22 novembre 2023 3 22 /11 /novembre /2023 17:54

N°15 | Poétiques automnales | S'indigner, soutenir, lettres ouvertes & hommages | Revue des métiers du livre

 

 

​​

​​​​

​​​​​​​​​​​​

 

Les bouquinistes parisiens

 

 

Ad Æternam

 

 

 

 

 

Tribune par

 

Mustapha Saha

 

Sociologue, poète & artiste

 

Photographies par

 

Élisabeth Bouillot-Saha

 

Photographe

 

 

© Crédit photo : Mustapha Saha chez les bouquinistes des quais de Seine,  image par Élisabeth Bouillot-Saha, septembre 2023.

 

Paris. Vendredi, 18 août 2023. Je reçois la pétition suivante que je m’empresse de signer. « Avec l’arrivée des jeux olympiques, les bouquinistes des quais de la Seine sont directement mis en danger. Il est prévu un démontage total des boîtes qui sont le seul emploi et la seule source de revenus de ces libraires à ciel ouvert sans garanties de remontages et de restaurations. Il est difficile d’imaginer les quais de la Seine sans bouquinistes, ça revient à détruire l’âme de  Paris ». Je me rends sur place. Je discute avec plusieurs bouquinistes. Ils me paraissent à la fois déterminés et sidérés. L’inconcevable leur tombe sur la tête. Jérôme Callais, président de l’association culturelle des bouquinistes de Paris,  me dit : « La mairie nous utilise comme argument touristique. Et là, elle nous chasse d’une tapette comme des mouches sur le gâteau ». Alain Greppo, bouquiniste depuis trente ans : « Les amateurs de livres se font rares. Les touristes prennent des photos et passent leur chemin. Certains achètent des souvenirs, des porte-clefs, des cadenas d’amoureux, des gadgets tricolores. Nous sommes folklorisés, ringardisés. Des projets de réaménagement se trament dans notre dos ». Il est loin le temps où Gérard de Nerval écrivait : « Il est impossible, pour un parisien, de résister au désir de feuilleter de vieux ouvrages étalés par un bouquiniste » (Gérard de Nerval, Les Filles du feu, Angélique, 1854). Les Jeux olympiques abrogent l’histoire. Les cérémonies d’ouverture et de clôture se dérouleront sur la Seine. Un événement sous haute surveillance. Des berges détergées, aseptisées, astiquées. Le sécuritarisme justifie le culturicide. L’actualité pèse de toute son insignifiance. Le pouvoir  policier n’a cure des manifestations populaires. 

 

 

© Crédit photo : Mustapha Saha et Jérôme Callais, président de l’Association culturelle des bouquinistes de Paris, image no 2 par Élisabeth Bouillot-Saha, septembre 2023.

 

 

 

Les deux-cent-trente bouquinistes parisiens tiennent en permanence la plus grande librairie à ciel ouvert du monde. Trois-cent-mille livres. C’est là que je déniche depuis toujours des introuvables. C’est là que je me rendais rituellement avec Edmond Amran El Maleh et Haïm Zafrani. « Ici  s’échouent les trésors coloniaux répudiés » me susurre le savant auquel j’ai consacré mon livre Haïm Zafrani, Penseur de la diversité. La bouquinerie remonte loin, aux colporteurs d’incunables et d’imprimés au seizième siècle. Le mot français bouquin, boucquain, dérivé du néerlandais bœc signifiant livre, s’atteste dès le quinzième siècle. « Bouquiniste, on appelle ainsi un homme qui arpente tous les coins de Paris, pour déterrer les vieux livres et les ouvrages rares, et celui qui les vend. Le bouquiniste visite les quais, les petites échoppes, tous ceux qui étalent des brochures.  Il en remue les piles à terre. Il s’attache aux volumes les plus poudreux, qui ont la physionomie antique. Ce n’est que de cette manière que l’on trouve à bas prix les ouvrages les plus curieux. » (Louis-Sébastien Mercier, Tableau de Paris, 1782, douze volumes, réédité par Le Mercure de France en deux tomes, 1994). Les bouquinistes d’aujourd’hui sont, pour une bonne partie, des personnages insolites, des professeurs à la retraite, « Il n’y a qu’une retraite, c’est la mort » me dit l’un d’eux, d’anciens libraires ruinés, des bibliophiles, un marketeur revenu des publicités aliénantes, un ancien maoïste désenchanté, un contrebassiste classique lassé des salles de concert.  « Quand le dernier vieux bouquiniste, connaissant à fond son métier, qui vendait des livres anciens et épuisés, et pas seulement des livres d'occasion, aura disparu, l'âme des quais parisiens  aura quitté ces lieux de promenades littéraires, artistiques, et surtout de rêveries philosophiques » (Louis Lanoizelee, Souvenirs d’un bouquiniste, éditions L’Âge d’homme, 1978).

