Crédit photo : Henriette Browne (1829-1901), « The Sisters of Mercy », 1859, peinture tombée dans le domaine public, capture d'écran de la photographie libre de droits du site Commons.
« D'une lutte, aux combats », en hommage à toutes les femmes combatives ; luttant face à un cancer.
Elles ! face à la maladie
D’un sourire marqué à l’oubli
D’une lutte, aux combats
D’une voie en sursis
D’une vie qui s’efface lentement en surface
Rongées en leur être
Qui d’un jour au lendemain
Tout basculent, tombent entre leurs mains
Tremblantes d'émois, d'épreuves infinies
D’une vie planifiée mise brusquement de côté
D’un entrechoc à sa destinée
Comme une rage de vivre pour survivre
Vouloir transcender, à l'encontre d’un temps annoncé
D’un effet de miroir trouble et menacé
Par des jours avancés, en funambule sur un fil fissuré.
Elles ! d’une lutte aux combats
Battantes, aux souffles coupés
Donnant, de leur temps aux personnes adorées
Pour un laps de temps, d’un moment minuté pouvant s'arrêter et s’envoler
Pour citer ce poème philanthropique, humaniste & inédit
Berthilia Swann, « D'une lutte, aux combats », Le Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques :Événements poétiques | Festival International Megalesia 2024 « Amies », « Elles », mis en ligne le 22 mars 2024. URL :
Pour citer ce poème lyrique, féministe, politique, engagé & inédit
Berthilia Swann, « Elles ! révolutionnaires, de droits, des temps énoncés », Le Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques :Événements poétiques | Festival International Megalesia 2024 « Amies », « Elles », mis en ligne le 19 mars 2024. URL :
Paris. Quartier du Marais. Jeudi, 7 mars 2024. La Galeria Continua expose une série d’œuvres inédites de Leila Alaoui. L’artiste, en résidence à Chennai, ancienne Madras, en Inde, témoigne de la condition ouvrière dans les usines de textile. Elle installe durant l’été 2014 un studio mobile avec projecteurs, déflecteurs, toile de fond noire Le cadre se décontextualise. Les trois cents travailleuses, revêtues de saris magnifiques, défilent devant son objectif.
Aucune sélection préalable. Se nouent spontanément des liens d’empathie. Chaque séance est un moment d’amitié. Les gestes, les postures, les allures se ritualisent. Des silhouettes fines, droites, impassibles. Des peaux hâlées par le soleil et le vent. Des regards profonds. Un immense panneau décline trente gros plans de mains, des mains indélébilement marquées par le dur labeur, striées de cicatrices, rugueuses, noueuses. Des mains parfois effilées de jeunes filles. Des mains quelquefois veineuses, trahissant un âge avancé. Des mains nues découvrant leur innocence. La communauté féminine d’une obscure région tamoule acquiert, par la magie de l’art, une impressionnante visibilité.
En cette année 2014 où Leila Alaoui réalise son reportage photographique, une étude du Centre de recherche sur les entreprises multinationales (SOMO) et du Comité néerlandais pour l’Inde (ICN) souligne les conditions inhumaines de travail dans les filatures du Tamil Nadu. Des employées de tous âges travaillent six jours par semaine, du matin au soir, pour des salaires dérisoires. Les femmes sont incitées à quitter leur village par des promesses alléchantes. Elles se retrouvent esclavagisées. Les cadences infernales ne laissent aucun répit. Beaucoup des travailleuses sont hébergées dans des résidences misérables appartenant aux entreprises. Les gérants et les superviseurs, exclusivement des hommes, intimident, menacent, apeurent, profèrent des insultes et des injures. Les contrôles systématiques, les pressions permanentes, les chantages au licenciement au moindre retard entraînent une lourde pathologie professionnelle, maladies respiratoires, affections vésicales et rénales, problèmes cardiaques, lombalgies, fatigues chroniques, crises d’angoisse, dépressions.
