2 juillet 2025 3 02 /07 /juillet /2025 16:42

N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | Essais ou manifestes | Leçons, méthodes & méthodologies en poésie | Revue poépolitique

 

 

 

 

 

 

 

Des mots pour vaincre & convaincre


 

 

 

 

 

Article inédit par

 

Maggy de Coster

 

Site personnel

Le Manoir Des Poètes

 

 

© Crédit photo : « Lyre » dessin non signé appartenant au domaine public. Image photographiée par LPpdm & trouvée dans un recueil de poésie du XIXsiècle.

 

 

 

Les mots sont une arme à double tranchant. Ils peuvent blesser comme ils peuvent panser. De ce fait, ils ont le pouvoir de créer, d’éclairer, de dissuader, de persuader et en résumé, de changer le cours des choses en induisant des prises de conscience. 

Ils doivent être bien pensés avant d’être utilisés pour produire l’effet escompté donc pour ne pas trahir l’intention de base.

On peut utiliser les mots pour fustiger toute atteinte à la liberté individuelle. Et Paul Éluard dans son poème intitulé «  Liberté » a donné la preuve que la poésie est un moyen d’expression pour lutter contre la privation de ce droit inaliénable qui est garantie par l’article 66 de la Constitution.

Quant à la liberté d'expression, elle est elle-même inscrite à l'article 11 de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen (DDHC) de 1789. Elle participe des droits fondamentaux. La liberté d'expression conditionne l'exercice d'autres libertés comme la liberté d'opinion, par exemple.

Les mots changent de sens pour s’adapter aux contextes socioculturels et pour répondre à des besoins créés par la société de consommation. Ils reflètent également l’influence culturelle et économique des communautés immigrantes avec leurs propres revendications.

 

Qu’en est-il du langage ?

 

Le langage s’enrichit également de l’apport des nouvelles technologiques 

On peut sans conteste dire que la technologie est le fer de lance de l’évolution du langage dans la société 

Malgré la complexité du langage, les êtres humains arrivent toujours à se communiquer même par des gestes simples. Les mots n’ont pas toujours l’exclusivité dans les relations humaines car la communication non verbale y a aussi sa place. Le langage peut revêtir plusieurs formes :

La gestuelle, les expressions corporelles ou faciales ou encore les manifestations physiologiques sans abstraire, bien évidemment le langage des signes. À cela s’ajoutent les émojis, le bruitage, les idéogrammes etc.

Si les mots ont un réel pouvoir de création il n’en demeure pas moins qu’ils ont également le pouvoir d’orienter les comportements et la pensée afin endormir les consciences. Ainsi le réel se trouve maquillé et enjolivé à des fins de manipulation ou de propagande politique. 

 

Qu’en est-il de la littérature ?

 

La littérature est une voie d’éveil intellectuel. Pour étayer notre propos on peut citer Victor Hugo dans  Les derniers jours d’un condamné  où la peine de mort est dénoncée comme étant une barbarie. Cette bataille au long cours a conduit à l’abolition de la peine de Mort en France via la loi du 9 octobre 1981 par l’entremise du Ministre de la Justice Robert Badinter. 

En tant que témoin de son temps, dans Les Misérables, Victor Hugo dénonce les injustices sociales et décrit la misère de l’époque.

La littérature ou la poésie est une force qui attire les autres vers. L’une et l’autre permettent de dire le monde et d’être en résonance avec les êtres vivants qui le constituent et c’est aussi un refuge dans les moments trouble et de vertige. Quant à la poésie tout court, par la brièveté de sa forme, elle se prête mieux à l’apprentissage de la lecture et reste en mémoire plus longtemps. Elle a une fonction cathartique également. 

 

Conclusion

 

Du Moyen Âge à nos jours que d’évolutions les mots n’ont-ils pas connu ? En faisant l’inventaire des pièces de théâtre on peut voir comment le langage a évolué, nombre de mots ont changé de sens. Par exemple Le Cid est non seulement une réussite dramatique mais possède un champ lexical très riche. Le langage théâtral d’alors est sans doute inadapté à notre époque. Le théâtre d’aujourd’hui utilise le langage commun pour ne pas créer de la distance.

Le langage et la pensée sont naturellement en interrelation et la littérature vise à communiquer des pensées, à influencer pour le mieux et voire à captiver. 

 

© Maggy De Coster

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Pour citer ce texte illustré & inédit

 

Maggy De Coster, « Des mots pour vaincre et convaincre », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : ÉTÉ 2025 | NO III NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES », 1er Volet, mis en ligne le 2 juillet 2025. URL :

https://www.pandesmuses.fr/2025noiii/mdc-desmots

 

 

 

 

 

Mise en page par David

 

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25 juin 2025 3 25 /06 /juin /2025 15:31

 

N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | La poésie dans tous ses états / Leçons, méthodes & méthodologies en poésie & REVUE ORIENTALES (O) | N° 4-1 | Varia & Actualité

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Exil & poésie.

