes

 

  Du chant aux camps….

Lettre ouverte aux humanistes : Soutenez la RDL La Revue des Livres
URGENT - Le Printemps des Poètes en danger

Zone|S'indigner, soutenir et Lettres ouvertes

Zone d'Instant poétique en compagnie de...

Sophie Brassart

La voix flûtée|Saadia

 

Vous

Instant poétique avec vous

Zone des invitations [restreinte]

À lire
À se passionner

 

Zone de l'actualité de la revue

 

Nouvelles zones [page restreinte]
Répertoire international des éditrices (ou éditeures) de poésie
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Le Pan poétique des muses - dans n°2|Automne 2012
31 octobre 2012 3 31 /10 /octobre /2012 07:00

 

 

 

Mises en scène et suggestions érotiques

 

dans les recueils


Los devaneos de Erato et Devocionario  

 

d’Ana Rossetti

 

 

Lucie Lavergne

Université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand 

 

 


L’érotisme est une constante de l’écriture d’Ana Rossetti (Cadix, 1950), de sa prose, comme les recueils de nouvelles Prendas íntimas (1989) et Alevosías (1991), à sa poésie, particulièrement les premiers recueils des années 1980. Contemporaine des productions artistiques de la « Movida » madrilène, cette dimension érotique porte la marque de la libération des mœurs et du goût de la provocation qui lui sont associés. Le recueil Los devaneos de Eratoi explore avec légèreté et ironie les thèmes rares – d’autant plus tabous qu'ils sont abordés par une femme – des fantasmes, de l’inceste, du lesbianisme. La même dimension subversive se trouve dans le recueil Devocionarioii qui relate les expériences érotiques des saints, parodiant les lectures catholiques qui marquèrent l’enfance du poète dans une société franquiste et traditionaliste. L’érotisme de la poésie d’Ana Rossetti proviendrait de cette tentation de la transgression et de l’« audace pure » (Paloma Martínez-Carbajo)iii. Mais peut-on le réduire à une attitude vis-à-vis du monde ? Comment situer l’écriture de l’érotisme par rapport à cette « situation communicationnelle » à laquelle Käte Hamburger oppose a prioritoute énonciation lyrique ? Si l’écriture poétique est caractérisée par ce « retrait de l’énonciation par rapport à l’objet »iv, que dit-elle du sujet poétique lorsqu’elle est teintée d’érotisme ? L’érotisme ne dit-il pas l’intériorité d’un corps (sa perception sensorielle) et par là même celle du « je » (son désir) ?

Pour interroger le rapport, dans l’écriture de l’érotisme, entre mise en scène et intériorité du sujet, nous observerons d’abord comment il se tient à distance. Puis nous verrons que, s’il finit par se livrer, c’est par la représentation de cette « chose érotique » (R. Dadounv) qu’est son corps, et du cadre où celui-ci évolue. Ces thématiques imprègnent la syntaxe et les images : elles font de l’écriture « de » l’érotisme une écriture « érotique » où le désir va de pair avec la suggestion. Traduite par le langage, celle-ci trouve dans le lecteur son point de mire. Quel rôle tient-il dans l’élaboration de l’érotisme ?


Le dispositif du discours érotique : le sujet et ses masques

Dans les poèmes érotiques d’Ana Rossetti, le sujet arbore différents masques. Dans Los devaneos de Erato, interviennent plusieurs locuteurs d’âge, de milieu social, de sexe différents, parfois issus de la mythologie (comme Cibèle)viet de l’histoire (tel que Gilles de Raisvii). La dimension intertextuelle et les références culturelles foisonnantes favorisent une atomisation de la voix poétique et des interlocuteurs interpelés : Paris, Saint Sébastien ou l’écrivain espagnol contemporain Javier Maríasviii. Cette mise en scène du sujet entraîne le discours sur le terrain de la dialectique, inhérente à l’érotisme, de la dissimulation et du dévoilement, où, comme dit Georges Bataille, « Le premier mouvement – la proposition [de l’objet du désir] – est suivi de la feinte de sa négation »ix. Chez Ana Rossetti, ce mouvement est intégré à la situation d’énonciation par l’exhibition, dès le titre des poèmes, d’un locuteur qui s’avère factice et constitue, finalement, un obstacle à l’intimité du sujet.

Plus qu’une révélation d’une intériorité, l’adoption de ces différents masques est un outil qui sert d’abord à annoncer l’érotisme des vers qui suivent. Ainsi, la mention des personnages de la mythologie gréco-romaine évoque la sensualité affirmée des dieux de l’Olympe, dans le poème « Triunfo de Artemis sobre Volupta »x(« Triomphe d’Artémis sur Volupté »), où s’exprime la déesse Volupté. Par ailleurs, tout renvoi à la Grèce antique, comme à d’autres lieux et époques lointains, confère au poème un caractère exotique dont Gaëtan Brulotte et John Phillips soulignent qu’il est fréquemment associé à une expression débridée de l’érotismexi. De fait, derrière le « masque » de Gilles de Rais, dans le poème « Inconfesiones de Gilles de Raïs », c’est-à-dire par l’évocation d’un contexte spatio-temporel et d’une condition qui ne sont ni ceux de l’auteur ni ceux de ses premiers lecteurs (a priori espagnols), le locuteur rossettien relate sans remord – d’où le néologisme « inconfesiones » – les actes les plus scabreux et les plus violents :

[…] Es tan adorable pervertir

a un muchacho, extraerle del vientre

virginal esa rugiente ternura

tan parecida al estertor final

de un agonizante, que es imposible

no irlo matando mientras eyaculaxii.

