24 mai 2023 3 24 /05 /mai /2023 13:00

N°13 | (Auto)Portraits poétiques & artistiques des créatrices | Dossier mineur | Articles & Témoignages / Muses & féminin / Muses Symboliques | Revue Matrimoine | Réception d'autrefois 

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​​​​​​​​​​​Sarah Bernhardt ou le portrait de la

 

muse puissante de la mêlée symboliste

 

 

 

 

 

 

 

Ernest Raynaud (1864-1936)

 

 

Chapitre choisi, transcrit, légèrement rectifié, 

titre modifié avec une

précision par Dina Sahyouni

 

 

 

 

 

 

 

© Crédit photo : Louise Abbéma (1844-1923), "Portrait de Sarah Bernhardt dans le rôle d’Adrienne Lecouvreur en 1880", peinture en huile sur toile, dimensions 22,2 x 16 cm. Ce tableau de trouve au Musée Carnavalet, image réalisée par LPpdm.

 

L'extrait ci-dessous provient de l'ouvrage – tombé dans le domaine public – de RAYNAUD, Ernest (1864-1936), La mêlée symboliste (1870-1890) : portraits et souvenirs, vol. I.,  Paris, La renaissance du livre (78, Boulevard Saint-Michel), 1920-1922, pp. 14-18. Je reviendrai sur ce texte intéressant pour l'annoter, le commenter et le traduire en arabe littéraire. Je qualifie ce texte d'intéressant parce qu'il explore brièvement un rôle spécifique peu exploré sur l'apport qu'une muse inspiratrice et influente peut jouer dans le développement et la renommée d'un courant poétique et ses pratiques.

 

 

 

 

Titre original :

 

Sarah Bernhardt

 

 

 

Mais si les poètes, à l'instigation de Sarah Bernhardt, se sont trop vite adaptés aux mœurs du théâtre il n'en est pas moins vrai qu'ils ont reçu d'elle, une secousse salutaire et qu'elle les a tirés de la torpeur de leur Tour d'ivoire où ils s'enfermaient trop volontiers, en leur rappelant qu'il y avait autour d'eux des oreilles attentives à conquérir. Elle leur a donné le sens de l'émulation. Ce n'est peut-être pas entièrement sa faute si certains, passant d'un extrême à l'autre, ont glissé si vite sur la pente des concessions, et ont déserté les hautes entreprises pour les spéculations commerciales. Ce qui demeure, à la louange de Sarah Bernhardt, c'est qu'elle a répandu le goût des beaux vers que transfigure la musique de sa voix, la flamme de son génie et la noblesse de son maintien. La nature l'a merveilleusement douée. Un statuaire grec, disait Banville, voulant symboliser l'Ode, l'eût choisie pour modèle. À l'heure qui nous occupe, elle vient de prendre possession avec éclat de la scène du Théâtre-Français. À triompher dans les rôles de Phèdre et d'Andromaque, elle nous fera aimer Racine qu'elle a sorti de l'exil où l'avait confiné l'anathème romantique et sèmera ainsi les germes d'une future renaissance classique. Comment cette femme admirable, d'une activité dévorante, artiste jusqu'au bout des ongles, ne se serait-elle pas imposée impérieusement à l'élite de son temps et n'y eût-elle pas marqué son empreinte ? Elle est vibrante, inquiète, nostalgique. On sent en elle le besoin de vêtir chaque jour une âme nouvelle, le désir d'écarter la Réalité navrante et de s'évader chaque soir

 

Vers les horizons bleus dépassés le matin.

 

Elle sera Doña Sol, Phèdre, Andromaque, Cléopâtre, Marguerite, Ophélie. Elle fera revivre aux yeux des foules le fantôme des héroïnes évanouies. Son temps haletant la suit et l'applaudira quand, pour résumer et sceller toutes les aspirations éparses de l'heure, elle évoquera les splendeurs du Bas-Empire, bâtira au milieu de nos brouillards industriels, un décor fleuri et somptueux de Byzance et dressera sur les imaginations éblouies l'image de Théodora, impératrice d'Orient. Là s'épanouira son souci de plastique, son goût des longs voiles, des tissus précieux, des dalmatiques et des étoles orfévrées qui va révolutionner la mode. Elle sera « l'Empire à la fin de la décadence », comme Verlaine, et les poètes nouveaux la suivront des yeux comme une éblouissante vision de rêve. La Poésie illumine tout ce qu'elle touche. Elle prêtera un cachet d'art même aux vulgaires affiches de son spectacle pour lesquelles elle mobilisera des talents neufs : Orazi, Grasset, Mucha. À son geste, on verra les murs éteints flamboyer d'un enchantement de couleurs. Elle y apparaîtra figée dans une pose hiératique d'idole, de sainte de vitrail, de panagia byzantine, les mains chargées de bagues, les bras de débordants de palmes et de fleurs. Musa inspiratrix, c'est le nom que lui donne Spindler dans cette icône où il montre de profil, vêtue du péplum antique, ses cheveux dénoués casqués de lauriers. C'est véritablement la Muse. Elle inspire à Edmond Rostand sa Princesse lointaine. Elle s'apparente, en image, à la Madone de Baudelaire, à l'Hérodiade de Mallarmé. Elle semble l'illustration vivante de tous ces poèmes, obsolètes, et polychromes, en train d'éclore de toutes parts, pleins de lys, d'alérions, de clairs de lune, de sphinx et de centaures, et elle captivera les chevaucheurs de nuées et de chimères par la grâce imprévue et troublante de ses travestis, évoquant la vision de l'Androgyne, du Surêtre asexué, de l'Ange impollu, ce qui lui vaudra l'hommage d'un poète exquis et précieux, l'arbitre des élégances, le nouveau Pétrone, l'un des adeptes de l'esthétique nouvelle, chez qui Hüysmans a pris l'idée de son Des Esseintes : le comte Robert de Montesquiou :