La Ville de Paris est propriétaire des emplacements. Elle délivre des autorisations d’occupation exemptées de loyer. Les concessions de huit mètres peuvent accueillir quatre boîtes d’égale dimension. Le bouquiniste s’engage à ouvrir au moins quatre jours par semaine sauf intempéries, et à ne faire commerce que de livres d’occasion, de vieux papiers, de gravures, d’estampes. Une boîte sur quatre peut être consacrée à la brocante de monnaies, de médailles, de cartes postales. Avec le développement de l’imprimerie au quartier latin, les vendeurs sanglés d’une boîte autour du cou et les estaleurs écument les quais de la Seine. La vente à la sauvette favorise la diffusion de pamphlets politiques, de gazettes interdites, de littératures subversives. En 1577, un décret royal traite les colporteurs de larrons et de receleurs. Le Pont Neuf, inauguré en 1606, devient le marché des bouquinistes. En 1649, un arrêté municipal interdit les boutiques portatives et les étalages sauvages. Les bouquinistes doivent se soumettre à des agréments dûment délivrés. La première définition du mot bouquiniste se trouve dans le Dictionnaire universel du commerce de Jacques Savary des Brûlons (1657-1716), inspecteur général de la Douane sous Louis XIV, paru à titre posthume en 1723 : « Les bouquinistes, pauvres libraires qui n’ayant pas les moyens de tenir boutique ni de vendre du neuf, étalent de vieux livres sur le Pont Neuf, le long des quais et en quelques autres endroits de la ville ». Le terme bouquiniste se retrouve en 1752 dans le Dictionnaire de Trévoux, ouvrage historique, condensant les encyclopédies françaises du dix-septième siècle, composé par les jésuites en réaction à l’effervescence intellectuelle des protestants : « Bouquiniste, nom masculin et féminin, se dit des vendeurs de vieux livres, de bouquins, veterum librorum propola. Les quais de la Seine à Paris sont pleins de bouquinistes. Bouquinistes se dit encore de ceux qui lisent de vieux livres, veterum librorum lector ». Voilà pour la légitimation historique. Le Dictionnaire de l’Académie française consacre, en 1762, le mot bouquiniste avec une remarquable platitude : « Bouquiniste, celui qui vend ou achète de vieux livres, des bouquins ». 

 

 

© Crédit photo : Mustapha Saha & Alain Greppo, bouquiniste depuis trente ans. image no 3 par Élisabeth Bouillot-Saha, septembre 2023.

 

 

Le Pont Neuf, inauguré en 1607, est le plus ancien des ponts parisiens, le premier permettant de passer directement d’une rive à l’autre, un pont sans habitations, pourvu de trottoirs protégeant les passants des charrettes. Des marchands ambulants, des tondeurs de chiens, des loueurs de parasols, des arracheurs de dents, des saltimbanques, des jongleurs, des bouffons, des charlatans de tous poils s’y installent. Des bouquinistes y prennent quartier jusqu’à ce qu’ils en soient expulsés en 1819. Sont principalement visés les pamphlets, les mazarinades, les gazettes subversives dont ils sont diffuseurs. Les bouquinistes sont menacés de confiscation de leur marchandise au profit du dénonciateur et de châtiment de leur personne par l’autorité policière.  Une autre ordonnance royale de 1649 confirme l’interdiction. Mais, les étalagistes peuvent compter sur la solidarité des gens de lettres. Les ordonnances successives restent sans effets. Quand, en 1866, le Baron Haussmann veut chasser les bouquinistes pour rétablir les quais dans la pureté de leurs lignes, l’écrivain Paul Lacroix, surnommé le bibliophile Jacob, intercède avec succès en leur faveur auprès de Napoléon III.

Pendant la Révolution française, les libraires ambulants récupèrent les bibliothèques pillées de l’aristocratie et du clergé. Sous le Premier Empire, les bouquinistes obtiennent un statut administratif qui les assimile aux commerçants de la ville. En 1859, sous le Second Empire, un règlement spécifique délivre les premières concessions. Ils obtiennent chacun dix mètres de parapet contre le versement d’une patente et d’un droit annuel de tolérance. Ils ont une autorisation d’ouverture du lever au coucher du soleil. Ils doivent remballer leurs produits à la fin de la journée et ne rien laisser sur place. En 1891, un arrêté municipal permet le stockage  pendant la nuit. En 1900, la mairie impose la couleur vert wagon pour les boîtes, assimilées au mobilier urbain. Sur le blason du bouquiniste, le lézard en quête de soleil pour pouvoir écouler ses livres lorgne sur la noble profession de libraire à laquelle s’accorde le privilège de porter l’épée.

 

© Mustapha Saha

 

 

***

 

Pour citer cette tribune  inédite

 

Mustapha Saha, « Les bouquinistes parisiens Ad Æternam », photographies par Élisabeth Bouillot-SahaLe Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N° 15 | AUTOMNE 2023 « Poétiques automnales », volume 1, mis en ligne le 22 novembre 2023. URL. http://www.pandesmuses.fr/no15/ms-lesbouquinistesparisiens

 

 

 

Mise en page par David

 

© Tous droits réservés

Retour au sommaire du N° 15

Lien à venir

LE PAN POÉTIQUE DES MUSES - dans Numéro 15 Métiers du livre S'indigner - soutenir - etc.
19 septembre 2023 2 19 /09 /septembre /2023 13:25

N°14 | Les conteuses en poésie | S'indigner, soutenir, lettres ouvertes & hommages

 

​​

​​​​

​​​​​​

 

​​​​​​

La France invente l’ostracisation culturelle

 

 

 

 

 

 

 

 

Mustapha Saha

 

Sociologue, poète & artiste

 

 

 

 

Crédit photo : Eugène Delacroix, "Portrait de femme au turban bleu”, peinture tombée dans le domaine public, capture d'écran d'une image libre de droits.

 

 

 

Paris. Lundi, 18 septembre 2023. 

 

 

Août  2023. Les étudiants maliens, burkinabais et nigériens ont reçu, le 30 août 2023, une notification du ministère français des Affaires étrangères annulant leur séjour en France. Messages individuels par courriel : « J’ai le regret de vous informer que nous annulons notre soutien pour votre séjour en France, toutes les prestations de Campus France sont annulées, billets d’avion, allocations et assurance santé. La France a suspendu son aide au développement à destination du Burkina Faso, du Mali et du Niger. Cette décision concerne également les bourses de mobilité du gouvernement français, dont vous êtes bénéficiaire ». Se pratique ouvertement  l’ostracisation culturelle. Les intellectuels, les artistes, les étudiants, situation inédite, sont les victimes collatérales des conflits diplomatiques.

