7 mars 2020 6 07 /03 /mars /2020 15:34

N°9 | Artistes en Poésie | Entretiens

 

 

Rencontre avec

Zhifang Tang

une femme Calligraphe

 

 

Propos recueillis par

Maggy de Coster

Site personnel

Le Manoir Des Poètes

 

© Crédits photos : Maggy de Coster, "Zhifang Tang ".​​​​

 

 

D’origine chinoise, Zhifang Tang a fait L’École des Beaux Arts et excelle dans la calligraphie, la peinture et l’origami. Nous l’avons rencontrée dans son atelier à l’Espace le Six B à l’adresse suivante : 6-10 quai de Seine 93200 SAINT-DENIS ; un lieu de création et de diffusion à Seine Saint-Denis près de Paris, autour d’un thé servi dans un rituel typiquement chinois. Elle nous a parlé de son art et de sa méthode de travail.

 

Maggy De Coster : Comment êtes-vous arrivée à la Calligraphie ? Comment procédez-vous ? Les matières ? Vos rapports avec les outils ? Les sensations que vous éprouvez en calligraphiant ?

 

Zhifang Tang : J’avais un besoin de me rapprocher de ma propre culture, la culture chinoise. Et le contact avec des matières traditionnelles m’aide à chasser le stress de la vie actuelle et à trouver un rythme salutaire à mon corps, cela me permet aussi de me retrouver et de me former.

Les outils traditionnels chinois, encre de chine, papier Xuan, pinceau chinois ont une ultra-sensibilité que je ne trouve pas ailleurs. Il y a déjà énormément de choix mais j’'expérimente aussi d’autres outils traditionnels ou modernes comme le calame, la lumière. Cela m'oblige à changer mes habitudes et à me donner de nouvelles sensations et à avoir des nouveaux regards. Quand je calligraphie, je sens l'énergie et le mouvement, cela ne vient pas seulement de moi sur le moment mais aussi des autres, de l’environnement et du passé.

 

MDC : Que représentent vos calligraphies  et qu’est-ce qui vous inspire en tant que calligraphe ? 

 

ZT : Mes calligraphies représentent les mouvements, la continuité, et l'instant vécu. La calligraphie c’est la gestuelle dans une certaine rythmique. De ce point de vue, elle est plus proche de la danse que de l’art pictural.

Ce sont des gestes qui m’inspirent. J’aime toujours regarder les mouvements autour de moi, ceux des animaux des gens, de la lumière, de la flamme etc. Mon projet en cours s'appelle Journal des gestes. J’observe des personnes de mon environnement, artistes ou non artistes, je capture leurs gestes en fonction de mes sensations du moment. Puis je les concrétise avec de l’encre et du papier. C’est la base de mon projet. Cette « collection des gestes » devient ma propre ressource pour créer ma calligraphie.

 

​​​​​© Crédit photo : Maggy de Coster, toile de Zhifang Tang. 

 

MDC : Quels sont les calligraphes des deux sexes qui vous auraient marquée ? Pourquoi ? 

ZT : C’est vrai qu’il y a moins de femmes calligraphes reconnues. Mais le sexe de l’auteur ne change pas mon regard sur son œuvre.

Il y a une grande artiste française très remarquable, Fabienne Verdier qui est une des premiers artistes européens qui a étudié la calligraphie en Chien. C’est une pionnière qui a crée un mi-chemin entre la peinture et la calligraphie.

 

MDC : Auriez-vous un modèle de calligraphe ?

ZT : La méthode d’apprendre la calligraphie chinoise est de recopier les œuvres des anciens grands maîtres. Elles est bien différente des autres calligraphies, nous recopions plus les gestes que de formes. 

J’ai étudié la calligraphie de Yan Zhenqing, de Wang Xizhi, de Zhao Ji et de bien d’autres. Comme je suis influencée par deux cultures, la chinoise et la française, je cherche toujours mon propre langage. C’est difficile de choisir un seul modèle de calligraphe.