 

REVIVISCENCE I

 

Les Héroïnes disparaissent en cohortes

Comme si les chassait un étrange aquilon :

Sombre Lorenzaccio, pâle Hamlet, blanc Aiglon,

Un jeune homme renaît des jeunes femmes mortes.

 

Le Florentin éphèbe a des faiblesses fortes,

Le Sphinx du Danemark meurt sous un sort félon ;

Un sinistre palais du lugubre salon

Sur le blond fils de l'Aigle a refermé ses portes.

 

Une grâce de femme est dans ces trois enfants :

C'est que tous trois sont faits, vaincus ou triomphants,

Des grâces de Sarah qui fait toutes les femmes.

 

Et Phèdre et Jeanne d'Arc palpitent dans la chair

De ce Lorenzaccio qui prépare les lames

De l'Hamlet, Aiglon noir, de l'Aiglon, Hamlet clair.

 

Ainsi Sarah Bernhardt a joué un rôle dans l'évolution symboliste en se pliant à son esthétique symboliste et en la diffusant.

En attendant, les poètes de la Renaissance exaltent Baudelaire. On sent que sa mémoire leur est chère et l'emprise sur les cerveaux de ce génie, encore si contesté, et que les symbolistes brandiront comme un drapeau, s'avère chaque jour grandissante.

En 1873 parurent trois volumes auxquels d'ailleurs personne ne prit garde, mais qui auront une grande répercussion sur le mouvement symboliste :

 

Une Saison en enfer, d'Arthur Rimbaud.

Les Amours jaunes, de Tristan Corbière ;

Le Coffret de Santal, de Charles Cros.

 

En 1874, Cros publie la Revue du Monde nouveau, qui n'eut que quelques numéros, mais où collaboraient Stéphane Mallarmé, Léon Dierx, Villiers de l'Isle-Adam, Germain Nouveau, Zola.

 

Note

I. La Plume, n° 276.


 

 

 

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Pour citer cet article de l'ancêtre 

 

 

Ernest Raynaud, ​​​​​« Sarah Bernhardt ou le portrait de la muse puissante de la mêlée symboliste », chapitre choisi, transcrit, légèrement rectifié, titre modifié & une précision par Dina Sahyouni de RAYNAUD, Ernest (1864-1936), La mêlée symboliste (1870-1890) : portraits et souvenirs, vol. I (1920-1922),  Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N°13 | PRINTEMPS 2023 « (Auto)Portraits poétiques & artistiques des créatrices », mis en ligne le 24 mai 2023. URL :

 

http://www.pandesmuses.fr/no13/eraynaud-sarahbernhardt 


 

 

 

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30 avril 2023 7 30 /04 /avril /2023 18:58

Événements poétiques | Festival International Megalesia 2023 | Entretiens poétiques, artistiques & féministes & REVUE ORIENTALES (O) | N° 2-1 | Editorial | Matrimoine

 

 

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Les voyageuses & leurs voyages en poésie

 

 

 

 


 

 

 

Dina Sahyouni

Fondatrice & directrice de publication de plusieurs revues dont Orientales

 

 

 

 

Crédit photo : Delphin Enjolras, "A Favourite Book", image libre de droits, capture d'écran par LPpdm.

 

 

 

Ce premier volet sur les voyageuses et leurs voyages réels et fictifs met en lumière les nombreuses façons de voyager lorsqu'on est une artiste, une journaliste, une poète... ou une lectrice, une historienne... en prenant des chemins de traverse par l'intermédiaire de l'écriture, des musées, des arts, des livres, des rêves, des travestissemens ou en se déplaçant physiquement d'un endroit à un autre sur cette planète. Tous ces voyages artistiques, poétiques réels ou imaginaires ainsi que les œuvres (artistiques, poétiques, mystiques, éditoriaux, etc.) qu'ils génèrent s'inscrivent dans une géographie poétique, artistique et esthétique. D'emblée, ce volet comme les autres qui viendront sur ce genre de thématiques font partie de ce qui est connu sous les appellations de « Géopoétique » et « Sociopoétique », nous y ajoutons les trois nouvelles notions suivantes : la géoartistique, la géoesthétique et la Socioesthétique puisqu'une géographie esthétique et une sociologie esthétique se déploient sous nos yeux avec ses propres caractéristiques et étendues. De même, nous formons la notion de géoartistique pour qualifier, entre autres, une manière de penser l'art, le monde, l'univers ou tout simplement la géographie esthétique du vivant ou celle des univers. Or, parler des voyageuses et de leurs voyages renvoie aux rêveries et aux rêves parce que voyager est souvent synonyme de dépassement onirique ou non et c'est souvent consentir à traverser un périple c'est surtout faire un geste en se déplaçant ou en ouvrant les fenêtres et les portes invisibles de son esprit. Et ce n'est pas n'importe quel geste, c'est un geste altruiste, un pas vers l'altérité en soi et hors le soi.