Une directive du ministère français de la Culture, relayée par les directions régionales de la culture, le mardi 12 septembre 2023, ordonne de « suspendre sans délai, et sans aucune exception, tous les projets de coopération menés  avec des institutions ou des ressortissants du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Tous les soutiens financiers doivent également être suspendus, y compris via des structures françaises, comme des associations par exemple. De la même manière, aucune invitation de tout ressortissant de ces pays ne doit être lancée. À compter de ce jour, la France ne délivre plus de visas pour les ressortissants de ces trois pays sans aucune exception ». Retour en force du refoulé colonial. 

 

 

Paris. Mercredi, 13 septembre 2023. Le Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles publie un communiqué de presse où il relève le ton menaçant du message gouvernemental. Le gouvernement français procède par injonction,  sommation, intimidation. « Nous recevons une instruction du ministère de l’Europe et des affaires étrangères. Un message au ton comminatoire. Ce message est totalement inédit par sa forme et sa tonalité, révélateur de ce que nous dénoncions déjà dans le travail collectif en faveur d’un plan sur la danse. Nous écrivions notamment devoir « veiller à ce que la construction d’une politique culturelle française à l’internationale, qu’il s’agisse de danse ou de tout autre art, soit revisitée à l’aune des artistes et de leurs démarches. Les logiques de rayonnement culturel au service d’enjeux diplomatiques aux antipodes des questions artistiques doivent être remises en cause ». Cette interdiction totale concernant trois pays traversés par des crises en effet très graves n’a évidemment aucun sens d’un point de vue artistique et constitue une erreur majeure d’un point de vue politique. C’est tout le contraire qu’il convient de faire. Cette politique de l’interdiction de la circulation des artistes et de leurs œuvres n’a jamais prévalu dans aucune autre crise internationale, des plus récentes aux plus anciennes ».

La France foule aux pieds les conventions internationales qu’elle a signées, notamment la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles signée à Paris le 20 octobre 2005 par la Conférence générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture qui proclame la diversité culturelle comme un patrimoine commun de l’humanité qui doit être célébré préservé dans la pleine réalisation des droits humains et des libertés fondamentales. La Convention reconnaît l’importance des savoirs traditionnels,  en particulier des systèmes de connaissance des peuples autochtones, comme sources de richesse immatérielle et matérielle, et leur contribution positive au développement durable. La diversité culturelle se nourrit d’échanges constants et se renforce par la libre circulation des idées. Les expressions culturelles ne s’épanouissent que dans la liberté de pensée, d’expression, d’information. Il est également utile de rappeler la Déclaration universelle sur la diversité culturelle du 2 novembre 2001 qui donne à ces principes un caractère inaliénable.

Insoutenable condition des francophones refoulés de la culture française. Le discours officiel use et abuse de la notion douteuse de décivilisation. La présence française dans ses anciennes colonies est considérée  comme un rempart indispensable contre les tentations de régression, d’arriération. Qu’on se souvienne du discours impudemment prononcé le 26 juillet 2007 en terre africaine par un président  français nostalgique des temps bénis de la colonisation.

​​​​​« L’Afrique a sa part de responsabilité. La colonisation n’est pas responsable des guerres intestines, des génocides, des dictatures, des fanatismes, des corruptions, des prévarications.  Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire. Jamais il ne s’élance vers l’avenir. Dans cet univers où la nature commande tout, l’homme africain reste immobile au milieu d’un ordre immuable où tout est écrit d’avance. Il n’y a de place ni pour l’aventure humaine, ni pour l’idée de progrès ». Même discours du président actuel sur les banlieues : « J’ai parlé de décivilisation. Il faut donc s’atteler à reciviliser ». L’occidentalisme appelle barbarie tout ce qui échappe à son paradigme. Le technocratisme appelle désormais décivilisation tout ce qui s’oppose à ses modélisations. Dans tous les cas, le capitalisme ne peut exister que par sa fonction colonisatrice. Le néolibéralisme se replie sur la vieille rhétorique dévalorisatrice de l’insoumise altérité. La décivilisation se décline comme un constat de déclin, de décadence, exigeant un rétablissement de l’ordre, une policiarisation de la société.

La notion de décivilisation, forgée par l’anthropologue Robert Jaulin (1928-1996) dans son ouvrage La Décivilisation, politique et pratique de l’ethnocide, édition Complexe, 1974, revêt une signification antinomique de sa récupération politique. La décivilisation est définie à l’origine comme un génocide, une destruction méthodique d’une culture préexistante par la colonisation.

L’ethnocide fait écho au génocide et homicide. Le terme ethnocide est suggéré, en Mai 68, à Robert Jaulin par l’ethno-historien et géographe Jean Malaurie, explorateur de l’Arctique. Robert Jaulin fait d’abord usage de l’expression génocide culturel pour désigner la liquidation des cultures amérindiennes.

L’Occident colonisateur pense, depuis la Restauration, la civilisation au singulier, comme un modèle exclusif dont il détient le monopole, un moule unique dans lequel l’humanité dans son entier doit se couler. La décivilisation présuppose une idéologie de conquête. L’Occident est coupable, depuis l’envahissement des Amériques et d’autres contrées en Asie, en Océanie, en Afrique, de dévastations massives. D’où un paradoxe flagrant. Comment peut-on se prétendre une civilisation quand on détruit méthodiquement d’autres cultures, d’autres civilisations ?