La frontière semble bien poreuse entre la sensualité érotique et la violence abjecte. Ce paradoxe est inhérent à l’érotisme, comme le rappelle G. Bataille dans à un chapitre consacré à Sade, chez qui le plaisir serait « proportionnel à la destruction de la vie »xiii. Or, dans le poème d’Ana Rossetti, seule la reconnaissance du caractère factice de l’identité de Gilles de Rais permet d’empêcher que le poème ne bascule dans l’abjection et que, ce faisant, l’érotisme ne s’annihile lui-même. En effet, G. Bataille s’exclame : « Qui ne voit qu’une affirmation si étrange ne saurait être généralement reçue, même généralement proposée, si elle n’était émoussée, vidée de sens, réduite à un éclat sans conséquence ? Qui ne voit en effet que, prise au sérieux, une société ne pourrait l’admettre un instant ? »xiv. L’écriture de l’érotisme inverse, en quelque sorte, le « pacte autobiographique » défini par P. Lejeune : le nom propre qui précède le texte la déclenche, mais loin d’être l’« affirmation [d’un] critère d’identité »xv, comme dans le cas du pacte autobiographique, le nom de Gilles de Rais invite le lecteur à opter pour une lecture ludique et, notamment, à suspendre tout jugement moral envers les actes décrits.

Dans le recueil Devocionario, cette mise en scène est accentuée par la non-adéquation entre le point de vue, tantôt distant, ironique et voyeur, et le discours proféré, particulièrement dans les poèmes prononcés par des Saintes, comme « Barbara, niña, presiente su martirio » et « Santa Inés en agonía »xvi. S’y expriment des voix féminines traditionnelles, victimes du désir qu’elles inspirent. Cette apparente « annulation tant personnelle que sexuelle de la femme » (Tina Escaja)xvii– dans le cas de « Barbara », il s’agit d’un viol incestueux – est en décalage avec la connotation par ailleurs érotique du poème dont on ne peut faire qu’une lecture double, constatant dans le même temps l’horreur dans les propos de Barbara qui relate son viol (« La peur s’arrache de mes cuisses et une sourde tourmente s’exprime par ma bouche », v. 16-17) et l’érotisme qui en émane pourtant (« son torse si proche sentait le cuivre – j’offrais ma gorge », v. 14-15)xviii.

La perception simultanée de l’érotisme, de la violence et de la culpabilité fomente un discours ambigu, partagé entre le « personnage » de Barbara et le sujet véritable (mais distant) qui serait à l’origine de la perception de l’érotisme et de sa traduction langagière. Leur non-coïncidence est illustrée par le décalage entre texte et paratexte, le titre à la troisième personne (« presiente ») introduisant paradoxalement des vers à la première personne, où « Barbara » prend la parole. Cette instabilité de la voix poétique est constitutive de l’érotisme, défini par G. Bataille comme un « déséquilibre dans lequel l’être se met lui-même en question »xix. Aussi, le sujet ne se révèle pas d’emblée par un dispositif d’énonciation, mais via des stratégies de glissements et de suggestions, où il apparaît par l’intermédiaire de son corps érotisé. Sujet fuyant, il se pose pleinement comme objet du poème.

Dévoilement du corps et élaboration du cadre érotique

La représentation du corps érotique repose sur divers procédés de dévoilement. Le jeu des pronoms introduit discrètement la présence du sujet. Ainsi, le poème « Una enemiga mía sueña con el diablo »xxconsiste en un récit de rêve érotique d’une jeune fille désignée comme l’ennemie de la locutrice. Son corps est d’abord décrit par des expressions à la seconde personne du singulier – « tu pliegue inguinal » (v. 4), « tu vientre » (v. 5), « el lecho donde tú reposas » (v. 10)xxi– avant de fusionner avec celui de l’observateur qui se tenait à distance. Par les expressions à la première personne « mis mendigos ojos » (v. 12) ou « mi vulva » (v. 17)xxii, le sujet semble décrire une expérience érotique propre. La perception et l’évocation retardée de son propre corps – les marques de première personne du singulier n’apparaissent que dans le dernier tiers du poème (vers 12 à 18) – nécessitent la totalité de l’espace poématique.

Le sujet transparaît derrière le corps de l’autre, mais aussi du corps autre. Dans le poème« El jardín de tus delicias »xxiii, alors que la locutrice décrit le corps de son amant, les images employées le féminisent brusquement, lorsque du torse viril de son partenaire sont subitement évoqués les « hauts mamelons de jeune fille » :

Cosería limones a tu torso,

sus durísimas puntas en mis dedos

como altos pezones de muchacha (v. 5-7)

C’est la description d’un acte érotique (une caresse) qui instaure ce passage du corps masculin de l’interlocuteur au corps féminin de la locutrice. Leur évocation successive renvoie à la continuité que G. Bataille associe à l’érotisme : elle résout, l’espace d’un instant, l’initiale dimension discontinue des êtresxxiv. Curieusement, on pourrait dire que si le sujet se confond avec son objet, brouillant la frontière du propre et de l’autre, le langage mime à son tour son contenu ou objet (l’acte érotique) par des procédés syntaxiques et métriques. La continuité rétablie est illustrée par le « como » (v. 7) et l’enjambement qui l’introduit, lequel unit l’évocation des doigts de la locutrice (v. 6) et leur effet sur son interlocuteur (v. 7).

La continuité évoquée par la fusion des corps, au-delà de leur différence, engendre leur spatialisation et la dissolution de l’érotisme dans l’espace référentiel qui entoure ces corps. Chez Ana Rossetti, le corps érotisé prend place dans un cadre, lui-même érotique, et l’on observe une contamination de l’érotisme du corps sur l’érotisme du cadre. Les premiers vers du poème « Martyrum omnium » du recueil Devocionarioxxv, où la locutrice évoque les lectures catholiques qui ont marqué son enfance, plantent le décor en conférant une dimension érotique au thème de la lecture enfantine :

Queridos compañeros de la infancia,

lecturas prohibidísimas,

cuando toda la casa sucumbía

al ardor del verano – detrás de las persianas

la siesta había invadido y deshecho

y ningún albedrío velaba en la penumbra –

rehusando la prudencia yo os buscaba (v. 1-7)xxvi

On peut commenter la structure embrassée (au sens métrique du terme) de cette phrase initiale, où les allusions aux lectures (v. 1-2 et 7) encadrent les descriptions d’un lieu propice à l’érotisme dont l’isolement est illustré par les tirets (v. 4 et 6). De même, dans les vers finaux du poème, l’évocation du plaisir atteint par la locutrice lors de ces lectures s’accompagne d’une nouvelle description de la maison dont les murs semblent soudain disparaître : « un diluvio de luz/del cuarto borraría las paredes » (v. 29-30)xxvii. Cette explosion finale renvoie à la « pléthore sexuelle » commentée par G. Bataille : « l’expérience d’un éclatement, d’une violence au moment de l’explosion » qui, dit-il, accompagnerait l’érotismexxviii. L’expérience érotique se reflète, en quelque sorte, dans le décor où elle prend place. Le sujet transparaît dans l’une comme dans l’autre, car il est « à la fois le théâtre, la fableet l’acteurd’une action qu’il domine et ne domine pas et qui le domine », selon la définition proposée par Henri Meschonnicxxix.

