Geste de toile serait–il un avatar de la Chanson de geste ou une Chanson detoile revisitée ? S’agit-il de l’esthétique des formes picturales qu’épouse la toile de la peintre qu’est Sophie Brassart de concert avec les muses ?
Geste de toile semble plutôt expliquer un acte de générosité en phase avec un être d’une grande sensibilité et qui se trouve bouleversé par les revers de l’existence :
« J’apportais du pain au vieux voisin
qui souriait, sans raison, le manque
d’amour est-il lumière »
Le sourire est sans doute salutaire en ce sens qu’il atténue le manque d’amour.
Ce recueil de poèmes est ponctué de séquences en italique comme pour dédoubler l’artiste peintre de la femme poète.
Avec ce recueil de poèmes finement brodés au fil soyeux de son inspiration, Sophie Brassart nous offre une parole poétique à décrypter. Cela dit, elle plonge dans un macrocosme et en sort des particules de vérités qu’elle soumet à notre compréhension. C’est un parcours chargé de symboles et d’énigmes à résoudre.
« J’épluche une pomme
Qu’elle fasse le lien entre toi et moi »
Cette pomme n’est pas celle de la discorde mais peut-être la symbolique d’un être dénudé corps et âme se languissant de l’âme sœur.
« Et le silence au large,
la mort des larmes
& nos mains, nos mains n’avaient ni jour ni nuit »
Notons la culture du silence dans ce recueil, un silence qui peut revêtir un double sens, c’est-à-dire qu’il suscite d’une part la créativité et d’autre part la consternation.
Ce silence résonne dans le creuset de l’absence :
« & cette absence claire
Comme une pièce
que je ne pourrai déplacer »
L’absence est ici synonyme de vide qui est l’évocation d’une perte. Et c’est dans l’absolu du silence qu’on noie sa peine.
Tout est vide en elle et autour d’elle :
« Alors le vide s’enroule et s’ouvre en moi »
« La ville où le vide/ déchire une affiche »
La mort n’est pas seulement l’expiration d’une âme sœur mais aussi l’expiration d’une séquence de vie amoureuse :
« Parfois aimer
C’est savoir que le mur de granit
– encore pubère
remet à chaque instant ce viatique :
Linge frais clapote au vent »
Ne sommes-nous pas sur cette terre « des oiseaux de passage » qu’elle évoque dans le recueil:
« J’étais traversée par les deuils et des craintes
Ce qui ouvre la place des océans »
Même si elle ne peut « défaire / le cours prosaïque des choses », elle reste cette créature qui porte en elle le germe de la résistance :
« Je traverse les pierres »
Belle métaphore pour symboliser les difficultés de l’existence, la rudesse de la vie.
de Sophie BRASSART Préface de Lyse AUDIE ISBN : 978-2-84924-810-2 13 x 20 cm 50 pages 12,00 € Rappelant la chanson de toile médiévale, Geste de toile s'organise comme un chant polyphonique : ...
Sophie Brassart, poète et plasticienne, vit à Montreuil. Elle a publié un premier recueil en 2018 et réalisé une fresque regroupant vingt visages de poètes contemporains exposée de manière ...
Maggy De Coster, « Sophie Brassart, « Geste de toile », Éditions du Cygne, Paris 2024, 49 pages, 12€ »,Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : AUTOMNE 2024 NUMÉRO SPÉCIAL | NO IV | « Les femmes poètes européennes par Lya Berger (1877-1941) », 1er Volet, mis en ligne le 28 novembre 2024. URL :
Créatures fantastiques du Japon, l'ouvrage de Chris Lavaquerie-Klein et Laurence Paix-Rusterholtz illustré par Nina Hayer et publié chez Nathan, est destiné à un jeune public curieux de décou...
Créatures fantastiques du Japon, l'ouvrage de Chris Lavaquerie-Klein et Laurence Paix-Rusterholtz illustré par Nina Hayer et publié chez Nathan, est destiné à un jeune public curieux de découvrir l'origine des héros et des héroïnes qui peuplent ses mangas, ses animes et jeux vidéos préférés. Dès 9 ans... et jusqu'à un âge très avancé. Un livre érudit, passionnant et superbe !