 

 

Longtemps, une histoire hégémonique du voyage et de ses principales figures comme celle de leurs représentations dans tous les domaines ou presque était essentiellement faite au masculin et pour glorifier des exploits d'hommes. Ce premier volume vient ainsi témoigner d'une autre manière d'examiner les faits des siècles passés en ouvrant une brèche à celles mises à côté, minorées ou censées avoir des parcours peu marquants. Ce premier volume rétablit une partie de ce que l'on (re)découvre à travers les parutions récentes et les recherches dans les archives sur la capacité des femmes à être des exploratrices comme les hommes, la capacité des femmes d'être des voyageuses comme les hommes voyageurs et, de parler et de représenter leurs voyages et leurs univers dans leurs créations comme les hommes. D'emblée, elles peuvent comme les hommes voyager à travers les personnages qu'elles créent. Les voyageuses sont donc bien nombreuses, leurs voyages sont aussi bien nombreux. Les voyageuses font découvrir aux personnes qui acceptent de suivre leurs traces l'immensité de leurs talents.

 

Voilà pourquoi une critique et une réceptions féministes ne suffisent guère à comprendre et à lire les traces laissées par ces créatrices, il nous faut aussi installer une nouvelle manière de réceptionner et critiquer les ouvrages et traces des femmes, pour cela nous faisons appel au néologisme suivant Poécritique féministe qui permet de critiquer et de réceptionner poétiquement et féministement ces traces et ouvrages et d'en parler en incitant le lectorat (lectrices et lecteurs...) à défier les préjugés sur les femmes et sur leurs œuvres pour s'en emparer et découvrir leurs richesses et intérêts. La poécritique féministe permet entre autres d'analyser les discours et les ouvrages avec les outils d'une poétique féministe, sa méthodologie et ses modèles interprétatifs.

 

L'équipe féministe de cette jeune revue vous remercie chaleureusement d'avoir participer à ces aventure et prise de risque de sortir des habitudes pour être en partance avec nous pour arpenter ensemble de nouveaux sentiers intellectuels et défaire les frontières des idées reçues, des malentendus, des conflits et des préjugés vifs entre deux mondes très anciens mais toujours vivants et combatifs que sont l'Orient et l'Occident.

Il ne me reste que de vous souhaiter un agréable voyage à travers ces pages !*

 

 

© Dina Sahyouni

 

* Les nouveaux néologismes cités dans ce texte ont été créés par Dina Sahyouni et apparaissent définis dans ses Dictionnaires... en cours de réalisation.

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Pour citer cet éditorial inédit

 

Dina Sahyouni, « Les voyageuses et leurs voyages en poésie » Revue Orientales, « Les voyageuses & leurs voyages réels ou fictifs », n°2, volume 1, mis en ligne le 30 avril 2023. URL : 

http://www.pandesmuses.fr/periodiques/orientales/no2/ds-edito-voyageuses

 

 

 

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13 mars 2023 1 13 /03 /mars /2023 14:06

N°13 | (Auto)Portraits poétiques & artistiques des créatrices | Dossiers majeur & mineur | Articles & témoignages | Revue Matrimoine

 

 

 

 

 

 

 

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​​​​​​Bella Clara Ventura, une figure incontournable

 

 de la littérature féminine latino-américaine

 

 

 

 

 

 

Article & photographies

Maggy de Coster

Site personnel

Le Manoir Des Poètes

 

 

 

 

© Crédit photo : Portrait de Bella Clara Ventura lisant dans un jardin, image fournie par l'autrice.

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Bella Clara Ventura, cette colombo-mexicaine, sait bien allier la profondeur du verbe à la fantaisie de l’imaginaire. Elle est cette âme généreuse qui sait donner tant en amour qu’en amitié, ainsi l’amour occupe une place importante dans ses écrits. Cet amour peut prendre aussi bien la forme d’un Éros endiablé et désarmant qu’un parangon universel.

 

© Crédit photo : Première de couverture illustrée par German Tessaloro du recueil "La voix de la passion", Éditions L'Harmattan de Bella Clara Ventura, traduit de l'espagnol en français par Maggy De Coster, image fournie par la traductrice.

 

 

 

C’est une créatrice qui sait donner un corps et une âme à ses écrits si bien qu’en la lisant on a l’impression de vivre les séquences décrites. Son écriture est sincère, vibrante, énergisante et dynamique tout comme elle-même dans la réalité, donc elle ne triche pas. Son optimisme transparaît tellement dans son œuvre poétique et romanesque qu’il peut devenir même contagieux. Tout est prétexte à l’écriture pour elle : l’absence, le bonheur, le départ d’un être cher etc. Elle est une poète accomplie. Elle vit la vie à pleine conscience et dans cette perspective elle parle de « magie-conscience », un joli néologisme qui dénote le rôle actif que joue un individu dans la réalisation de ses désirs en s’insufflant de l’énergie positive. 