 

MDC : Avec quelle fréquence exposez-vous ? 

ZT : Comme beaucoup d'artistes d'aujourd'hui, je verse dans la diversification : la peinture, la calligraphie, la photographie, la performance et l’origami. Je montre mon travail environ une fois par mois.

 

MDC : Quelle est la place de la femme dans le monde de la calligraphie par rapport à son homologue masculin ?

ZT : Historiquement et dans certaines régions, les femmes n’ont pas accès à la calligraphie. Aujourd’hui, il n’y a plus ou très peu de frontière entre les deux sexes. Et il y a de plus en plus de femmes qui pratiquent la calligraphie.

 

MDC : Vous arrive-t-il d’associer vos calligraphies à des ouvrages ?

ZT : Oui, j’en ai associé au livre intitulé «  Le Feng shui » de la spécialiste en la matière, en l’occurrence Caroline Gleizes Chevallier.

 

Site de l'artiste :

Peinture & Calligraphie, http://tangzhifang.com

Origami : https://www.instagram.com/a_year_of_deer/

***

 

Pour citer cet entretien

​​​​​Maggy de Coster, « Rencontre avec Zhifang Tang, une femme Calligraphe », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N°9| Fin d'été 2021 « Femmes, Poésie & Peinture », sous la direction de Maggy de Coster, mis en ligne le 7 mars 2020. Url : http://www.pandesmuses.fr/no9/zhifangtang

 

 

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LE PAN POÉTIQUE DES MUSES - dans Numéro 9
7 mars 2020 6 07 /03 /mars /2020 11:23

N°9 | Femmes, Poésie & peinture | Entretiens

 

 

Rencontre avec

 

Annie Quatresol Dieufrance

 

une artiste polyvalente

 

 

 

Propos recueillis par

Maggy de Coster

Site personnel

Le Manoir Des Poètes

 

 

© Crédit photo : Maggy de Coster, "Annie Quatresol Dieufrance". 

 

 

Maggy De Coster : Annie Quatresol Dieufrance  vous êtes poète, peintre et chanteuse. Pourriez-vous nous dire en quoi consiste ces trois volets de vos activités culturelles ?

 

 

Annie Quatresol Dieufrance : Je considère que chaque être humain est une parcelle de l’amour divin en action. Chacun de nous a une mission. La mienne est d’être une fée bénéfique qui doit ensoleiller la vie des personnes qui m’entourent, ou que je rencontre avec tous les dons qui m’ont été accordés.

Lorsque je chante dans une maison de retraite, j’aime voir les yeux parfois tristes, ou même éteints de certains résidents, briller tout à coup. Des personnes atteintes d’Alzheimer qui se mettent à chanter en même temps que moi. J’ai les larmes aux yeux. Je suis heureuse. Je me sens utile et bénéfique. Je me promène dans la salle, je m’approche d’elles pour qu’elles voient et touchent mes belles robes de scène. Je les fais rêver. Elles me sourient. Oui, il n’y a pas que les spectacles dans de grandes salles remplies du public qui rendent un artiste épanoui et heureux…

Depuis que je sais lire et écrire j’ai la passion de la musique des mots. C’est pourquoi j’écris. Par plaisir. Pour transmettre mon amour du français. J’éprouve aussi le besoin de faire partager mon émerveillement devant l’univers. Je peins donc tous mes coups de cœur.

 

 

MDC : Comment les conciliez-vous ? Y a-t-il une interférence entre ces triptyques-là ? 

 

 

AQD : Oui j’essaie de relier tous les arts. J’organise des récitals pendant lesquels j’alterne poèmes et chansons. Et j’expose des tableaux qui correspondent à mes poésies.

Dans les bibliothèques, je lis les contes pour enfants que j’écris et en même temps je m’entoure de tableaux, toiles ou tableaux-poèmes qui correspondent à mes histoires.

 

 

MDC : Quels sont vos sujets ou thèmes de prédilection ?

