11 février 2018 7 11 /02 /février /2018 15:12

 

Lettre n°13 | N° 4 Hors-série 2018 | Muses au masculin

 

 

Le Café de Flore

 

 

Texte & photographies de

 

Mustapha Saha

 

Sociologue, poète, artiste peintre

© Crédits photos : Mustapha Saha & Guy Bedos au Café de Flore à Paris.

 

 

Mon voisin déroule sa longue trajectoire

L’après-guerre s’évoque en décor Allégret

Le souvenir de Sartre hante son purgatoire

Son œuvre s’achève en éternel regret


 

 

La clientèle afflue les paradeurs s’évitent

La pensée disparaît survit le beau spectacle

De Beauvoir et Camus dans le récit s’invitent

L’énigme du Flore s’exprime en pentacle


 

© Crédit photo : Mustapha & Élisabeth Saha au Café de Flore.

 

 

Le dandy scribouilleur échancre sa chemise

La critique au rabais le sacre philosophe

La chanteuse en détresse attend la bonne mise

De surnoms savoureux le serveur s’apostrophe


 

L’actrice métisse flatte son partenaire

Son film sur magazine explose en couverture

Sa suite s’enrichit de nouveaux mercenaires

Son clin d’œil me ravit je reprends ma lecture


 

© Crédit photo : Mustapha Saha au Café de Flore.

 

Terrasse Saint-Benoît sous lumière nocturne

La bourgeoise bohème à mes côtés s’installe

Rien ne la perturbe ni mondain taciturne

Ni bigote en face comme nonne sur stalle


 

 

Son livre m’intrigue Roger Martin du Gard

Sans savoir à mi-voix je l’appelle Clémence

La fausse indifférente accroche mon regard

La soirée se termine une histoire commence

© MS

***

 

© Crédits photos : Mustapha Saha au Café de Flore.

 

***

 

Pour citer ce texte


Mustapha Saha, « Le Café de Flore », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°13 & N° 4 Hors-série 2018, mis en ligne le 11 février 2018. Url : http://www.pandesmuses.fr/2018/2/cafe-de-flore

 

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Rédaction de la revue LPpdm - dans La Lettre de la revue LPpdm Numéros
10 février 2018 6 10 /02 /février /2018 18:49

 

Lettre n°13 | N° 4 Hors-série 2018 | Poésie érotique

 

 

 

Neptune désarmé

 

 

Nicole Hardouin

 


 

Rien, je ne sais rien

ni la meule ventrue, ni la mousse bleue

je ne sais rien

ni le bruit de la source, ni la couleur de ses rives

je sais juste

encercler tes sels dans la violence et la lenteur de mes glissements

te drosser contre les embruns du délire

haletant sous des houles deffleurements

jusqu’à retenir tes tremblements dans l’écume d’un éclair.

jusqu’à boire les mendicités d’un breuvage non consommé

je ne sais rien, rien

peut-être t’ensauvager avec la lenteur du liseron et la force des hordes mauresques, déclic et vagues feutrées pour recouvrir ton corps

feux d’eau jusqu’à incendier l’océan

Neptune désarmé

je suis sirène à la fourche du ressac

à la fourche de la raison

la nuit aiguise ses griffes de louve

dans les roseaux de nos garrigues.

une danse barbare se trame dans l’ornière des tabous.

Depuis cet office de la chair, mon sanctuaire craque contre tes brisants, immobile je tourne la mappemonde jusqu’à tituber et tous les continents ont ton visage. Dans mes rêves éveillés, abécédaire de ma fantaisie, je relie tes vagues à l’écume de mes fantasmes, nous ancrons nos incertitudes aux légendes océanes, mais il y a toujours une crique où l’oiseau chante, une grève où les sirènes peignent leurs chevelures pour te faire frémir.

 

 

***

 

Pour citer ce poème

 

Nicole Hardouin, « Neptune désarmé », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiquesLettre n°13 & N° 4 Hors-série 2018, mis en ligne le 10 février 2018. Url : http://www.pandesmuses.fr/2018/2/neptune

 

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Rédaction de la revue LPpdm - dans La Lettre de la revue LPpdm Numéros
9 février 2018 5 09 /02 /février /2018 15:37

 

Lettre n°13 | N° 4 Hors-série 2018 | Muses au masculin

 

 

Mohammed Khaïr-Eddine,

 

 

 

le poète médusé

 

 

 

 

 

Texte & illustration

Mustapha Saha

Sociologue, poète, artiste peintre

 

© Crédit photo : Mustapha Saha, Portrait de Mohammed Khair Eddine.

