1er concours international de poésie
Poème sélectionné sur le thème "le handicap"
Mon enfant du soleil
Ma douceur, mon enfant,
Ma petite fille du vent
Tu viens d’avoir cinq ans
Je n’me laisserai plus faire
Tu es le centre de mon monde
Et c’est ensemble que nous combattrons
L’indifférence des cœurs froids et frileux
Recroquevillés dans leurs ornières
Sauvage et tendre, petite louve des steppes
Libre comme l’air, indomptable comme le vent
Tu es le mistral de la Camargue chanté par les gitans
La tramontane qui rit follement sous la neige ou le soleil
Gitanes dans le cœur, nous le sommes mon enfant
Éternelles voyageuses sur une route cabossée
Belle bien qu’imprévisible, où les pleurs et nos peurs
Sont vite balayés par tes rires enchanteurs
Tes petits pas sur le sol durent et sont notre victoire
Tes petits pas de danseuse et d’enfant des étoiles
Ramènent la lumière dans la nuit noire
De mes questionnements de mère, de mes doutes et de mes craintes.
Je te porte à bout de bras, tes cheveux longs tournoient
Dans la brise qui veille et nous protège
Et je dois puiser ma force dans l’eau claire des rivières
Dans la chaleur de la pierre,
pour pouvoir jouer dignement mon rôle de mère
Et de forteresse.
Car les regards qui nous entourent ne sont pas toujours tendres
Alors montrons les crocs, ma louve à ceux que notre présence
Un peu trop vivante dérange.
Dans le zéphyr, la nuit, j’égrène mes prières
Et chaque jour qui fuit répond à mes appels
Je te vois grandir et t’épanouir et je me fous des blouses
Blanches qui croient détenir tous les savoirs du monde.
Je te sais, te comprends et aime tes mains qui dansent
Mon enfant papillon qui brasse l’air de ses ailes
Et si parfois, j’avoue je n’saisis plus le sens
Je t’en remets à Dieu, aux Bouddhas et aux Anges.
Tu aimes les oiseaux, tu parles un peu comme eux
Quand tu gazouilles et ris, des lueurs dans tes yeux.
J’aime te voir t’envoler, courir, sauter, nager
Chaque mouvement que tu fais est un don, je le sais
Nous sommes les parias, parfois, d’un monde trop uniforme
Qui ne voit en nous que notre différence,
Alors, quand le rejet se fait trop menaçant
La colère gronde en moi, je me fais ouragan
La bourrasque s’immisce dans ces décors bourgeois
Où tout est à sa place, et où rien ne dépasse
Toi, intenable tu me rappelles qu’on doit
Se révolter pour exister, dans ce monde dur et froid
Nous sommes les parias, mon enfant du soleil
Dans la cour des miracles, toujours nous aurons notre place
Du côté des exclus, les fêlés qui laissent passer la lumière,
Les pas bienvenus qui n’se plient pas aux codes,
de la normalité dominante et ronflante.
Nous sommes les parias, nous nous ferons pirates
Le Sirocco d’Afrique déploiera grands nos voiles
Car tu portes dans ton sang, la fougue de ceux qu’avant
les blancs appelaient sauvages.
Comme je suis fière, ma fille, de ta belle différence,
Et combien je me fous de leur stupide méfiance.
Je sais c’que tu m’apprends, tout ce que tu apportes
À mon âme, à mon cœur, mon enfant du bonheur.
Événements poétiques | 2017 | Concours international de poésie (1ère édition)
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Johanna Treilles, « Mon enfant du soleil », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Événements poétiques|Concours international (édition 2017 sur les animaux, le handicap & la joie), mis en ligne le 3 septembre 2017. Url : http://www.pandesmuses.fr/2017/9/concours-enfant.html
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