آمنة الوزير/Emna Louzyr,«» & « لما يصرخ البط حين يطير؟ »,Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : ÉTÉ 2024 | NO III « Florapoétique », 1er Volet& Revue Orientales, « Déesses de l'Orient », n°4, volume 1, mis en ligne le 19 juillet 2024. URL :
« Quand la main écrit, c’est le cœur qui parle et qui soupire. » Alfred de Musset.
C’est le cri d’un cœur saignant de douleur. C’est le dit d’un être mal aimé par son pays d’adoption, le pays du soleil levant, aux us et coutumes implacables.
Son cœur bat la chamade quand elle pense à appelle « ma grande murée adorée », « ma silencieuse » :
« Mon enfant prisonnière, d’un royaume épais […] Je t’aime plus que tout tant j’écris pour toi sur un balcon étranger aux oiseaux de cuivre et feuilles rondes plus il y a de douleur et plus il y a d’oiseaux. »
S’adapter ou retourner au bercail pour réapprendre à être soi-même car il est impossible d’accepter d’être autre que soi-même. Se fondre dans le décor, s’effacer et devenir la grande muette tel était le sort de Coralie Akiyama, Française d’origine, laissant malgré elle sa fille au Japonais :
« Je suis le je (u) qui s’efface, tu as gagné ». S’effacer au profit du collectif car l’individu n’existe pas.
En dépit de sa grande souffrance, elle sait faire la part des choses :
« Cruauté, tu n’enlèves rien à la beauté des couloirs de portes vermillon dans les montagnes. »
Elle ne peut s’empêcher de s’extasier devant la beauté de ce pays. Aussi évoque-t-elle :
Le « Mirifique vol blanc de papillon dans l’eau »
Le paroxysme de la froideur et le silence gagnent même le sentiment amoureux et les relations conjugales :
« Trois ou treize ans sur une pierre j’ai craqué mes dernières allumettes de paroles et tu ne me tends pas de briquet mon mari est d’or l’amour silence un métal froid. »
« Le silence est grand ; tout le reste est faiblesse ». Alfred de Vigny in « La mort du loup ».
C’est peut-être dans le silence que ce peuple puise sa force. Il y a peut-être aussi une alchimie à découvrir, donc il convient de percer les arcanes de la culture japonaise.
« On parlait saison, on parlait cuisine » dit-elle.
Les saisons rythment la vie et la cuisine utilise les fruits de la terre pour nourrir les êtres humains et les maintenir en vie, donc il y a une harmonie entre les saisons et la cuisine. Manger les fruits de saison est un mot d’ordre salutaire. Cela dit, les êtres humains intègrent les saisons tout comme l’art culinaire dans le maintien de leur vie.
Elle n’oublie pas que dans ce pays, les relations c’est comme « les neiges éternelles » car « elles ne s’éteignent jamais ».
Ses considérations sur la gent masculine portent sur leur discrétion :
Ils sont «de(s) trésors peu photogéniques en éblouissements/ juste comme il faut/ tu passeras à côté si tu passes »
Le Japon, « ce pays qui ne se laissera pas prendre dans les bras » semble vouloir être un parangon de stoïcisme et de perfection ; pas de juste milieu, « le reste du monde […] un lit défait.
C’est pour ne pas « finir sublime anesthésiée d’harmonie molle comme la mort des belles endormies » qu’elle se sauve de ce pays paradoxal qui lui offre à la fois beauté et cruauté mais le cœur serré d’avoir laissé sa fille qui n’est là que pour écouter et rester docile.
Maggy De Coster, « Coralie Akiyama, « Éternelle Yuki », Éditions du Cygne, 2024, 55 p., 12€ », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : ÉTÉ 2024 | NO III « Florapoétique », 1er Volet, & Revue Orientales, « Déesses de l'Orient », n°4, volume 1, mis en ligne le 12 juillet 2024. URL :
Sarah Mostrel (Poème & photographie), « À l’eau de rose », Le Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : ÉTÉ 2024 | NO III « Florapoétique », 1er Volet,mis en ligne le 30 juin 2024. URL :
La commission littéraire de l’Académie rhénane vient de remettre son prix littéraire à Emma Doude Van Troostwijk pour son premier roman Ceux qui appartiennent au jour publié par les prestigieuses éditions de Minuit.
