Rappel utile : comme vous le savez bien cher lectorat la revueLPpdm (dans ses versions électronique et imprimée) décline toute responsabilité juridique concernant le contenu publié par elle parce qu'elle considère que chaque auteure/auteur est libre dans le respect de sa charte déontologique, par conséquent, est l'unique responsable du contenu de son texte, de son image, etc.
Équipede la version en ligne : Maggy de Coster (dir.). Couverture illustréepar Maggy de Coster. Illustrations parMaggy de Coster, Mustapha Saha, Élisabeth Bouillot-Saha, Cristina Rap, Lidia Chiarelli, Linda Bastide, Aurélie-Ondine Menninger, Claude Menninger, Mariem Garali Hadoussa, Sarah Mostrel, Françoise Ducène-Lasvigne, Isabelle Venet, Nadine Guilpin, Lucie Turnier, Jennifer Bush, Rikka Ayasaki, Louise Cara, Jacquelyne Lepaul, Claude Luezior, Natacha Guiller, Camille Brès, etc.
Réalisation technique : Dina Sahyouni. Nous écrire : contact.revue@pandesmuses.fr, contact@pandesmuses.fr. ISSN numérique 2116-1046: Le Pan poétique des muses|Revue internationale de poésie entre théories & pratiques. Revue féministe de poésie, électronique, internationale, multilingue et apériodique.
ISSN numérique : 2116-1046
Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques
diffusée en version électronique(apériodique)
& en version imprimée
(4 numéros par an dont un Hors-série & un Numéro spécial)
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Appel à contribution du n°7 : "Femmes, poésie & peinture"
LE PAN POÉTIQUE DES MUSES (LPpdm) REVUE FÉMINISTE, INTERNATIONALE & MULTILINGUE DE POÉSIE ENTRE THÉORIES & PRATIQUES N°7 | AUTOMNE 2017 Femmes, poésie & peinture 1er volet sous la direction d...
Il y a toujours des gens qui voient les poètes comme des rêveurs*, utopistes et irréalistes teintés de nonchalance et d’insouciance. En somme, des Icare qui brûlent leurs ailes en voulant voler plus haut au plus près du soleil. D’autres pensent que pour faire de la poésie, il faut être riche et/ou oisif. Malheureusement, les préjugés sur les poètes et sur leurs types foisonnent et causent des torts à leurs poésies depuis (au moins) Platon... Et pourtant, les poètes sont tout simplement des artistes comme les autres.
Les poètes sont parfois des intellectuels et des politiques habiles. Par ailleurs, la poésie est souvent leur unique richesse. La poésie est un art accessible aux petits comme aux adultes, aux riches comme aux pauvres, à tout le monde même si tout le monde ne peut pas être poète. Le seul instrument nécessaire pour faire de la poésie est soi-même. En faire et la partager est l’une des plus belles de nos qualités humaines : celle d’être dans la joie de créer et de transmettre. Oui, la poésie est souvent notre unique richesse. Soyons alors riches d’être des trouvères même en temps de guerres et de misères. Gazouillons haut et fort, remplissons l’air des murmures et des silences in-soupçonnables même si gazouiller est devenu un art oublié.
Partager de la poésie est toujours une joie, bonne Lecture !
* Le neutre français est employé dans le billet pour ne pas alourdir les phrases en m’adressant à l’ensemble des poètes au-delà de leur genre social. Toutefois, je suis consciente que son usage n’est pas du tout neutre et je vous prie de bien vouloir m’en excuser.
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Poétiser le monde
Des artistes peintres font de la poésie comme elles font de la peinture. Pour elles, l’art est l’art, mais la manière de le matérialiser en œuvres diffère. Et pourtant, ces artistes demeurent historiquement dans l’ombre des artistes hommes. Si l’histoire est souvent genrée et confère aux femmes, comme à beaucoup d’autres minorités, des places secondaires et des rôles minoritaires, il incombe donc aux femmes et hommes de questionner l’histoire et de rétablir au fil du temps la réalité patente sur les présences puissantes de femmes artistes dans tous les domaines de l’expression artistique. Être une artiste mineure ne revoie pas foncièrement à avoir un rôle mineur mais permet surtout de se référer à une histoire (artistique) genrée fabricatrice d’inégalités.