Chris Lavaquerie-Klein et Laurence Paix-Rusterholtz ont choisi dans leur dernier ouvrage de nous emmener au Japon. Et quel meilleur moyen pour découvrir une civilisation que de remonter à ses origines ? Le texte des deux autrices et les illustrations de Nina Hayer nous plongent dans un pays partagé entre traditions et appropriation, ou entre Orient et Occident. Les dessins – magnifiques – puisent leur inspiration dans les estampes japonaises du XIXème siècle, et même antérieures puisque le premier auteur de mangas n'est autre qu'Hokusai. Toutes ces œuvres ont largement influencé les mangakas des siècles suivants. Un premier saut dans le temps – graphique – est franchi. Le deuxième est textuel, puisque le récit fait le pont entre des Pokémon, des personnages de mangas, de films d'animation et de jeux vidéos ayant pour source celles et ceux présent.e.s dans la mythologie et les contes et légendes nippons. La conception du livre « Créatures fantastiques du Japon »est proche de celle de « Un dieu sur deux est une déesse»de ces deux mêmes autrices, paru également chez Nathan en juin 2023. En effet, dans les deux ouvrages elles narrent d'abord l'histoire et mentionnent ensuite les spécificités des personnages : les moyens de les reconnaître, leur survivance dans la société actuelle, etc. Avec « Un dieu sur deux est une déesse », les jeunes lecteurs découvraient les mythologies grecque, américaine, africaine, entre autres, et... asiatique. Ils y croisaient déjà Amatesaru, la déesse de la lumière. Composé de quatre parties, "Créatures fantastiques du Japon" nous conte les exploits d'êtres aux pouvoirs extraordinaires :
— les kamis, dieux vénérés par les adeptes de la religion shintoïste qui se divisent en trois groupes : les kami Parents du monde, les kami du Ciel et les kami de la Terre.
— Les yōkai, des êtres fantastiques qui peuplent le monde surnaturel japonais.
— Les dragons, qui sont les descendants des dragons chinois et aussi des nāga, les dragons indiens introduits au Japon avec le bouddhisme.
— Les héros et l'héroïne, considéré.e.s ainsi à la suite de leurs victoires militaires.
Ayant opté pour une lecture féministe de l’ouvrage, nous parlerons surtout des créatures fantastiques de sexe féminin, sans oublier cependant leurs homologues masculins ou d'un autre genre. Les déesses, les yōkai, les dragonnes et l'héroïne se révèlent puissantes, solaires, gaies, intelligentes, terrifiantes, rusées, amoureuses, aidantes, bienveillantes et conquérantes. Des "femmes" fortes !
Izanami, la sœur d'Izanaki, tous deux Kami Parents du monde, sont chargé.e.s par les Kami du Ciel de rendre la Terre habitable. Après avoir créé l'île Onogoro et construit un palais, ils se marient. Izanami donne naissance aux huit îles formant le Japon, ainsi qu'aux Kami du vent, des montagnes, des eaux, des arbres, des fleurs, de tous les éléments de la nature et... du feu qui va lui brûler les entrailles et provoquer sa mort. Izanaki l'implore de revenir dans le monde des vivants. Elle exauce son souhait à condition qu'il attende son retour sans essayer de la voir. Il désobéit. Ils ne se reverront jamais. Elle devient la déesse de la mort. Izanami est la kami co-créatrice du Japon et des éléments. Trahie par Izanaki, son frère et mari qui transgresse l'interdit, Izanami en proie à une terrible colère et animée par la vengeance devient la déesse de la mort, elle qui avait donné naissance au monde. Un air d'Orphée et Eurydice !
Amaterasu, kami de la lumière lasse du comportement violent de son frère Susanowo, kami de la mer et des tempêtes, décide de se retirer dans une grotte céleste. Les ténèbres règnent sur la Terre. Les kami se réunissent pour trouver une solution. Elle va passer par le forgeron du Ciel et son miroir, et par Uzume, kami de la gaité et de la joie, qui en provoquant des rires va éveiller la curiosité d'Amatesaru et la faire sortir de la grotte. La lumière se reflétant dans le miroir révèle sa présence. Un kami va l'extraire de sa cachette. Le soleil réapparaît. Le soleil, astre puissant, se décline au féminin. Le disque rouge surmontant les cheveux d'Amaterasu est devenu le symbole du Japon, le pays du Soleil Levant. Cette déesse représente une figure fondatrice de la culture japonaise. Elle a apporté aux hommes les champs de riz, la technique de l'élevage des vers à soie et l'art du tissage.