Ce qui a retenu d’emblée l’attention du jury, c’est la lumière qui émane de ce livre où en peu de mots, l’autrice qui n’a que 25 ans fait entrer le lecteur dans cette intériorité vertigineuse de l’âme pour nous en offrir la pleine clarté.
Mais avant d’aborder plus avant, le roman d’Emma, voici quelques indications concernant son parcours. L’autrice est non seulement titulaire d’un master de création littéraire obtenu à l’Université du Havre mais également d’un diplôme national supérieur d’expression plastique obtenu toujours au Havre à l’école supérieure d’art et design.
Voilà pour son cursus universitaire où littérature et art plastique ont certainement partie liée dans l’écriture épurée de ce premier roman dont la poésie de l’intime s’inscrit dans le quotidien d’une vie simple qui s’apparente à « une nature morte » pour ce qui concerne la langue française mais plutôt à « une vie silencieuse » comme se plaît à le préciser Emma quand elle se réfère au néerlandais…
C’est ainsi qu’une petite musique d’âme va égrener ses notes silencieuses et lumineuses au fil des pages de ce livre pour nous inviter à partager un mois d’été où la narratrice « retourne à la maison » qui n’est autre que le presbytère situé à Gunsbach dans la vallée de Munster où sa mère, Alexandra Breukink, a été pasteure. On y retrouve toute la famille, ses parents, grands-parents, son frère Nicolaas, tous néerlandais, tous pasteurs ou sur le point de l’être comme son frère.
Dans un univers minimaliste, loin des rumeurs de la ville, nous prêtons l’oreille et le coeur à ces riens qui font et défont chacun des personnages de ce livre que nous avons vite fait d’adopter car ils nous deviennent proches et familiers jusque dans leur vulnérabilité qui nous renvoie à la nôtre. Si le père, victime d’un burn out, perd la mémoire, Opa le grand-père, atteint de la maladie d’Alzheimer, l’a définitivement perdue, quant au fils, il se perd dans ses questionnements concernant sa vocation de pasteur.
« La vraie question est de savoir si Dieu croit encore en nous » se demande Nicolaas. Cette manière de retourner le questionnement interroge subtilement le lecteur qui n’est pas sans songer au pari pascalien...Mais Emma possède l’art d’aborder, sans en avoir l’air, les questions existentielles qui ont partie liée avec son monde intérieur mais aussi avec le nôtre. Elle nous adresse des signes à peine perceptibles mais bien tangibles en jouant avec l’écart entre la langue française et néerlandaise.
Ainsi, elle nous apprend que lorsque le français dit qu’ « un ange passe », le néerlandais traduit cette expression par « un pasteur se promène ». Quand le français dit un « pense-bête », le néerlandais parle « d’appui-tête ». Ces expressions
qui ne sont pas des digressions en disent bien plus long que de grands discours, elles nous renvoient à ce qui se trame sous les mots, à savoir cet inconscient collectif qui habite notre langue. N’oublions pas que pour Albert Camus, Aimé Césaire et bien d’autres auteurs, notre vraie patrie, c’est notre langue, elle nous habite et nous l’habitons, c’est notre première maison. C’est par le biais de l’une de ces expressions que l’autrice va nous offrir la clé de son roman lorsqu’elle nous confie qu’en français, on dit « ils ne tiennent qu’à un fil » et qu’en néerlandais on dit « ils appartiennent au jour », d’où le titre de son roman.
Appartenir au jour, c’est entrer dans cette pleine lumière qui fait danser les mots mais aussi les âmes dans une poésie où les femmes, Oma, la grand-mère, Mama, la mère, la narratrice, la mettent au monde. Dans la maison entourée d’un jardin, Emma déroule le fil des souvenirs radieux pour retisser la mémoire de ceux qui l’ont perdue. En français « ils perdent la tête », en néerlandais « ils perdent le chemin », note-t-elle.
