Poème |
La Muse malade |
Charles Baudelaire (1821-1867) |
Ma pauvre muse, hélas ! qu’as-tu donc ce matin ?
Tes yeux creux sont peuplés de visions nocturnes,
Et je vois tour à tour réfléchis sur ton teint
La folie et l’horreur, froides et taciturnes.
Le succube verdâtre et le rose lutin
T’ont-ils versé la peur et l’amour de leurs urnes ?
Le cauchemar, d’un poing despotique et mutin,
T’a-t-il noyée au fond d’un fabuleux Minturnes ?
Je voudrais qu’exhalant l’odeur de la santé
Ton sein de pensers forts fût toujours fréquenté,
Et que ton sang chrétien coulât à flots rhythmiques,
Comme les sons nombreux des syllabes antiques,
Où règnent tour à tour le père des chansons,
Phœbus, et le grand Pan, le seigneur des moissons.
(poème du recueil Les Fleurs du Mal , Paris, Poulet-Malassis et de Broise, 2ème édition, cf. url.
http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Gallica&O=NUMM-70860)
Pour citer ce poème |
Charles Baudelaire, « La Muse malade », Le Pan poétique des muses|Revue internationale de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°4 [En ligne], mis en ligne le 23 octobre 2013. Url.http://www.pandesmuses.fr/article-la-muse-malade-120692438.html/Url.http://0z.fr/tQdEW |