La poésie est un acte libérateur et une expression de notre créativité. Comme la peinture, elle poétise le monde à travers le symbolique. La poétisation du réel est ainsi un acte d’humanité. Ce volet intitulé « Femmes, peinture & poésie » sous la direction de Maggy de Coster inaugure notre série d’ouvrages portant sur les rapports entre la poésie, la peinture et le genre. Il permet également d’esquisser quelques réflexions sur la notion de l’artiste sans omettre de faire surgir des questions sur la manière dont les femmes poétisent le monde. Poétiser, c’est apprendre à être créatif, à représenter, à fabriquer du symbolique. Poétiser, c’est aussi faire advenir l’humain et les expressions de son humanité. La peinture et la poésie sont étroitement liées au féminin, aux femmes et à l’apparition de l’Homme. L’histoire de l’Homme et celle de l’art confirment cela. Ce qui lie la femme peintre à la femme poète, c’est aussi la domination linguistique, historique et symbolique du modèle du créateur/créatif représenté au masculin. « Le peintre » et « le poète », sont d’abord des hommes inspirés par les Muses. Les figures antiques de l’artiste Pygmalion et du poète Orphée sont dominantes malgré la présence des figures féminines puissantes.
Les figures mythiques des Muses sont supplantées par celles d’Apollon et de Bacchus. Toutefois, les allégories de la peinture et de la poésie révèlent souvent la place primordiale des femmes dans ces premiers arts dès leur apparition. Par ailleurs, l’un des objectifs de cet ouvrage est de démontrer que les femmes sont des inspiratrices mais aussi des créatrices créatives inspirées par les hommes, les femmes, la nature, etc. (voir par exemple les textes de Maggy de Coster sur les inspiratrices peintres, sur l’apport des femmes à la peinture haïtienne, les poèmes de Ghyslaine Leloup et Sarah Mostrel). En outre, les termes « poésie » et « peinture » sont féminin en français et témoignent entre autres de l’importance du féminin dans les arts et les lettres.
Les modèles masculins ont en effet marqué l’Histoire de l’art comme celle de la littérature. Ainsi, être peintre, comme être poète, renvoie souvent à un homme (le neutre renferme le masculin et l’homme) et exceptionnellement à une femme. On dit d’ailleurs que le masculin représente le genre neutre et universel dans la langue française. On dit aussi que le masculin l’emporte sur le féminin. Ce travestissement langagier, au singulier et au pluriel, des termes « poète/[poëte] », « peintre », « sculpteur », « auteur »... au masculin est l’apanage d’un choix genré qui a privilégié un sexe sur l’autre au lieu de chercher à mettre en place un genre neutre ou épicène pour nommer une personne et/ou de parler de son métier.
Ce travestissement langagier de la personne créatrice-créative en créateur-créatif est présent dans plusieurs langues et cultures, il génère aussi de nombreuses inégalités, voire des formes de rejets et de mise à l’écart qui touchent les femmes et les minorités. Or, le handicap comme le sexe, l’ethnie, l’âge, le milieu social et la sexualité continuent à fabriquer des formes de rejets et de minimisation de la créativité d’autrui. Le poème intitulé « Le travail du peintre » de Paul Tojean met à nu ce travestissement culturel et témoigne de la difficulté ontologique de penser l’artiste sans évoquer son genre social. De même, pour Maggy de Coster lorsqu’elle emploie le terme « peintre » en épicène (voirin situp. 67). Toutefois, « Le » peintre est généralement représenté en homme. Cette histoire genrée est pourtant la nôtre et elle est universelle. Nous devons donc tenter de la comprendre pour nous en défaire. La philosophe Judith Butler préconise de défaire le genredans son ouvrage éponyme pour comprendre l’inégalité et ses enjeux. La complexité de cette histoire genrée ne doit pas nous effrayer, mais plutôt cela devrait nous pousser à travailler ensemble pour démêler ses fils au gré des jours.