La décivilisation, conçue par Robert Jaulin, permet de penser les effets délétères, pernicieux, de la domination occidentale. La décivilisation idéologisée par l’extrême droite, désorganisatrice de la quotidienneté des autres,  justifie les discriminations, les persécutions à l’encontre des cultures diversitaires. « Entendons  par là, aussi bien la destruction du type d'organisation des relations de résidence, que la destruction du type d'organisation des relations de consommation et de production. Lorsque nous ne sommes plus libres de dormir dans une grande maison collective, toute confortable, faite de feuilles, et que, au nom du progrès, il nous faut vivre dans une petite maison solitaire, faite de ciment, il y a destruction de toute la structure sociale associée à cette maison collective. On détruit une culture en s'attaquant à sa vie quotidienne, ce lieu de toute culture, autrement dit  à la communauté  génératrice de vie quotidienne » (Robert Jaulin). La décivilisation est, par conséquent, l’occidentalisation du monde, la standardisation des comportements, l’uniformisation des modes de vie. La décivilisation est un crime occidental contre les sociétés non-occidentales.

L’anthropologue Pierre Clastres (1934-1977), auteur du livre La Société contre l‘Etat, éditions de Minuit, 1974, se pose la question : Pourquoi l’ethnocentrisme occidental est-il devenu ethnocidaire ? Les cultures ethnocidaires sont des sociétés étatiques. La machine étatique est intrinsèquement expansionniste et ethnocidaire, y compris endogènement. Les différences disparaissent devant la puissance étatique. Les cultures traditionnelles sont traquées. Le français s’impose dans toutes les provinces comme langue maternelle. Les vies villageoises sont ravalées au rang de folklores à usage touristique. S’anéantissent les terroirs, les localités aux multiples visages. (Voir Eugen Weber (1925-2017), La Fin des terroirs, la modernisation de la France rurale 1870-1914, traduction française éditions Fayard, 1983). L’espace capitaliste occidental, son régime de production économique, est un espace illimité, sans lieux, un espace infini de la fuite en avant permanente. Le capitalisme est la puissance décivilisatrice par excellence. La décivilisation est un long processus de dissolution des sociétés traditionnelles. Pour le sociologue Norbert Elias (1897-1990), la civilisation occidentale, c’est la transformation du guerrier intrépide en  courtisan raffiné (Norbert Elias, La Civilisation des moeurs et La dynamique de l’Occident, traductions françaises éditions Flammarion, 1973 et 1875).

Aberrante actualité. Le président français comprend-il la portée historique, anthropologique, sociologique, philosophique du mot décivilisation qu’il emploie à l’emporte pièce ? Probablement pas. Il l’utilise, de toute évidence, dans l’acception  primaire, rudimentaire, prosaïque de perte de civilisation pour cibler les sauvages, les barbares,  les incivilisés. L’ancien ministre socialiste de l’Intérieur avait exhumé le vieux vocable sauvageon. La gouvernance française à la dérive se projette dans l’histoire à rebours. « Entre colonisateur et colonisé, il n’y a de place que pour l’intimidation, la répression, le mépris, la morgue, la suffisance, la muflerie. J’entends la tempête. On me parle de progrès, de niveaux de vie élevés. Moi, je parle de sociétés vidées d’elles-mêmes, de cultures piétinées, de terres confisquées, de magnificences artistiques anéanties » (Aimé Césaire, « Discours sur le colonialisme », éditions Réclame, 1950, réédition Présence Africaine, 1955). Foin des dénominations dulcifiantes comme néocolonialisme. Le colonialisme, affublé des habits neufs du mondialisme, n’a jamais cessé. Les africains sont toujours disqualifiés  comme populations attardées. Les immigrés, parqués dans des cités d’exclusion, se traitent comme des colonisés de l’intérieur. Le langage colonial se déculpabilise, s’actualise, se banalise. La décivilisation devient synonyme d’ensauvagement. Des pans entiers de la population subissent quotidiennement les violences symboliques, les intimidations discursives, les dramatisations médiatiques. Les villes s’assourdissent, jour et nuit,  de sirènes hurlantes. Les peurs s’entretiennent comme des soupapes préventives. La société française sombre dans la psychose collective.

 

© Mustapha Saha

 

Bio express. Mustapha Saha,  sociologue, écrivain, artiste peintre,  cofondateur du Mouvement du 22 Mars et figure nanterroise de Mai 68.  Sociologue-conseiller au Palais de l’Elysée pendant la présidence de François Hollande. Livres récents : Haïm Zafrani Penseur de la diversité (éditions Hémisphères/éditions Maisonneuve & Larose, Paris), « Le Calligraphe des sables » (éditions Orion, Casablanca).

 

 

***

 

Pour citer ce texte inédit

​​​​

Mustapha Saha, « La France invente L’ostracisation culturelle », Le Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N° 14 | ÉTÉ  2023 « Les conteuses en poésie », volume 1, mis en ligne le 19 septembre 2023. URL :

http://www.pandesmuses.fr/no14/ms-ostracisationculturelle

 

 

 

 

Mise en page par David

 

 

© Tous droits réservés

Retour au sommaire du N°14

Lien à venir

LE PAN POÉTIQUE DES MUSES - dans Numéro 14 S'indigner - soutenir - etc. O-no3
8 juin 2023 4 08 /06 /juin /2023 17:36

Événements poétiques | Festival International Megalesia 2023 | S'indigner, soutenir, Lettres ouvertes |  & hommages | Faits divers & Catastrophes | Varia de textes poétiques 

 

 

 

 

 

 

​​​​​​​​​​​​

​​​​​​​​​​​​

​​​​poésie en berne

 

 

 

 

​​​

 

 

Françoise Urban-Menninger

 

Blog officiel : L'heure du poème

 

 

 

 

 

 

 

Crédit photo : Erato, gravure.