 

Langue & vérité en temps d’exil

 

 

 

 


 

 

Conférence par

 

Salim Mokaddem

 

Philosophe, poète, auteur & professeur émérite à l’Université de Montpellier

Blog officiel : www.salimmokaddem.com

 

 

Avant-Propos & photographies par

 

Arwa Ben Dhia


Poète polyglotte, auteure, Ambassadrice de la Paix (CUAP), ingénieure brevets & docteure en électronique

Page Linkedin :

https://www.linkedin.com/in/arwa-ben-dhia-phd-0538b011/

 

 

 

Avant-Propos

 

À l’occasion de la quatrième édition du festival « La Tour Poétique » de l’association Apulivre dont le thème était l’exil, et qui a eu lieu du 12 au 15 juin 2025 à la Maison de la Vie Associative et Citoyenne du 15è arrondissement de Paris, le philosophe et poète Salim Mokaddem, professeur émérite à l’Université de Montpellier, a donné une conférence intitulée « Exil et poésie. Langue et vérité en temps d’exil ». Voici le texte de son discours :

© Arwa BEN DHIA

 

© Crédit photo : Première image de Salim Mokaddem durant son intervention intitulée « Exil et poésie. Langue et vérité en temps d’exil » lors du festival poétique de l'association Apulivre, juin 2025.

 

 

Exil et poésie. Langue et vérité en temps d’exil*

 

 

Le langage du poète et la langue de la poésie sont souvent difficiles à entendre car l’utilité et le quotidien de nos tâches de vie font que notre rapport aux mots est très souvent embué du rôle utilitariste ou fonctionnaliste que nous leur attribuons. La fonction symbolique du langage est alors réduite à une finalité de communication ou à une saisie pragmatique du langage en tant que tel. Les mots du quotidien, ceux de la tribu humaine, sont alors oubliés, façonnés ou malmenés dans un codage sémiotique où le sens est écrasé par la signification et où le mystère de ce qui est à l’origine du Monde des humains, qui fait de nous des parlêtres (selon le néologisme formé par Lacan), disparait dans le tumulte médiatique et informationnel de nos sociétés de flux verbaux et d’algorithmes incessants. Parler se réduit alors à communiquer des informations sur les choses qui apparaissent comme des données (data) du monde perçu, du réel de l’opinion, de ce qui fait le sens commun des choses du monde. 

Pourtant, la poésie institue dans la langue un autre rapport au monde, à l’être, à la vie humaine : elle nous rend, paradoxalement, à un monde d’enfance (infari) où le mot et la chose n’étaient pas encore saisis dans l’ordonnancement des hiérarchies du discours, où la parole était créatrice et où chanter, penser, dire sont le même. 

Qu’est-ce que le poème ajoute ou retire de notre rapport quotidien à la prose du monde ? Que dit le poème sur notre rapport au réel et de notre situation dans le monde ? 

 

1 — Logos, poïesis, cosmos 

 

La poésie est un art du langage qui exprime, à travers les mots, les sentiments d’infini se manifestant dans l’existence humaine ; elle vise donc à transformer le rapport au monde pour lui conférer un caractère plus intense, plus intime et en même temps plus spirituel, qu’on peut rapprocher d’une certaine pratique de magie ou d’action de transformation des choses de la vie en symboles et en expressions faisant du monde un autre monde, un monde transfiguré par une vision au sens plein du terme. Cette vision est de part en part une transformation de soi et du monde abolissant les divisions faciles par lesquelles nous agissons et vivons ordinairement le monde. Rimbaud a raison de parler alors de voyance ; non pas celle d’un symbolisme d’école ou de facile référence à un ésotérisme éclectique, plutôt exotique que véritablement voyageur. Le monde du poète est non pas un autre monde au sens où Nietzsche parle des arrière-mondes du religieux, mais un monde Autre qui transfigure celui dans lequel nous sommes, un monde qui apparaît comme créé, produit, inventé en même temps qu’il est nommé et dit par le langage de la poésie qui l’institue et le crée comme tel. 

Cette dimension peut être lyrique, élégiaque, hymnique, voire spéculative, mais, elle est toujours musicale en même temps que fortement ancrée dans une transcendance qui donne à l’âme humaine une dimension de transport (ce que signifie le terme de métaphore) et de déplacement dans un ailleurs (qui est exil) dont le poète garde la nostalgie depuis toujours. En ce sens tout poème est platonicien car il témoigne d’une volonté ou d’un désir de retour à une vraie vie, à un Azur incontestable par lequel le langage trouve sa plénitude dans son adéquation, non problématique et arbitraire, aux signes qui sont indistinctement le chant du monde et celui de sa vérité dans la libre subjectivité infinie du poète. 

Les hymnes antiques, ceux de Pindare, d’Homère, racontent ces noces de l’Autre et de l’Ailleurs dans la présence à soi (parousie) de la Parole poétique. C’est pour cela que les mots du poème sont en exil dans une langue qui ne sait plus que parler pour indiquer les choses qui sont et disparaissent aussi vite qu’elles sont nommées dans le fast-wording de l’information, non hiérarchisée au sens étymologique du terme, non sacralisée par ce que cache et ce que montre le mot qui fait advenir la chose en dévoilant sa présence sur un autre mode que celui de l’ordre du discours. 

Le langage du poète est actif, efficient, effectif : il vise à produire un autre monde, dans le monde, ou, modestement, à côté de lui, pour en changer la vision sinon le cours, du moins, le sens, et, ainsi l’ancrer dans un rapport qui est à la fois un lien dialectique de justice et une production de vérité. Platon avait bien compris cela : chasser le poète de la Cité belle et bonne, parfaite, ce n’est pas invalider son art. C’est justement annoncer de façon forte et logique que le poème n’a de sens que quand la Cité est désordonnée, injuste, fausse, inique et tyrannique. Le poète témoigne alors par son Dire et son chant, d’un monde vrai et juste, qui reste en attente de sa réalisation. Le temps de l’attente est le temps de la poésie qui témoigne de sa possibilité réelle, en tant que martyr de la nécessité d’une politique de la métaphysique dans l’histoire qui l’exclut en tant que tel. 