 

Bella Clara s’est fait une place importante dans la littérature qui est son chemin de vie et en conséquence elle demeure une figure incontournable de la littérature féminine latino-américaine. « Femme de mille mondes », selon sa propre expression, ou pour emprunter à Verlaine son expression consacrée à Rimbaud, elle est cette « femme aux semelles de vent » qui sillonne la planète à la faveur des manifestations littéraires. « Je suis la voile, l’ancre et le vent à bâbord. » avoue-t-elle.

 

 

© Crédit photo : Première de couverture illustrée par German Tessaloro du recueil "Liberté hôtesse du cœur", Éditions du Cygne 2012 de Bella Clara Ventura, traduit de l'espagnol en français par Maggy De Coster, image fournie par la traductrice.

 

 

Mais elle a fini par poser sa valise en Israël où elle est foudroyée par l’amour de son prince charmant devenu son époux dont elle est inséparable et qui est devenu sa muse. Cela n’empêche qu’elle continue d’être sollicitée dans toute l’Amérique latine et en Espagne où elle est chaque fois mise à l’honneur. 

 

 

© Crédit photo : Maison de l'Amérique latine : Présentation de "Liberté hôtesse du cœur", Éditions du Cygne2012 de Bella Clara Ventura sous l'égide du "Manoir des Poètes" par Maggy De Coster, image fournie par l'autrice.

 

© Crédit photo : Bella Clara Ventura lisant ses poèmes à la Maison de l'Amérique latine : présentation de "Liberté hôtesse du cœur" de Bella Clara Ventura sous l'égide du "Manoir des Poètes" par Maggy De Coster, image fournie par l'autrice.

 

 

 

Comme dit Corneille par la voix de l’Infante de Castille « L’amour est un tyran qui n’épargne personne ». Chaque fois que cet amour est confronté à la distance géographique elle le sublime par des notes poétiques pour pallier l’absence. Prolifique en écriture elle a écrit une quarantaine romans et poésie. Quatre de ses recueils de poèmes sont consacrés à son époux bien-aimé : « 55 jours sans toi », « Les Semences de l’absence », « Sur les rails du bonheur » et « Oasis du cœur », tous publiés aux Éditions du Cygne.

Concernant son roman La Voix de la passion, dont je suis la traductrice et qui est publié chez l’Harmattan en 2014, c’est un roman comme on n’en a jamais lu sur le plan narratif et en matière de temporalité tant qu’il y a une multiplicité d’actions à retentissement qui défient toute vraisemblance. 

 

© Crédit photo : De gauche à droite: Maggy De Coster, Patrice Kanozsai, directeur des Editions du Cygne, Bella Clara Ventura et Jean-François Blavin à la Maison de l'Amérique latine : présentation de "Liberté hôtesse du cœur" de Bella Clara Ventura sous l'égide du "Manoir des Poètes" par Maggy De Coster, image fournie par l'autrice.

 

 

Il s’agit d’une voix, intemporelle, je dirais spatio-temporelle, immatérielle qui s’immisce dans le quotidien de deux jeunes amants Angel et Margarita, les personnages principaux du roman dont le destin allait être scellé lors d’une rencontre poétique internationale. D’entrée de jeu, disons que cette voix est pour le moins voyeuse, voire surprenante, mais aussi de bon conseil. Schématiquement on peut dire que c’est une voix experte qui est missionnée par la passion pour consolider l’amour entre les couples. Aussi arpente-t-elle le monde pour prodiguer.  De constat en constat, elle s’insurge contre toute forme d’injustice, s’indigne contre le barbarisme et j’en passe. Dans cette ligne de pensée, elle se révèle la voix authentique de l’Amour, c’est-à-dire de l’Agapè comme pour signifier l’amour de l’Humanité.

 

 

 

© Crédit photo : Portraits des créatrices Bella Clara Ventura & Maggy De Coster photographiées en noir et blanc par Philippe Barnoud, image fournie par l'autrice.

 

 

 

J’ai eu également le bonheur de traduire de l’espagnol son recueil de poème de Liberté, hôtesse du cœur, publié aux Éditions du cygne en 2012. C’est un éloge du retour vers soi-même, la source intarissable de richesses, cependant négligée ou méconnue. Cette liberté d’être soi-même nous fait retrouver le paradis perdu que nous pouvons re-créer sur Terre par des mots et des actes. Un retour à l’état nature, à la simplicité, à l’in-vu, si bien décrit par Saint-Exupéry comme étant l’essentiel. La liberté est un oiseau-enfant que nous logeons tous en nous. Et voilà des vers qui nous chuchotent cette vérité à l’aide des métaphores émanant d’une auteure colombo-mexicaine, peintre des envolées de l’âme. Artisan de paix, elle veut extraire de la jungle son parfum pour le distiller à l’humanité. 

 

© Maggy De Coster

 

URL :

https://bellaclaraventura.com/

 

 

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Pour citer ces photos & article inédits​​​​​​

 

Maggy De Coster (texte &  photos fournies), « Bella Clara Ventura, une figure incontournable de la littérature féminine latino-américaine »Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N°13 | PRINTEMPS 2023 « (Auto)Portraits poétiques & artistiques des créatrices », mis en ligne le 13 mars 2023. URL :

http://www.pandesmuses.fr/no13/mdc-bellaclaraventura-portrait

 

 

 

 

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28 février 2023 2 28 /02 /février /2023 13:00

N°13 | (Auto)Portraits poétiques & artistiques des créatrices | Revue Matrimoine |  Réception d'autrefois /Presse, Média...