À cette correspondance entre cadre et acte érotiques s’ajoute donc ce troisième terme qu’est l’espace du poème. Son élaboration, ainsi que celle de la temporalité, permet le passage d’une écriture « de » l’érotisme à une écriture « érotique », par le travail sur l’attente qui caractérise cette dernière. Pour Roger Dadoun, l’érotisme se distingue de la pornographie par sa lenteur : « [il] est instance qui dure, durement, intensément […], la pornographie est de l’instantané, vite fuyant, plus ou moins bien fait »xxx. Ainsi, le poème « Diotima a su muy aplicado discípulo » de Los devaneos de Eratoxxxicommence par une sorte de didascalie (« El más encantador instante de la tarde / tras el anaranjado visillo primoroso », v. 1-2xxxii), suivie d’une description des objets qui constituent le décor, retardant la révélation du corps (v. 6) :

Y en la mesita el té

y un ramillete, desmayadas rosas,

y en la otomana de rayada seda,

extendida la falda, asomando mi pie,

provocativo, aguardo a que tú te avecines (v. 3-7)xxxiii

La structure énumérative et progressive traduit l’attente qui suscite le désir, mais celle-ci provient également du choix des mots. Chris Perriam, auteur de l’article « Ana Rossetti » pour l’Encyclopedia of erotic literature, établit un lien entre la préservation du suspense qui, dit-il, « repouss[e] la conclusion narrative, s’attardant sur ce qui serait, sinon, des plaisirs passagers » et ce qu’il appelle « la densité [d’un] langage baroque postmoderne [qui] excite le sens et l’imagination »xxxiv. L’érotisme émane donc de l’esteticismo du style rossettien, c’est-à-dire de l’esthétisation systématique et l’abondance d’objets précieux dont la beauté suggère, par métonymie, celle du corps qui les côtoie. L’écriture érotique constitue donc également un art de nommer ou de suggérer. 

Écriture et lecture de la suggestion érotique

L’importance de l’imagination (soulignée par Chris Perriamxxxv) souligne le lien, caractéristique de l’érotisme, entre la présence du corps et son inaccessibilité ou son mystère. Tout n’est pas dévoilé, afin de préserver le désir : la parole érotique est donc ambigüe. L’écriture nomme le corps par une description minutieuse (presque fétichiste) qui le décompose en « érèmes » (« unité minimale d’Éros », selon le terme de R. Dadounxxxvi) décrits par un double mouvement de réification et de personnification. Chaque partie du corps, perçue isolément, est semblable à un objet qui, pourtant, occupe la fonction de sujet de verbes d’action. Dans le poème « De repente descubro el retrato de Javier Marías »xxxvii, le locuteur se compare à un vase, soulignant cette dépossession de soi et de son corps devenu étranger, comme le souligne la redondance de l’adjectif « raro » : « mis pómulos copiaban los búcaros más blancos /porcelana rarísima de los raros países » (v. 6-7)xxxviii. L’érotisme provient là encore d’un certain exotisme, qui n’émane pas de la situation d’énonciation (comme on a observé plus haut) mais de la représentation elle-même et du regard qui tient ensemble ce qui s’offre à lui et ce qui lui échappe.

Par conséquent, abondent les formes langagières qui traduisent cette dualité par un rapport complexe entre signifiant et signifié, telles que les images : comparaisons et métaphores in praesentia. Ces dernières maintiennent, au sein du « cadre » de la phrase (Paul Ricœurxxxix) la contigüité du propre et du figuré, ce qui renvoie souvent, chez Ana Rossetti, à une oscillation entre l’évocation crue et la représentation imagée des objets ou des actes. Dans le poème « París »xl, les désignations des différentes parties du corps, réparties sur l’ensemble du poèmexli, alternent avec leurs qualifications figurées, qu’elles suivent ou précèdent immédiatement. On passe du propre au métaphorique avec l’expression « tus piernas, esas cintas » (v. 3, « tes jambes, ces rubans ») : la métaphore des « rubans » (et du nœud) suggère une vision des corps entrelacés et renchérit sur la simple désignation des jambes, en évoquant un acte érotique. A l’inverse, l’image du « glaïeul » (« gladiolo », v. 6) pour désigner l’organe sexuel masculin précède les expressions « llave anal » (« clé anale », v. 7) ou « violador perene » (« violeur pérenne ») qui impliquent plus crûment la sexualité. Cette alternance renvoie à celle de la beauté de l’objet du désir et de la souillure, commentée par G. Bataille : « Si la beauté […] est passionnément désirée, c’est qu’en elle la possession introduit la souillure animale. Elle est désirée pour la salir ». Et de conclure : « Plus grande est la beauté, plus profonde est la souillure »xlii. De même, dans le poème « El jardín de tus delicias »xliii, alternent, via des métaphores, les représentations du corps poétisé (« flores, pedazos de tu cuerpo », v. 13) et un érotisme violent (« La lacerante verga del gladiolo », v. 4xliv). La métaphore finale du glaïeul n’est pas nécessaire à l’évocation de l’organe érotique, par ailleurs désigné par « verga », mais elle souligne la polysémie de ce dernier terme (végétal ou organe masculin). L’ambigüité lexicale guide la lecture autour de ce dualisme de la beauté et de la souillure : le passage du propre au figuré renvoie, pour le lecteur, à une double position de récepteur et d’acteur, selon que l’érotisme lui est exposé ou que son imagination est suscitée.