Les usines d’habillement sous-traitent au profit des marques occidentales. La mondialisation est synonyme de délocalisation. Les enseignes de confection ne se soucient guère du fonctionnement interne de leurs fournisseurs, des violations des droits humains. Les carences de sécurité sont partout criantes. Les drames se succèdent. Les fabriques sont des cimetières de la mode jetable, du surconsumérisme effréné. Les vêtements et les chaussures usagés s’évacuent dans les pays du sud. Les marques d’ultra fast fashion rabaissent sans limites les petits prix. Les produits bon marché s’acculement dans des décharges monstrueuses. Selon le rapport 2020 de Climate Chance, l’industrie du textile est responsable d’un tiers des rejets de microplastiques dans l‘océan.
L’exposition est aussi une invitation à découvrir la culture tamoule. Les grands formats de Leila Alaoui suggèrent les architectures domestiques où certaines ouvrières évoluent au quotidien, les vérandas sur la rue avec des tuiles sur poteaux de bois, les cours intérieures, les arrière-cours, les thalvarams surnommés « les rues qui parlent ». Les façades offrent des extensions publiques, des passages toiturés au service des piétons, des bancs maçonnés pour les visiteurs et les pèlerins. La rue s’homogénéise avec juxtaposition d’appentis, de corniches, de pilastres, de colonnes ornées, de parapets sculptés. Une atmosphère retrouvée dans la scénographie de l’exposition, salles désenclavées, vétustés esthétiquement exploitées.
Les Tamouls, vivant majoritairement dans l’Etat du Tamil Nadu, principalement des indous, comptent également des minorités chrétiennes et musulmanes. Une culture millénaire, diversitaire. Une langue ancienne, riche d’un formidable patrimoine littéraire. Une musique antique, dite carnatique, codifiée quatre siècles avant l’ère chrétienne, essentiellement basée sur l’improvisation. Les architectures dravidiennes, les temples rocheux, les grottes sacrées, les stupas, les mosquées, les palais, les bas-reliefs, les arches monumentales, toranas. La vallée de l’Indus est la plus immémoriale des civilisations urbaines, avec la Mésopotamie et l’Egypte pharaonique. Les styles accompagnent l’évolution du bouddhisme. Révolution iconographique il y a deux mille ans, le Bouddha est représenté, pour la première fois au Gandhara, sous forme humaine. Les techniques de construction se perfectionnent avec les royaumes hindouistes du sud à partir du huitième siècle. Les temples en pierre se substituent aux édifices excavés. Plus tard, les architectures indo-musulmanes et mogholes.
Les dynasties tamoules antiques, protectrices des lettres et des arts, archivistes, édificatrices d’architectures somptueuses, entretiennent des relations diplomatiques avec Athènes et Rome. Une relation grecque anonyme du premier siècle, Periplus Maris Erytraei, Le Périple de la mer Erythrée, énumère les exportations indiennes, poivre, cannelle, nard, perles, ivoire, soie, diamants, saphirs, écaille de tortue. Au sixième siècle, les Pallava érigent le premier empire. La construction de vastes temples, fastueusement décorés, s’accélère. Des sages tamouls fondent le mouvement bhakti, composante essentielle de l’indouisme, préconisant l’amour pur et l’oubli de soi. Cinq voies balisent sa pratique, le jnâna yoga, yoga de la connaissance, le karma yoga, voie de l’action consacrée, le raja yoga, exercices physiques et spirituels, le tantra yoga, rites magiques et la discipline personnelle. Les Chola renversent les Pallava au neuvième siècle. Les invasions musulmanes prennent la relève à partir du quinzième siècle. Deux siècles plus tard, les puissances européennes établissent des colonies. Français, britanniques, portugais, néerlandais introduisent des styles européens, des dômes gothiques, des tours d’horloge victoriens. New Delhi s’enorgueillit de ses monuments Art déco. La Grande-Bretagne domine tout le sous-continent jusqu’à l’indépendance de 1947.
