20 juin 2025 5 20 /06 /juin /2025 16:14

N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | S'indigner, soutenir, lettres ouvertes & hommages

 

 

 

 

 

 

 

François Hollande, l’indéfinissable. Journal d’une campagne présidentielle (Extrait)


 

 

 

 

Extrait & photographies par

 

Mustapha Saha

 

Sociologue, poète, artiste peintre

Sociologue-conseiller au Palais de l’Elysée pendant la présidence de François Hollande

 

 

 

​​​​​© Crédit photo : Élisabeth Bouillot-Saha, « Mustapha Saha visitant l'exposition "Trésors sauvés de Gaza" à l’Institut du Monde Arabe à Paris le samedi 20 mai 2025.

 

 

​​​​​© Crédit photo : « Mustapha Saha. La plume de l'Ombre ».

 

 

François Hollande le confie lui-même. Il vit la politique comme une vocation, un sacerdoce, une consécration. Une prêtrise sans soutane. Humanisme bourgeois et charité chrétienne. Imprégnation  durable  des années d’études chez les Frères des Écoles chrétiennes à Rouen. La politique, un chemin tracé dès l’enfance. Il se rêve Président de la République dans le berceau.  Il s’y consacre corps et âme. Il se faufile dans les coursives. Il brouille les pistes. La consensualité et la  ténacité se conjuguent  singulièrement dans la démarche pragmatique. Et de fait, il existe chez cet homme paradoxal, une clairvoyance empirique, une perspicacité tacticienne, une subtilité florentine qui n’appartiennent qu’aux jésuites. Il fréquente le Lycée Pasteur à Neuilly, sanctifié par ses mythiques professeurs, Jean-Paul Sartre, Fernand Braudel… La philosophie lui tourne le dos.  L’histoire lui ouvre un passage. Il prend le raccourci des Grandes Écoles. Il développe son humour comme une carapace. Il exerce ses talents, en dilettante, dans la troupe du Splendid, aux côtés de  ses condisciples Christian Clavier et Thierry Lhermitte. La sirène politique sera toujours plus forte. Les crocodiles hantent le marécage. La bourbe l’angoisse. Jamais aux bords des sables mouvants il ne s’aventure. Il longe patiemment la digue jusqu’à bon port. Garder le cap quoi qu’il advienne. Gagner dans l’humilité. Perdre dans la dignité. En 1974, à vingt ans, il préside un comité estudiantin de soutien à François Mitterrand. Il trouve son père spirituel, son guide charismatique, son mentor inespéré. Il surmonte, comme il peut, son complexe d’Œdipe. 

 

Quand il accède à la direction du Parti socialiste, en 1997, il s’installe dans la durée. Il ne cède son fauteuil de Premier secrétaire qu’en 2008 pour prendre sa revanche sur les grand économiste,  tombé de son piédestal et les traîtresse intime. L’homme des conciliations et des réconciliations improbables peut se prévaloir d’un bilan balsamique. Il s’entoure d’une poignée de fidèles. Il gère tous les autres comme des intérimaires. Il fait mine de ne rien voir, rien ne lui échappe. Il ménage les susceptibilités Il bricole les procédures. Il déménage les concurrents sans vacarme. Il se place délibérément en dehors de la mêlée. Il sauvegarde l’unité du parti, sinon dans l’armature, du moins dans les apparences. Il masque les divisions internes, les querelles intestines, les intrigues chroniques. Il affronte les intempéries. Il fait le dos rond sous l’orage. Il se donne des airs de sage. Le parti socialiste, sans chef populaire, sans tribun spectaculaire, sans leader solaire, traverse les tempêtes sans aller nulle part. François Hollande désamorce les défaites aux présidentielles. Il se présente et se représente aux congrès du parti comme seul dominateur commun,  un moindre mal, un recours moral. Il remporte régulièrement les élections intermédiaires. Il arrache à la droite, un par un, ses fiefs historiques. Il prépare méthodiquement la conquête du Sénat par la gauche.  Il gagne l’amitié de plusieurs barons de province. Il creuse laborieusement son obscure tanière. Il surgit sous lumière où personne ne l’attend.

 

En novembre 2008, au Congrès de Reims, après avoir annoncé, longtemps à l’avance, qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat de Premier secrétaire, François Hollande se met volontairement en retrait. Il renonce symboliquement au discours de clôture. Il aplanit les conflits latents en coulisses. Il veille au bon déroulement des choses avant de passer la main. Sa bonhomie dissimile un doigté de magicien. Il joue le spectateur.  La fausse modestie absorbe les contradictions. Qu’importe si, plus tard, l’anaphore « Moi, Président » dépromet  le slogan « Président normal ». Une sainte alliance se forme hors scène contre Martine Aubry, donnée prématurément favorite. Sous grand chapiteau blanc, Bertrand Delanoë jette l’éponge. La confusion atteint son comble. Le parti est au bord de l’implosion. Les courants s’affrontent. Les impétrants et les courtisans se déchirent. Nul ne sort indemne de l’arène. La marcescence fatale du parti se profile. Les vétilleux voient dans la posture effacée de François Hollande un signe  de lassitude, de résignation, de renoncement. Les faux-frères décèlent une opportunité à saisir. Ils abattent prématurément leurs cartes. Les impétueux  enterrent  le  sortant dans la petite histoire. Il n’en est rien. François Hollande entre, pour de bon, dans la bataille présidentielle. Sa décision est prise, sa réflexion mûrie depuis longtemps. Seul un noyau de proches connaît le secret.