Ainsi, le rôle du lecteur est capital pour la réception d’un langage métaphorique et polysémique qui peut être, mais n’est pas nécessairement, perçu comme érotique. Dans le poème « El jardín de tus delicias »xlv, le verbe « saber » du vers 10 : « Ella sabe a tu leche adolescente », peut signifier « savoir » ou « avoir le gout de ». La première interprétation est encouragée par le verbe « conocer » (v. 8) dont « saber » est un synonyme. La seconde renvoie au même champ sémantique que le verbe « huele » (v. 11). Les deux interprétations se justifient donc par leur cohérence avec le contexte poématique, mais la seconde est davantage suggestive de l’acte érotique : « [ma langue] a le gout de ton lait adolescent ». L’érotisme repose sur cette possibilité, pour le lecteur, d’imaginer la sexualité.

La suggestion érotique l’invite à choisir ou, du moins, à explorer les choix qui s’offrent à lui. Dans le poème « De como resistí las seducciones de mi compañera de cuarto, no sé si para bien o para mal »xlvi, la tournure latine en « De » du titre confère au poème une dimension solennelle qu’on peut difficilement prendre au sérieux vu la légèreté du propos. Cette valeur parodique invite à une remise en cause totale du discours, à lire l’érotisme là où le locuteur s’en défend. De fait, l’innocence proclamée dans le titre contraste avec les descriptions précises, dans les vers, du corps de la jeune fille,  « [s]es lèvres pulpeuses » (v. 2), « la cavité enfouie de [s]on nombril » (v. 5), « l’épaisseur de [s]on aine emmêlée » (v. 10), lesquelles suggèrent que la camarade de chambre n’a peut-être pas été repoussée avec tant de virulence. En fin de compte, rien n’est jamais sûr et le lecteur choisit quel regard porter sur cette attitude de fausse pudeur qu’adopte la locutrice, pour, éventuellement, lire entre les lignes.

L’érotisme demeure un « entre-deux », un processus d’alternance et de mise en relation : de la beauté à la souillure, du raffinement extrême au langage le plus cru, du sens propre à l’image, mais aussi du locuteur au lecteur qui se partagent son élaboration. Il en va ainsi lorsque l’acte érotique est décrit d’un point de vue externe ou « voyeuriste », selon le terme de Tina Escajaxlvii. Dans le poème « Murmullos en la habitación de al lado »xlviii, des indications spatiales évoquant les cheveux d’une femme glissant sur le ventre de la locutrice permettent au lecteur de visualiser – sans qu’il soit nommé – l’acte érotique lesbien. Cette dimension implicite l’oblige à faire sien et à révéler l’érotisme suggéré par les vers.

On pourrait presque dire que l’érotisme se lit autant qu’il s’écrit. Dans le poème « A un joven con abanico »xlix, certaines situations pourraient être perçues comme n’ayant pas de lien avec l’érotisme, comme l’allusion au « va-et-vient pénible du joyeux avant-bras » (v. 4)lqui fait référence au mouvement d’un jeune homme secouant son éventail. L’interprétation érotique du geste est encouragée par l’adjectif « penoso » (pénible) qui évoque, par paronomase, le substantif « pene » (pénis). Mais là encore, si jeu de mot il y a, son activation ne tient qu’à la volonté du lecteur. Roger Dadoun qualifie l’érotisme de « paranoïaque »li. De fait, son abondance dans les poèmes d’Ana Rossetti invite le lecteur à le déceler de toutes parts : il provient d’une écriture en série et se propage d’un poème à l’autre.

L’érotisme repose sur cette indécidabilité qui caractérise l’écriture poétique d’Ana Rossetti. Dans ses recueils, l’énonciation est ambigüe car la voix poétique disparaît pour s’assimiler à un objet, se réduire à un « corps » pour finalement mieux s’imposer. La description de ce corps et des actes contamine celle de l’espace référentiel (le cadre) où l’érotisme a lieu, cette dernière se répercutant, enfin, sur l’espace du poème. S’y développe alors une écriture métaphorique et polysémique, qui suggère (au moins autant qu’elle dénote) l’érotisme. Ces multiples sens, voix, corps et espaces, le lecteur les tient ensemble, comme si l’érotisme provenait d’un pacte passé avec le locuteur, l’écriture érotique trouvant, finalement, dans la lecture, une réponse et une continuation nécessaires.

 

Bibliographie

BATAILLE, Georges, L’Érotisme, Paris, Editions de Minuit, 2011.

BRULOTTE Gaëtan et PHILLIPS John, Encyclopedia of erotic literature, New York, Routledge, 2006.

DADOUN, Roger, L’érotisme. De l’obscène au sublime, Paris, PUF, 2010.

ESCAJA, Tina, « Transgresión poética. Transgresión erótica. Sobre los ángeles terrenales en el Devocionario de Ana Rossetti », Anales de la literatura española conteporánea, n°1-2, vol. 20, 1995.

HAMBURGER Käte, Logique des genres littéraires, Paris, Seuil, 1986.

LEJEUNE Philippe, Le pacte autobiographique, Paris, Seuil, 1975.

MARTÍNEZ-CARBAJO, Paloma,« Marginalidad canónica: Ana Rossetti y su (re) interpretación de la “Lesbia” de Catulo », Céfiro: enlace hispano cultural y literario, vol. 8, n°1-2, 2008, p. 6-20.

MESCHONNIC Henri, Politique du rythme, politique du sujet, Paris, Verdier, 1995.

RICOEUR, Paul, La métaphore vive, Paris, Seuil, 1975.

ROSSETTI, Ana, Devocionario (1985), Barcelona, Plaza & Janés, 1998.

ROSSETTI, Ana, Los devaneos de Erato (1980), in Indicios vehementes, poesía 1979-1984, Madrid, Hiperión, 1998, p. 17-54.


Notes

i Los devaneos de Erato (1980), in Indicios vehementes, poesía 1979-1984, Madrid, éd. Hiperión, 1998, p. 17-54.

 

ii Devocionario (1985), Barcelona, Plaza & Janés, 1998.

 

iii « Marginalidad canónica: Ana Rossetti y su (re) interpretación de la “Lesbia” de Catulo », Céfiro: enlace hispano cultural y literario, vol. 8, n°1-2, 2008, p. 6. Elle utilise l’expression « mera osadía ».