Si la Cité est juste et vraie, alors la poésie devient monde et le logos se transforme en praxis vivante de soi. Si le poème nous parle encore, c’est parce que nous sommes en exil et en nostalgie de la vérité dont il témoigne en instaurant dans la langue des travaux et des jours, le rappel, le souvenir d’un Autre monde que celui où nous vivons aujourd’hui, tels des esclaves aliénés par l’attachement à l’immédiat et à la peur de lâcher notre confort. Le poète annonce que pour vivre, tels des dieux, libres et créateurs dans une enfance qui n’a rien de mythique ou de romantisme impuissant, il nous faut agir dans la langue pour qu’elle se libère des pesanteurs et des faussetés qui la plombent et la rendent serviles ou, pire, artificielle langue de la communication sans sens ni sujet. Ainsi, les poètes sont utiles comme prophètes du vrai, et inutiles dans une société où l’amour, la justice, la fraternité lient les humains entre eux. La dialectique est paradoxale d’être si rigoureuse : nous n’avons jamais eu aussi besoin de poésie qu’aujourd’hui pour dire que notre monde est en danger d’amnésie et en mal de confondre le code et le signe, l’algorithme et le jugement, ou la pensée et la chose inerte, remplaçable et jetable dans ce que Marcuse appelle le principe de rendement. Dans une Cité juste, le poète n'a plus sa place ; dans la Cité où le philosophe est assassiné par l’opinion vengeresse et le mensonge, alors le poète a son rôle aléthurgique, transgressif et puissant, en témoignant d’un autre monde où le vrai se déploie à sa juste place. 

Nietzsche, encore lui, philosophe autant que poète, annonce que le philosophe de l’avenir cherche une musique sœur du palmier, façon de lier poème et oasis dans le désert du nihilisme post-romantique qui fait la grisaille effrayante du jour qui perd son éclat d’être à ce point confondu avec le crépuscule du langage. 

 

 

2 — Poésie et signification, poème et pensée : metanoïa 

 

 

Platon disqualifie le poète et le sophiste - qui ne sont pas de même nature - même si ce n’est pas de la même façon, du fait que la poésie institue une vraisemblance dans le dissemblable, une doublure ontologique disqualifiant l’être authentique et l’essence de l’Idée dans son apparaître. Nous avons expliqué que le moment poétique est toujours pertinent tant que les rois ne seront pas philosophes et les philosophes magistrats de la Belle Cité. Si le sophiste, disqualifié comme apologue du non-être, instaure du faux dans le vrai, le poète est encore utile dans la fausseté du monde en ce qu’il appelle à une conversion vers la pensée authentique à l’origine du poème, à savoir l’être reconnu dans sa vérité et sa justice comme but du discours et éthique de l’action. C’est le sens de la production de l’acte du dire-vrai qui fait la poïesis du poète. 

Le poète n’est pas un emberlificoteur ontologique ou un substitut de magicien cherchant à embellir les dures réalités de la vie : son rôle est de témoigner de la présence de l’Autre, et d’un autre monde que celui qui nous rabat sur le réel le plus immédiat et amnésique. 

Le poète parle d’un lieu qui n’est pas celui qu’habite l’humain pris dans le souci quotidien de l’immédiateté, de l’être-là des choses de la vie : son exil l’oblige à inventer le langage de la nomadisation. Il n’est ni un savant, ni un professeur, encore moins un pédagogue ou un annonciateur au sens religieux du terme ; s’il parle d’un lieu qu’il n’habite qu’en parole, dont il est exilé du fait de la situation du Monde qui fait de l’utilitaire, de la fonctionnalité, du pragmatique, le sens de son réalisme, le poète appelle à vivre l’étrangeté de sa situation en faisant de la langue le lieu même de son être ailleurs, de son être autre, de son être Ange. Tout poème parle d’un lieu quitté et d’un lieu à venir ; l’entre-deux de cette situation fait la beauté et l’inquiétante étrangeté de sa langue. 

Toute poésie est en ce sens pensante car elle parle d’un lieu réel qui n’est pas encore là, qui ne l’est que dans la parole du poète, le poème étant le langage ramené à sa vérité ultime : convertir le regard de l’humanité vers ce qui lui donne consistance. La parole du poète parle donc de ce qui n’est pas là, et qui est de ce fait indicible. Cet ineffable fait le devoir dire de l’exilé de son lieu-dit. Le langage manifeste alors dans sa langue intime le sacré que recèle l’exilé en tant qu’il apporte dans son mystère l’ailleurs qui fait trembler la langue sur son socle de liant politique, commun et reliant. Le poète est tout sauf un religieux du Verbe : il manifeste le sens du dire dans la parole exprimée depuis ce lieu qu’il ne cesse de dire, faisant mentir la philosophie pragmatique et paresseuse consistant à penser que ce qu’on ne peut dire il faut le taire (Wittgenstein, Tractatus Logico-philosophicus). Il faut plutôt dire ce qu’on ne peut pas ne pas taire ; telle est l’éthique courageuse du poète et le sens de son exil dans les structures anonymes du langage. Il fait de cet Impossible de la dicibilité totale, l’objectif de sa tâche infinie : conjoindre penser et parler dans une érotique du sensible et du signe rendant l’exil du Sens moins cruel et surtout temporaire, malgré l’absoluité du geste radical consistant à opposer à la souffrance infinie de l’absence l’incarnation de la Parole dans le Verbe poétique.