 


 

le soleil à peine levé

s'est ce matin recouché

avec ces tout petits

dans un parc poignardés


 

aujourd'hui ma poésie

est en berne et ma rime

saigne entre les lignes

car les mots ne consolent plus


 

seul le silence

sur la page blanche

où leurs cris d'ange se sont tus

me rapprochent des nues


 

© Françoise Urban-Menninger

 

 

***

 

 

Pour citer ce poème inédit​​​​​​ 

​​​​

Françoise Urban-Menninger, « poésie en berne », Le Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Événements poétiques | Festival International Megalesia 2023 « Étrangères », « Frontières du vivant », « Lyres printanières », mis en ligne le 8 juin 2023. URL : 

http://www.pandesmuses.fr/megalesia23/fum-poesieenberne

 

 

 

 

 

Mise en page par David

 

 

© Tous droits réservés

  

Retour à la Table du festival Megalesia 2023

27 mai 2023 6 27 /05 /mai /2023 16:55

N°13 | (Auto)Portraits poétiques & artistiques des créatrices | S'indigner, soutenir, Lettres ouvertes & hommages ​​​​​​​​​​​

​​​​​​

 

 

 

​​​​

​​​​

​​​​​​​​​​​« Des couteaux dans le corps »

 

Les Groenlandaises parlent enfin

 

& écrivent

 

 

 

 

 

 

 

Marc Chaudeur

 

Auteur ayant une formation de philosophe,

de germaniste et un diplôme de Langues scandinaves

 

 

© Crédit photo : Portrait d'une "Groenlandaise" avec son enfant sur les épaules et la pêche de la journée, in "Costumes de différents pays", France, circa, 1797 par Jacques Grasset de Saint-Sauveur (1757-1810) & Labrousse, image prise par LPpdm de l'œuvre qui appartient au domaine public.

 

 


 

Tandis que l’échafaudage titanesque de la domination blanche-masculine-occidentale continue à s’effondrer plus ou moins rapidement, les langues se délient. Au Groenland, des femmes écrivains commencent à évoquer crûment les graves problèmes que connaît la société inuk ; d’autres mettent à découvert des pratiques coloniales toutes récentes encore qui relèvent du racisme et de l’eugénisme les plus hypocrites – et les plus purs. Les premières victimes de la « modernisation » technocratique à l’occidentale sont encore, cela n’étonnera personne, les femmes.

En consultant régulièrement les médias groenlandais, on peut s’apercevoir de la montée de la parole féminine dans ces régions, les plus septentrionales du monde. Depuis un an, en particulier, des femmes de plus en plus nombreuses racontent une expérience vécue d’une incroyable brutalité, qui les a profondément meurtries : les autorités danoises (qui exercent leur tutelle coloniale sur le Groenland depuis le 18ème siècle) ont effectué de force la pose de stérilets, parfois dès l’âge d’à peine 14 ans ! Ces pratiques ont sévi le plus durement dans les années 1966-1975 et jusqu’à 1978.

 

 

En Colombie britannique (Canada), le « Sterilisation Sexual Act » (sic) autorisait la stérilisation forcée des femmes Inuit sans leur consentement… jusqu’en 1973, année où le Gouvernement l’a abrogé. Jusque-là, tout comme au Groenland, les lourdes suggestions à la fois perfides et péremptoires de beaucoup de médecins ont fait merveille : bien souvent, les femmes, souvent très jeunes, ignoraient de quoi elles allaient être au juste les victimes, ou n’étaient pas mises en situation de le comprendre ; et les autres, on les forçait à croire que l’absence de progéniture serait pour elles la meilleure chose qui soit, sans nullement tenir compte de leurs aspirations personnelles.


 

Des couteaux dans mon corps


 

Le Groenland sous tutelle danoise, au contraire du Canada, n’a jamais clairement énoncé sa politique d’eugénisme raciste. Et pourtant : le contexte politique et social de des années 1960-1970 est singulier. Une jeune anthropologue, Anne Kirstine Hermann, en 2021, a effectué une investigation exemplaire sur des menées qu’on a longtemps passées sous silence ou… oubliées1. Après la Seconde Guerre mondiale, une délégation de Groenlandais s’affaire auprès de l’ONU pour y faire reconnaître, sinon l’indépendance, du moins une autonomie effective de la Grand Île. Mais le Danemark, soutenu discrètement par les services secrets américains, manœuvre avec adresse pour faire capoter ces efforts. Deux partis indépendantistes naissent dans ces années là. La puissance tutélaire sent doucement le Groenland lui échapper. Et puis… Sur place, la population Inuk est plus prolifique que les colons danois.

 

Les autorités danoises craignent donc une malencontreuse (à leurs yeux) évolution démographique. Elles mettent alors en place une vigoureuse opération eugéniste, qu’elles enrobent du miel d’une propagande progressiste furieusement hypocrite. Cette opération, les autorités tutélaires l’effectuent sur plus de 4500 femmes. La moitié des jeunes femmes (et jeunes filles) Inuit en âge de procréer ont donc droit au plus intime de leur corps à un cadeau forcé de l’État colonial : un stérilet, de type boucle de Lippes. Ces pratiques, appliquées parfois sur des filles de 14 ou 15 ans, entraînent souvent de graves conséquences psychologiques et sanitaires.

 

Pourquoi cette opération ? Les autorités danoises parlaient alors de « modernisation du Groenland » et d’autonomisation des femmes Inuit, dans un pays où la sexualité hors mariage et les grossesses qu’on peut qualifier de précoces étaient plutôt nombreuses. J’ai trouvé trace de cette opération dans la presse groenlandaise de l’époque, en 1966 : l’un des principaux médecins qui ont posé des stérilets par centaines, le Dr. Erik Rosen, met en avant une pratique de type Planning familial. Moins d’enfants, plus de prospérité, ça coûte moins cher à tout le monde, en somme, et accessoirement, ça libère les femmes, y entend-on. Mais d’autres documents beaucoup plus confidentiels font entendre un autre son de tambour.