L’art tamoul est surtout un art religieux. La peinture de Tanjore apparaît au neuvième siècle. Le support est une pièce d’étoffe recouverte d’oxyde de zinc. L’image est polychrome. Elle peut être ornée de pierres semi-précieuses, brodée de fils d’or et d’argent. Le style d’origine est repris avec des techniques adaptées dans les fresques religieuses. Les sculptures de pierre et les icônes de bronze, de l’époque Chola notamment, sont des contributions majeures au patrimoine de l’humanité. Cet art se caractérise par des lignes douces et fluides, des détails traités avec une infinie minutie. Ni préoccupation d’exactitude ni souci de réalisme dans l’éxécution des portraits. Un art archétypal.
Flotte dans l’air de l’exposition une empreinte d’indigo, couleur apaisante, relaxante, envoûtante. Chromatique de la méditation, de l’intuition, de l’inspiration, de la création, de la conscience profonde. La haute résolution accentue l’effet hypnotique. L’indigo, pigment végétal issu des feuilles et des tiges de l’indigotier, était, dans les temps anciens, un produit de luxe. Les grecs et les romains l’appelaient l’or bleu. L’indigo, réintroduit dans les pays occidentaux au quinzième siècle par des marchands arabes, est prisé par les hippies pacificistes et la contre-culture californienne. Il imprègne de sa légende jusqu’aux Bleu jeans. Nous baignons toute l’après-midi dans un espace hors-temps, une ambiance hiératique peuplée de déesses.
Octobre 2014. Je fais la connaissance de Leila Alaoui à l’occasion de l’événement Le Maroc contemporain à l’Institut du Monde Arabe où nous sommes tous les deux exposants. Je présente des peintures sur toile, des portraits de figures de proue de la littérature marocaine, Driss Chraïbi, Edmond Amran El Maleh, Mohamed Leftah. Leila Alaoui montre Cossings, Traversées, une installation vidéo immersive, en triptyque, sur des migrants subsahariens clandestins, plongés dans un environnement hostile, collectivement traumatisés. Le pseudo-paradis européen se révèle une utopie problématique. Elle évite judicieusement la corde sensible. Portraits statiques, paysages abstraits, voix-off. La démarche anthropologique rejoint mon travail sociologique en recherche-action.
Nous avons quelques conversations philosophiques. Elle me pose des questions sur Mai 68, sur le cinéma de Jean Rouch, sur la théorie rhizomique de Gilles Deleuze et Félix Guattari, sur des événements historiques qu’elle aurait voulu avoir vécus, sur des intellectuels qu’elle aurait voulu avoir connus. Elle me paraît assurer une relève crédible. Elle élabore des méthodologies originales, des techniques novatrices. Elle me tient informé de ses projets artistiques, toujours motivés par des raisons solidaires. J’apprécie sa soif intellectuelle, son énergie créative. Je lui consacre une chronique, après sa disparition tragique en juin 2016, intitulée Leila Alaoui ou l’ombre de l’absente. Dans l’édifice prestigieux de la Maison Européenne de la photographie de Paris, une photographie en noir et blanc de Leila Alaoui en guise d’hommage. Terrible contraste avec le rayonnement de son sourire. Remonte des tréfonds de l’être l’insurmontable sentiment d’impuissance. Que dire face à la perte irremplaçable d’un joyau de la terre ?
Mustapha Saha, « Leila ALAOUI. Made in India », photographies par Élisabeth Bouillot-Saha, Le Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Événements poétiques | Festival International Megalesia 2024 « Amies », « Elles » & Revue Orientales, « Conteuses orientales & orientalistes », n°3, volume 1,mis en ligne le 14 mars 2024. URL :
Crédit photo : Rachel Ruysch, nature morte, bouquet de « Fleurs », peinture tombée dans le domaine public, capture d'écran de la photographie libre de droits du site Commons.
Hommage aux femmes
“En mémoire, d’histoires passées
De femmes artistes militantes, féministes engagées
Donnant rage à des siècles survoltées
En lois de droits non actés
Tenus d’en faire taire ces voix féminines
De moralité d’énergie masculine
Aux audaces révoltées
Dont, l'intensité de leurs mots et comportements ont jadis choqué.”