Uzume, kami de la gaité et de la joie. Amaterasu envoie son petit-fils sur la Terre au Japon pour apporter le riz aux humains. Elle charge Uzume de l'accompagner. La kami de la gaité et de la joie, le jeune prince et son cortège doivent franchir le Pont Flottant du Ciel gardé par le terrible Saruto-Hiko, chef des Kami terrestres. Ce dernier, face au nombre, craint de perdre son pouvoir et barre l'accès au pont. Les kamis sont certains qu'Uzume saura convaincre cet adversaire. Une mission qu'elle accomplit grâce à son humour. Uzume est une déesse en qui l'on peut avoir confiance pour mener à bien une mission importante et difficile grâce à son rire et son humour.Et ce n'est pas son seul exploit. Rappelons qu'elle avait réussi à extraire la kami de la lumière de son refuge en exécutant une danse endiablée suscitant l'hilarité des spectateurs.Ellea survécu sous les traits d'un personnage de kyōgen, le théâtre comique et satirique japonaise.
Et du côté des dieux :
Ohokuninushi, kami de la médecine et de la guérison, dont la double résurrection fait aussi de lui un kami de la magie et du renouveau. Dieu très important du shintoïsme, il est vénéré pour ses qualités humaines : bonté, courage et compassion. Le tengu, kami des montagnes et des forêts défend son territoire. Gare à ceux qui veulent y porter atteinte. Il a inspiré le Pokémon Tengalia.
Nure-Onna, la femme serpent. Les villageois coupent les branches de saule. Soudain, ils entendent une femme tenant un bébé emmailloté das ses bras appeler au secours. Elle est en train de se noyer. Un pêcheur et un villageois se portent à son secours. mais cette femme n'est autre que Nure-Onna, affamée. Elle enroule son immense corps de serpent autour du pêcheur puis du paysan et les entraîne au fond de l'eau pour les dévorer. Cettefigure de l'ogresse a sa place dans le bestiaire fantastique. L'ogresse est associée à la mort. Rusée, fourbe, terrible, terrifiante, son nom signifie "femme humide". Elle est parfois considérée comme un dragon.
Kuzu no Ha, la kitsune blanche. Alors que Abe no Yasunason traverse la forêt, surgit une magnifique renarde blanche qui le supplie de la sauver d'un chasseur. Elle n'est autre que l'animal sacré de la déesse Inari, kami de la prospérité. Son intervention permet à la renarde de disparaître. Mais le chasseur, furieux, s'en prend au garçon qu'il laisse seul dans la forêt, dans l'incapacité de se relever. Une belle jeune fille va lui apporter son aide. Ils vont se marier et avoir un fils. Kuzu no Ha est la renarde blanche à qui Abe no Yasunason a porté assistance. Elle doit garder son secret sinon le charme sera rompu. Un jour, pensant être seule, elle laisse apparaître sa queue sous son kimono. Son petit garçon la voit. Elle doit fuir. Elle arrange une dernière rencontre avec son mari et son fils, qui, grâce aux dons qu'il reçoit de sa mère, deviendra un grand magicien. La métamorphose de l'animal en humain et le thème du charme rompu sont des éléments traditionnels du conte. Kuzu no Ha est un personnage émouvant. Elle paie cher sa transgression de l'interdit. Son retour à la condition animale ne lui enlève pas son humanité. Elle garde tout son amour pour Abe no Yasunason, qui l'a sauvée et qu'elle a secouru, et pour son petit garçon, à qui elle prend le temps de transmettre des pouvoirs et qu'elle ne reverra jamais.De l'inconvénient pour un simple mortel d'épouser une créature fantastique.
Abordons les yokaï d'un autre genre.