 

Hypocrisie de la puissance coloniale ! Les déclarations d’intentions masquent des intentions non déclarées publiquement. À partir de 1970, une loi autorise la promotion de la contraception auprès des mineures sans l’autorisation des parents – et les médecins en profitent pour suggérer aux jeunes filles la pose de stérilets, en l’occurrence de boucles de Lippes… Pour la suggérer en termes très évasifs, très métaphoriques. Libération des femmes, ou bien contrôle étatique d’une population autochtone dont on se méfie toujours davantage ? Des journalistes enquêteurs de la Danske Radio, auteur de podcasts d’une durée totale de deux heures et demi, ont retrouvé des documents confidentiels qui exposent discrètement les intentions réelles des autorités. Et il s’agit bien d’eugénisme raciste. Très analogue à celui que les Suédois avaient mis en place à une époque un peu plus reculée en Laponie, craignant que les Sames ne deviennent trop nombreux et, dans l’inconscient suédois, qu’ils finissent par supplanter les « vrais » Suédois, dont le nombre d’enfants « par femme », il est vrai, est très bas.

 

Et puis d’autres faits scandaleux, emboîtés comme des matriochkas et révélés tout récemment, expriment les intentions de la tutelle danoise, après la Seconde Guerre. Il y a surtout celui, retentissant, lié lui aussi à la rupture toute récente du silence traditionnel des Inuit. Inhibitions et autocensure, ici encore. En 1951, on a privé un certain nombre d’enfants Inuit de leurs parents pour les placer d’autorité dans des familles d’accueil danoises, où on les acculturait et où, de fait, on leur faisait tout oublier de leur culture autochtone – avant de les renvoyer au Groenland pour leur faire porter la bonne parole du « progrès » et du « modernisme » technocratique ! Ici, l’ac – et la déculturation accompagnent le projet eugéniste. L’analogie avec les ethnocides canadien et australien est frappante ; peut-être ont-ils servi de modèle aux Danois…

 

Mais aujourd’hui, au Groenland, inhibitions et autocensure disparaissent lentement, mais sûrement, et les femmes meurtries évoquent de plus en plus ouvertement ce qu’elles ont subi. Et elles renouvellent en conséquence leur solidarité avec les femmes Inuit du Canada et de l’Alaska.

 

La première femme à avoir parlé, après s’être tue pendant 45 ans, c’est Naja Lyberth. Née en 1962, originaire de Maniitsoq, au sud ouest de la Grande Île, elle avait treize ans et demi à ce moment là. On l’a convoquée dans un dispensaire médical. Et suggéré avec ces périphrases dans lesquelles beaucoup de médecins excellent qu’il fallait accomplir une toute petite opération. Elle n’avait jamais eu de rapports sexuels. Mais on lui a posé un stérilet. Et elle a ignoré, et refusé de comprendre très longtemps ce qu’on lui avait fait. Tout comme des milliers de ses compatriotes. Elisibanguak Jeremiassen, par exemple, lorsqu’elle avait vingt ans, a voulu poser un stérilet : le médecin s’est alors aperçu qu’elle en portait déjà un… Nombreuses sont les femmes qui ont souffert de complications, surtout parmi les plus jeunes ; les stérilets de cette époque étaient de taille plus importante qu’aujourd’hui, et un médecin danois œuvrant dans un village Inuit a fini par reconnaître qu’ils n’étaient pas appropriés pour les jeunes filles vierges et nullipares, et qu’ils pouvaient s’avérer dangereux dans ce cas.

 

Naja Lyberth a beaucoup souffert, dans son corps et dans son esprit, dit-elle : « Comme si on avait introduit des couteaux à l’intérieur de mon corps ». Et ces douleurs revenaient régulièrement. On ne leur demandait pas leur avis, à ces filles et à ces femmes. Pas moyen de refuser ; et elles ignoraient pour la plupart ce qui se passait au juste avec ces médecins qui souvent, ne parlaient pas l’inuktitut. Naja, comme les autres, n’en a parlé à personne ; ni à ses parents, ni à ses camarades de classe. Mais Naja est devenue psychologue, spécialiste des traumas. Elle compare le sien, le leur, à un traumatisme de guerre.

Et puis tout lui est revenu au moment de la ménopause, dans les années 2010. Sa souffrance mentale et physique lui a permis alors de mettre des mots clairs sur ce qui lui est arrivé :

« L’État a disposé de mon corps. Maintenant, je vais décoloniser mon corps, et aussi mon esprit » 


 

Le murmure des autrices Inuit devient cri.


 

Dans les conditions de vie et de survie qu’ont connu les Inuit au fil des millénaires, où la chasse, le froid, la faim fauchaient sans pitié les habitants du Groenland, la voix des femmes n’était guère entendue – et guère émise, même. Les violences conjugales, les échanges d’épouses, la violence brutale en général étaient chose courante. Et comme en d’autres sociétés traditionnelles, si l’économie du groupe reposait très largement et très lourdement sur les épaules des femmes, ces dernières ne disposaient d’à peu près aucune autonomie. L’introduction du christianisme par les Frères moraves, au 18ème siècle, si elle a nivelé la perception des différences entre les genres, ne l’a pas égalisé, loin s’en faut. Elle a simplement réduit la part de la violence et augmenté quelque peu la considération pour les femmes, tout en les maintenant dans une obéissance presque absolue à leurs pères et à leurs maris. Le luthéranisme d’État, on s’en doute, a aussi facilité la domination des colons danois sur les autochtones, et ses tenants exprimaient un indiscutable mépris des populations ; très souvent, les pasteurs envoyés au Groenland par Copenhague étaient d’ailleurs les pires, ceux dont il était bon que le petit Danemark lointain se débarrasse : alcooliques, pervers, exaltés religieux qui avaient vu La Lumière, ou déviants souffrant de troubles mentaux divers. Les femmes Inuit en faisaient bien évidemment les frais.