 

 

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Avant-propos 

 

 

 

 

 

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Anne-Marie Botteau (18??-1???)

Historienne française du matrimoine

Texte & réception journalistique choisis, transcrits & présentés par Dina Sahyouni

 

 

 

 

 

​© Crédit photo : Première de couverture de l'œuvre de l'historienne Anne-Marie Botteau photographiée par DS pour LPpdm.

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Le texte ci-dessous provient de ​​​​​​BOTTEAU, Anne-Marie, Recueil de notices historiques sur les femmes remarquables depuis la création jusqu'à nos jours, [par Mlle Anne-Marie Botteau], se trouve dans les principales librairies en France et à l'Étranger, et à Strasbourg, chez X.-H. LE ROUX, 34, rue des Hallebardes, 1878, pp. V-VI. Cette œuvre appartient au domaine public.

 

Page V

 

Avant-Propos

 

 

Parmi les nombreux recueils composés jusqu'à ce jour par les auteurs du plus grand mérite, j'ai cherché vainement un ouvrage du genre de celui que je publie aujourd'hui, et que j'offre aux jeunes filles, pour leur faciliter tout travail de recherches, et en faire une étude nouvelle et agréable.

J'ai dû naturellement ne m'occuper que de ce qui pouvait leur être adressé, et après un travail long et consciencieux, j'ai l'espoir d'avoir atteint mon but.

 

J'ai rassemblé les noms de quatre cent cinquante femmes des plus remarquables, qui ont joué un rôle dans l'histoire, soit par leur influence politique ou religieuse, soit par leurs talents, leurs vertus, leur courage, et voire même par leurs vices.

Je les ai classées par nation et par siècle, et à chacune d'elles, j'ai mis en regard d'une date exacte, une courte notice historique qui résume le [Page VI] caractère ou le fait le plus saillant qui leur est attribué.

J'ai cité aussi à dessein quelques figures de la Mythologie, afin d'initier les jeunes personnes qui ne connaissent pas encore cette branche, aux principaux personnages qu'on rencontre à chaque instant, dans la lecture, dans nos musées, et dont on voit les statues orner nos parcs et nos jardins.

J'ose espérer que les parents et les institutrices apprécieront l'utilité de ce nouveau livre classique, et lui réserveront un accueil favorable.


 

Présentation

 

En 2022, j'ai découvert par hasard l'existence de cet ouvrage et celle de l'historienne française du matrimoine complètement ignorée Anne-Marie Botteau en cherchant des critiques et autres informations sur les femmes poètes dans la presse écrite féminine et féministe du XIXème siècle, et plus précisément dans la Gazette des femmes (Cf. Voir plus loin la transcription que j'ai faite de la réception du livre dans la gazette en question). Une fois la surprise de n'avoir jamais lu, ni entendu parler de cette historienne s'est évaporée, j'ai pu lire son ouvrage et ai effectué en vain des recherches sur la vie de l'historienne oubliée. Son œuvre contient des notices sur des "femmes remarquables" de l'histoire universelle de la poésie, elle fait donc partie du matrimoine poétique universel. C'est pour cela, je vous propose aujourd'hui de prendre part à cette quête des traces de l'aïeule Anne-Marie Botteau qui semble avoir écrit une encyclopédie introuvable sur les femmes (en dehors de son œuvre en cours de transcription pour une publication complète petit-à-petit dans Le Pan Poétique des Muses). Je compte sur votre précieuse aide dans l'annotation ou des ajouts utiles de toutes sortes permettant d'enrichir cette édition numérique et lui donner une chance de paraître en format livresque avec un travail éditorial que j'espère collectif).


 

Comme l'on peut facilement remarqué, l'« Avant-propos » donne des indications précises sur la genèse, la portée de l'ouvrage et le lectorat auquel il s'adresse. Anne-Marie Botteau a collecté et rédigé ces notices classées alphabétiquement et chronologiquement pour combler un vide laissé par les historiens et une injustice faite aux femmes dans les livres de l'histoire. Elle veut transmettre aux jeunes personnes et surtout aux filles un précis historique d'une généalogie au féminin où des femmes du monde entier et qui ont marqué l'histoire sont citées. Par ce savoir historique sur des  femmes remarquables, elle tente d'ouvrir les yeux de la jeunesse de son époque sur la capacité des femmes à tracer leurs propres voies et à laisser des traces indélébiles pour les générations à venir. Sa démarche permet de faire comprendre à la jeunesse de son époque que l'Histoire est faite par des femmes et des hommes et non pas uniquement par les hommes.

 

 

Réception dans la presse écrite :

 

La Gazette des Femmes : revue du progrès des femmes dans les beaux-arts et la littérature, l'enseignement et la charité, la musique et le théâtre, (1878). directrice Antonie Jauffret

 

 

© Crédit photo : Une partie de la première page de la "Gazette des femmes..." photographiée par DS pour LPpdm.