Pionnière remarquable et remarquée ;
Écrivaine tapageuse au temps du 19ème siècle,
George Sand née Aurore Dupin donne une nouvelle cadence,
Aux normes cousues d’une société ajustée
L’auteure réinvente l’art de la présentation dite de la féminité
Exit, les robes et jupons,
George Sand assume et se montre au grand jour en pantalon et fume la pipe.
Au grand dam des qu’en-dira-t-on, elle impose son image en société ;
Signant de même sous le nom d’un homme afin d’en écrire ses plus belles œuvres romancées.
Libre et rebelle, l’artiste mène sa vie avec passion.
Aux fils de ses émois
Aux rencontres de ses amants
En femme révolutionnaire.
À égal de sa consœur, Madame Simone de Beauvoir
Auteure féministe militante engagée
Prône, tout au long de sa vie, les droits de la libération des femmes.
Dont, l’une de ses citations les plus inspirantes “On nait pas femme : on le devient”, grave dans les mémoires tout l’engagement dont elle fait preuve.
Bien que follement amoureuse de Jean Paul Sartre, elle refuse sa demande en mariage pour ne pas abdiquer à cette époque, à une idée toute faite bourgeoise d’une femme soumise.
L'écrivaine, très active, participe “au manifeste des 343”, de son envie d’une rage folle, de revendication d’en faire changer et évoluer les constitutions des lois en France, à l'encontre des femmes afin que celles-ci puissent librement disposer de leur corps en accompagnement gratuit.
“Des batailles, en combats pacifiés haut portés par des voix féminines indépendantes, libres, engagées ; ouvrant le champ des possibles d’une évolution pour la libération des droits des femmes qui demeure encore, jusqu'à ce jour une lutte à mener pour voir une concrète progression de lois actées au sein de l'humanité faites à l'international d’une égalité de parité”.
Pour citer ce poème en prose inédit, féministe & élogieux des aïeules féministes
Berthilia Swann, « Les rages folles, années des révolutions », Le Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Événements poétiques | Festival International Megalesia 2024 « Amies », « Elles », mis en ligne le 13 mars 2024. URL :
RÉCEMMENT, LE SITE « PANDESMUSES.FR » A BASCULÉ EN HTTPS ET LA DEUXIÈME PHASE DE SA MAINTENANCE PRENDRA DES MOIS VOIRE UN AN. NOTRE SITE A GARDÉ SON ANCIEN THÈME GRAPHIQUE MAIS BEAUCOUP DE PAGES DOIVENT RETROUVER LEUR PRÉSENTATION INITIALE. EN OUTRE, UN CLASSEMENT GÉNÉRAL PAR PÉRIODE SE MET PETIT À PETIT EN PLACE AVEC QUELQUES NOUVEAUTÉS POUR FACILITER VOS RECHERCHES SUR NOTRE SITE. TOUT CELA PERTURBE ET RALENTIT LA MISE EN LIGNE DE NOUVEAUX DOCUMENTS, MERCI BIEN DE VOTRE COMPRÉHENSION !
Cette section n'a pas été mise à jour depuis longtemps, elle est en travaux. Veuillez patienter et merci de consulter la page Accueil de ce périodique.
LE PAN POÉTIQUE DES MUSES (LPpdm) REVUE FÉMINISTE, INTERNATIONALE ET MULTILINGUE DE POÉSIE ENTRE THÉORIES ET PRATIQUES HIVER-PRINTEMPS 2025 | NO I | INSPIRATRICES RÉELLES & FICTIVES 1er VOLET Crédit photo : Alphonsine de Challié, « beauty with pink veil...
Événements poétiques | NO II Hors-Série | Festival International Megalesia 2025 « Rêveuses » & « Poésie volcanique d'elles » | Revue culturelle des continents Des patrimoines séfarades marocains Texte par Mustapha Saha Sociologue, artiste peintre & poète...
Événements poétiques | NO II Hors-Série | Festival International Megalesia 2025 « Rêveuses » & « Poésie volcanique d'elles » | Distinctions 2025 | Prix poétiques attribués par la SIÉFÉGP le 8 Avril 2025 | Le Prix International de Poésie pour l'ensemble...