 

 

AQD : Tous les sujets. Les paysages, les animaux, les sentiments, les métiers.

 

 

MDC : Quelles sont les satisfactions que vous avez tirées de votre triple carrière ?

 

AQD :  Un épanouissement total. Chaque création donne un sentiment de plénitude.

 

 

© Crédit photo : image de la peinture de l'artiste fournie par Maggy de Coster.

 

 

MDC : Auriez-vous de nouveaux projets en cours ?

 

AQD : Bien sûr. Un projet est suivi d’un autre. Et souvent j’ai plusieurs œuvres en cours. En ce moment je fais des illustrations pour un livre cartonné, destiné aux enfants de 2 à 4 ans. Il s’appellera «  Mes personnages de contes  ».

Je mène de front l’écriture et l’illustration d’un autre livre pour enfants « Rose et Oscar l’escargot ». Il est écrit, mis en page. J’ai toutes les illustrations à inventer, dessiner, puis peindre.

 

 

MDC : Auriez-vous un message à transmettre ou un conseil à donner à ceux qui ont choisi les mêmes voies que vous ?

 

 

AQD : La persévérance et le courage. Car rien n’est facile. Il faut faire et refaire ; parfois tout défaire pour refaire.

En écriture, je ne peins pas. Mais pour les illustrations… J’avais dessiné Rose avec son escargot. Je n’avais plus de place sur les côtés pour finir ses bras, ses coudes appuyés devant Oscar. Par contre trop de place vide en bas. Et pas assez en haut. Le dessus de ses cheveux était donc coupé. Un dessin mal positionné. Dommage car l’expression de l’enfant était bien réussie… J’ai tout effacé avec la peur de faire moins bien…

Mais je suis une battante courageuse. J’ai mis moins de temps et j’ai réussi. Le résultat est mieux. Conclusion.

Il faut que la confiance de la personne qui crée soit plus forte que ses doutes. Et se lancer avec passion.

 

 

***

 

Pour citer cet entretien

​​​​​Maggy de Coster, « Rencontre avec Annie Quatresol Dieufrance, une artiste polyvalente », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N°9|Fin d'été 2021 « Femmes, Poésie & Peinture », sous la direction de Maggy de Coster, mis en ligne le 7 mars 2020. Url : http://www.pandesmuses.fr/no9/anniequatresoldieufrance

 

 

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LE PAN POÉTIQUE DES MUSES - dans Numéro 9
20 février 2020 4 20 /02 /février /2020 11:37

Lettre n°14 | Être féministe | Entretiens & N°9 | Dossier majeur

 

 

 

 

Interview avec

 

Celia Vázquez

​​​​​

 

 

 

Propos recueillis & traduits par

 

Maggy de Coster

Site personnel : www.maggydecoster.fr/

Site du Manoir des Poètes : www.lemanoirdespoetes.fr/ 

 

 

 

©Crédit photo : Maggy de Coster, "Celia Vázquez chez elle", février, 2020.

 

 

 

 

Celia Vázquez est Professeure titulaire à l'Université de Vigo en Espagne et Directrice du  Département de philologie anglaise, française et allemande, Celia Vázquez est aussi poète et spécialiste de  littérature enfantine en Galice. Elle nous a reçue chez elle et nous en avons profité pour l’interviewer. Site :

http://www.celiavazquez.es/

 

       

 

MDC- Celia Vázquez, parlez- nous de votre parcours littéraire ?

 

CV- Je suppose que vous me demandez de vous parler de  mes lectures de mes sources d’inspiration et de mon instigation à écrire.

