4 novembre 2020 3 04 /11 /novembre /2020 14:24

Hommage poéféministe | Textes poétiques

 

 

 

 

La mort des dieux

 

​​​​​

 

​​

 

Jeanne Loiseau

 

Poème choisi, transcrit & remanié pour cette revue par Dina Sahyouni

 

 

 

​© ​​​​​​​​​​​​​​​​Crédit photo : "Première de couverture du poème", capturée par la revue LPpdm. 

 

 

Dans le ciel vaporeux aux fascinants abîmes,

Au-dessus des brouillards d'argent, de cendre ou d'or,

Sur leurs trônes d'azur siégeaient les dieux sublimes,

Écoutant si vers eux nos chants montaient encor.

 

Ils étaient là, ces fils de notre immortel rêve.

Unis et fraternels dans leur commun séjour,

Car un même désir les enfanta sans trêve,

Car ils furent aimés du même ardent amour.

 

Ils étaient là, sans haine et sans amère envie :

Jupiter, Jéhovah, si promets en leur courroux,

Le grand Baal, Ishtar, déesse de la vie,

Et le pâle Jésus sous ses longs cheveux roux ;

 

Bouddha, dont la pitié s'épanche en flots mystiques,

Vishnou, qui de toute âme est l'éternel amant,

Allah, qu'ont célébré de belliqueux cantiques,

Et le farouche Odin, roi du nord inclément.

 

Et sur les fronts hautains de la célèbre foule

Régnaient le calme auguste et la sécurité :

Les siècles devant eux passeraient, sombre houle,

Mais sans pouvoir jamais ternir leur majesté.

 

Car l'homme, qui les fit du meilleur de son âme,

Et qui par leur splendeur s'était laissé charmer,

Quand il douterait d'eux ne serait point infâme

Assez pour les maudire et pour les blasphémer.

 

Mais, les enveloppant d'un respect doux et tendre,

Il bénirait toujours leurs fantômes puissants,

Qui l'ont fait espérer avant qu'il pût comprendre,

En lui donnant pour but les cieux éblouissants.

 

Il n'oublierait jamais que, sur sa route amère,

Eux seuls ont soutenu, guidé ses premiers pas,

Et qu'ils l'ont doucement calmé par leur chimère,

Comme on clame un enfant en lui chantant tout bas.

 

Ainsi rêvaient les dieux au fond du ciel immense,

Quand soudain, les troublant dans leur bleu paradis,

Monta comme un long cri d'insulte et de démence :

L'homme se disait libre... et les avait maudits !

 

Homme, pauvre insensé que mène un vain mirage,

Maudis donc ton cerveau, ton cœur et ta raison !

Les dieux ne sont-ils pas, réponds, ton propre ouvrage ?

Qui donc les a dressés, hors toi, sur l'horizon ?

 

Tu brandis contre eux un inutile glaive

C'est ton illusion que menace ta main ;

Si tu crois saluer une aube qui se lève,

Vois, tes propres flambeaux blanchissent ton chemin.

 

Va donc, poursuis un songe après un autre songe,

Tu ne peux échapper à la loi de ton cœur.

Mais écoute... dans l'ombre où ton blasphème plonge,

C'est de ta seule voix que rit l'écho moqueur.

 

C'est toi, c'est ton passé, dont ainsi tu te railles.

Soit, tous tes dieux sont morts sous ton bras forcené...

Mais d'autres de ton sein vont naître, et tes entrailles

Demain feront jaillir ton rêve nouveau-né.*

 

 

* Le texte reproduit ci-dessus provient de LESUEUR, Daniel (1854-1921 pseudonyme de Jeanne LOISEAU), Rêves et visions, [Titres des volets ou des Sous-titres : Souvenirs, Visions divines, Visions antiques, Sonnets philosophiques, Échos et reflets, Paroles d'amitié, Paroles  d'amour], Paris, Alphonse Lemerre, MDCCCLXXXIX (1889), « Visions divines », pp. 28-30. Ce recueil appartient au domaine public.