Bake neko, un chat pas si mignon dont le Pokémon Mentali va s'inspirer, est aussi présent dans le film de Hayao Miyazaki "Mon voisin Totoro". Ces personnages n'en n'ont pas l'horrible caractère. Notons cependant queBake neko devient géant et terrifiant pour venger la mort du fils de sa maîtresse. Les tsukumogami se vengent. Furieux de la façon dont ils sont traités, les vieux objets se rebiffent. Nous les retrouvons dans le manga de Hiroshi Shiibashi, "Nura, le seigneur des yōkai" et dans la série de films "Yo-Kai Watch". Le kappa, un yokaï facétieux. Kappa signifie "enfant des rivières". Les kappas auraient été inventés par des parents pour faire peur à leurs enfants. Le kappa a inspiré les Pokémon Nénupiot. Par ailleurs, il est l'un des personnages du film de Keiichi Hara "Un été avec Coo". Le tanuki, roi de la transformation, porte un chapeau de paille et une gourde remplie de saké. C'est le yokai-esprit des montagnes et des forêts. Il a une réputation de farceur mais il est aussi très gentil. Dans les jeux vidéos, sous le personnage de Mario Tanuki, il figure aussi dans Pompoko, film d'animation d'Isao Takahata.
Hyakume, le gardien de nuit chargé de garder un très vieux temple, est un être recouvert d'un centaine d'yeux jaunes clignotants. Une grande aide la nuit mais un calvaire le jour car la lumière le brûle. Il a inspiré Shigeru Mizuki, auteur du manga "Kita le repoussant", ainsi que l'artiste japonais Takashi Murakami.
Toyotame hime, l'éblouissante princesse, est la fille de Ryūjin, le roi-dragondes mers. Ce dernier va aider Howori, l'un des petits-fils d'Amatesaru, à se tirer d'un bien mauvais pas. Il le mène à son palais où vit sa fille. Howori en tombe amoureux et l'épouse. Au moment d'accoucher, Toyotame hime prie son mari de ne pas la regarder pendant qu'elle met au monde leur enfant. Howori ne respecte pas cette requête et voit sa belle épouse transformée en monstre marin. Elle doit retourner vivre au palais sous la mer. Ils ne se reverront plus mais ne cesseront jamais de s'écrire des lettres d'amour. Encore une fois, de l'inconvénient pour un simple mortel d'épouser une créature hors-norme, telle que la fille du roi-dragon des mers, et de lui désobéir. Rappelons-nous Izanakiqui n'avait pas respecté la demande d'Izanami, déclenchant la colère de cette dernière.Et si une fois de plus l'interdit est transgressé, la fin est cependant plus heureuse. Une source d'inspiration pour la Petite sirène ?
Zennyo Ryūō, la bienfaitrice va répondre à l'appel du moine bouddhiste Kükai que l'empereur a sollicité, parmi d'autres, pour faire cesser la sécheresse sévissant au Japon. Il déclenche ainsi la jalousie du moine Shubin qui avait les faveurs du souverain. Au cours d'une longue méditation, Kükai découvre que Shubin a enfermé le kami des pluies pour l'empêcher de rentrer en contact avec les divinités. C'était sans compter sur Zennyo Ryūō qui, sous la forme d'un dragon aux écailles d'or, va surgir du fond d'un étang et déclencher un orage terrible. Bienveillante, aidante, Zennyo Ryūō est un divinité bouddhique surnommée "la dame de bonté". C'est l'une des rares figures féminines à atteindre l’Éveil, la sagesse du Bouddha.
Gozuryū, le dragon d'Enoshima[et la déesse du bonheur Benzaiten]. Les villageois de Kamakura ont peur du dragon Gozuryū. En effet, ce monstre à cinq têtes dévore les enfants. Les villageois s'adressent à la déesse du bonheur Benzaiten qui, touchée par leur détresse, vient à leur secours. Grâce à elle le dragon devient doux comme un agneau et... heureux. Benzaiten, l'une des sept divinités du bonheur, est aussi la déesse de l'eau, du savoir, de la littérature, de la musique et de la beauté.
Jingū, la conquérante. Chūai, l'empereur du Japon meurt car il a refusé de croire en l'existence de la Corée. Son épouse Jingū consulte Amatesaru, kami de la lumière. La déesse prédit à l'impératrice qu'elle va conquérir la Corée et ses trois royaumes. Pour mettre les chances de son côté, Jingū sollicite Ryūjin, le roi-dragon des mers qui, impressionné par sa détermination, lui apporte son soutien. L'impératrice prend ainsi possession des royaumes convoités. Son histoire a inspiré les Onna-bugeisha, femmes qui se battent au côté des samouraïs. Elle est également la première femme à être représentée sur la monnaie impériale.