De Lala à la légende de la fille du potier qui a inventé la peinture en passant par les ouvrages des siècles passés et par ceux de ces dernières années sur les femmes et le genre, on découvre que les femmes en peinture souffrent de presque les mêmes maux qui frappent les femmes en poésie. D’emblée, les termes connotés, « peintresse », « paintresse », « poétesse », « poétride » démontrent la difficulté de nommer non seulement la créativité des femmes sans les affilier (ou les comparer) bonnement aux hommes mais aussi de leur reconnaître le statut d’artiste à part entière. Ce volet tente d’en rendre compte et cherche à dépasser les préjugés sexistes sur la créativité des femmes à travers des contributions liminaires, variées et joliment illustrées. Les substantifs féminins poète, autrice, autoresse, peintresse, paintresse, poétesse, poétride existent historiquement mais ont été négligés et rejetés maintes fois. En fait, ces féminins présents dans les écrits de l’Ancien Régime mais n’ont pas été retenus ni par l’usage, ni par l’Académie française comme termes appropriés puis peu à peu ils ont été rejetés au profit de « femme auteur », « femme poète », « femme peintre » (etc.) et le terme épicène « artiste » dès le XVIIIe siècle1. Un retour historique sur ces notions devrait être réalisé par ce périodique afin d’éclairer un pan de l’histoire des femmes. Le substantif « artiste » et laformule « artiste peintre » semblent constituer un remède parmi d’autres pour atténuer le sexisme d’une histoire culturelle genrée. De plus, selon les points de vue de Hugo Paul Thiemesur la poésie (voir chap. III « Arts poétiques ») et l’abbé de Fontenai etsur l’« artiste », nous avons pu étendre ce terme aux poètes. Cependant l’essentiel pour les femmes et les minorités est de continuer à poétiser différemment le monde pour explorer les beautés de notre humanité !
Bibliographie sélective sur les artistes
FIDÈRE Octave, Les Femmes artistes à l’Académie royale de peinture et de sculpture, Paris, Charavay frères, 1885.
FONTENAI (de BONAFONS) Louis-Abel, Dictionnaire des Artistes, ou Notice Historique Raisonnée des Architectes, Peintres, Graveurs, Sculpteurs, Musiciens, Acteurs et Danseurs ; Imprimeurs, Horlogers & Méchaniciens, Paris, Chez Vincent, Imprimeur-Libraire, rue des Mathurins, Hôtel de Clugny, H, M. DCC. LXXVI/1776, 2 tomes.
MATHEY François, Six femmes peintres : Berthe Morisot, Eva Gonzalès, Séraphine de Senlis, Suzanne Valadon, Maria Blanchard, Marie Laurencin, Paris, Éditions du Chêne, 1951.
NOËL Denise, « Les femmes peintres dans la seconde moitié du XIXe siècle », revue Clio – Histoires, femmes et société, Toulouse, Université du Mirail, no 19, 2004, p. 85-103.
THIEME Hugo Paul, Essai sur l’histoire du vers français, Préface de M. Gustave LANSON, Paris, Librairie ancienne, Honoré-Champion, 1916.
VERGINE Léa, L’Autre Moitié de l’avant-garde : 1910-1940 : femmes peintres et femmes sculpteurs dans les mouvements d’avant-garde historiques, Paris, Des Femmes, 1982.
Le site du National Museum of Women in the Arts (NMWA).
Note
On trouve l’emploi au féminin du terme « poète » (anciennement « poëte ») chez l’abbé Claude Buffier, voir aussi la page du mot « poète » sur le site du CNRTL, section étymologie, http://www.cnrtl.fr/etymologie/po%C3%A8te, voir aussi la « Guerre des mots » de la Société Internationale pour l’Étude des Femmes de l’Ancien Régime (sigle SIÉFAR), http://siefar.org/la-guerre-des-mots-dictionnaire/les-mots-de-a-a-z-lettre-p/#Peintresse, Louis-Abel Fontenai (de Bonafons), Dictionnaire des Artistes, ou Notice Historique Raisonnée des Architectes, Peintres, Graveurs, Sculpteurs, Musiciens, Acteurs et Danseurs ; Imprimeurs, Horlogers & Méchaniciens, Paris, Chez Vincent, Imprimeur-Libraire, M. DCC. LXXVI/1776, 2 tomes.