 

 

© Crédit photo : Deuxième image de l’intervention du poète Salim Mokaddem dans le festival poétique de l'association Apulivre, juin 2025. 

 

 

3 — Offertoire : le logos en attente de son Peuple

 

 

Nous avons vu que le poème ne se dit que du fond d’un retrait de soi dans l’exil de toute vérité satisfaite, dans l’inquiétude de la non-demeure qu’est devenue la Parole disséminée dans le bruit et la fureur du monde. Il y a des vertus communes au philosophe et au poète ; c’est pourquoi ils se reconnaissent sans s’admettre comme tels dans un monde qui rend le langage en exil de sa propre manifestation. Le Logos du poème ou sa possibilité comme surgissement, effraction d’un Autre dans le Même, rappelle que parole poétique et discours philosophique s’efforcent de trouver un pays, un territoire, un lieu et une formule qui permettent la réconciliation de la chair et de l’Esprit dans les Noces silencieuses – mais non muettes ! – du futur comme souvenir du témoignage, du martyr du langage sans oubli. 

Incarner le sens de l’exil, qu’il soit celui de l’histoire, de l’amour, de l’être ou de la terre, fait du poète un étranger à ce monde lisse et poli qu’est le monde normalisé de la domination arrogante ou du conformisme facile qui cherche toujours à se faire adouber par un monde malade, violent, brutal, qui nie la possibilité de le contester comme tel. 

Tous les poètes du monde entier et de l’histoire des exilés savent que leur avenir est celui d’une résistance totale à la numérisation de la langue, au consumérisme des langues de bois et binaires, voulant écraser le Signe sur le Présent de sa répétition sans histoire. 

Bien sûr qu’il ne suffit pas de dire pour faire, mais il est indéniable que le faire le plus authentique cherchera toujours son Verbe duquel nous sommes exilés dans un monde de l’urgence et du rendement qui nous prend âme, vie, esprit, éros et nous oppose comme des machines désirantes à d’autres machines, ne désirant peut-être rien d’autre que le mécanisme de leur conatus répétitif. Tout poème est d’exil et inchoatif : le poète, lui-même exclu du langage du Tout et de tout le monde, donc de personne, cherche dans l’intensité de son dire la juste et parfaite présence absente du langage à sa faille, à sa déhiscence devenue force de manifestation d’une géographie à venir. 

L’exil du poème traduit l’attente d’une langue pour un peuple à venir, sans Terre, sans sang assigné, sans identité préconstruite. Chaque poésie construit alors ce peuple en exil de son Histoire, et devient ainsi un baptême de l’Absence à soi de l’être et de la pensée. 

Tâchons de faire de notre exil dans la langue et de notre nomadisme dans ce monde les éléments vivants qui donnent à notre situation singulière à la fois le désarroi de l’enfance et la passion vive, autant qu’impossible, de l’amour infini nous rendant dignes d’accueillir le poème et de faire de notre exil la chance de diminuer les effets, dans ce monde, du péché originel qu’est la perte du Logos. 

Je fais le pari que cet exil est une chance, une liberté, dans l’inconfort qui nous permet encore de parler autrement qu’en consolidant la misère du monde.

 

© Salim MOKADDEM

 

© Crédit photo : Une image de la salle durant la conférence de Salim Mokaddem dans le festival poétique de l'association Apulivre, juin 2025.

 

 

*Les revues Le Pan Poétique des Muses Orientales publie pour la première fois ce texte de la conférence avec l’aimable autorisation du conférencier.

 

 

Biographies

 

 

Salim MOKADDEM est philosophe, écrivain, poète, expert technique international, membre de l’Unesco (GME), membre du Centre national de la recherche brésilien, professeur émérite à l’Université de Montpellier, auteur de nombreux livres (essais philosophiques, contes, romans) et il anime un blog (URL. www.salimmokaddem.com).

 

 

Arwa BEN DHIA est née en 1986 en Tunisie qu’elle quitte en 2009 pour poursuivre ses études d’ingénieur télécoms en France. Elle est docteure en électronique, ingénieure brevets, poète polyglotte, traductrice, autrice, ambassadrice de la Paix (CUAP) et préfacière de plusieurs recueils de poésies. Son dernier recueil « Les quatre et une saisons » coédité en octobre 2024 par les éditions du Cygne en France et les éditions Arabesques en Tunisie a reçu un Diplôme d’Honneur 2024 décerné par la Société des Poètes Français, ainsi que le prix littéraire Dina Sahyouni 2025. Ce recueil a été transcrit en braille. Arwa a participé à plusieurs revues et anthologies poétiques et est membre de plusieurs associations culturelles, comme la Défense de la Langue Française et la Société des Gens de Lettres.