Umezu Chūbei, le vaillant samouraï[et la femme mystérieuse]. Le samouraï Umezu Chūbei défend par tous les temps les portes du château de son seigneur. Un jour une femme arrive, portant un bébé qu'elle confie au samouraï. Il accepte par crainte d'un mauvais sort. Cette femme pourrait être un yōkai. Pendant de nombreuses heures, il tient le bébé dans ses bras alors que celui-ci, étrangement, pèse de plus en plus lourd. La mystérieuse visiteuse revient et lui apprend que grâce à sa ténacité, il a sauvé le bébé et la maman. Le kami lui fait don d'une force exceptionnelle. Ce récit prend sa source das le conte écrit par le journaliste irlandais Lafcadio Heam.
Et parmi les héros :
Momotarō, contre les oni.
Grâce à sa force surhumaine, Momotarō, accompagné de ses amis (un chien, un singe et un faisan), arrive à affronter les oni, des monstres qui pillent la région. Momotarō est devenu un symbole de protection du pays contre la pollution par exemple, une nouvelle menace.
Kintarō, le plus fort des héros.
Élevé par une sorcière des montagne, Kintarō est le fils du kami du tonnerre qui l'a doté d'une puissance sans pareille. Un jour, alors qu'il joue avec ses amis, un ours noir s'approche. Kintarō initié aux techniques du sumo, l'affronte et sort vainqueur du combat. Il gagne le respect de l'ours et suscite le vif intérêt du chef de la garde impériale qui a assisté au combat. Lors de la Fête des Enfants le 5 mai, des poupées Kintarō sont confectionnées et installées à l'intérieur des maisons.
Abe no Seimei, le magicien malin est un personnage que nous avons déjà croisé puisqu'il est le fils de la renarde blanche, kitsune à qui il doit ses dons exceptionnels de magicien. Ceux-ci font des envieux parmi les devins, en particulier Ashiya Doman qui lui lance trois défis et n'hésite pas à tricher pour gagner, en vain. Abe no Seimei a vraiment existé. Il fut un grand maître du yin et du yang.
Humanit'elles (article & photographies),« « Créatures fantastiques » du Japon entre mythologie japonaise et culture pop »,Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : AUTOMNE 2024 NUMÉRO SPÉCIAL | NO IV | « Les femmes poètes européennes par Lya Berger (1877-1941) », 1er Volet& Revue Orientales, « Déesses de l'Orient », n°4, volume 1, mis en ligne le 15 octobre 2024. URL :
Dans sa nouvelle exposition, qu’elle intitule « jetlag », décalage horaire, Bénédicte Bach affronte la cinquantaine en se mettant en scène, n’hésitant pas à déconstruire certains tabous sur le mode de l’autodérision mais toujours dans des images oniriques empreintes de poésie qui subliment le corps au féminin dans ses métamorphoses.
C’est dans la baignoire de sa salle de bains qu’elle se donne à voir ou plutôt dévoile des fragments de son corps enveloppé dans une deuxième peau en cuir coloré bleu, rouge, vert en provenance des tanneries Haas. Bénédicte Bach assume sa mue, elle change de peau au propre comme au figuré, des autoportraits, dans un flou qui brouille son identité, la « re-présente » dans le sens d’une renaissance qui ne cesse de la remettre au monde. Le moi s’y dissocie en quête de l’autre, « je est un autre », dit-elle en citant le poète Arthur Rimbaud.
Le désir s’invite dans les 24 photographies de l’Et(r)einte où l’artiste évolue dans cet entre-deux où Éros et Thanatos mènent la danse en s’entrelaçant dans une poésie iconographique.
Dans sa salle de bains qui lui sert de studio, Bénédicte Bach réalise des vidéos qui ont partie liée avec la fuite du temps, « Schrödinger le dernier quantique » nous délivre la quintessence du mouvement perpétuel qui s’écoule à travers un sablier inversé en donnant de « l’épaisseur au temps », selon ses dires.
Dans un bain de livres où elle s’enlise, l’artiste se plaît à « Jouer sur les mots » comme l’indique le titre du livre qu’elle tient entre ses mains. Nul doute que la photographe se livre et peut-être se dé-livre sous les couvertures de ses livres….