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[Une Partie des] Nouveautés littéraires

 

[Page 2]

 

Recueil de notices historiques sur les Femmes remarquables depuis la création jusqu'à nos jours,

par Mlle Marie-Anne BOTTEAU. Strasbourg, Le Roux, 1878 ; in-8°, 3fr. 50. – Les sympathies de la Gazette des Femmes étaient acquises d'avance à ce travail historique fait sur les femmes par une femme. Les sympathies de nos lectrices ne sauraient non plus lui manquer. Il comprend des notices sur pas moins de 450 personnes de toutes les époques et de tous les pays, classées judicieusement. C'est l'œuvre d'un esprit vaste et éclairé qui a eu le bon goût de se faire électrique et qui, comme nous, atteint la femme dans ses mérites divers. Le lecteur fera lui-même ses exclusions. Ce répertoire renferme trop de figures pour que chacune ait la place que souvent on voudrait lui voir occuper, tel serait le seul reproche à formuler. Il ne faudra pas s'étonner de voir la Brinvilliers à côté de sa contemporaine, Marie Alacoque ; l'auteur, Mlle Botteau, nous a prévenus, il a dressé un manuel pour l'instruction publique et non pas élevé un panthéon. C'est pourquoi aussi on remarque à côté des grandes figures de l'histoire quelques silhouettes tirées des profondeurs du paganisme.

Ce livre est édité à Strasbourg, par Le Roux, mais on le trouve à Paris, chez Ollendorf. – V.V.

 

La réception ci-dessus provient du périodique La Gazette des femmes : revue du progrès des femmes dans les beaux-arts et la littérature, l'enseignement et la charité, la musique et le théâtre, Antonie JAUFFRET (directrice), Jean ALESSON (rédacteur en chef), N° 49, 10 Décembre 1878, p. 2. Cette presse écrite appartient au domaine public.

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Pour citer ces textes & images du matrimoine ​​​​​​

 

Anne-Marie Botteau, « Avant-Propos », textes de BOTTEAU, Anne-Marie, Recueil de notices historiques sur les femmes remarquables depuis la création jusqu'à nos jours (1878) & La Gazette des femmes : revue du progrès des femmes dans les beaux-arts et la littérature, l'enseignement et la charité, la musique et le théâtre (1878), choisis, transcrits & présentés par Dina Sahyouni pour Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N°13 | PRINTEMPS 2023, mis en ligne le 28 février 2023. URL :

http://www.pandesmuses.fr/no13/am-botteau-avantpropos

 

 

 

 

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19 février 2023 7 19 /02 /février /2023 11:17

N°13 | (Auto)Portraits poétiques & artistiques des créatrices | Revue Matrimoine | Revue culturelle d'Europe

 

 

 

 

 

 

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​​​​​​Les femmes de l'ombre à la lumière

 

 

 

 

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Article de

 

Françoise Urban-Menninger

 

Blog officiel : L'heure du poème

 

 

Photographie du tableau de

Hélène de Beauvoir prise en photo par

 

 

Claude Menninger

 

 

 

 

 

 

© Crédit photo : Hélène de Beauvoir, "Femmes au Maroc" (femmes au Maroc) par prise en photo par Claude Menninger lors de l'exposition au musée Würth à Erstein. Image fournie par l'autrice.

 

 

 

L'Histoire témoigne de ce que derrière chaque homme célèbre se cache l'intelligence méconnue d'une femme, épouse, fille, collaboratrice... Jules Renard n'affirmait pas autre chose quand il écrivait « Dans l'ombre d'un homme glorieux, il y a toujours une femme qui souffre ».


 

L'anthropologue Wiktor Stoczkowski, chercheur au Collège de France, révèle que l'historien Léopold Delisle, administrateur de la Bibliothèque nationale de 1874 à 1905, doit en grande partie sa réussite à son épouse Laure Delisle qui fut son assistante et sa collaboratrice. Il cite de nombreux couples qui ont « fonctionné » selon ce schéma comme les Lavoisier ou encore les Durkheim.

Il est en effet établi de nos jours que Louise, l'épouse du sociologue Emile Durkheim, relisait et corrigeait ses manuscrits.

 

Il en fut de même avec Emma, l'épouse de Charles Darwin qui a corrigé « L'origine des espèces ». Quant à leur fille Henrietta, elle a également contribué à faire connaître les travaux de son père. N'oublions pas Jenny von Westphalen, aristocrate, sociologue qui fut l'épouse de Karl Marx et qui, pour le suivre, a accepté le déclassement, la misère, les expulsions successives et même les humiliations ! Pourtant Victor Fay dans un numéro spécial de « L'Homme et la société » dédié au 150 e anniversaire de la mort de Marx, expliquait que Jenny Marx fut la secrétaire, la copiste le bras droit de son époux ! Il rapporte une phrase prononcée par Engels : « Sans Jenny, le travail de Marx n'aurait jamais pu être ce qu'il était ». On ne peut être plus clair !

 

Et bien évidemment, si certains hommes ont officiellement témoigné leur reconnaissance à une figure féminine, d'autres les ont laissées à dessein dans l'ombre tandis qu'ils brillaient sous les feux de la rampe.

Janet Browne dit de ces femmes oubliées qu'elles sont « des fantômes patients derrière la quête infinie de la perfection ».







 

Mais aujourd'hui bon nombre de femmes voient leurs talents enfin mis en lumière !

 

 

 

© Crédit photo : Alma Mahler en 1899, portrait photographique capturé de Wikipédia par l'autrice.