 

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Pour citer cet article illustré & inédit

 

Salim Mokaddem, « Exil et poésie. Langue et vérité en temps d’exil », Avant-propos & photographies par Arwa Ben Dhia, Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : ÉTÉ 2025 | NO III NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES », 1er Volet & Revue Orientales, « Déesses de l'Orient », n°4, volume 1, mis en ligne le 25 juin 2025. URL :

https://www.pandesmuses.fr/periodiques/orientalesno4/2025noiii/sm-exiletpoesie

 

 

 

 

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23 décembre 2022 5 23 /12 /décembre /2022 15:16

Calendrier du matrimoine poétique 2022 & N°12 | Poémusique des femmes & genre | Dossier mineur | Articles & témoignages

 

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​​​​​Quelques lignes sur les notions de

 

« Matripoétique » & « Patripoétique »

 

de mon dictionnaire en construction

 

 

 

 

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Dina Sahyouni

 

Poéticienne, éditrice, fondatrice de la SIÉFÉGP

& de ses périodiques

 

 

 

Crédit photo : "Mother Goddess" Madhya Pradesh or Rajasthan, India, 6th-7th cents, National Museum of Korea, Seoul, domaine public via Wikipédia.

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La « Matripoétique »/« Matripoetic » et le « Patripoétique »/ « Patripoetic » sont deux nouveaux néologismes issus du suffixe -Poétique et des préfixes Matri- et Patr(i)- des termes latins « Mater », « Pater » et par extension « Patrimonium » et « Matrimonium »). Ces deux concepts du Poéféminisme tentent de déterminer avec précision plusieurs problématiques liées aux concepts du Patriarcat et du Matriarcat, du Patrimoine et du Matrimoine ainsi que tout ce qui relève du père et de la mère, du masculin et du féminin*, des hommes et des femmes**, des masculinités, des virilités et des féminités, de la maternité et de la paternité, de la généalogie, (etc.) et à toutes leurs expressions dans la poésie, la poétique, la réception de la poésie et par expansion dans la littérature et les arts, voire à tout ce qui est considéré comme poétique.

 

Ces notions théoriques nomment ce qui existe déjà. Les « matripoétique » et « patripoétique » appartiennent au « Poéféminisme »/«Poefeminism » et ont été créées par moi (sic Dina Sahyouni) pour nommer, définir et analyser des pratiques et théories poétiques dans l'histoire de la poésie, dans la littérature et dans la poétique en général. Les traces du Pater et Mater comme du Matriarcat et du Patriarcat, du patrimoine et du matrimoine, du masculin et du féminin sont bien visibles dans la poésie, dans la poétique voire même dans le poétique et dans les études, l'histoire de la poésie et de sa réception. L'histoire de la poétique et celle de la poésie n'échappent pas au genre mais bien au contraire, elles en témoignent. Ces traces apparaissent aussi dans les représentations, les processus de la création et dans la genèse d'une œuvre poétique (cf. Le numéro spécial paru en 2014 du périodique Le Pan poétique des Muses ou les nombreuses publications sur la question du genre, de l'anglais gender, en poésie ou dans la littérature).

 

Prenons par exemple la thématique de la mer qui renvoie souvent à la mère chez les poètes ou les poèmes et écrits poétiques qui ont pour thème les pères et mères des poètes ou bien les parents d'autres personnes voire en parlant du matriarcat et de la Déesse mère (la matrice, la vie) ou de la poésie elle-même (voir plusieurs publications de la revue Le Pan poétique des Muses ainsi que le numéro 5 et la Lettre Mers/Mères). En outre, on peut penser aux poètes qui déjouent les féminins et les masculins dans leurs ouvrages...

 

Certaines œuvres poétiques sont ainsi marquées par une matripoétique telles celles de Marceline Desbordes-Valmore, Françoise Urban-Menninger, Camille Aubaude ou de Conceiçã Evaristo… Or, cela fabrique un lien commun ou un fil rouge entre des pratiques poétiques bien différentes tout en  ouvrant de nouvelles possibilités de penser leurs ouvrages et les manières d'en parler.

Bien sûr, la « Matripoétique »/« Matripoetic » et le « Patripoétique »/ « Patripoetic » sont deux concepts pluridisciplinaires et auront de nombreuses utilisations possibles dans les études poétiques, littéraires, artistiques et dans maintes autres disciplines...

 

 

* J'ai déjà consulté le peu de textes disponibles en anglais et utilisant les préfixes latins « Gyno- » et « Andro- » pour former les termes « Gynopoetic » et « Andropoetic » pour désigner entre autres le féminin et le masculin dans la poétique. Je les traduis par « Gynopoétique » et « Andropoétique » tout en me référant au « Matri- » et « Patri- » pour formuler la « Matripoétique »/« Matripoetic » et le « Patripoétique »/« Patripoetic » qui permettent non seulement de renvoyer au féminin et au masculin mais aussi aux systèmes qui en découlent et même aux origines mythiques ou non de la poésie.

** Ibidem.

 

 

© Dina Sahyouni.

 

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Pour citer ce texte inédit du matrimoine poétique

 

Dina Sahyouni, « Quelques lignes sur les notions de « Matripoétique » & « Patripoétique » de mon dictionnaire en construction »Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Événements poéféministes 2022 | « Calendrier du matrimoine poétique 2022 » & N°12 | HIVER 2022-23 « Poémusique des Femmes & Genre », mis en ligne le 23 décembre  2022. Url :

http://www.pandesmuses.fr/no12/matrimoinepoetique22/ds-matripoetique 

 

 

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10 mai 2021 1 10 /05 /mai /2021 09:21


Événements poétiques | Megalesia 2021 | Pionnières en poésies féministes | Poéticiennes ou théoriciennes de la poésie) | Leçons méthodes, méthodologies en poésie

 

 

 

 

 

La poésie féministe n'est pas

 

 

ce que vous pensez

 

 

 

 

 

 

 

 

Dina Sahyouni

 

Poéticienne, éditrice &

fondatrice de la SIÉFÉGP

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Crédit photo : Allégorie de la poésie, domaine public, Wikimedia.

