Tiphaine Mora,« Tu rêves », poème philanthropique inédit,Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Événement poétique| Reconfinement « Rêveries fleuries », mis en ligne le 18 décembre 2020. Url :
Tu me fais sentir l’amour et nos odeurs mêlées forment un étrange bouquet
De lilas, de rosiers, de chrysanthèmes
Ces fleurs de cimetière que mon père offrit à ma mère le jour de ma naissance
Il ne savait pas ce qu’étaient ces fleurs-là
Mais peut-être entendit-il dans leur nom résonner
Un thème qu’il n’effleurait jamais.
Au jardin des plantes
Au jardin des plantes deux singes sont passés
Ils nous ont regardé
Ont-ils vu qu'un jour nous étions eux
Dans leurs yeux miroitait
Qui un jour ils seraient.
Djinn
Mon odeur de terre, ton odeur de fleurs
Ensemble créent notre saveur
Tel un djinn, d’elle, émane une femme-fleurs
Enterrant ses pleurs, source des couleurs.
Rose
Où rit-elle ?
Dans le prénom que je viens de dire
Je le respire, tu me l'inspires
Je l'expire dans ta bouche, entre tes lèvres
Je dis "où" et elle rit.
Rit dans ma bouche qui s'ouvre pour dire
Le nom de ton être, les sons de ses lettres
Rit dans la tienne pour qu'en ce prénom
Rose s'éclose.
Elle se rit de nous, mais nourrit nos bouches qu'elle réunit
Et sa langue de fleur, douce et âcre à la fois
Révèle ceux qui rêvent d'elle.
Haïku
Ta tige
Mes pétales
Une fleur.
***
Pour citer ce bouquet de poèmes d'amour
Sophie Weill,« Bouquet de rêveries fleuries» composé de cinq poèmes inédits,Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Événement poétique| Reconfinement « Rêveries fleuries », mis en ligne le 17 décembre 2020. Url :
Nicole Coppey (calligrammes audiovisuels inédits),« Rêve Sel d'Étoile » & « Rêverie en balançoire»,Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Événement poétique| Reconfinement « Rêveries fleuries », mis en ligne le 16 décembre 2020. Url :
Crédit photo : "Ciel bleu en Touraine", domaine public, Commons.
Épitaphe
L’instant a été bref. La journée a passé trop vite. La saison a été si courte. Tout n’a duré que l’espace d’un éclair. A-t-il entendu le chant des oiseaux au soleil levant malgré le brouhaha des nouvelles d’hier ? A-t-il lu le message dans mes yeux par-dessus le journal noirci de l’encre des erreurs des hommes ? Il regardait des photos fanées alors que je plantais des fleurs. Que nous sommes-nous dit finalement ? Que m’a-t-il dit, sinon qu’il manquait de temps ? Le café du matin n’est pas amer, il a un goût de solitude et je regarde le fond de ma tasse, comme si un message allait apparaître.
Route
À quoi bon crier s’il n’y a pas de mur pour renvoyer l’écho ? Tous passent à la vitesse de la lumière, en ne laissant qu’une trace indéchiffrable sur le cahier de ma vie. Tous passent sans prononcer la moindre parole. Quelle empreinte laisserons-nous sur l’âme du monde ? J’écris à 100 km à l’heure parce qu’un jour, demain de viendra pas. J’écris même si tout est dérisoire et que sur la ligne d’horizon, les larmes ont effacé le maquillage et que les mots ont perdu leur sens. Je suis une maison à vendre au milieu d’un champ de pierres.
Escalier
Je tisse un linceul avec quelques mots dans le tourbillon de flocons sur le ciel de nuit. La ville va s’endormir. Les passants sont rares et furtifs. Nous glissons tous vers la terre sans le savoir, sans y penser. Pour y dessiner des anges de neige. Il y a plusieurs milliers d’années que j’apprends à lire, et pourtant je ne comprends pas l’alphabet de la vie. Il neige avec acharnement et nous continuons de traverser le temps. Il arrivera un moment où nous deviendrons statues.