Sur le petit autel où elle a rassemblé quelques objets fétiches qui lui parlent d’elle et la rassurent, on trouve des grappes de raisin desséchées mais aussi une coupe où des tampons imprégnés de vin rouge évoquent avec humour le sang menstruel qui rythme les cycles de la vie d’une femme. Une vidéo intitulée « Jusqu’à la lie » lève le tabou des règles et même « Si la fête est finie », la ménopause ouvre aux femmes une nouvelle ère de liberté enfin retrouvée !
Les titres des livres que la photographe expose comme celui de Milan Kundera « La fête de l’insignifiance » nous convient à entrer dans le monde enchanté et décalé de Bénédicte Bach telle Alice dans celui du Pays des Merveilles car la quête de soi passe par la découverte de l’autre en soi qui palpite sous la peau des mots.
Quand on plonge au fond de soi et que l’on explore son entité, voire sa féminité, c’est l’autre, désinhibé, qui se met à parler et à déchirer le voile réducteur imposé par la société Nul doute que Bénédicte Bach met son âme à nu, elle la théâtralise dans un voyage intérieur qui s’apparente à un lumineux et éclairant parcours initiatique.
Pour citer cet article artistique, poétique & inédit
Françoise Urban-Menninger, « La photographe Bénédicte Bach se prend comme sujet » avec des photographies de l'artiste Bénédicte Bach, Le Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N° 15 | AUTOMNE 2023 « Poétiques automnales », volume 1, mis en ligne le 2 décembte 2023. URL.
Fatma GADHOUMI (Fatmina) est née le 16 août 1988. Artiste peintre et ingénieure. Elle décrit son univers artistique par ces propos : « Je crée un univers enchanté, qui s'inspire des visions du paradis, de l'enfer et de la psyché humaine. En ce temps de crise, mon art cherche à guérir l'âme du monde et non uniquement à exprimer les névroses et l’absurdité de la condition humaine. Ma mission est d’offrir au monde un message de sagesse, d’amour et de beauté, une porte vers une autre réalité où on parle d’Humain, en faisant abstraction de l’âge, du sexe, de la religion…, un voyage où le spectateur est amené à ressentir l'expression du sujet, mais aussi est invité à trouver sa propre perception de cette réalité, un univers où on chante une symphonie de couleurs et de formes idéalisées, et d'Amour. »
المنمنمة الفارسية ليست تصورا لما تراه عيوننا بل هي رسم لما تعيه قلوبنا، هي رسم لعالم من النور : اذ ان الرسومات
تعتمد على صبغات من الذهب و الفضة ( في الاصل استعمل المنمنمة الفارسية الاحجار الكريمة ايضا)
« En associant Héritage, Art et Culture, notre association Abbas Moayeri : Héritage, Art et Culture, a pour ambition de promouvoir en France, l’art de la Miniature Persane à travers l’œuvre d’Abbas MOAYERI et l’enseignement qu’il a transmis.
Elle assure l’organisation d’expositions, d’enseignement et de toutes autres activités assurant la promotion de la Miniature Persane et d’activités culturelles et artistiques plurielles. »
Abbas Moayeri, un nom qui résonne dans le monde de l'art et de la culture. Plus qu'un maître d'art et un grand maître de la miniature persane, c'est un Homme dont le talent et la passion ont illuminé notre vision du monde. Avec sa maîtrise exceptionnelle des techniques de la miniature persane, il nous a transportés dans un univers magique, rempli de détails exquis et d'histoires envoûtantes. Sa contribution remarquable à l'art traditionnel et son dévouement à préserver cet héritage précieux en font une figure incontournable de notre époque. Laissez-nous vous raconter l'histoire captivante de cet artiste exceptionnel et vous inviter dans son monde artistique extraordinaire.
Qu'est-ce qu’est la miniature ?
« Dans un monde islamique où la figuration / l'image est interdite, le peintre crée un monde intérieur, qui n'est pas dans l'imitation du visible (à ses yeux), mais dans la révélation du réel. Tout ce qu'on voit, ce qu'on croit appréhender, ce qu'on croit comprendre n'est qu'une image déformée par nos biais de subjectivité. Le miniaturiste crée une réalité du cœur qui se substitue à la réalité des yeux.