Peinture sur toile. Dimensions 100 x 81 cm.

 

 

Mohammed Khaïr-Eddine, foudroyé par la camarde en pleine force de l'âge, traverse la littérature comme une étoile filante, emportant, dans son auto-consumation flamboyante, ses révoltes épidermiques, ses transgressions pathologiques, ses arborescences stylistiques. L'éternel adolescent atrabilaire taille très tôt, à coups de néologismes ravageurs, sa statue d'enfant terrible, cuirassé dans la carapace d'arthropode, cerné d'indomptables antipodes, halluciné de tragiques apodes. De métamorphose en métempsychose, l'ombre de Kafka veille sur son écritoire. La nausée s'éclabousse en échappatoire. Entre verve accusatoire et sentence abrogatoire, la stance, infusée d'oralité prosaïque, multiplie semonces et réquisitoires. Les rafales de mots, dissociés de leur structure sémique, médusent la critique. Le sens s'engloutit dans la bétoire anaphorique. La plume injecte sa glaire polychrome dans l'incandescente blessure butinée par des abeilles sauvages. La cruauté se constelle dans l'entrechoc des syntagmes. Les paradoxes s'étouffent dans le diaphragme. L'indéfinissable souffrance se dénaturalise dans la vocalise. Les sinuosités significatives s'entremêlent jusqu'à l'électrocution libératrice. Une écriture parodique, taraudée par l'oubli, allergique aux prérogatives établies, destructrice des paradigmes prosodiques. L'insubordination systématique s'idéalise. Les correspondances chambardées, les concordances démantelées, les métaphores fracassées se succèdent dans une avalanche d'images insaisissables. Les strophes se replient sue elles-mêmes comme des talismans indéchiffrables. L'effet cyclone produit instantanément son vertige. Entre verve accusatoire et sentence abrogatoire, la stance, infusée d'oralité prosaïque, multiplie semonces et réquisitoires. Le potache inaccompli prend un malin plaisir à cultiver l'incompréhensible. L'intelligible est jeté aux hyènes. Une technique éprouvée de la diversion. Un coup de pioche dans la fourmilière et que saillisse pépite inespérée dans la dispersion ! Le dithyrambe explosible traque l'invisible dans ses replis intraduisibles. Le choc poétique s'étincelle dans l'imprévisible. Qu'importe la cible, le verbe irascible, la fureur incoercible, seul compte l'indicible.

 

Le poète maudit pratique sciemment, méthodiquement, l'art de la guérilla linguistique, la circonlocution pour échapper aux chemins battus, la réitération pour débusquer les fausses vertus, l'amplification pour dévoiler les mobiles secrets, la digression pour démonter les machiavéliques décrets, l'élucubration pour révéler les perfides non-dits, la divagation pour braver les absurdes interdits, la provocation pour secouer les âmes endormies.

Mohammed Khaïr-Eddine s'inscrit, en vérité, dans la vieille tradition des poètes libertaires, des fous éclairés, des mystiques illuminés, des troubadours irrécupérables, analystes intraitables des tares sociétales, brocardeurs indomptables des prépotences gouvernementales, hurleurs insupportables d'évidences vitales, sans cesse vivifiés par la mémoire populaire. Abderrahmane Al Majdoub, réactualisé par une célèbre pièce de Tayeb Saddiki, en est l'exemple spectaculaire. Ses quatrains sont gravés dans la mémoire collective en maximes et proverbes.

 

Le récit fragmenté difflue dans des laves flambantes, des cendrées retombantes, des vapeurs aveuglantes. L'inextricable contexture volatilise les visions obsessionnelles dans la fugacité, les entités conventionnelles dans l'opacité, les détonations passionnelles dans l'herméticité. La discontinuité discursive sape à la racine la logique narrative. L'auteur assume sa névrose mal corrigée, sa rêverie mal dirigée, son architecture mal érigée. L'idée s'abrège au seuil de la formulation. N'en demeurent qu'ondulations coruscantes. L'incendiaire proclamé sème des flammèches.