 

Alors, des autrices, dans ce contexte de survie précaire, de domination totale de la puissance tutélaire danoise et de soumission psychologique ? Pour voir apparaître des autrices, il a fallu attendre la fin du 20ème siècle. Et la première œuvre romanesque qu’a composé une femme Inuk groenlandaise porte précisément sur le problème colonial. Ce roman autobiographique narre les mésaventures tragiques d’une Inuk qui a fait la connaissance d’un travailleur danois et va le rejoindre dans son pays d’origine, à Copenhague. Et connaît une fin tragique. L’autrice s’appelle Maaliraaq Vebaek ; née en 1917 et morte au Danemark en 2012, fille de et de…, elle a composé ce Busiime Naarineq (Rencontre dans le bus) en 1981, après des œuvres racontant surtout des événements liés à la chasse et à la pêche. L’œuvre a été traduite en danois par l’autrice elle-même sous le titre : Historien om Katrine (L’Histoire de Katrine), chez Høst og Søn. Un fort beau texte, bien développé et mélancolique, qui ne tait pas grand-chose de la domination coloniale, de genre et de classe que subissent les Inuit – et les frictions du passage de la soumission explicite au Grønland à la soumission hypocrite par le mépris au Danemark sont brillamment décrites2.

 

Jusqu’aux années 2000, pas grand chose. On reste dans les récits de chasse et l’exploitation du patrimoine traditionnel, ce qui a au moins l’avantage de se vendre auprès des touristes et ne mange pas de pain. Comme c’était dur, à l’époque , avant les années 1970 ! Oui, mais... Est-ce plus facile aujourd’hui et depuis un demi-siècle, dans cette époque où le mode de vie traditionnel a considérablement reculé et où le pouvoir a formé le projet d’aplatir le Groenland aux normes occidentales-européennes ?

 

En 2013 paraît le roman de Niviaq Korneliussen. Une jeune femme âgée de 23 ans, née à Nanortalik, sur la pointe Sud de l’Île. Le roman , intitulé HOMO sapienne, fait sensation. On l’a même traduit en français, c’est vous dire !3. Chez un éditeur québecois, certes. L’autrice lesbienne y décrit avec crudité et sans nulle complaisance la vie à Nuuk, la petite capitale. La langue elle-même est passionnante, très actuelle : Niviaq s’exprime en kalaalissut (la langue des Inuit groenlandais), oui, mais surtout, dans un idiome mêlé de danois et d’anglais cool, branché... Et puis on l’a traduit en danois.

 

On y suit l’itinéraire compulsif et titubant de cinq personnages (dont un homme gay) qui impressionnent paradoxalement par leur puissance, eux que les problèmes gigantesques de la vie post-moderne groenlandaise menacent sans cesse de submerger. L’un d’entre eux se nomme Inuk, c’est-à-dire Homme ; une autre s’appelle Arnaq, ce qui signifie Femme… Chassé-croisé, vie nocturne dans Nuuk – avec ce qu’elle implique d’alcool, de drogues, de pratiques sexuelles diverses et assez imaginatives. Et aussi, plus sourdement, les violences conjugales, les violences à l’égard des enfants, les incestes. Et la présence angoissante, obsédante, du suicide. Le Groenland connaît l’un des taux mondiaux de suicides les plus élevés ; il a fini par ne plus être tabou.

 

La voix des femmes, nous commençons à l’entendre. Et nous l’entendrons de plus en plus haut et clair dans les années qui viennent. Elle accompagnera et même peut-être, initiera un changement de paradigme dans le vieil Occident patriarcal épuisé. C’est elle, sans doute, qui décolonisera corps et esprits.

 

© Marc Chaudeur

 

 

NOTES

 

1 Voir l’ouvrage Imperiets Børn, Anne Kirstine Hermann, éd. Lindhardt og Ringhof, 2021.

2 L’anthologie Grønlandsk Litteratur, de C. Berthelsen et Per Langgård, paru en 1983 à Copenhague, reproduit tout le 4ème chapitre de la version danoise du roman. La traduction du kalaalissut au danois est de l’autrice elle-même ; le titre en est : Historien om Katrin (L’Histoire de Catherine), chez Høst og Søn.

3 Homo sapienne, Niviaq Korneliussen, traduction d’Inès Jorgensen, Editions de La Peuplade (Québec), 2017.


 



 

 

Biographie

 

 

Marc CHAUDEUR, né pendant l’époque hambourgeoise des Beatles, il a une formation de philosophe, de germaniste et un diplôme de Langues scandinaves. Il est l’auteur d’un roman, de deux essais traitant d’histoire culturelle et littéraire et de deux traductions du danois : d’une œuvre du philosophe Løgstrup, et du meilleur livre de Knud Rasmussen, le fameux explorateur et ethnographe du Groenland. Il habite à Strasbourg.

 


 

 

***

 

 

Pour citer ce texte engagé & féministe inédit

 

Marc Chaudeur, ​​​​​« « Des couteaux dans le corps ». Les Groenlandaises parlent enfin et écrivent »Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N°13 | PRINTEMPS 2023 « (Auto)Portraits poétiques & artistiques des créatrices », mis en ligne le 27 mai 2023. URL :

 

http://www.pandesmuses.fr/no13/mchaudeur-groenlandaises


 

 

 

Mise en page par David

 

 

 

© Tous droits réservés

 

Retour au sommaire du N°13

LE PAN POÉTIQUE DES MUSES - dans Numéro 13 Féminismes S'indigner - soutenir - etc.

Bienvenue !