Et son père de perdre à la fois la tête et le chemin quand au milieu d’un repas, on l’entend prononcer cette petite phrase « Je veux mourir ». « Les trois petits mots tombent des lèvres de mon père », écrit Emma, puis comme si de rien n’était le père reprend pied dans la réalité et l’autrice de poursuivre « Papa pose la fourchette sur le bord de son assiette, dirige ses bras vers le dessus de la table, saisit la serviette brodée à ses initiales et s’essuie le visage ».
Si la mort plane sur ce roman comme sur chacun d’entre nous, elle fait partie du quotidien, elle appartient au jour car elle fait partie de la vie, Emma écrit à propos de son grand-père « le regard ainsi disparu, le visage sans ornement, je peux imaginer très précisément à quoi ressemblera Opa une fois mort ». Cette présence de la mort s’incarne dans le cadeau que Mama fait à Nicolaas en lui offrant le livre de Delphine Horviller « Vivre avec les morts ». Il ne s’agit pas de se résigner mais de mettre comme le stoïcien Epictète sa volonté en adéquation avec celle du monde « Veuille que les choses arrivent comme elles arrivent et tu seras heureux », déclarait le philosophe.
Quant à la lumière qui émane de ce livre et qui l’éclaire tout au long de sa lecture, elle naît d’un charme qui confine parfois à une délicieuse loufoquerie dans certains dialogues comme celui où le grand-père qui va nourrir 4 poules précise avec le plus grand sérieux« c’est beaucoup de travail pour 4 poules ! » Les phrases courtes rythment, le quotidien : « Il réfléchit », « Il s’assoupit », « Je ferme les yeux », elles ponctuent telles des notes blanches, cette musique indicible qui se joue entre les lignes et sous les mots.
Nul doute que les éditions de Minuit, réputées exigeantes dans leurs choix, ne se sont pas trompées en publiant ce roman que l’on se plaît à lire et à relire pour prolonger en soi la musicalité d’une voix unique, celle d’Emma van Troostwijk.
Françoise Urban-Menninger, « Emma Doude van Troostwijk, lauréate du prix littéraire 2024 de l’Académie rhénane », photographies par Claude Menninger, Le Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : ÉTÉ 2024 | NO III « Florapoétique », 1er Volet,mis en ligne le 20 juin 2024. URL :
RÉCEMMENT, LE SITE « PANDESMUSES.FR » A BASCULÉ EN HTTPS ET LA DEUXIÈME PHASE DE SA MAINTENANCE PRENDRA DES MOIS VOIRE UN AN. NOTRE SITE A GARDÉ SON ANCIEN THÈME GRAPHIQUE MAIS BEAUCOUP DE PAGES DOIVENT RETROUVER LEUR PRÉSENTATION INITIALE. EN OUTRE, UN CLASSEMENT GÉNÉRAL PAR PÉRIODE SE MET PETIT À PETIT EN PLACE AVEC QUELQUES NOUVEAUTÉS POUR FACILITER VOS RECHERCHES SUR NOTRE SITE. TOUT CELA PERTURBE ET RALENTIT LA MISE EN LIGNE DE NOUVEAUX DOCUMENTS, MERCI BIEN DE VOTRE COMPRÉHENSION !
Cette section n'a pas été mise à jour depuis longtemps, elle est en travaux. Veuillez patienter et merci de consulter la page Accueil de ce périodique.
LE PAN POÉTIQUE DES MUSES (LPpdm) REVUE FÉMINISTE, INTERNATIONALE ET MULTILINGUE DE POÉSIE ENTRE THÉORIES ET PRATIQUES HIVER-PRINTEMPS 2025 | NO I | INSPIRATRICES RÉELLES & FICTIVES 1er VOLET Crédit photo : Alphonsine de Challié, « beauty with pink veil...
Événements poétiques | NO II Hors-Série | Festival International Megalesia 2025 « Rêveuses » & « Poésie volcanique d'elles » | Revue culturelle des continents Des patrimoines séfarades marocains Texte par Mustapha Saha Sociologue, artiste peintre & poète...
Événements poétiques | NO II Hors-Série | Festival International Megalesia 2025 « Rêveuses » & « Poésie volcanique d'elles » | Distinctions 2025 | Prix poétiques attribués par la SIÉFÉGP le 8 Avril 2025 | Le Prix International de Poésie pour l'ensemble...