 

La stylistique fractale d'Agadir télescope les vociférations segmentales dans une étourdissante descente au purgatoire. Khaïr-Eddine s'incorpore toutes les malédictions sociétales, se scarifie de griffures létales, quête âprement la phrase totale. La ville, désintégrée par la secousse fatale, dégorge ses déliquescences congénitales. La terre, tripes dehors, exhibe sa tragédie sans décors. L'auteur-narrateur, sombre enquêteur, ne retrouve de la condition humaine que mutilations sous les décombres. Le cataclysme matérialise le malheur dans son paroxysme. La fin du monde se concentre sur un point focal. Le chaos abolit la mémoire. L'histoire passe à l'écumoire. Le sens de l'existence s'atomise dans la poussière. Ne subsiste dans les gravas qu'amnésie générale, le déracinement comme mutation spectrale, l'exode comme désespérance latérale. Le râle des survivants désagrège la raison. Le témoignage se fait séisme mental. Le récit s'enduit d'invraisemblance pour occulter l'insoutenable. Les thématiques sépulcrales ne drainent que pétrifications cadavériques, locutions colériques, liquéfactions métaphoriques. La catastrophe meurtrière exaspère l'arrachement à la mère nourricière. L'expérience traumatique se porte comme hallucination douloureuse qu'écriture, antidote initiatique, transfigure en exaltation fiévreuse. L'angoisse chronique laisse libre cours aux mirages compensateurs. La cité cauchemardesque reconstruite à la hâte n'est qu'un agglomérat de cages à lapins, dégarnie de ses sapins, peuplée de perroquets sous férule du grand vautour, gardée par des mille-pattes venimeux. L'allégorie se projette à l'échelle du pays. Le peuple dans sa totalité grouille dans ses chromosomes. L'imago affronte inépuisablement ses rhizomes. L'autistique ubiquité n'a d'autre échappatoire que la feuille blanche, avec l'obsédante perception baudelairienne de l'esthétique, l'art de représenter la charogne et d'exprimer le beau, la recherche macabre du sublime dans le tranchant de la lime, l'extase solaire dans l'horreur caniculaire, la transcendance stellaire dans la putréfaction cellulaire. L'œuvre entière, perception kaléidoscopique d'un monde inabouti, se compose d'éclats cimentés de soudures miraculeuses. Le raconteur se démultiplie dans les personnages anonymes. Les zombies persécuteurs essaiment sous acronymes.

Le poète, sous pression volcanique, ne recule devant aucun blasphème, aucun sortilège, pour démystifier les sortilèges, vouer les privilèges aux géhennes. Il s'excommunie d'une société honnie avant d'en être banni. Il s'exile dans la langue française et les mythologies sarrasines, se réfugie dans les bras de mélusine, endosse la cotte d'ouvrier d'usine, noie son désarroi dans la résine. L'hérétique errance se fantasme en atavique transhumance. La conscience meurtrie se ranime dans la fougue contestataire.

 