 

iv Logique des genres littéraires, Paris, éd. Seuil, 1986, p. 225-228.

 

v L’érotisme. De l’obscène au sublime, Paris, éd. PUF, 2010, p. 16.

 

vi « Cibeles ante la ofrenda anual de tulipanes », Los devaneos de Erato, op. cit., p. 27.

 

vii « Inconfesiones de Gilles de Raïs », ibid., p. 32.

 

viii Cf. les poèmes « París » (ibid., p. 19), « A San Sebastián, virgen » (ibid., p. 38) et « De repente descubro el retrato de Javier Marías » (ibid., p. 20).

 

ix Georges Bataille, L’Érotisme, Paris, Éditions de Minuit, 2011, p. 140.

 

x Los devaneos de Erato, op. cit., p. 53.

 

xi Gaëtan Brulotte et John Phillips, Encyclopedia of erotic literature, New York, éd. Routledge, 2006, tome 1, p. 440-442.

 

xii Op. cit., p. 32, v. 12-17 : « Il est adorable de / pervertir un jeune homme, / d’extraire de son ventre / virginal cette tendresse rugissante / si semblable au dernier râle / d’un agonisant qu’il est impossible / de ne pas le tuer alors qu’il éjacule ».

 

xiii Chapitre « Sade et l’homme normal », op. cit., p. 190.

 

xiv Ibid., p. 191.

 

xv Lejeune Philippe, Le pacte autobiographique, Paris, Seuil, 1975, p. 26 : « Le pacte autobiographique, c’est l’affirmation dans le texte de ce critère d’identité, renvoyant en dernier ressort au nom de l’auteur sur la couverture ».

 

xvi Devocionario, op. cit., p. 22 et 24, respectivement.

 

xvii « Transgresión poética. Transgresión erótica. Sobre los ángeles terrenales en el Devocionario de Ana Rossetti », Anales de la literatura española conteporánea,

n°1-2, vol. 20, 1995, p. 89.

 

xviii « El miedo se desgaja de mis muslos / y acomete a mi boca una sorda tormenta » (v. 16-17); « – olía a cobre su pecho tan cercano – / mi garganta ofrecía » (v.14-15).

 

xix Op. cit., p. 35.

 

xx Los devaneos de Erato, op. cit., p. 26.

 

xxi « ton pli de l’aine » (v. 4), « ton ventre » (v. 5), « le lit où tu reposes » (v. 10).

 

xxii « mes yeux mendiants » (v. 12), « ma vulve » (v. 17).

 

xxiii Los devaneos de Erato, op. cit., p. 22.

 

xxiv L’Érotisme, op. cit., p. 17.

 

xxv Devocionario, op. cit., p. 15.

 

xxvi « Chers compagnons de l’enfance, / lectures très interdites / quand la maison succombait / à l’ardeur de l’été – derrière les persiennes / la sieste avait envahi et dissous / et nul ne veillait dans la pénombre – / refusant la prudence, je vous cherchais ».

 

xxvii « un déluge de lumière / de la chambre effacerait les murs ».

 

xxviii L’Érotisme, op. cit., p. 101.

 

xxix Politique du rythme, politique du sujet, Paris, Verdier, 1995, p. 199.

 

xxx L’érotisme. De l’obscène au sublime, op. cit., p. 30.

 

xxxi Los devaneos de Erato, op. cit., p. 40.

 

xxxii « L’instant le plus enchanteur de l’après-midi, derrière le ravissant rideau orangé ».

 

xxxiii « Et le thé sur la petite table, / et le bouquet de fleurs, des roses fanées, / et sur le sofa de soie rayée, / la jupe étendue, pointant un pied provocateur, / j’attends que tu t’approches ».

 

xxxiv « The density of this postmodern baroque language has its own erotic purposes : it stimulates sense and imagination, but it also teases and diverts, delaying narrative closure, dwelling on what would otherwise be passing pleasures, blurring the definitions of gender, preference, and anatomical form », Encyclopedia of erotic literature, op. cit., tome 2, p. 1136.

 

xxxv Idem.

 

xxxvi Il s’agit d’« un déclic, un tilt érotique, une excitation élémentaire, unité minimale d’Éros qu’on nommerait, adoptant la mode des substantifs en “-ème”, un érème. Dans une telle aperception “moléculaire” du corps, l’érotisme abandonne ses prétentions à la totalité, et n’est plus que grappe d’érèmes pressée en vue d’une sémillante ivresse », op. cit., p. 19.

 

xxxvii Los devaneos de Erato, op. cit., p. 20.

 

xxxviii « Mes pommettes copiaient les vases les plus blancs / porcelaine très rare des pays rares ». L’espagnol « raro » se traduit par « rare » ou « étrange ».

 

xxxix La métaphore vive, Paris, éd. Seuil, 1975, p. 102.

 

xl Los devaneos de Erato, op. cit., p. 19.

 

xli Cf. « pies » (v. 1), « piernas » (v. 3), « pubis » (v. 4), « vientre » (v. 4), « pecho » (v. 10), « rostro » (v. 12) et « mano » (v. 14).

 

xlii L’Érotisme, op. cit., p. 155 et 156.

 

xliii Los devaneos de Erato, op. cit., p. 22.

 

xliv « Fleurs, les morceaux de ton corps » (v. 13), « La déchirante verge du glaïeul » (v. 4).

 

xlv Idem.

 

xlvi « De ma résistance aux séductions de ma camarade de chambre, à tord ou à raison ». Los devaneos de Erato, op. cit., p. 39.

 

xlvii « Transgresión poética. Transgresión erótica », op. cit., p. 85.

 

xlviii Op. cit., p.41.

 

xlix Op. cit., p. 49.

 

l « En el vaivén penoso del alegre antebrazo ».

 

li L’érotisme. De l’obscène au sublime, op. cit., p. 30.

 

 

 

 

 

 

Pour citer ce texte


Lucie Lavergne, « Mises en scène et suggestions érotiques dans les recueils Los devaneos de Erato et Devocionario d’Ana Rossetti », in Le Pan poétique des muses|Revue internationale de poésie entre théories & pratiques : Dossiers « Poésie des femmes romandes », « Muses & Poètes. Poésie, Femmes et Genre », n°2|Automne 2012 [En ligne], (dir.) Michel R. Doret, réalisé par Dina Sahyouni, mis en ligne le 31 octobre 2012.