 

Hormis les histoires traditionnelles  recueillies par les Frères Grimm auprès des femmes dans les villages et qu’ils avaient  adaptées pour les enfants après leur succès auprès des adultes et de Perrault, la première chose dont je me souviens, c'est d'avoir lu de la poésie. Je crois que mon père savait que les enfants avaient la grande vertu de s’émerveiller et d’être dans une attitude curieuse et que la poésie était en harmonie avec la fantaisie, le sens du rythme et alimente en même temps  leur imagination et leur curiosité. D'abord la poésie enfantine, les histoires folkloriques, les berceuses, les devinettes, les chansons, puis la poésie épique, qui racontait les prouesses des héros, les contes et légendes. Puis mon père me demandait de mémoriser les fragments du Romanceo du Cid Campeador et m’avait donné des recueils de poèmes illustrés comme  les Fables de Tomás de Iriarte et les livres des grands classiques universels (anglais et français comme Jules Verne, Alexandre Dumas, Charles Dickens, J. M. Barrie, Daniel Defoe, Oscar Wilde, Jonathan Swift, Rudiard Kipling et des Américains comme Mark Twain, Robert L. May, Louisa May Alcott et Harriet Beecher Stowe).

Mes lectures poétiques  portent sur tous les auteurs espagnols et latino-américains auxquels j’ai fait allusion dans mes livres de littérature et – que je ne citerai pas ici pour ne pas vous ennuyer –, les plus connus internationalement, vont  principalement du romantisme à nos jours mais aussi ceux des siècles précédents, comme de l'époque médiévale, l'Âge d'or et l’époque contemporaine. Non seulement parce cela s’imposait à moi quand j'étudiais la Littérature espagnole mais aussi parce que cela relève de ma préférence. Et bien sûr, sans omettre les romanciers  contemporains.

 

MDC- En tant que poète, quelles sont les thématiques qui dominent votre poésie ? 

 

CV : Dans mes poèmes, il y a très peu d’originalité sur le plan  thématique puisque je m'intéresse à des thèmes abstraits et universels comme la mort des êtres chers, l’amitié, le temps, l'amour et ses contradictions, la douleur engendrée par la perte,  la trahison, la rupture, la mélancolie, la relation de couple, les rêves... les amours impossibles, la nostalgie d'un lieu, les droits de la femme, la violence faite aux femmes, le temps qui passe...

 

MDC- Si vous deviez colorier le monde, quelles sont les couleurs que vous choisiriez ?

 

 CV : Cette question attire toute mon attention car, curieusement, la question de  couleur et de son importance m'a toujours intéressée. Et en fait, en tant que chercheur universitaire, j'ai écrit des articles sur le sujet. J'ai analysé l'importance de la couleur et des vêtements dans la littérature en suivant une méthodologie basée sur la théorie des couleurs chez Goethe et d'autres moins autres auteurs moins connus. La couleur et la robe sont un système sémiotique à travers lequel les personnages parlent à leurs lecteurs en matière de  fiction. Les identités exprimées par la couleur et les vêtements qu'ils portent sont explorées car elles enrichissent les personnages littéraires et notre sens du contexte social et historique de la fiction. Ce que les personnages portent et la couleur qu'ils choisissent pour leurs vêtements ont une symbolique et une code qui les unissent à eux-mêmes. Cependant, les couleurs acquièrent cette symbolique de par les références culturelles ou religieuses, les contextes contemporains et ces facteurs ne sont pas universels. La robe et la couleur nous en disent plus sur le contexte, sur les valeurs émotionnelles ou psychologiques des personnages. Il en va de même pour les auteurs. Quelles couleurs utiliserais-je pour colorier le monde? Comme je sais que l'impact des couleurs sur chacun de nous est le même, quels que soient le sexe, l'âge ou le statut social, le rouge, le jaune et l'orange nous activent et nous transmettent de l'énergie. Il serait bon que le monde soit colorié de cette façon. Mais pour le repos, nous avons besoin de couleurs sédatives tels que le vert naturel, le bleu ciel et le mauve ou le violet. Je colorierais donc les couchers de soleil et les crépuscules. Si je voulais exprimer la pureté ou la simplicité, j'utiliserais le blanc et le noir pour exprimer la tristesse et le pessimisme. Quant aux vêtements, les couleurs ont une signification différente. Par exemple, les vêtements noirs signifient l'indépendance, le respect, le sérieux…

 

MDC- Comment pouvez-vous vous situer par rapport à vos camarades écrivaine latino-américaine du  point de vue littéraire ?