Les traditions sacrées telles que l’art de la miniature sont des réservoirs prodigieux des métaphores du mystère. Elles font entrevoir la source, la rencontre avec le miracle, la seule et unique expérience qui exprime aux yeux de l’homme le drame de la création.
L’apparence de l’illustration n’est donc pas l’enveloppe du mystère, mais le signe de sa possibilité. Mani, le peintre « Messager » persan, fondateur de la religion manichéenne au 3ème siècle, utilisait ce moyen pour propager sa doctrine.
Selon la tradition manichéenne, l’art pictural est le reflet d’un monde invisible dont les artistes matérialisent la pureté et la lumière par une utilisation abondante de métaux précieux.
L’expérience de l’Islam a, certes, provoqué de grands changements mais n’a point interrompu l’évolution de cet art. La peinture persane est avant tout la logique des formes et des couleurs, rassemblées dans un certain ordre. Le sujet n’est qu’un prétexte au miniaturiste pour exposer à travers la pureté des formes et des couleurs, sa conception mystique du monde et de la nature.
Les miniatures sont généralement exécutées sur une structure préétablie : la spirale, qui organise au mieux l’espace. La composition devient alors aussi belle, aussi musicale et mathématique que possible.
La spirale est en quelque sorte la représentation du microcosme par rapport au macrocosme. C’est aussi le mouvement de la montée de l’homme vers le ciel.
En ce qui concerne la technique de la miniature persane, elle repose sur le dessin, la dorure et l’emploi de l’argent. Les différentes parties de la scène se passent apparemment sur le même plan ; pourtant les figures proches sont peintes en bas de la page et celles qui sont loin, à la bordure supérieure. Les couleurs ne sont définies que par leur valeur dans la structure générale. Leur place est déterminée au profit des nécessités autonomes des formes et de leur impact dans l’ensemble de la miniature. »
Fatma Gadhoumi
Pourquoi la miniature persane ? Le peintre crée un monde intérieur, qui n'est pas dans l'imitation du visible (à ses yeux), mais dans la révélation du réel. Tout ce qu'on voit, ce qu'on croit appréhender, ce qu'on croit comprendre n'est qu'une image déformée par nos biais de subjectivité. Le miniaturiste crée une réalité du cœur qui se substitue à la réalité des yeux, et s'inspire notamment de récits mythologiques fantastiques et de poèmes. La miniature est alors, non seulement une image, mais aussi une "Poésie Spirituelle".
Comme disait le Petit prince : « L’essentiel est invisible aux yeux ».
Dans un monde rongé par le capitalisme, la recherche de la conformité, l’absence de sens,
Dans un monde obnubilé par les apparences et les images véhiculées par les médias, et où nous sommes confrontés depuis quelques mois à une guerre contre un ennemi invisible, nous nous sommes données une mission :
Celle de nous libérer, renoncer à la certitude du monde sensible (le monde des réalités que nous percevons par nos sens), et sonder, avec nos peintures, notre monde intelligible - au sens platonicien - où règnent la beauté, l’harmonie, la lumière et l’Amour.
“Il n’y a pas plus de vérité à l’extérieur qu’à l’intérieur du monde que j’ai créé pour toi” The Truman show.
La technique de la miniature, riche en symbolique, libre de toute contrainte de ressemblance à la réalité visible (pas de perspective, pas de réalisme de couleurs ni de formes), était notre cheval de Troie en ce moment historique de retranchement et de recueillement. Nous créons des images poétiques qui interrogent et reflètent l’atmosphère onirique d’un monde enchanté.
Dans certaines sociétés contemporaines, les mariages forcés / arrangés demeurent le quotidien des femmes dans plusieurs cultures. La femme est kidnappée par un homme cheval, sous les yeux clos d’une société obnubilée par la matière, vide de sens, vivant dans le paraître.
L’artiste Fatma Gadhoumi a précisé à propos de cette miniature : « J'ai dessiné cette miniature après avoir lu le poème du poète égyptien Youssef Abd-Errahman (Il s'agissait d'une critique de la dictature et du retour du régime militaire en Egypte, après la révolution de 2011, et le printemps arabe.)