Url. http://www.pandesmuses.fr/article-n-2-mises-en-scene-et-suggestions-erotiques-dans-les-recueils-los-devaneos-de-erato-et-devocionario-111729878.html /Url. http://0z.fr/MFTST


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http://celis.univ-bpclermont.fr/spip.php?article525

 

Auteur(e)


Lucie Lavergne, ATER d’espagnol à l’Université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand, est agrégée d’espagnol et titulaire d’un doctorat (soutenu en novembre 2011) ayant pour thèmes principaux le rythme, l’espace et la voix poétique dans plusieurs recueils hispanophones du XXe siècle. Ses travaux et articles portent sur différents aspects de la poésie espagnole moderne et contemporaine, tels que les relations intertextuelles et transesthétiques (« Les arts visuels dans les sonnets de Rafael Alberti : pistes transesthétiques vers une écriture de l’image », in Sonnet et arts visuels : dialogues, interactions, visibilité, sous la coordination de B. Mathios), le langage et la syntaxe (« Formes et valeurs de l’énumération dans Un río, un amor de Luis Cernuda et Espadas como labios de V. Aleixandre », Echos des études romanes, 2011). Elle s’intéresse à la poésie visuelle des années 1970 à nos jours.

 

 

   

Le Pan poétique des muses - dans n°2|Automne 2012
31 octobre 2012 3 31 /10 /octobre /2012 07:00

 

 

 

    Version originale

Version traduite


maría castrejón,


« Moi, moi-même et ma musei »


 

 

Claire Laguian

Université de Paris-Est

Marne-la-Vallée, LISAA (EA 4120)  image claire2©Crédit photo : maría castrejón

 

Je ne « voulais » pas écrire.

Comment aurais-je pu le « vouloir » ?

 

Hélène Cixous

 

 

 

Je suppose que les gens ont des manières infinies de t’observer, je suppose qu’il en existe autant que de t’exposer. Pourtant, la plupart du temps, on a joué le même jeu de représentation : je te regarde et je te recrée grâce à ma rhétorique. On dirait même que cela est devenu amusant pour beaucoup de gens, qui ont en plus réussi à obtenir de l’argent, la célébrité et, bien évidemment, du sexe ; des biens d’importance vitale aussi pour certains poètxsii. Le jeu auquel je fais référence est : moi, masculin singulier, je te regarde toi, muse féminine que j’imagine particulière, et lxs deuxnous sommes heureux, du moins eux les hommes car je ne sais pas ce que pensent les muses quand elles meurent lentement, ne s’étant pas plaintes du froid dans l’eau des baignoires congelées une fois que s’éteignent les bougies, ou les petites filles qui se déshabillent sur la plage et posent de dos. Mais moi, féminin pluriel, je n’ai jamais voulu être une muse, en tout cas pas la muse de quelqu’un, c’est peut-être pourquoi j’ai tant de mal avec cette histoire de bonheur.

Ce n’est pas que cela me gêne que quelqu’un utilise la perception qu’il a de ma personne pour s’exprimer, je n’ai jamais eu aucun problème avec lxs onanistxs tant qu’ils maintiennent une distance prudente de sécurité, mais quand j’écris, la muse c’est moi, tout comme la rage que me donnent les choses qui me semblent simples, mais que nous nous acharnons à rendre complexes. De même pour ces choses simples à qui la culture et la tradition volent leur complexité en les rangeant dans des espaces inamovibles, comme c’est le cas pour les hommes et les femmes. Et cette petite fille en colère que je porte en moi et qui exige qu’on prête aux nappes l’importance qu’elles méritent, entre dans cette espèce de rébellion domestique de temps en temps, et confond s’exposer et observer, les deux choses lui semblant identiques, et il n’y a ni muses ni rien du tout, et même la poésie est seulement une réponse que personne n’a su lui donner au bon moment. Ainsi, je suis juste une narcissique de plus, une fille d‘une époque pendant laquelle on nous laissa enfin parler et on nous mit des choses dans la bouche. Je suis moi-même née en 1974 quand j’en eus envie, deux semaines après la date prévue et pesant quatre kilos, et je crois que cela ne fit pas en soi de ma mère une muse, mais elle se sentit heureuse bien que mon père se soit évanoui dans la salle d’accouchement. Très clairement, elle avait fait le « sale boulot » : cela vous rend actant, et moi petit enfant.

 

 

1. Mon enfance


 

Je suis née à un moment intéressant, si je puis dire. Je me souviens encore qu’il y avait seulement deux types de glaces (recouvertes de chocolat ou bien de chocolat aux éclats d’amandes) et mon frère biohommeiii et moi avions les mêmes pulls de laine et les mêmes pantalons de velours côtelé, ce n’était pas le bon moment pour parader dans un pays qui venait de sortir d’une dictature. Ainsi, pendant des années tous lxs petixs, et lxs pas si petixs, espagnols regardaient les mêmes dessins animés au même moment de la journée, et le vendredi toutes les familles respectables regardaient Un, dos, tres… Responda otra veziv. Les années qui passaient se mesuraient grâce aux séries qu’ils mettaient après déjeuner, et désormais nous résumons de la sorte nos vies pendant des réunions sociales :

   

— Moi, j’adorais Mazinger Zv, et ce « tous seins dehors » que disait Aphroditevi.  

— Eh bien moi de Mazinger je ne m’en souviens presque pas, je suis plus du style Maya l’abeille.

— Beh oui, c’est que tu es de 74 et à cet âge-là, trois ans de différence c’est beaucoup.

 

Il faut dire que dans le pays où j’ai grandi, quand j’ai grandi, il n’y avait rien pour presque personne et de telles différences étaient vraiment complexes. Nous habitions dans une jeune et ingénue démocratie à l’imaginaire commun dans lequel n’importe quoi voulait dire changement et mouvement. Une enfance autant en bleu qu’en rouge, comme nos vélos BH.