 

***

 

Pour citer ce poème

 

Jeanne Loiseau, « La mort des dieux », extrait de LESUEUR, Daniel pseudonyme de), Rêves et visions, (1889) poème choisi, transcrit & remanié par Dina SahyouniLe Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiquesHommage poéféministe au professeur Samuel Paty, mis en ligne le 4 novembre 2020. Url : http://www.pandesmuses.fr/21octobre/jl-lamortdesdieux

 

 

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3 novembre 2020 2 03 /11 /novembre /2020 17:19

Hommage poéféministe | Textes poétiques

 

 

 

 

Le Fanatisme 

 

Ode

 

Amsterdam,

 

MDCCLXV (1765)

 

​​​​​

 

​​

 

Poète anonyme

 

Poème choisi, transcrit, remanié & mis en français moderne pour cette revue par Dina Sahyouni

 

 

 

​© ​​​​​​​​​​​​​​​​Crédit photo : "Première de couverture du poème", capturée par la revue LPpdm. 

 

 

 

 

Quels monstres pour punir la terre

Le Ciel évoque des Enfers !

À sa fuite traînant la guerre,

L'intérêt vient forger nos fers ;

La jalousie, au front livide,

Précède la haine perfide ;

Le trépas fuit l'infirmité ;

La crainte engendre l'artifice ;

Le soupçon, fils de l'injustice,

Enfante l'inhumanité.


 

Du moins si leur noire cabale

Vous désolait seule, ô mortels !

Le souffle empesté qu'elle exhale

Ne montre point jusqu'aux autels...

Sur ces autels qu'il déshonore,

Quel monstre plus terrible encore

Porte d'audacieuses mains ?

Sous ses pas quel abîme s'ouvre ?

Le voile sacré qui le couvre

Abusera-t-il les humains ?


 

Je vois sur le trône adorable

De l'indulgente pitié,

Briller le sceptre inexorable

Du Fanatisme détesté :

Habile à feindre des alarmes,

L'ambition reçoit des armes

Des mains de la crédulité ;

Et prêt à rentrer dans la poudre,

Le peuple tremble au bruit du foudre

Qu'allume sa simplicité.


 

Aux temps heureux du premier âge

L'homme eut pour maître son auteur ;

Pour lois, une Nature sage

Qui se fit entendre à son cœur.

Dans les pièges de la licence

La faible et timide innocence

Eût à peine trouvé des fers :

Prêtres1 des dieux qu'ils fabriquèrent,

Soudain les tyrans consacrèrent

L'esclavage de l'Univers.


 

Aussitôt le peuple sans peine

Baise la main qui l'a dompté,

Et chacun croit voir sur sa chaîne

Le sceau de la divinité :

Bientôt du Midi jusqu'à l'Ourse,

Ce fleuve rapide à sa source

S'accroît par de nouveaux torrents ;

De leurs égaux devenus maîtres,

Quand les tyrans ne sont plus prêtres2,

Les prêtres servent les tyrans.


 

Presque au niveau du rang suprême,

Leur rang est trop bas à leur gré :

Bientôt l'orgueil du diadème

Fléchit sous le trépied sacré.

À leurs foudres toujours en butte,

Bientôt pour prévenir la chute

D'un sceptre déjà chancelant,

Confondu dans la foule obscure,

Le Prince aux pieds de l'imposture3

Court se prosterner en tremblant.


 

Il n'est plus désormais de digues

À vos projets ambitieux,

Prêtres, de vos lâches intrigues

Recueillez les fruits précieux...

Craignez-vous qu'un œil téméraire

Ose percer du Sanctuaire

Le labyrinthe redouté ?

Eh ! forgez contre le perfide

Un Dieu4 que vous ferez avide

D'un sang justement détesté.


 

Il faut l'étai de l'ignorance

Au trône fondé par vos mains :

Mais dans une éternelle enfance

Sachez retenir les humains ;

Ici, par une austère5,

Aux yeux du crédule vulgaire

Achetez d'éternels plaisirs ;

Et là brûlant d'un feu cynique6,

Jouissez du tribut inique

Offert à vos honteux désirs.


 

Proportionnez aux lumières

Des esclaves de votre Loi

Les erreurs plus ou moins grossières

Que vous offrirez à leur foi :

Tantôt qu'un style énigmatique7

D'une abstraite métaphysique

Obscurcisse encor le chaos ;

Et tantôt des royaumes sombres

Faites sortir avec les ombres

La peur qui forme les dévots8.


 

Mais toi, Rome, dont le courage

Aspire à dompter l'Univers,

Au fier ennemi qui t'outrage

Qu'attends-tu pour donner des fers ?...9

Immole un indigne ministre

Qui par cet augure sinistre

T'inspire un ridicule effroi ;

Et frappé du coup magnanime

Que porte un bras vengeur du crime,

Le Monde entier subit ta loi.