Le déterreur, déracineur méthodique des tubercules folkloriques, apostropheur frénétique du patriarche inamovible, personnification de toutes les autorités oppressives, dénonciateur enragé des servilités endémiques, rêvasseur impétueux d'animisme régénérateur, ne reconnaît de sa berbérité que ses traces archéologiques, ses rémanences didactiques, ses survivances artistiques. Roman parabolique de la dérobade où la nécrophagie, hallucination éthylique, dissimule la hantise de la dégénérescence précoce. Le désir de la table rase, qui liquide l'héritage perverti du passé et purifie le présent se dogmatise. L'incurable écorché vif, déçu par le modeste impact de ses livres, se réfugie dans la nimbe diffuse de l'incorruptible lumière, l'expectation prophétique de fulgurances lyriques. Le grognard impénitent, claustré dans sa thaumaturgique montgolfière, défie les montagnes de son ire convulsive, diffracte les nuées de ses illuminations subversives, brandit ses carences d'inspiration comme étendards de sa transgression séculière. Chaque ouvrage est un psychodrame orchestré par une crise existentielle. Le délirant céleste transperce les murailles, nargue les mitrailles, enguirlande les entrailles, organise ses propres funérailles dionysiaques. Le saltimbanque, tapir farouche et crépusculaire, scénarise inlassablement son carnaval. Le chamelier écervelé s'invente intarissablement son festival, ses cortèges de démons et de sorcières, ses rondes de fantoches et d'ectoplasmes, ressuscite le bestiaire de Lautréamont enrichi d'une faune exotique. La forteresse solitaire de l'écrivain est protégée par des myriades d'insectes et de reptiles convertis en signes alphabétiques. La déroutante vipère incarne Les vacillations libidinales. La lubricité s'infiltre entre morsure et fissure, griffure et biffure, spasme et sarcasme. L'infernal niche dans le germinal. Dans ligature incomprise, le céraste guette la prise. Le problématique s'éclipse dans l'elliptique. L'excentrique phagocyte l'empirique. Le fantasmagorique révoque le romantique. L'animal s'humanise, l'humain se bestialise dans l'errance égotique. L'extravagance amalgame les non-sens. Les temporalités se confondent. La syntaxe se dévergonde. La sémantique vagabonde. Le fragmentaire absorbe les interprétations impossibles. N'est-ce pas son génie d'alchimiste, cette transmutation des répulsions frustratives en fulminations créatives.

 

Mohammed Khaïr-Eddine, démarche indolente d'échassier dégrisé des causes perdues, définitivement revenu de ses guérillas discursives, ressemble, en fin de parcours, à l'ibis chauve tapi dans sa paroi rocheuse. Logographe tombé de la lune, révolutionnaire sans tribune, multitude surgie du même corps négatif pelliculé d'aigreur, il n'aura écrit, dans le dédoublement narcissique, que des autobiographie jurassiques. S'estompent pernicieuses vilenies. Se dissipent sentencieuses verbomanies. S'épure son écriture des fruits défendus, des présages mévendus, des vains malentendus. L'ultime regard sur la vallée natale, l'empathique description d'un vieux couple heureux, ressuscitent l'enfance rurale, l'excellence des pratiques ancestrales, la succulence des traditions culinaires, la truculence de la langue millénaire, la poétique des fluidité ordinaires, la mystique des limpidités visionnaires. Le long poème épique à la gloire d'un saint méconnu se sacre et se consacre en berbère dans la calligraphie rituelle. L'épure conceptuelle s'accomplit dans l'extase factuelle. S'achève sur rivages désertiques l'interminable cavale. Agadir renaît de ses cendres maléfiques, se pare d'atours béatifiques, s'offre, comme une prostituée délavée de ses péchés, aux lascivités estivales. Gîtent en sodalité les grues et les flamands, les cigognes et les cormorans, les balbuzards et les goélands. Gambadent en liberté les gazelles magnifiques. Fleurissent en beauté les arganiers bénéfiques. Sur stèle intemporelle se profile le sphinx antique. S'efface sur tablettes les macabres diagrammes. Le mythe se forge dans l'énigmatique épigramme.

 

***

 

© Crédit photo : Mustapha Saha à Trouville-sur-mer. Photographie © Élisabeth & Mustapha Saha

 

Mustapha SAHA. Depuis son enfance, Mustapha Saha explore les plausibilités miraculeuses de la culture, furète les subtilités nébuleuses de l’écriture, piste les fulgurances imprévisibles de la peinture. Il investit sa rationalité dans la recherche pluridisciplinaire, tout en ouvrant grandes les vannes de l’imaginaire aux fugacités visionnaires. Son travail sociologique, philosophique, poétique, artistique, reflète les paradoxalités complétives de son appétence créative. Il est cofondateur du Mouvement du 22 Mars à la Faculté de Nanterre et figure historique de mai 68 (voir Bruno Barbey, 68, éditions Creaphis, Bruno Barbey, Passages, éditions de La Martinière). Il réalise, sous la direction d’Henri Lefebvre, ses thèses de sociologie urbaine (Psychopathologie sociale en milieu urbain désintégré) et de psychopathologie sociale (Psychopathologie sociale des populations déracinées), fonde la discipline Psychopathologie urbaine, et accomplit des études parallèles en beaux-arts. Il produit, en appliquant la méthodologie recherche-action, les premières études sur les grands ensembles. Il est l’ami, dans les années soixante-dix et quatre-vingt, de grands intellectuels et artistes, français et italiens. Il accompagne Jean-Paul Sartre dans ses retraites romaines et collabore avec Jean Lacouture aux éditions du Seuil. Il explore l’histoire du « cinéma africain à l’époque coloniale » auprès de Jean-Rouch au Musée de l’Homme et publie, par ailleurs, sur les conseils de Jacques Berque, Structures tribales et formation de l’État à l’époque médiévale, aux éditions Anthropos.