Crépuscule
J’escalade un autre horizon ébouriffé de parures noires sur écran voilé. Au loin, il y a des innocents écorchés et des madones qui ont vendu leur âme. On pénètre dans l’obscurité comme on se glisse dans un gant, dont le velours n’a pas la même douceur pour tous. Je me souviens de ce couple qui s’embrassait inlassablement dans un café au cœur de la ville. Leur reflet se peignait sur les lunettes de l’homme assis en face de moi. J’aurais dû lui offrir un baiser. Comme frôlement intempestif et audacieux.
Cartes
Chaque matin, je brasse les cartes comme si elles allaient se mettre en place d’elles-mêmes. Qui aurait cru que je resterais sourde aux poèmes écrits sur feuillets brûlés, que je suivrais des pas par-delà des sentiers obliques abandonnés, et plus loin, plus loin encore. Je m’adosse contre le passé. Ce qu’on écrit, on le puise dans une réalité que l’on a inventée. Un tout fait de petits riens. C’est ainsi que l’on devient laid et que l’on vieillit définitivement.
Désert
Rien ne sert de décrypter la déchéance ni de fouler la jachère. Nous surgissons dans l’instant que nous ne choisissons pas comme pantins inadaptables, amas de mots pour nommer ce qui encombre ou n’existe pas, dans l’aporie d’un désert affectif. Nous cherchons à posséder dans la dépossession de l’amour, nous reproduisant en parlant de choses concrètes, mais éphémères. À l’orée, au cœur d’une géomancie d’offrandes, je mendie. Ne me cherchez pas. Je ne suis pas où vous croyez. Il ne reste aucun espace libre dans ce lugubre univers que vous créez.
Absences
La ville où je marche vibre sous une cuisante lassitude. Personne ne parle, mais tout le monde porte un fardeau de misère et d’abandons successifs. Lacérations invisibles sous un masque de deuils mal vécus. Ce monde manque de joies innocentes, fiction puisée dans une nostalgie mensongère. Sans doute aurait-il fallu infliger la peine de mort aux bourreaux d’enfants. Sans doute aurait-il fallu les crucifier sur la place publique.
Masque
Est-ce la mort qui s’installe insidieusement dans les interstices du masque prématurément posé sur certains visages ou la peur qui peint des signes indéchiffrables et affolants ? Nul ne saurait le dire. Nous traversons des galaxies pendant quelques éternités avant de pouvoir dire que nous sommes arrivés. Pendant ce temps, court le vent et fument les cheminées. Pendant ce temps, se battent certains sans plus savoir pourquoi. Pendant ce temps, dorment les dieux et s’enchaînent les désastres.
On publie ci-dessous la version originale en bleu des extraits pour vous permettre de visualiser le texte en couleur :
Épitaphe
L’instant a été bref. La journée a passé trop vite. La saison a été si courte. Tout n’a duré que l’espace d’un éclair. A-t-il entendu le chant des oiseaux au soleil levant malgré le brouhaha des nouvelles d’hier ? A-t-il lu le message dans mes yeux par-dessus le journal noirci de l’encre des erreurs des hommes ? Il regardait des photos fanées alors que je plantais des fleurs. Que nous sommes-nous dit finalement ? Que m’a-t-il dit, sinon qu’il manquait de temps ? Le café du matin n’est pas amer, il a un goût de solitude et je regarde le fond de ma tasse, comme si un message allait apparaître.
Route
À quoi bon crier s’il n’y a pas de mur pour renvoyer l’écho ? Tous passent à la vitesse de la lumière, en ne laissant qu’une trace indéchiffrable sur le cahier de ma vie. Tous passent sans prononcer la moindre parole. Quelle empreinte laisserons-nous sur l’âme du monde ? J’écris à 100 km à l’heure parce qu’un jour, demain de viendra pas. J’écris même si tout est dérisoire et que sur la ligne d’horizon, les larmes ont effacé le maquillage et que les mots ont perdu leur sens. Je suis une maison à vendre au milieu d’un champ de pierres.