 

Non par les armes du scrupule

Ils ont subjugué tous les cœurs ;

Tout est peuple, tout est crédule,

Tout cède à de vils imposteurs :

Si les flambeaux d'une mégère

N'épouvantent que ce vulgaire

Presqu'abruti par ses travaux :

L'ivresse du Patriotisme10

Est dans les mains du Fanatisme

Le ressort qui meut les héros.


 

Mais de ces siècles de ténèbres

Pourquoi retracer les horreurs ?

Quels objets encore plus funèbres

M'offre ce siècle de fureurs ?

Voyez la France en cent batailles

Déchirer ses propres entrailles,

S'immoler ses propres guerriers,

S'enorgueillir du privilège

De couvrir son front sacrilège

Des plus détestables lauriers.


 

Par la bouche de ses ministres11

L'Éternel a dicté ses lois ;

En vain à ses arrêts sinistres

La Nature oppose sa voix ;

Que tout s'arme pour sa querelle,

Venez-le d'un peuple rebelle

Dont l'erreur osa l'outrager ;

Faites servir à votre rage

Le feu, le poison, le carnage :

Tout est permis pour le venger.


 

Ainsi12, de l'ingrat mercenaire,

Le maître expire sous les coups ;

Le frère assassine le frère,

L'épouse dénonce l'époux :

Du malheureux13 que ma furie

Fait à mes pieds tomber sans vie,

C'est peu d'avoir percé le flanc ;

Dans ses entrailles palpitantes

Il faut que mes mains dégoûtantes

Cherchent le reste de son sang.


 

Faut-il encor d'autres victimes

Pour assouvir cette fureur ?

Oui, que de plus illustres crimes

En éternisent la terreur....

Vois, mais adore, humble vulgaire,

C'est du milieu du Sanctuaire

Que part le funeste signal....

C'est enfin sur l'Être suprême,

Dans son Image, ses oints même14

Que porte le glaive fatal.


 

À mon respect pour ce saint Temple

Où vous prêchez l'iniquité,

Fourbes sacrés, que j'y contemple,

Vous devez ma crédulité :

Mes attentes sont votre ouvrage ;

Trop tard je frémis du langage

Des ministres du Dieu de paix ;

Ce Dieu dont l'équité sévère

Punit une faute légère,

Peut-il m'ordonner des forfaits ?


 

Sous des traits, dont enfin s'irrite

Mon cœur de remords combattu,

En vain votre bouche hypocrite

M'offre un fantôme de vertu...

Étrange et barbare Sagesse,

Qui vois une indigne faiblesse

Dans ce juste retour du cœur,

Tu n'es qu'une affreuse imposture ;

Au cri perçant de la Nature

Cesse d'opposer son auteur.


 

De tant d'horreurs du Fanatisme

Purgez le culte des autels,

Brisez les fers du despotisme

Dont il accable les mortels :

Contre une doctrine nouvelle,

Prêtres, signalez votre zèle,

Faites-en sentir le poison ;

Mais c'est assurer son empire

Que d'employer pour le détruire

D'autres armes que la raison15.

 

Fin

 

Notes

 

1. Ninus, après la mort de Belus son père, lui fit rendre les honneurs divins, et fut le premier prêtre de son Temple.

2. Les Successeurs de Ninus abandonnèrent à des prêtres qu'ils choisirent le culte des autels de la nouvelle Divinité.

3. Initiation des Rois Égyptiens ; éducation des jeunes Princes, confiée aux prêtres.

4. Sacrifices de Saturnes, Moloch, et C.

5. Brahmines, qui se sont attachées à des arbres dans des attitudes qui révoltent le bon sens et l'humanité.

6. Privilège des Fakirs, dont les embrassements honorent les femmes à qui ils veulent bien accorder ces faveurs, même au milieu des rues.

7. Hiéroglyphes égyptiens.

8. On ne confondra point cette peur à laquelle l'imbécilité païenne érigea des autels, avec cette crainte salutaire qui est le commencement de la sagesse.