 

CV : En effet, il y en a dont  la poésie relève d’un engagement politique ou féministe. Il y en d’autres qui cultivent un style baroque en privilégiant  le sens et les sonorités. Tout peut être conçu comme une expérience esthétique. Mais ce que j'aime le plus, c'est la sensualité des formes et des paysages, comme la beauté du cadre qui les inspire.

Je pense que je devrais prendre en compte les pays pour pouvoir me comparer d'un point de vue littéraire, mais notre histoire est très différente et la culture européenne aussi. Certaines écrivaines sympathiques ont cette  confiance en elles-mêmes et en leur travail, ce que je n'ai pas. Mais c'est leur attitude envers la vie même. Je pense que cela est dû aux différences culturelles. Je suis très exigeante, peut-être à cause de mon éducation allemande. Ce n'est pas parce que je ne crois pas à mon travail de poète mais, si je me compare aux grands, il me manque encore beaucoup. Je crois que chacun est jugé par rapport à tout ce qu'il a lu de bon. En tant que critique littéraire et professeure de littérature j'essaie toujours d'être en adéquation avec moi-même. Mais je demande aussi de me juger. J'ai beaucoup lu et je ne me laisse pas emporter par la passion. Ma poésie  n’est pas d’une grande éloquence mais plutôt abordable par n’importe quel lecteur des paysages marins ou des plateaux ensoleillés ou des après-midi pluvieux. Mes descriptions sont simples. Mes lecteurs ne devraient pas s'attendre à des envolées lyriques ou des explosions images dérangeantes.

Parfois ma poésie regorge de solitude, elle est triste, elle parle d'amour non partagé, de la mort. Il n'y a pas de lyrisme en filigrane, pas de métaphores élaborées ou des descriptions sensuelles de paysages. Ma poésie en simple.

 

Je suppose que cela est dû à  l'influence de l'École allemande et de sa culture, car l'Allemagne est le berceau des frères Grimm, les philologues qui ont recueilli ces histoires dans les villages, des contes que des femmes leur racontaient et qui, compte tenu du succès remporté à la suite de leur publication, les ont adaptées aux enfants.

De plus, mon père a offert  à ma sœur et moi, quand nous étions enfants, deux livres très volumineux (d’environ 12 cm d'épaisseur), d’épaisses pages qui nous fascinaient tant. Il s'agissait en réalité des deux volumes d'Histoires  et de Littérature enfantine ibéro-américaine, écrites et compilées par Carmen Bravo Villasante, première chercheuse en littérature enfantine et juvénile en Espagne. Par ordre alphabétique, le volume I commençait par des auteurs d’Argentine et  se terminait avec le Panama, avec des histoires et des poèmes pour enfants. Et le volume II commençait avec le Pérou pour finir avec le Portugal. Un autre pays avait été ajouté, il s’agit des Philippines, car depuis l’impression de Doctrine chrétienne  aux Philippines,  l'influence espagnole se fait également sentir  dans les lectures du tagalog et les traditions des deux pays se sont emmêlées  car il y avait aussi la présence des auteurs philippins et espagnols. Avec cette merveilleuse sélection, nous avions toutes les deux lu et appris à connaître, dès notre plus jeune âge, ce que représentait chaque pays et je pense que cela nous a également aidé à comprendre et à admirer  l'Amérique latine.