 

 

 

On songe d'emblée à Alma Mahler née Schindler qui fut tour à tour l'épouse de Gustave Mahler, de Walter Gropius puis de Franz Werfel après avoir été la compagne d'Oskar Kokoschta. Appelée « la Veuve des quatre arts » car elle avait connu l'amour avec un musicien (Mahler), un architecte (Gropius), un peintre (Kokoschta) qui avait réalisé plus de 400 portraits de celle qui fut sa muse, un écrivain (Werfel), cette femme magnifique cumulait tous les talents.

En épousant Gustav Mahler qui avait 19 ans de plus qu'elle, Alma avait renoncé à la musique alors qu'elle avait commencé très jeune à composer des Lieder. À ce jour, on en connaît 14 ou 16, or une centaine sont encore inédits !


 

D'autres femmes ont pu accéder à la littérature en s'affranchissant de la tutelle masculine. Ce fut le cas de Colette qui servit de « porte-plume », selon l'expression de d'Eliane Viennot, jusqu'en 1923 à son mari surnommé «  Willy ». Et que penser de Catherine Pozzi trahie par son amant Paul Valéry qui puisa une part de son inspiration dans un écrit de sa maîtresse  qui porte le titre éminemment poétique de « Peau d'âme » ?

 

Aujourd'hui les femmes tentent de mettre ou de remettre en lumière, celles qui sont restées trop longtemps dans l'ombre et, qui pourtant, ont contribué à la mise en avant d'un homme entré dans l'Histoire.

 

 

 

 

 

© Crédit photo : Suzanne Césaire, portrait photographique capturé de Wikipédia par l'autrice.

 

 

 

Suzanne Césaire en est un exemple, l'épouse et muse du grand poète Aimé Césaire, fut une autrice à part entière que l'on fête aujourd'hui dans les Antilles où elle est devenue l'initiatrice d'une importante lignée d'autrices féminines.

 

Belle de corps et d'esprit, Suzanne Césaire a animé avec son époux la fameuse revue « Tropiques » de 1941 à 1945. Dans « Le grand camouflage », édité par Daniel Maximin et qui donna lieu au spectacle « Fontaine solaire », on redécouvre la pensée de Suzanne Césaire en lien avec les théories du philosophe Leo Froebius qui affirmait que « l'homme est l'instrument de la civilisation », elle y renoue avec le beau mythe de « L'Homme-plante » et nous donne à lire des textes d'une étonnante modernité témoignant d'un esprit libre et d'avant-garde.

Que penser également du destin de Louise Colet dont on redécouvre les poèmes exceptionnels jugés naïfs par Flaubert et les flaubertistes ?

 

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© Crédit photo : Auguste Charpentier, "George Sand", 1838, peinture capturée de Wikipédia par l'autrice.

 

 

L'on comprend dès lors qu'il n'était pas aisé pour une femme de signer ses écrits en tant que telle. L'on songe à Amantine, Aurore, lucile Dupin qui rédigea son premier livre avec Jules Sandeau intitulé « Rose et Blanche » qu'ils signèrent du nom de Jules Sand. Le succès étant au rendez-vous, Aurore Dupin choisit un nom de plume masculin à l'instar de la tenue vestimentaire qu'elle avait adoptée pour être plus à l'aise lorsqu'elle allait à la chasse. George Sand était née !

Sa démarche novatrice fut suivie par d'autres femmes qui se l'approprièrent comme Marie d'Agoult qui prit le pseudonyme de Daniel Stern ou encore Delphine de Girardin qui écrivit sous le nom de Charles Launay.

 

Mais le domaine des arts et de la littérature n'a pas le monopole des figures féminines enfouies dans les oubliettes de l'Histoire.

Une importante exposition itinérante initiée par le Mémorial de la Ville de Nantes, dédié aux traites négrière, à l'esclavage et à son abolition,  a remis dernièrement à l'honneur des femmes oubliées, méconnues, voire inconnues qui ont contribué à faire abolir l'esclavage. 

On y redécouvre la figure de Sanité Belair d'origine haïtienne qui combattit avec courage sous l'uniforme aux côtés de l'officier Toussaint Louverture lors de la Révolution haïtienne, elle fut arrêtée avec ce dernier mais ne pouvait être passée par les armes en tant que femme... 

Cependant, le bourreau ne réussissant pas à la décapiter, elle fut fusillée tout comme Toussaint Louverture et accéda ainsi, bien malgré elle, à ce que l'on appelle la parité !

Une autre icône de la cause noire, Héva, une esclave maronne a inspiré par son courage de nombreuses oeuvres littéraires. Claire en Guyane française, suppliciée puis pendue devant ses enfants, Dandara au Brésil qui se jeta dans le vide pour échapper à sa condition, la mulâtresse Solitude, torturée et mise à mort le lendemain de son accouchement, sont autant de femmes exceptionnelles.

 

Cudjoe Queen Nanny est vénérée en Jamaïque pour avoir aidé les esclaves à se libérer avec la technique des guérilleros. La dévotion est telle à son égard que son portrait figure sur un billet de banque !

 

L'abolitionniste américaine Sojourner Truth gagna le premier procès intenté par une femme noire pour récupérer son fils ! Elle montait dans les tramways interdits aux noirs bien avant Rosa Parks et prononça un discours emblématique  en 1851 intitulé « Ne suis-je pas une femme ? » à la National Women's Right's Convention.