Sociologue, artiste-peintre et poète, Mustapha Saha mène actuellement une recherche sur les mutations civilisationnelles induites par la Révolution numérique (Manifeste culturel des temps numériques), sur la société transversale et sur la démocratie interactive. Il travaille à l’élaboration d’une nouvelle pensée et de nouveaux concepts en phase avec la complexification et la diversification du monde en devenir.

***

 

Pour citer ce texte


Mustapha Saha (texte & dessin), « Mohammed Khaïr-Eddine, le poète médusé », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°13 & N° 4 Hors-série 2018, mis en ligne le 9 février 2018. Url : http://www.pandesmuses.fr/2018/2/khair-eddine

 

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Rédaction de la revue LPpdm - dans La Lettre de la revue LPpdm Numéros
6 février 2018 2 06 /02 /février /2018 17:45

 

Lettre n°13 | Textes poétiques

 

 

Poésie géopoétique & orientaliste

 

 

 

 

Fenêtre sur l’ailleurs

 

 

I-II

 

 

Maggy de Coster

Site personnel : www.maggydecoster.fr/

Site du Manoir des Poètes : www.lemanoirdespoetes.fr/

 

 

I

 

 

Tandis que le soleil projette ses rayons aurifères sur la terre, la mer déploie ses vagues qui se cassent sur les rochers. La Médina d’Hammamet s’éveille et s’anime au gré des vendeurs et des chalands. Je chemine tranquillement et me faufile à travers les ruelles qui ceinturent les souks. Je m’arrête par moments pour contempler les objets de dépaysement qui en appellent au marchandage.

Des interpellations fusent de part et d’autre : « Venez voir par ici Gazelle !» Je ne sais plus à quel saint me vouer.

À la terrasse du Café Maure, au rythme des chants aux accents de mélopée, je savoure avec des amis l’éternel et convivial thé à la menthe qui nous emmène sur la voie éthérée à la rencontre de la muse, où, face à la mer, nous nous interrogeons sur l’insondable beauté de cette dernière, au coucher du soleil.

Tunisie, octobre 2003

 

***

 

 

II

 

 

Mon regard se perd sur la blancheur laiteuse des édifices dont le soulignement bleu rivalise avec la mer et je me laisse entraîner par le courant marin qui dévalise mon cœur voyageant d’HAMMAMET à NABEUL entre céramiques et poteries déclinant leurs arabesques sous le ciel azuré du CAP BON balisé de montagnes aux formes plantureuses et je découvre KELIBIA, port de pêche, recelant le secret du coucher du soleil quand le jour s’évanouit aux portes de la mer, merveille indéfinissable, CARTHAGE garde encore dans son ventre prolifique les vestiges du passé endormi, alors que je me perds à délecter SIDI-BOUSAÏD de rêves parfumé, la grande Mosquée de KAIROUAN de mystère auréolée, se dresse en vigile sur la plate-forme du temps qui s’enfuit laissant ses traces sur les fresques en mosaïque, abritées par le musée archéologique de SOUSSE, tandis qu’à la médina de TUNIS, je navigue de souk en souk avant d’atterrir sur l’Avenue de FRANCE alias « Les CHAMPS ÉLYSÉES ».

Tunisie, octobre 2003

 

 

Ces poèmes en prose ont été sélectionnés pour paraître dans un de nos numéros imprimés de 2018.

 

***

 

 

Pour citer ces poèmes en prose


Maggy de Coster, « Fenêtre sur l’ailleurs I-II », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°13, mis en ligne le 6 février 2018. Url : http://www.pandesmuses.fr/2018/2/ailleurs

 

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