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Pour citer ces textes
Dina Sahyouni,« Gazouillis ou être artiste » & « Poétiser le monde», Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N°7 | Automne 2017 « Femmes, poésie & peinture » sous la direction de Maggy de Coster, mis en ligne le 19 décembre 2017. Url : http://www.pandesmuses.fr/2017/12/poetiser-le-monde
Ce numéro contient les deux premiers épisodes du récit poétique « Un endroit où aller ».Les autres épisodes bénéficieront d’une publication dans le deuxième volet de la thématique « Femmes, peinture & poésie ».
Froid août side, et après
I – Pas de deux – Échappée
Je déglutis, et sens la tubulure qui me gratte serpentueusement la gorge. Après avoir refermé ma chambre numérotée, je croise, en traversant l’infini couloir, ce regard orange, mêlé d’inquiétude et d’excitation. Ces yeux profonds empreints d’un tourment irrationnel, et ce « je sais où tu vas, mais fais bien attention. Ici c’est une bulle, dehors l’explosion des grenades… »
Dès lors que que je bascule dans l’autre partie du Monde, la « vraie » vie, mes chaussettes s’enlisent dans le bitume du trottoir défraîchi. Survient alors à mon esprit la séance spirit de la veille, la pause rêve-éveillé post-médication. Avec mes collègues de couloir, j’entreprends des entretiens sans sens, associations libres d’idées, alors que les stupéfiants prennent peu à peu le contrôle de nos esprits détraqués. Au dehors, la ville, l’agitation. Je traverse furtivement des trottoirs encombrés de gens inattentifs à ma fugue en femme majeure. Je danse accrochée au tube qui en moi virevolte, les yeux grands ouverts à l’effroi du vide dans le déplacement.
II – La Fête de la Lune
HOLZWEGE
Les semelles couinent, assoiffées, déshydratées par le macadam. Je file, me faufile et furette, cavale d’un pas entendu, qui fait frémir ma silhouette crêpe. Warrior.
Outside, les regards anxieux, intrigués. Qui voyage seul ? Personne. J’erre en bordures de terrasses blindées, où des gens, jamais en moins de deux, bavardent et ricanent au son des sirènes ambulantes. Paris capitale de la ferveur, Cap instance d’être seule. Je marche confirmée, guys together around me. Les plantes mécaniques en mouvement continu, je ne peux calmer la course, jusqu’à perdre mes membres, dans l’embrun pollué de la ville. Je ne sais courir, mais les jambes coupées, j’en viens presque à m’envoler, l’illuminée body light… L’œil grand ouvert sur le Monde a refermé ses paupiettes. Je dors à la ferme. On étable mon corps parmi les bêtes. À penser. À table. Cellule de gavage, de bourrage et de crise, de crâne vide et de ventre chou, repu, froid. Chambre froide où le squelette alité repasse ses couches de matière.
Prendre le pli, alors que l’expert même, origamiste, ne peut choisir la tournure de ses chairs; déloger le gras, caser ici ou là, ici-bas en jachère. Reconstitution de restaurateur amateur. Bye bail la charte Patrimoine épigénétique. La silhouette m’effare. Fondre en larmes et réaliser que l’émotion existe encore.
C’yeux, je suis capable de pleurer
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Pour citer ce roman-feuilleton poétique
Natacha Guiller (texte et illustration),« Un endroit où aller », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N°7 | Automne 2017 « Femmes, poésie & peinture » sous la direction de Maggy de Coster, mis en ligne le 19 décembre 2017. Url : http://www.pandesmuses.fr/2017/12/aller.html
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