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Parmi les nombreuses définitions plus ou moins acceptables de la poésie féministe, je me réfère comme beaucoup d'entre vous à la mienne car elle a fait ses preuves. Elle articule en effet plusieurs points et met fin aux divisions théoriques entre les pratiques féministes de la poésie et les discours théoriques.

Par ailleurs, elle se répand aisément partout dans le monde depuis la création de ce périodique, prosbère et suscite infiniment votre intérêt.

Cependant, à force de lire, de voir et d'entendre tout et n'importe quoi sur la poésie féministe, je vous livre un billet issu partiellement de mon ancien texte daté de 2010 et intitulé « Qu'est-ce qu'une poésie féministe » pour en finir avec les préjugés tenaces sur la Poésie féministe.

Par ailleurs, je pense que l'usage du pluriel est devenu important et même primordial car on doit désormais dire « Poésies féministes » pour une multitude de raisons historiques et épistémologiques :

les poésies féministe, pré-féministe, pratiquée au sein d'une religion, féminine (considérée comme féministe aux États-Unis dès les années 60-70), militante, homosexuelle, LGBTQA+, Chicana/o, écoféministe, etc.

 

 

 

I – Ce que la poésie féministe n'est pas

 

 

La poésie féministe n'est pas le propre des femmes, et n'existe historiquement que dans certaines périodes et régions du monde selon les références bibliographiques disponibles sur cette thématique (dont certaines ont déjà été classées achroniques par plusieurs spécialistes). Du même pour le pluriel car les poésies féministes n'existent ni dans « tous les pays », ni dans « toutes les époques » comme le prétend une certaine revue S... récente qui plagie médiocrement Le Pan Poétique des Muses (périodique né en 2010) tout en non respectant ni sa ligne éditoriale (publier des "autrices" ou des "femmes" en éditant des auteurs et des non binaires), ni les thèmes proposés (en publiant des textes qui ne relèvent pas des sujets des numéros), ni son prétendu féminisme intersectionnelle en faisant uniquement de la poésie universliste comme nous) et tout en classant tous les poèmes publiés sous l'étiquette "poésie féministe" en confondant pêle-mêle : femmes, poétesses, poésie, personnes non binaires et cis avec LGBTQA+ (G pour gouines), féminismes, intersectionnalité, universalité, autruches, auteurs-traducteurs et sociétés inclusives...

 

Une poésie féministe ne doit pas être confondue avec les traces des poétisantes écrites, orales, sonores, visuelles, audiovisuelles, etc. en poésie.

Une poésie féministe ne peut non plus être définie uniquement comme une poésie au féminin, ni poésie féminine, ni poésie de femmes, ni poésie dédiée aux femmes, ni par une écriture féminine, ni par une poésie lesbienne, ni homosexuelle, ni faite par des personnes discriminés, ni poésie des non binaires.

 

Il existe bien sûr, une poésie dite pré-féministe mais cette appellation ne doit pas donner lieu à une édition achronique, présentiste et encore moins une manière de tout considérer comme féministe. Éditer les femmes qui font de la poésie relève parfois d'un acte féministe, cependant, les œuvres elles-mêmes ne peuvent pas être considérées au même titre comme féministes grâce à ce geste envers les auteures. De même, un poème écrit par une lesbienne, n'est pas automatiquement un poème lesbien et encore moins un poème féministe mais un poème fait par une lesbienne. Le féminisme doit être présent dans le poème pour qu'il soit féministe.

Je le répète encore une fois, on ne doit en aucun cas confondre les femmes, les féminismes, personnes LGBTQIA+ (ou non binaires), la littérature féministe ou LGBTQIA+. Cela porte de vrais préjudices à tout le monde et fausse surtout la réception, la reconnaissance et le classement des productions culturelles des personnes censées être défendues. Cela génère également de nouveaux préjugés négatifs et les marginalisent avec leurs œuvres. Or, cela n'est absolument pas l'objectif voulu.

La poésie féministe ne constitue qu'un très faible pourcentage de la production poétique (même chez les femmes). Elle souffre d'emblée d'une mauvaise réputation puisqu'elle divise et ne parle de l'humain mais uniquement de soi comme être opprimé, ou supérieur par son vécu... Elle touche de ce fait peu de gens puisqu'elle est assimilée à une esthétique et une inspiration conditionnées vues comme rarement sincères ou authentiques. Sans parler de ses effets propagandistes, militantes et circonstancielles...

Il est donc important d'avoir un cadrage et un travail théoriques qui accompagnent et publication de textes poétiques anciens sauf dans certains cas particuliers où le « féminisme » du texte est évident ou incontestable.

Une poésie féministe n'est pas non plus le propre des poésies des personnes féministes et encore moins de leur poétique. Être féministe, ne suffit pas à déclarer sa création poétique comme féministe, autrement dit, le fait d'être féministe soi-même, ne garantit pas le féminisme de ses œuvres. C'est l'ouvrage lui-même qui doit être féministe dans ses genèses, inspiration, sujet, esthétique, finalité, etc.