 

 

Anne Zinga, la superbe reine au caractère bien trempé du Ndogo et du Matamba de 1582 à 1664, l'actuel Angola, disposait d'un pouvoir absolu. Elle tint tête aux Portugais et agit en fine stratège, elle refusa de leur livrer les 13000 esclaves qu'ils réclamaient et évita ainsi la colonisation de son pays.

 

 

On connaît également le rôle d'avant-gardiste d'Olympe de Gouges, membre de la société des Amis des Noirs, dans son combat pour l'abolition de l'esclavage. Auteure de la Déclaration des Droits des Femmes, elle dénonça l'esclavage dans une pièce intitulée « Zamore et Mirza » qui lui valut l'opprobre de certains politiques, voire des menaces de mort…

 

N'oublions pas le destin exceptionnel d'Harriet Tubman que le président Barack Obama souhaitait honorer en créant un billet de banque à son effigie. Mais arrivé au pouvoir, Donald Trump en décida autrement, considérant cette proposition « politiquement non correcte » ! Or, celle que l'on appelle encore aujourd'hui « La Moïse Noire », aida plus de 70 esclaves à s'évader. Elle-même avait réussi à s'échapper lors de la guerre de Sécession pour se retrouver en Pennsylvanie où elle fut soutenue en 1840 dans son action par un réseau de sympathisants de la cause Noire « L'Underground Railroad ».

 

Cette exposition itinérante en France a apporté sans nul doute un éclairage essentiel sur l'esclavage et mis en avant des femmes discriminées parce qu'elles étaient femmes, esclaves et noires et qui ont payé un lourd tribut pour défendre leur liberté et leurs idées.

 

L'une des figures britanniques emblématiques fut sans conteste Emeline Pankhurst qui fut indéniablement la pionnière pour la lutte des droits des femmes en créant le Woman's Social Political Union (WSPU). Son combat acharné avec les suffragettes permit aux femmes d'acquérir le droit de vote en 1948.



 

Mais si de nombreuses femmes manquent encore d'éclairage et restent dans l'ombre d'un homme célèbre, il en existe quelques unes qui ont vécu ou souffert dans l'ombre d'une autre femme !

 

S'il faut en fournir un exemple, l'on peut citer derechef la compagne de Marguerite Yourcenar, Grâce Frick qui fut à la fois chercheuse, traductrice et compagne de la première femme à entrer à l'Académie française.

Dans le livre de Bruno Blancheman « Grâce une seconde » on découvre la traductrice des « Mémoires d'Hadrien » avec laquelle Marguerite Yourcenar  partit vivre aux Etats-Unis en 1934. Cette relation fusionnelle est explorée aussi bien sur le plan littéraire que relationnel et permet de comprendre le rôle essentiel de Grâce Frick dans l'oeuvre de Marguerite Yourcenar.

 

Bien d'autres femmes ont pris toute la lumière aux dépens d'une compagne, d'une sœur...Il en est peut-être ainsi de Simone de Beauvoir dont il est inutile de répéter ici, en quoi elle a changé le destin des femmes de par le monde.

Son injonction, « On ne naît pas femme, on le devient », résonne dans tous les esprits, revient dans tous les combats.

 

Mais qui s'intéresse à l'oeuvre d'Hélène de Beauvoir, sa soeur peintre, qui lorsque je l'ai rencontrée à la fin des années 90 à Goxwiller en Alsace, se disait oubliée des siens, de Paris, de l'art officiel ?

Hélène de Beauvoir souffrait visiblement du manque de reconnaissance de sa propre sœur qui jugeait « mauvaise sa peinture » et ne supportait plus d'être la sœur de...Fort heureusement, ses œuvres ont été présentées dans une grande exposition rétrospective au musée Würth situé à Erstein en Alsace.

Hélène de Beauvoir a enfin retrouvé sa place de combattante et de militante pour les droits des femmes car c'est elle, m'a-t-elle confié, qui a influencé Simone de Beauvoir en ce qui concerne les problématiques de la condition féminine.

Malheureusement lors de son vivant, Hélène est restée l'éternelle « Poupette » croisée dans les « Mémoires d'une jeune fille rangée » rédigées par sa soeur et n'a pas acquis la notoriété de cette dernière… Mais l'Histoire change parfois de cours et apporte au fil du temps un nouvel éclairage et une autre lecture !


 

Autant dire que les femmes de l'ombre ont un bel avenir devant elles car un grand mouvement pour leur reconnaissance est actuellement en marche. Des publications, des expositions, des revues, des colloques ou des sites comme celui du Pan Poétique des Muses, ont pour vocation de leur redonner la parole et de leur offrir cette lumière qui relève de notre devoir de mémoire.

 

 

© Françoise Urban-Menninger

 

 

***


 

Pour citer ces texte & image inédits ​​​​​​

 

Françoise Urban-Menninger, « Les femmes de l'ombre à la lumière » avec une photographie du tableau de l'artiste Hélène de Beauvoir prise par Claude MenningerLe Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N°13 | PRINTEMPS 2023 « (Auto)Portraits poétiques & artistiques des créatrices », mis en ligne le 19 février 2023. URL :

http://www.pandesmuses.fr/no13/fum-femmesdelombre

 

 

 

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