9. Il fallait que les poulets sacrés mangeassent de bon appétit pour qu'on osât livrer une bataille.

10. Curtius, Decius.

11. On ne se rappelle point encore sans frémir les maximes horribles dont retentissaient alors tous les Temples.

12. Massacre de la Saint-Barthélemy.

13. Cadavre de l'Amiral de Coligny, jeté par la fenêtre et foulé aux pieds.

14. Assassinat d'Henri III et d'Henri IV.

15. Rationabile sit obsequium vestrum.

 

 

***

 

Pour citer ce poème

 

Poète anonyme, « Le Fanatisme, Ode, Amsterdam, MDCCLXV (1765) »,   poème choisi, transcrit, remanié & mis en français moderne par Dina SahyouniLe Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiquesHommage poéféministe au professeur Samuel Paty, mis en ligne le 3 novembre 2020. Url : http://www.pandesmuses.fr/21octobre/pa-fanatisme

 

 

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2 novembre 2020 1 02 /11 /novembre /2020 15:47

Hommage poéféministe | Articles, pensées, réflexions lettres ouvertes & témoignages

 

 

 

 

 

 

 

Le bonheur primitif de l'homme,

 

 

ou les rêveries patriotiques (extrait)

 

 

 

 

 

 

 

Olympe de Gouges

 

Texte choisi, transcrit, remanié & mis en français moderne pour cette revue par Dina Sahyouni

 

 

 

​​​​​​​​​​​​​​​​​Crédit photo : "Ciel bleu en Touraine", domaine public, Commons. 

 

 

Ce texte présent ci-dessous est un extrait de GOUGES, Olympe de, Le bonheur primitif de l'homme, ou Les rêveries patriotiques, à Amsterdam, et se trouve à Paris, Chez Royer, Libraire, quai des Augustins, et chez Bailly, Libraire, barrière dès Sergens, rue Saint-Honoré, 1789, pp. 1-7. L'opus en question appartient au domaine public.

 

 

 

Le Bonheur primitif de l'Homme ou les rêveries patriotiques

 

 

    Je me suis peut-être égarée dans mes rêveries : il fallait en effet m'écarter de mon but pour remplir ce titre. J'étendrai mes réflexions d'après mes simples connaissances, et la nature, de qui je tiens tout, me guidera dans mon entreprise. Mon projet est périlleux, cette entreprise est hardie ; mais dussé-je être forcée moi-même à reconnaître mes erreurs et mon impuissance, je parlerai.... J'examinerai indistinctement tout ce qui caractérise les sottises de l'homme depuis qu'il a perdu son bonheur. Je l'observerai dans ses plaisirs, son ambition, ses tourments, son hypocrisie, sa scélératesse, et ses espérances.

 

   Dans cette matière, il faudrait avoir l'art et le génie de Rousseau,

qui montre partout l'homme instruit et l'homme de la nature. Cependant ses opinions n'en ont pas moins excité la critique ; et lorsqu'on devait élever un autel à sa mémoire plusieurs productions religieuses ont cherché à la ternir : mais elle est gravée en caractères ineffaçables au temple de la Gloire. Voltaire, ainsi que bien d'autres, ont-ils voulu perdre le monde ? Non, sans doute ; ils avaient leurs principes ; ils étaient libres de les proposer : mais malheur à celui qui prétend condamner l'opinion d'autrui, et qui a le vain orgueil de se persuader que la sienne seule est bonne, et qu'elle doit être adoptée.

Si l'homme n'a pas la liberté de penser, il faut donc lui ôter la raison. Nous croyons tous voir la même vérité, quand tous nous voyons différemment. Il en est ainsi des Religions. Que de cultes divers ! Mais le vrai Dieu, tel que l'on doit se l'imaginer, est, ce me semble, un Dieu généreux et bienfaisant ; il laisse prospérer toutes les Nations, sous quelque forme que l'on veuille l'adorer. Quelque bizarrerie que les hommes puissent mettre dans les vœux qu'on lui adresse, ces vœux n'en vont pas moins à lui. Seul être suprême, il ne peut les partager avec personne. Cependant ; que de maux la Religion n'a-t-elle pas produits ! que de contestations ne causera-t-elle point encore ! L'homme est-il assez généreux pour être juste ? Mais, pour le trouver tel, il faudrait le faire remonter au temps primitif. Malgré tous les raisonnements que l'on a faits sur cette matière, je n'entrevois aucune marque certaine, aucune notion bien fondée, qui me prouvent que l'homme ait été sans génie, sans justice, et sans humanité dans sa première origine.