La définition intéressante de la poésie féministe par l'américaine Adrienne Rich n'est ni complète, ni convaincante. Elle convient à une période précise de l'histoire du féminisme américain. Reprise par Audre Lorde et d'autres féministes américaines, cette poésie-là n'a pas trouvé sa place en Europe, ni en France où régnaient les notions d'« écritures féminines » et la « Poésie féminine » (voir Jeanine Moulin, et pourtant cette appellation a été déjà rejetée avant et après son travail par beaucoup de spécialistes et par exemple l'historien Alphonse Séchée (voir mes textes dans Identités genrées en poésie, 2014-2015). Par ailleurs, la réception en France de la poésie féministe selon Rich et ses camarades américaines (pionnières de la deuxième moitié du XXe siècle) constitue une problématique à part entière.

Une erreur de réception, une négligence, un différend théorique entre les féministes, poétiques (la poétique et le poétique) problématiques, etc. ?

Peu importe les raisons nombreuses et complexes pour lesquelles cette branche poétique issue du mouvement de la poésie engagée n'a pas trouvé d'échos en Europe, ce qui compte, c'est qu'une poétique politique (voire le texte de Claude Ber dans Identités genrées en poésie) ou non ne suffit guère à définir cette branche de l'histoire de la poésie.

D'autres enjeux hautement plus importants sont à prendre en considération comme celui de la présence des poètes en tant que Parias dans les sociétés : la question de l'exclusion quasi complète des poètes (femmes, hommes, androgynes, etc.) de la cité par Platon puis l'exclusion de la poésie elle-même en France et dans d'autres pays où le roman et l'essai règnent sur la littérature et la vie culturelle de la vie culturelle, le délabrement quasi générale des recherches sur la poésie surtout dans la deuxième moitié du XXe siècle et la problématique des laboratoires qui y travaillent. Par ailleurs, l'apparition de la littérature comme discipline au XIXe siècle a transformé la poésie en un genre littéraire parmi d'autres. Le déclin de la poésie dans les espaces publics a été programmé depuis longtemps.

La poésie qui est à l'origine de la création et de la créativité a perdu les faveurs des journalistes et peu à peu a été chassée de la presse écrite puis des médias télévisuels dans le siècle dernier et dans celui-ci. Elle tente depuis timidement de renaître sur le web avec la facilité de la diffusion et de la circulation des textes par le biais des technologies numériques et éditoriales. La poésie ne se vend pas assez mais circule en fugitive comme le faisant à chaque crise et c'est là où elle exprime ce qu'elle peut apporter aux femmes. Comme elles, elle résiste, se bat, s'insurge, s'obstine à rendre ce qui est, à commémorer ce qu'il a eu lieu et à célébrer l'amour et la vie. Et l'on ne peut que rappeler encore une fois l'enjeu de la poésie comme lieu où surgit le refoulé qui n'est que féminin.. une ancienne pensée des féministes de la première vague. (sur certains de ces points, il est fort utile de consulter les numéros 0, 1 et 2 de la revue Le Pan Poétique des Muses).

Mais revenant à nos moutons. Une poésie féministe n'est pas non plus une poésie propre à une personne, elle peut être le fruit d'une intelligence artificielle (robotique).

Elle n'est pas non plus une mystification d'une femme, ni un poème du matriarcat (puisque le matriarcat qui n'est pas une résistance, ni une lutte contre un patriarcat et ni enfin une société féministe utopique).

Une poésie féministe n'est pas foncièrement intersectionnelle et elle ne se définit pas uniquement par la notion du genre (de l'anglais Gendre) ou de l' agenre, mais par l'affirmation d'une altérité grenée ou non, humaine ou non (androgénie, travestissement, pionniers et pionnières de la poésie écoféministe, etc.) dans le langage pour préserver ses droits et lui reconnaître sa propre valeur intrinsèque.

 

 

 

II – Ce qu'elle est

 

 

Une poésie féministe n'est que rarement intersectionnelle, elle est souvent universelle. Sinon, elle tend vers l'universel. La poésie lyrique féministe n'échappe pas à ce constat.

Une poésie féministe peut être créée par une femme, un homme, des personnes LGBTQI+ (cela comprend les personnes non binaires), un robot, un collectif d'individus à but thérapeutique ou non, etc.

Elle peut être écrite, orale, slamée, rapée, une performance éphémère, visuelle, sonore, audiovisuelle, etc. Elle naît traditionnellement de la « Condition [dite] féminine » et s'exprime par voies très diverses qui ne relèvent pas nécessairement du poème.

On a donc défini une poésie féministe par ce qui suit : 

Une poésie féministe est un mouvement poétique de la deuxième moitié du XXe siècle, née précisément en 1972 avec Judy Grahn et Adrienne Rich, on trouve ses racines dès 1960 aux États-Unis, et a été très mal reçue en France où l'on parlait de la notion d' « écritures féminines » (voir Cixous par exemple dans le « Rire de la Méduse », la revue Sorcières, et les autres féministes des années 60-70). Il convient de l'inscrire dans un courant poétique plus ancien et fort connu que l'on appelle communément la poésie engagée. Elle exprime une lucidité sur les difficultés collectives des femmes de laisser des traces en poésie, et une conscience de la condition subalterne de ce groupe d'individus dans une société donnée et/ou à travers les siècles. Elle n'est ni une émancipation individuelle, ni une ambition personnelle, ni une aspiration individuelle quelconque d'une vie meilleure. Elle souligne donc l'injustice d'une situation sociale déterminante et la complexité de s'en défaire. Elle met en évidence un enjeu universel d'aspiration à une justice de droits entre les personnes sans distinction de leurs différences (sexes, genre, race, orientation sexuelle, handicaps, etc.) et entre les humains, le vivant, la nature, l'univers, le matériel et l'immatériel, le fictif et le réel,le sacré et le profane.