 

LE SITE « PANDESMUSES.FR » DEVRA BASCULER EN HTTPS DÈS LA FIN DE SA MAINTENANCE ET LE COMPTAGE DE SES PAGES À ACTUALISER. CELA PRENDRA DES MOIS VOIRE UN AN. NOTRE SITE AURA AUSSI UN THÈME GRAPHIQUE UN PEU DIFFÉRENT DU THÈME ACTUEL. POUR UNE MAINTENANCE À COMPTER DU 20 OCTOBRE 2023. CETTE OPÉRATION POURRAIT PERTURBER VOIRE RALENTIR LA MISE EN PAGE DE NOUVEAUX DOCUMENTS. MERCI BIEN DE VOTRE COMPRÉHENSION ! 

Rechercher

Publications

Dernière nouveautés en date :

VOUS POUVEZ DÉSORMAIS SUIVRE LE PAN POÉTIQUE DES MUSES  SUR INSTAGRAM

Info du 29 mars 2022.

Cette section n'a pas été mise à jour depuis longtemps, elle est en travaux. Veuillez patienter et merci de consulter la page Accueil de ce périodique.

Numéros réguliers | Numéros spéciaux| Lettre du Ppdm | Hors-Séries | Événements poétiques | Dictionnaires | Périodiques | Encyclopédie | ​​Notre sélection féministe de sites, blogues... à visiter 

 

Logodupanpandesmuses.fr ©Tous droits réservés

 CopyrightFrance.com

  ISSN = 2116-1046. Mentions légales

À La Une

  • HIVER-PRINTEMPS 2025 | NO I | Inspiratrices réelles et fictives
    LE PAN POÉTIQUE DES MUSES (LPpdm) REVUE FÉMINISTE, INTERNATIONALE ET MULTILINGUE DE POÉSIE ENTRE THÉORIES ET PRATIQUES HIVER-PRINTEMPS 2025 | NO I | INSPIRATRICES RÉELLES & FICTIVES 1er VOLET Crédit photo : Alphonsine de Challié, « beauty with pink veil...
  • Un film sur le parcours littéraire de Françoise Urban-Menninger
    N° I | HIVER-PRINTEMPS 2025 | INSPIRATRICES RÉELLES & FICTIVES | 1er Volet | Revue Matrimoine | Dossier mineur| Articles & témoignages | Poésie, Musique & arts audiovisuels Un film sur le parcours littéraire de Françoise Urban-Menninger La revue Le Pan...
  • Méas Pech Métral, « Nuages », préface de Sophie Davant, Éditions du Cygne, 2024, 90 pages, 15€
    N° I | HIVER-PRINTEMPS 2025 | INSPIRATRICES RÉELLES & FICTIVES | 1er Volet | Critique & réception | Dossier mineur | Articles & Témoignages | Astres & animaux / Nature en poésie Méas Pech Métral, « Nuages», préface de Sophie Davant, Éditions du Cygne,...
  • Françoise Urban-Menninger dans “Les lundis de la poésie et de la chanson de Sciences Po de Strasbourg”
    N° I | HIVER-PRINTEMPS 2025 | INSPIRATRICES RÉELLES & FICTIVES | 1er Volet | Annonces Diverses / Agenda poétique Françoise Urban-Menninger dans “Les lundis de la poésie & de la chanson de Sciences Po de Strasbourg” © Crédit photo : Capture d'écran du...
  • Patientia
    N° I | HIVER-PRINTEMPS 2025 | INSPIRATRICES RÉELLES & FICTIVES | 1er Volet | Dossier majeur | Articles & Témoignages | Philosophie & Poésie Patientia Réflexion philosophique par Françoise Urban-Menninger Blog officiel : L'heure du poème Crédit photo :...
  • La poésie volcanique de Chantal Robillard
    N° I | HIVER-PRINTEMPS 2025 | INSPIRATRICES RÉELLES & FICTIVES | 1er Volet | Critique & réception / Printemps des Poètes 2025 | Astres & animaux / Nature en poésie La poésie volcanique de Chantal Robillard Critique par Françoise Urban-Menninger Blog officiel...
  • Recension-Préface de Peau par Manon Godet
    N° I | HIVER-PRINTEMPS 2025 | INSPIRATRICES RÉELLES & FICTIVES | 1er Volet | Critique & réception Recension-Préface de Peau par Manon Godet* Préface de Arwa Ben Dhia Poétesse, auteure, ingénieure, docteure en électronique Page Linkedin : https://www.linkedin.com/in/arwa-ben-dhia-phd-0538b011/...
  • Joyeuse année poétique et créative 2025 !
    LE PAN POÉTIQUE DES MUSES (LPpdm) REVUE FÉMINISTE, INTERNATIONALE ET MULTILINGUE DE POÉSIE ENTRE THÉORIES ET PRATIQUES VOUS ADRESSE SES MEILLEURS VŒUX POUR L’ANNÉE 2025 ! Crédit photo : Chen Shu ou Chén Shū (1660-1735, artiste-peintre chinoise), « Beautiful...
  • “Les fleurs d’Aïcha”, la mémoire du geste
    N° I | HIVER-PRINTEMPS 2025 | INSPIRATRICES RÉELLES & FICTIVES | 1er Volet | Dossiers majeur & mineur | Florilèges | Nature en poésie | Poésie visuelle & REVUE ORIENTALES (O) | N° 4-1 | Créations poétiques “Les fleurs d’Aïcha”, la mémoire du geste Poème...
  • Hirondelle Parestoo
    N° I | HIVER 2025 | INSPIRATRICES RÉELLES & FICTIVES | 1er Volet | Dossiers majeur & mineur | Florilèges | Astres & animaux/Nature en poésie | Poésie politique & REVUE ORIENTALES (O) | N° 4-1 | Créations poétiques Hirondelle Parestoo Poème engagé & féministe...