Mon enfance aurait été heureuse, mais elle ne le fut pas. Je le sais parce que chaque nuit mes yeux restaient ouverts au cas où je doive faire quelque chose pour arrêter une guerre nucléaire et parce que je commençai à écrire de la poésie. Un professeur de mon école de bonnes sœurs qui me recalait systématiquement (mea culpa, bien sûr) récupéra tous mes poèmes et mes vignettes comiques minimalistes et nihilistes ; il ne me les prenait pas par punition, mais parce qu’il croyait qu’ils avaient une certaine valeur. Il me demandait timidement mes « œuvres » et il démontrait un certain enthousiasme quand je lui disais oui. Il me recalait bien malgré lui et j’assumai que cet homme, qui restait avec moi après la classe pour m’expliquer des choses qui attiraient peut-être mon attention, comme les plantes et l’arc-en-ciel, devait se charger de tout ce que j’écrivais, si cela pouvait le rendre heureux…

La partie heureuse de mon enfance c’était mes pieds dans le sable, le contact de ma peau avec l’écorce des arbres, soulever des pierres pour trouver des bestioles, faire de la boue, nager dans la piscine publique quand tout lxmondx était en pleine digestion….la liberté et le soleil. Je jouais avec quatre biohommes à aller au bureau pendant qu’ils s’occupaient de la maison et des tâches domestiques. Je commençai à avoir peur des dessins animés car ma voisine avait ramené de Suisse un écran sur lequel elle projetait l’histoire d’un loup à qui il arrivait des malheurs quand il devenait gentil, je commençai aussi à avoir peur des petites filles pour la raison inverse.

 

 

2. Mon adolescence


 

C’est là que la petite fille se mit en colère contre moi, ce que je comprends.

 

Après des années de ce rituel estival :

 

je me levais très vite et je courrais jusqu’au porche pour vérifier s’il y avait du soleil et quelle était la sensation thermique. Si tout allait bien, ce qui était on ne peut plus normal dans un village du plateau de la Castille, une matinée complète m’attendait dans la piscine déjà vide dans laquelle je jouais à être une princesse indienne qui habitait dans un fleuve, car elle n’était pas intéressée par les sociétés, aussi petites et écologiques soient-elles, et elle se cachait entre les plantes aquatiques (mes cheveux) pour sauver des jeunes naïfs qui nageaient plus mal que moi et/ou ne savaient pas affronter les crocodiles.

 

 

Ta menstruation.

 

 

Les premières règles estivales furent un véritable traumatisme. Ma mère, qui ne pouvait comprendre que sa fille, à cause du simple fait d’être une potentielle parturiente, doive se passer de ses plaisirs aquatiques, courut chercher une boîte de tampons. Sans explications, mais avec beaucoup de références dans mon œuvre longtemps après. Je reçus tous les stigmates dans cette salle de bain aux carreaux ornés de motifs floraux. Encore aujourd’hui, je continue de me demander qui peut bien poser la jambe sur la cuvette des toilettes pour se mettre un tampon.

image claire1

©Crédit photo : maría castrejón 

 

Si je vécus de la sorte cette situation particulièrement délicate, j’imagine bien l’éventail de sentiments que chacune des petites filles à papas et à mamans franquistes-tardifs avait dû éprouver ; il y a pour moi de quoi écrire une nouvelle œuvre intitulée 1985, je suppose qu’Orwell n’y comprendrait plus rien du tout. Et donc, la petite fille qui était déjà censée être une « femme » (il est sous-entendu que la vie c’est ça, non ?) me dit « pas question d’être femme », qu’elle voulait rester comme elle était et qu’on ne lui fasse pas toute une histoire avec ces règles car elle voulait continuer de tuer des crocodiles et qu’on la laisse grimper en paix dans les amandiers.

 

Les choses ne terminent pas toujours comme tout un chacxn veut…

 

Les heureuses années 80 étaient encore pour moi une étape de transition. Soi-disant que maintenant il fallait que quelqu’un m’embrasse. Mon amie Mónica, de deux ans mon aînée, et donc sûrement adepte de Mazinger Z, m’expliquait que l’on devait se faire un smack, puis peu à peu mettre sa langue dans la bouche de l’autre. Encore aujourd’hui, nous rions de mon expression de stupeur. Sincèrement, je préférais affronter des animaux aquatiques, c’était ce que j’avais fait toute ma vie. Pourtant, une nuit, je décidai de passer ce mauvais moment. Et bien qu’il soit le plus beau de la bande, je serrai les dents de toutes mes forces. Il me dit quelque chose du style que j’étais une forteresse qu’il devait conquérir et je crois que c’est à ce moment-là que je compris combien ça excite certains d’assumer leurs rôles millénaires. Le jour suivant j’ouvris la bouche, j’eus la nausée et il obtint ce qu’il ne voulait pas, que cela soit facile. Nous ne recommençâmes pas.

 

Un autre moment désagréable par lequel il me fallait passer, c’était celui d’avoir un chéri. Malgré l’état de mes hormones, cela me coûta un peu de me décider. Alors je me contentai du minimum vital, pourquoi aller plus loin ; mon meilleur ami et moi nous nous mîmes ensemblx. Ce fut amusant tant que ce fut amusant, mais le mieux de tout cela c’est que, malgré tout, nous sommes encore amis.

 

La petite fille se mettait de plus en plus en colère chaque jour. Les choses devenaient de plus en plus sérieuses et elle, elle voulait profiter de la vie en culottes courtes. Je voulais qu’elle ne parte jamais car elle m’accompagnait toujours, elle m’aidait à écrire, à ne pas oublier et à ne pas me taire. Mais cela me faisait beaucoup de peine de la voir souffrir autant…

 

Ce qu’il y a de bien c’est que j’ai tenu bon avec elle toute ma vie et j’ai été capable de rencontrer d’autres petites filles en colère qui lui tiennent compagnie.