Le « je » censé être lyrique dans un vrai poème féministe, est un « je » collectif, il n'est jamais identitaire. Dans ce sens-là le « Je » devient une jubilation artistique, un écart esthétique et non pas un lieu d'enracinement identitaire ; ainsi, la poésie a le pouvoir de casser les normes, les déterminismes (sociologiques, biologiques, liés au genre, etc.) et de libérer le groupe stigmatisé de ses entraves sinon de lui frayer des chemins de traverses, de faire entendre ses voix et voies. Par exemple : une poétique féministe libère une « femme » de ce que c'est être assignée à ses sexe, origines, genre, situation sociale ou littéraire, etc. Autrement dit de ce que c'est être femme sans la priver de jubiler de l'être et de défendre ce peu qu'elle a.

Une poésie féministe émane obligatoirement d'une poétique féministe, elle est souvent dans ce sens-là liée à la « Poéthique » (de poétique et éthique, mouvement poétique connue de la fin du siècle dernier) qui n'est pas foncièrement politique. Car écrire un poème féministe ne relève pas toujours d'un acte politique, mais d'un acte artistique, d'une esthétique de reconnaissance de l'altérité telle qu'elle est, d'une jubilation et une célébration de cette altérité dans sa vulnérabilité et sa force.

 

Bien sûr, toute poésie féministe a une histoire datable et elle s'inscrit dans une histoire littéraire complexe, celle d'une littérature féministe...

 

Fin de la première partie... 

 

La deuxième partie du texte sera ultérieurement disponible en ligne

 

***

 

 

Pour citer cet article inédit

 

Dina Sahyouni, « La poésie féministe n'est pas ce que vous pensez » première partie du texte inédit, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques Événement poétique|Megalesia 2021, mis en ligne le 10 mai 2021. Url : 

http://www.pandesmuses.fr/megalesia21/ds-poesiefeministe

 

 

 

 

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1 avril 2021 4 01 /04 /avril /2021 13:00


Événements poétiques | Megalesia 2021 | Dossier Mineur : Muses & Poètes. Poésie, Femmes & Genre | Leçons, méthodes & méthodologies en poésie

 

 

 

 

 

 

Qu'est-ce que

 

 

le verset féministe

 

 

 

 

 

 

 

 

Dina Sahyouni

 

Poéticienne, éditrice &

fondatrice de la SIÉFÉGP

​​​​​​

 

 

 

 

Crédit photo : "Hirondelle rustique", domaine public, Wikimedia.

 ​​​​​

 

Première partie

 

 

Le Verset féministe est une variante du verset.

C'est un verset dont l'élan, la fonction, le thème et la finalité poétiques sont féministes (engagés ou militants en faveur des droits des femmes et des minorités sexuelles et éthiques, l'égalité des sexes, etc.) ​​​​​​Le verset peut être aussi féministe intersectionnel ou pro LGBTQ+).

 

Comme le verset habituel, le verset féministe peut être métrique ou non. Cependant, l'élan féministe prime sur la métrique ou le fait de décompter les pieds dans l'écriture poétique.

La personne poétisante passe alors du vers à la ligne en suivant uniquement le rythme de son jet langagier sans se soucier du nombre de syllabes (ou pieds) de son poème. 

 

Le verset féministe (militant, intersectionnel, pro LGBTQ+) a ses contraires ayants un élan, une fonction poétique et une finalité anti-féministes, etc. (tels les versets antiféministe, misogyne, sexiste, homophobe, raciste...)

 

Généralement, quand on pratique le verset féministe, on compte les lignes d'un poème et non pas les syllabes.

Ainsi, le  verset féministe est une pratique moderne en poésie, cette pratique est employée également dans le poème en prose, la pensée, le fragment et autres formes poétiques brèves. Elle découle de plusieurs pratiques poétiques plus anciennes comme le verset préféministe. Du même, des formes anciennes du verset peuvent être qualifiées de "féministes" à condition d'en faire une démonstration rigoureuse. Cela s'applique aussi aux versets contraires (ex. Verset pré-antiféministe).

 

À retenir : le verset féministe, ses variantes et ses contraires sont pratiquées indifféremment par les femmes, les hommes, les personnes LGBTQ+ et par l'intelligence artificielle.

 

Concernant le rythme du verset féministe, il ne diffère pas de rythme du verset habituel (voir à ce sujet l'arti. "Verset" de Véronique KLAUBER).

 

 

© DS, extrait remanié de "Dictionnaire des féministes et poésies féministes", 2020-2022.

 

 

 

Deuxième partie

Consultable ultérieurement...

 

 

***

 

 

Pour citer cet article inédit

 

Dina Sahyouni, « Qu'est-ce que le verset féministe » première partie du texte inédit, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques Événement poétique|Megalesia 2021, mis en ligne le 1er avril 2021. Url : 

http://www.pandesmuses.fr/megalesia21/ds-versetfeministe

 

 

 

 

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