La tyrannie est fondée sur cinq (5) piliers et ces cinq (5) piliers de la tyrannie sont comme suit :
بُنِيَ الطُّغْيانُ على خَمْسِ
تَقْديمُ الذَّيْلُ على الرَّأْسِ
تَخْدِيرُ الحَاضِرِ بالأَمْسِ
توزيع الخوف مع اليَأْسِ
تَقْدِيسُ الشُّرْطَةِ والعَسِّ
وبَقَاءُ الجَحْشِ على الكُرْسِي
Elle a encore ajouté : « J’ai été inspirée par ce vers le 5ème pilier ; la Mule qui reste assise sur le trône. Cette miniature est une dédicace à tous les tyrans, les dictateurs, les gourous, et les religieux qui se remplissent le ventre, et s’assoient sur l’âne qu’est le peuple résigné.
À force d’accepter, le peuple / populace se transforme en un âne, et le gouverneur en dictateur. Mais la tyrannie n'est pas uniquement la tyrannie d'un dictateur ou d'un supérieur. Il s'agit d'abord de la tyrannie de notre égo hypertrophié (surtout avec les réseaux sociaux et les média). Ce narcissisme démesuré coupe chacun individu de la dimension collective de son existence. (Nous n’existons, en tant que personne singulière, qu’à travers le groupe qui nous précède et qui nous permet d’être ce que nous sommes). Par conséquent, en perdant la dimension collective, nous affaiblissons le sens de l’engagement politique et nous renvoyons chacun à sa responsabilité individuelle, ce qui est la meilleure façon de ne rien changer du tout.
« Il s'agit de l'image que j'ai des extrémistes religieux, qui implorent le vide, et qui n'osent pas/veulent pas regarder la vie réelle. Même dans cette symphonie de couleurs et de lumière qu'est la miniature persane, je vois ces religieux comme des vieillards fatigués, qui connaissent plus les lois du Ciel, que celles des Humains.
Elle a ajouté « Vieillirn'est pas d'avoir un an de plus, mais c'est avoir un rêve de moins. Ces vieillards ne sont vieux que parce qu’ils vivent dans les écrits moyenâgeux. »
En hommage au combat des femmes dans leur lutte pour un monde plus juste. J’ai mélangé des lettres arabes et lettres persanes qui entourent en halo la femme qui se fait étrangler par son dragon. Le dragon qui symbolise le soi et l’ego.
مع بيت لأبي القاسم الشابي الشاعر التونسي
إذا الشعب يوما أراد الحياة، فلا بُدَّ أن يستجيب القدر
« Au cœur de cette miniature, une femme, nue et vulnérable, lutte contre un dragon orange, incarnation de l'oppression. Son visage irradie la détermination face à un patriarcat implacable, tout cela dans le doux berceau d'un utérus bleu. Dans cette lutte, nous ne sommes jamais seuls. Tout autour de cette scène, des mots en or, à la fois en arabe et en persan, tissent un langage de résistance, donnant voix à la collectivité des femmes persanes et arabes. »
Le poème arabe de Abu Al-Qasim Al-Shabbi, "Quand un peuple aspire à la vie, le destin se doit de répondre" résonne dans chaque trait de cette œuvre. Il évoque la quête universelle de la vie et de la liberté face à un destin implacable.
Au centre de la toile, trois mots persans brillent comme des étoiles : "زن، زندگی، آزادی" (femme, vie, liberté). Ils symbolisent notre combat commun pour une existence libre.
Cette œuvre transcende les frontières culturelles, unissant le monde par sa créativité qui brise les chaînes de l'oppression. »
Et pour terminer avec nous en toute beauté, Fatmina a levé son slogan de toujours : « Ensemble, répondons à l'appel de la vie. »
Lien web permettant l'accès à la page de l’Association Abbas Moayeri Héritage Art et Culture a été créée suite au décès de l'artiste Ostad Abbas MOAYERI par ses disciples :
Hanen Marouani (texte), « La miniature persane et la poésie visuelle » avec des photographies fournies & œuvres artistiques par Fatma Gadhoumi, Le Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N° 15 | AUTOMNE 2023 « Poétiques automnales » & Revue Orientales, « Conteuses orientales & orientalistes », n°3, volume 1, mis en ligne le 30 novembre 2023. URL. http://www.pandesmuses.fr/orientalesno3/no15/hm-miniaturepersane
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