 

    Les Auteurs les plus anciens ont peint différemment les mœurs des premiers hommes. Les modernes ne les ont pas moins dénaturées, en voulant cependant les placer près de la Nature. Que d'opinions différentes ! que de systèmes opposés les uns des autres ont paru ! D'après ces observations, on peut douter des lois et des mœurs des premiers hommes, puisque les plus éclairés n'ont point été d'abord à ce sujet. Je veux moi, ignorante, essayer de m'égarer comme les autres. Et qui sait si je ne rencontrerai point la vérité ? Alors, quel sera l'être assez hardi pour dire que je me suis trompée ? S'il en existe, ce dont je ne répondrai pas, je le déclare d'avance pour le plus fou et le plus insensé. Nous disserterons sur cette matière et nous combattrons nos folies.

J'admire l'homme dans ses vastes desseins ; mais quand je l'examine avec ses erreurs et ses sottises, il me fait pitié. Le moderne le plus instruit peut-il se croire plus merveilleux et plus grand que l'homme qui sortit des mains de la Nature ? Ah ! sans doute il a dégénéré ; et si Dieu lui-même a pétri l'homme et la femme, ces deux modèles devaient être parfaits. Si nous descendons directement de ces deux mortels, les hommes ne vivaient point comme les brutes : ils ne bâtirent pas d'abord des palais, mais des cabanes aussi agréables et sans doute plus saines que ces espèces de prisons somptueuses que les arts et le luxe ont créées.

 

    Il est à croire que le premier homme porta avec lui l'esprit, le génie, les sciences, les talents, les vices, et les vertus ; à moins que Dieu, avant de créer l'homme, n'eût semé tout cela sur la terre, et qu'il lui eût dit, en l'animant : Cherche, et tu trouveras ce qui te convient.

 

    Voilà, selon que je le présume, quels sont les différents systèmes des Philosophes. Si l'on en croit Jean-Jacques dans son Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, l'on verra que, d'après ce fameux Écrivain, l'homme a souffert des siècles pour parvenir au degré où il est ; que tantôt il l'élève dans son état naturel, et que parfois il l'avilit. Jean-Jacques avait trop de lumières pour que son génie ne l'emportât pas trop loin, et c'est peut-être ce qui l'a empêché de saisir le véritable caractère de l'homme dans le temps primitif ; mais moi, qui me ressens de cette première ignorance, et qui suis placée et déplacée en même temps dans ce siècle éclairé, mes opinions peuvent être plus justes que les siennes. Tant de lumières et de savoir n'ont pas produit le bien qu'ils ont coûté. Aussi je vais prendre l'homme sortant des mains de la Nature, le faire monter au degré où il est parvenu, et le faire entrevoir dans l'état où il pourrait retomber.

 

 

***

 

Pour citer ce texte

 

Olympe de Gouges, « Le bonheur primitif de l'homme, ou les rêveries patriotiques (extrait) »,   texte extrait de GOUGES, Olympe de, Le bonheur  primitif de l'homme ou les rêveries patriotiques, 1789, choisi, transcrit, remanié et mis en français moderne par Dina Sahyouni Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiquesHommage poéféministe au professeur Samuel Patymis en ligne le 2 novembre 2020. Url : http://www.pandesmuses.fr/21octobre/g-bonheur

 

 

 

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2 novembre 2020 1 02 /11 /novembre /2020 12:34

Hommage poéféministe | Textes poétiques  

 

 

 

 

 

« Dites à mes enfants que je les aime »

 

 

 

 

 

 

Françoise Urban-Menninger

 

Blog officiel : L'heure du poème

 

 

 

​​​​​​​​​​​​​​​​​Crédit photo : Peinture de rosaire, domaine public, Commons. 

 

 

Ce poème est dédié à Simone, la mère de trois enfants, aide-soignante, qui a prononcé ces derniers mots en agonisant après avoir été poignardée dans la basilique de Nice.

 




 

 

 

 

dites à mes enfants 

que je les aime

furent ses dernières paroles

avant que son âme ne s'envole

 

 

cette phrase enclose dans mes vers

telle une ultime prière

défie désormais le temps

et égrène dans mon poème

 

 

son rosaire de lumière

 

 

***

 

Pour citer ce poème

 

​​​​Françoise Urban-Menninger« "Dites à mes enfants que je les aime" », poème inédit, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Hommage poéféministe au professeur Samuel Patymis en ligne le 2 novembre 2020. Url : http://www.pandesmuses.fr/21octobre/fum-simone

 

 

 

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