Escalier
Je tisse un linceul avec quelques mots dans le tourbillon de flocons sur le ciel de nuit. La ville va s’endormir. Les passants sont rares et furtifs. Nous glissons tous vers la terre sans le savoir, sans y penser. Pour y dessiner des anges de neige. Il y a plusieurs milliers d’années que j’apprends à lire, et pourtant je ne comprends pas l’alphabet de la vie. Il neige avec acharnement et nous continuons de traverser le temps. Il arrivera un moment où nous deviendrons statues.
Crépuscule
J’escalade un autre horizon ébouriffé de parures noires sur écran voilé. Au loin, il y a des innocents écorchés et des madones qui ont vendu leur âme. On pénètre dans l’obscurité comme on se glisse dans un gant, dont le velours n’a pas la même douceur pour tous. Je me souviens de ce couple qui s’embrassait inlassablement dans un café au cœur de la ville. Leur reflet se peignait sur les lunettes de l’homme assis en face de moi. J’aurais dû lui offrir un baiser. Comme frôlement intempestif et audacieux.
Cartes
Chaque matin, je brasse les cartes comme si elles allaient se mettre en place d’elles-mêmes. Qui aurait cru que je resterais sourde aux poèmes écrits sur feuillets brûlés, que je suivrais des pas par-delà des sentiers obliques abandonnés, et plus loin, plus loin encore. Je m’adosse contre le passé. Ce qu’on écrit, on le puise dans une réalité que l’on a inventée. Un tout fait de petits riens. C’est ainsi que l’on devient laid et que l’on vieillit définitivement.
Désert
Rien ne sert de décrypter la déchéance ni de fouler la jachère. Nous surgissons dans l’instant que nous ne choisissons pas comme pantins inadaptables, amas de mots pour nommer ce qui encombre ou n’existe pas, dans l’aporie d’un désert affectif. Nous cherchons à posséder dans la dépossession de l’amour, nous reproduisant en parlant de choses concrètes, mais éphémères. À l’orée, au cœur d’une géomancie d’offrandes, je mendie. Ne me cherchez pas. Je ne suis pas où vous croyez. Il ne reste aucun espace libre dans ce lugubre univers que vous créez.
Absences
La ville où je marche vibre sous une cuisante lassitude. Personne ne parle, mais tout le monde porte un fardeau de misère et d’abandons successifs. Lacérations invisibles sous un masque de deuils mal vécus. Ce monde manque de joies innocentes, fiction puisée dans une nostalgie mensongère. Sans doute aurait-il fallu infliger la peine de mort aux bourreaux d’enfants. Sans doute aurait-il fallu les crucifier sur la place publique.
Masque
Est-ce la mort qui s’installe insidieusement dans les interstices du masque prématurément posé sur certains visages ou la peur qui peint des signes indéchiffrables et affolants ? Nul ne saurait le dire. Nous traversons des galaxies pendant quelques éternités avant de pouvoir dire que nous sommes arrivés. Pendant ce temps, court le vent et fument les cheminées. Pendant ce temps, se battent certains sans plus savoir pourquoi. Pendant ce temps, dorment les dieux et s’enchaînent les désastres.
***
Pour citer ces contes du confinement
Martine L. Jacquot,« Extraits de Dans la marge d'un horizon ébouriffé (inédit) », contes inédits du confinement,Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Événement poétique| Reconfinement « Rêveries fleuries », mis en ligne le 15 décembre 2020. Url :
LE SITE « PANDESMUSES.FR » DEVRA BASCULER EN HTTPS DÈS LA FIN DE SA MAINTENANCE ET LE COMPTAGE DE SES PAGES À ACTUALISER. CELA PRENDRA DES MOIS VOIRE UN AN. NOTRE SITE AURA AUSSI UN THÈME GRAPHIQUE UN PEU DIFFÉRENT DU THÈME ACTUEL. POUR UNE MAINTENANCE À COMPTER DU 20 OCTOBRE 2023. CETTE OPÉRATION POURRAIT PERTURBER VOIRE RALENTIR LA MISE EN PAGE DE NOUVEAUX DOCUMENTS. MERCI BIEN DE VOTRE COMPRÉHENSION !
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