 

 

3. My generation, baby.vii

 

 

Où voulais-je en venir avec cette manie de raconter ma vie ? Eh bien que ma poésie est sûrement écrite du fait de cette petite fille en colère et de tous les thèmes qui chaque jour la touchent et la mettent en colère. Mais il y en a d’autres comme moi et je me sens très proche de leur manière d’aimer et d’écrire, c’est-à-dire de leur manière de voir ou de regarder, de s’exposer et d’être vues, de ne pas savoir ce qu’est une muse, si ce n’est la muse de soi-même, et pour moi elles sont my generation. Des petites filles comme Susanna Martínviii(1976), Itziar Zigaix (1974), Txus Garcíax (1974), María Castejón Leorzaxi (1975), Sandra Marchxii (1974) et beaucoup d’autres qui virent le jour et grandirent dans les années 70, eurent leurs règles dans les années 80 et baisèrent dans un pays qui semblait vouloir être libre un jour. Cette minibiographie de muse égocentrique est dédiée à toutes les femmes qui sont capables de s’aimer malgré le fait qu’on nous ait enseigné que nous devions nous détester, que nous devions nous méfier les unes des autres. A toutes les femmes qui sont capables de cohabiter avec leur petite fille en colère car elles comprennent qu’elle a des vraies raisons de se sentir flouée, mais qui canalisent la rage avec des lettres et des petits dessins. À toutes ces femmes je dédie cette biographie narcissique d’automuse revendicatrice et j’espère que grâce à cela nous pourrons renforcer un lien et que nous n’oublierons jamais d’où, ni de qui nous venons, ni que tout est moins difficile si la rage se traduit et se partage. Je vous aime comme je n’ai pas aimé mon premier baiser.

 

Et il y en a beaucoup d’autrxs. Dxs enfants d’une génération qui a eu des illusions, avant que les illusions ne soient le capital féroce qui aujourd’hui nous a dévorxs comme le loup du conte que beaucoup de gens aiment malgré ses défauts, tout comme moi j’aime le loup de mon poème Lo que le dijo Caperucita al Lobo 15 años después del suceso que todos conocemosxiii. Et la nostalgie de ces époques les plus difficiles, ou de ces époques tout court, c’est aussi ce qui a fait ce que nous sommes, des personnes capables d’affronter d’une manière féroce et acerbe le côté le plus obscur de la vie.

image claire

©Crédit photo : maría castrejón

 

Au fait, je choisissais toujours la glace recouverte de chocolat, ma belle.

 

 

Notes

 

i. Je dédie cet article à Dionisos Cañas, ce papa POÉTIQUE que je devrais soi-disant tuer, mais je ne vois pas pourquoi je devrais le priver de ce privilège.

ii. (Nous précisons) María Castrejón utilise la lettre –x- en espagnol pour signaler son refus de choisir une marque linguistique du genre (discriminé par le –o pour le masculin et le –a pour le féminin) : nous conservons la présence d’un –x- en français, signalé en italique, pour chaque occurrence, même lorsque le terme français est déjà indéterminé génériquement. En effet, ce jeu d’indétermination générique est très difficile à appliquer de manière systématique en français étant donné que c’est une langue moins marquée génériquement par rapport à l’espagnol.

iii (Nous précisons) Terme issu de la théorie queer exprimant qu’un individu a un sexe biologique de type masculin, d’un point de vue purement médical.

iv. (Nous précisons) Il s’agit d’un jeu télévisé de la télévision espagnole créé en 1972 et mêlant questions, jeux physiques et psychologiques (sur le même principe et avec le même succès populaire qu’Intervilles en France, mais ici les candidats sont des couples et non pas des villes).

v. (Nous précisons) Première partie de la trilogie de dessins animés Mazinger sur les robots géants (Mazinger Z, Great Mazinger, Goldorak) diffusée au Japon en 1972 et en 1978 en Espagne.

vi. (Nous précisons) Personnage de la série Mazinger Z, premier robot à l’anatomie féminine qui tirait ses missiles depuis sa poitrine.

vii. (Nous précisons) Paroles de la chanson de Patti Smith, « My generation ».

 

viii. Url. http://mystorycomic.blogspot.com.es/

 

ix. Url. http://hastalalimusinasiempre.blogspot.com.es/

 

x. Url. http://txusgarcia.com/


xi. Url. http://lasprincesastambienfriegan.com/


xii. Url. http://www.sandramarch.com/


xiii. CASTREJÓN, María (2011), Volveré mucho más tarde de las doce, Barcelona-Madrid, Egales. http://mariacastrejon.blogspot.com.es/2009/08/lo-que-le-dijo-caperucita-al-lobo-15.html. (Nous précisons) Il s’agit d’un poème extrait du recueil que nous traduisons : Ce que dit le Petit Chaperon Rouge au Loup 15 ans après l’événement que nous connaissons tous.

 

 

 

Pour citer ce texte


Claire Laguian (trad.), « maría castrejón, "Moi, moi-même et ma muse" », in Le Pan poétique des muses|Revue internationale de poésie entre théories & pratiques : Dossiers « Poésie des femmes romandes »,  «  Muses & Poètes. Poésie, Femmes et Genre », n°2|Automne 2012 [En ligne], (dir.) Michel R. Doret, réalisé par Dina Sahyouni, mis en ligne le 31 octobre 2012. Url. http://www.pandesmuses.fr/article-n-2-maria-castrejon-moi-moi-meme-et-ma-muse-111767098.html/Url. http://0z.fr/Rotlc

 

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http://lisaa.univ-mlv.fr/index.php?eID=tx_nawsecuredl&u=0&file=fileadmin/fichiers/LISAA/Membres_du_Lisaa/EMHIS/Presentation_site_LISAA__Claire_LAGUIAN__ATERx.pdf&t=1351514268&hash=c1b662b0bd8165bfd21ec71cf5293874

 

Auteur(e)


 

Claire Laguian est agrégée d’espagnol, doctorante et enseignante à l’Université de Paris-Est Marne-la-Vallée (LISAA EA 4120) travaille sur la poésie contemporaine espagnole, la linguistique, la traduction, notamment avec sa thèse en cours intitulée « Déconstruction et reconstruction langagières d’une voix poématique insulaire dans la poésie d’Andrés Sánchez Robayna ». Elle s’intéresse également de très près aux questions de genre et au silence dans la littérature de langues espagnole et catalane.

 


Le Pan poétique des muses - dans n°2|Automne 2012

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