Plus tard, quand j'ai voulu faire ma thèse de doctorat sur l’oeuvre d'un auteur britannique très connu en matière de littérature enfantine et juvénile, on m’a sommé d’y renoncer sous prétexte que   cette littérature n'était ni importante ni intéressante pour un travail de recherche aussi pertinent. Je me suis donc consacrée à la littérature humoristique britannique et je me suis promis, le moment venu,  d’intégrer la littérature enfantine et juvénile dans le cadre du programme académique de Licence de Lettres. Et c’est ainsi que je me suis associée avec une collègue et amie allemande pour fonder en 1998 l’Association nationale de recherche en littérature pour enfants et adolescents, basée à l'Université de Vigo, en Espagne, dans le but de promouvoir ces études, en  conférant un statut universitaire à une matière que nous avons jugé importante, car comme l'a dit l'écrivain anglais Wordsworth :«l'enfant est le père de l'homme et ce qu'il lit pendant son enfance fait partie de son passé culturel à l’âge adulte. » Nous avons créé un espace d'échanges entre ceux qui s’intéressaient à la Littérature pour enfants et jeunesse au sein de l’Université et en dehors de l’Université ».

 

MDC- Auriez-vous un vœu à former pour le monde et aussi pour vous-même ?  

 

CV : Oui bien sûr. Il y a plusieurs choses qui me préoccupent. Nous voulons tous un monde meilleur. Mais il semble que vu les conséquences du réchauffement climatique, nous vivons le compte à rebours et nous n'y arrivons pas. Essayons d'économiser les ressources, de protéger l'environnement, notre environnement naturel. Le recyclage est  la chose la plus importante pour une coexistence pacifique : soyons tolérants.

C'est un sujet qui nous concerne tous.

 

Mais il y  a une autre chose qui m'inquiète beaucoup car la situation s'est aggravée malgré la politique de protection des femmes et les campagnes contre la violence sexuelle. Je me demande si ces hommes qui donnent la mort à une femme ont une mère. Ne peuvent-ils pas se mettre à la place de leurs enfants afin d’éviter une tragédie familiale? N'est-il pas préférable de s'éloigner si l'amour n’existe plus? Est-il si difficile de penser qu'ils laissent leurs enfants orphelins de mère? Quelle éducation dispense-t-on dans les écoles pour que nous revenions à des situations bien plus graves qu'au cours des décennies précédentes ? Il est difficile de comprendre la mentalité d'un homme, eu égard à cet état de fait, en même temps, je voudrais insister sur la SORORITÉ.

Je m'inquiète des relations entre les femmes. Nous devons nous unir pour atteindre des objectifs du point de vue du l’enseignement scolaire et universitaire,  du travail, du salaire, de la productivité, de la création artistique. Tous ces éléments créent de la rivalité entre les femmes à savoir que chacune veut être la meilleure dans tous les domaines  de la vie quotidienne: le travail, l'amitié,  la maternité, la vie de couple. Si la rivalité est favorisée par les structures du pouvoir patriarcal, le machisme et la misogynie, alors c'est quelque chose de négatif. C'est pourquoi nous devons apprendre la nouvelle éthique du soutien, du respect et de la concordance pour améliorer les relations entre les femmes et en tirer profit. Nous devons nous rappeler que nous sommes des femmes et des  camarades non des rivales. Nous sommes confrontées à des difficultés conjugales, professionnelles, de conciliation familiale que nous devons résoudre dans l’harmonie. Nous devons développer une grande compréhension, de l'empathie, de l’altérité, créer des mécanismes de convergence, de synergie entre les femmes. C'est de la sororité. Je pense qu'ensemble, nous devons convenir que les femmes ne  doivent plus mourir parce qu’elles sont femmes. Si nous le voulons, nous pouvons changer les structures du pouvoir que détiennent les hommes qui pour la plupart ne respectent pas les femmes. Nous devons éduquer nos enfants dans la tolérance et le respect de ces dernières. 

 

 

***

 

Pour citer cet entretien

 

Maggy de Coster, « Interview avec Celia Vázquez », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°14|Être féministe, mis en ligne le 20 février 2020. Url : http://www.pandesmuses.fr/lettreno14/celiavazquez

 

 

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LE PAN POÉTIQUE DES MUSES - dans La Lettre de la revue LPpdm Numéro 9

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