 

La longue marche commence dès l’hiver 2008. L’association Répondre à gauche  est créée dans une petite salle de la  Fédération Internationale de l’Art photographique (FIAP) Jean Monnet, dans la discrète rue Cabanis du quatorzième arrondissement de Paris.  Une vingtaine de personnes. Le bureau, sous la présidence de Stéphane Le Foll, se compose de compagnons indéfectibles, Michel Sapin, Bruno Leroux, Dominique Villemot, Philippe Bonnefoy, Bernard Rullier... D'autres fidèles sont présents, Frédéric Scanvic, Claude Pigement, Yannick Trigance, Jean-Pierre Bequet, Didier Arnal, Jacques Blandin, Jacques Dementhon..., définitivement exclus après la victoire aux présidentielles. Valérie Trieweiler et Valérie Scharre, compagne de Michel Sapin, participent discrétement à l'acte fondateur. D'autres affidés suivent l'vénement de leur fief, François Rebsamen, Kader Arif, Jean-Yves Le Drian, Bernard Poignant. Isabelle Sima et Vanessa Parodi montent la garde. Aucun journaliste n'est présent. Le club de réflexion, ou plus exactement le cabinet noir, exhume les idéaux socialiste, toujours proclamés comme alléchantes perspectives, vite oubliés aux lendemains des élections. Une rengaine rabâché depuis deux siècles. Le slogan Le Changement, c'est maintenant sonne faux sur tous les registres. La belle envolée du Bourget sur la finance, en janvier 2012, est une supercherie payante, une tartufferie rentable. « Mon véritable adversaire n'a pas de nom. Il n'a pas de visage. Il ne présente jamais sa candidature. Il n'est pas élu. Et pourtant, il gouverne. Cet adversaire, c'est le monde des finances. Il administre l'économie. Il contrôle la société. Il supervise nos vies. Il soumet les gouvernements à ses volontés ». Annonce anticipatrice, involontairement lucide, de promesses jamais tenues. Les banlieues s'en souviennent avec rancoeur. Sous le drapeau rose, les banques mènent la danse. François Hollande dévoile les grands axes de son programme. Les trois pactes, éducatif, productif, redistributif. Les trois principes, la cohérence, le réalisme, la crédibilité. Les rois approches, l'efficacité, la vigilance, le verrouillage tous azimuts. Triptyque argumentaire éculé de l'École Nationale d'Administration. La poésie, la littérature, la philosophie, la culture en général, sont reléguées aux pavillonneries superfétatoires. La rhétorique se simplifie, se banalise. Une marchine au service d'un seul homme, chargé de perpétuer l'ordre établi. 

 

Pendant dix ans, j'assure des reportages photographiques, des travaux d'écriture en tous genres. Je rédige deux livres, titrés Le Manifeste égalitaire et La société diversitaire, jamais publiés. Je ne suis pas dupe. Je suis sociologue. J'analyse la mécanique de l'intérieur. Je produis cinq cents notes au président. Je pars avec mes archives. Je fais l'expérience de l'ingratitude politique. 

 

© Mustapha Saha.

Sociologue, poète, artiste peintre

 

 

Reportage photographique :

 

​​​​​© Crédit photo : « Campagne présidentielle de François Hollande ». Photographies inédites. Copyright © Mustapha Saha.

 



 

​​​​​© Crédit photo : « François Hollande, préparant dans sa loge, le discours du Bourget du 22 janvier 2012 ». Photographie exclusive © Mustapha Saha. 

 


 

​​​​​© Crédit photo : « François Hollande, le 5 avril 2012,  avant son entrée dans l’émission La Matinale sur Canal + ». Photographie exclusive © Mustapha Saha.

 

 

 

​​​​​© Crédit photo : « François Hollande. Université d’été du Parti socialiste. La Rochelle du 25 – 28 août 2011 ». Photographie exclusive © Mustapha Saha.

 

 

 

 

​​​​​© Crédit photo : « Siège du Parti sociale, 10, rue de Solferino, Paris VIIème. Mustapha Saha, artiste-écrivain de l’ombre,  devant le poster géant illuminé de François Hollande le soir de la victoire présidentielle ». Photographie exclusive © Mustapha Saha.

 


 

© Crédit photo : « Mustapha Saha, sociologue-conseiller. Palais de l’Elysée ».Photographie © Mustapha Saha.

 

***

Pour citer ce texte illustré & inédit en avant-première

 

Mustapha Saha (texte & photographies), «  François Hollande, l’indéfinissable. Journal d’une campagne présidentielle (Extrait) », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : ÉTÉ 2025 | NO III NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES », 1er Volet, mis en ligne le 20 juin 2025. URL :

https://www.pandesmuses.fr/2025noiii/ms-journalextrait

 

 

 

 

Mise en page par David

 

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